Chronique n° 013 – L’inexorable mécanique du temps

    Imprimer cet article Imprimer cet article

Puisque nous nous  étions quittés en pleine préhistoire testerino-arcachonnaise, restons-y, de façon à mieux comprendre le plus profond et le plus lointain du passé arcachonnais. En route donc, pour  se retrouver  il y a quelques 10 000 ans. À cette époque, la mer dansait à quarante mètres au-dessous du niveau de la promenade de Pereire et pour prendre l’air le long du rivage, il aurait fallu se rendre, à pied, dix kilomètres au large de ce site. La côte s’allongeait donc en plein Atlantique ! Mais tout porte à croire que les hommes de cet âge reculé ne recherchaient pas une vue imprenable sur mer depuis des terres fort inhospitalières.

Dans ces années, allant de 9500 à 7500 ans, avant notre ère, on pense qu’ils avaient planté leurs cabanes le long d’une rivière baptisée l’Eyre aujourd’hui. On en est même sûr, puisqu’on a retrouvé des traces de ce  peuplement au lieu-dit le Truc du Bourdiou, une butte d’une vingtaine de mètres de hauteur, à 400 m. de l’Eyre, sur la commune de Mios. Ces traces, ce sont quelques pointes dites aziliennes, du nom d’hommes qui ont émigré ici  depuis leurs campements des Pyrénées et de Dordogne. On a trouvé aussi des grattoirs et des burins qu’ils avaient patiemment taillés, le soir, à la veillée, durant ces lointaines périodes.

Après quoi, tout se gâte, entre moins 6000 et moins 4000.  Le climat se modifie, la géologie transforme le sol. Le niveau de la mer  grimpe de plus de trente mètres, dans une lente mais terrible inondation dont on ferait bien de se souvenir qu’elle peut toujours se reproduire. On imagine la panique de tous ceux qui ne savaient pas nager! Mais ces choses-là sont trop sérieuses pour qu’on en plaisante. De ces tristes deux mille  ans, on ne découvre aucun vestige pour la bonne raison que la mer et les rivières ont déposé  d’énormes épaisseurs de sable, de boue et de graviers qui recouvrent toute trace de vie humaine. Des bancs de sable se sont – déjà – formés dans l’estuaire de l’Eyre, y créant un  réseau de chenaux  et des passes peut-être bien aussi dangereuses que celles que nous connaissons aujourd’hui.

Nous voici maintenant arrivés, cahin-caha, vers moins 3000, en plein milieu du néolithique. Nos ancêtres ont  alors posé armes et bagages, femmes et enfants, certainement sur la rive est de la rivière, puisqu’on a retrouvé  au Bétey, à Andernos-les-Bains, de nombreuses preuves de leur installation, au bord d’une lagune, un type de site dont on sait, que comme aujourd’hui et partout dans le monde,  il facilite la vie de ses riverains et permet de  développer leurs activités.

Malheureusement, des millénaires après, les embêtements recommencent. Cette fois, c’est le niveau de la mer qui baisse de huit mètres. Ce qui dégage les sables que la précédente hausse avaient entassés. La mécanique dunaire se remet alors inexorablement en marche, avec d’autant plus de force, qu’un malheur n’arrivant jamais seul, des vents très violents soufflent, dans un climat sec, ce qui facilite la formation de ces dunes anciennes où naîtra Arcachon. Que vont alors faire les hommes qui ont souvent dû s’adapter aux caprices de Dame nature  et qui vont devoir y faire face avant peu encore ? C’est une autre histoire.

À suivre …

Jean Dubroca

Ce champ est nécessaire.

Aimé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *