Quand Germaine Boyosse met le Béquet en pagaille

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ML : Hé ! adiou ! Mme Boyosse. Mais di’on ! Qu’est ce qui vous arrive que vous marchez comme une vieille sipe qui aurait avalé une pigne ? Eh bé ! Vous avez des escarougnades plein la tronche et même une brogne que je me demande, ma pôvre, si vous avez pas encore eu des affreusités et si vous vous êtes pas chacaillée avec votre galistrou de voisin.  

MB : M’en parlez pas de ce camalet, Mme Latestude, que mécredi, vous savez, le soir de l’orage, ça a tellement tusté fort que j’en ai lâché tout mon toupin que je m’étais fait avec un beau camageot et que ça a tant gisclé que j’avais du vermicelle partout, jusque dans la souillarde et que j’ai passé la since pendant une heure. Et voilà que ce tignous déjà bon pour Cadillac qui me dit que j’avais voulu cramer son chat qui trainait là ! Mais ça a rien à voir avec ce qui m’est arrivé hier tantôt, que j’en suis encore toute escagassée.

ML : Hé bé ! Ça peut pas être plus pire. Pasque la dernière fois que vous avez eu une aillade avec ce gonze, il vous avait gnaqué tellement fort au bras que le rince-fiole il disait que c’était un cagnas qui vous avait fait un gnac et que même ça pouvait vous donner la rage surtout que vous vous étiez retrouvée toute en pagaille à tchampougner dans la rigole pleine de lessif !  

MB : Hé bé, non, cette fois, c’est pas ce branque qui était venu me chercher depuis derrière sa talanquère en me disant de tout et même que j’avais une grosse poupasse ! Mais c’est pas pour ça qu’aujourd’hui je marche comme un pompayre.

ML : Et pourquoi alors ?

 – MB : C’est pasque que hier tantôt je suis été aux courses.

ML : Aux courses ! Mais vous êtes pas un peu péque d’aller courir à votre âge, pour vous sang glacer !

MB : Arrêtez un peu de faire la blagasse. C’est pas moi que j’ai couru, c’est des gaïs, là bas loin, au Béquet ! J’y suis été avec ma nore et mon fils, Ulger et ils avaient fait suivre leur drole, le mouquirous, celui qui choumique tout le temps. Alors, là, ma povre, vous m’aginez pas quelle journasse j’ai eue !

ML : A cause du mouquirous ?

MB : Mais non, le pôvre maque ! D’abord, c’est à cause de cette espèce de quéque dans sa cahute qui voulait me chacayer pasque voilà qu’Ulger, c’est mon fils, le dernier, celui qui fait au ruby à Gujan. Alors, il me dit d’aller acheter un ticket à cinq euros. Je suis la couriole et quand j’arrive, le ragoutant me grogne : « Ordre ? Gagnant ? Placé ? » Alors moi, comme j’étais la première, je dis : un. Et pis après je dis gagnant, pasque placé je me pense : « tu vas encore te faire estamper ! »

ML : Oh que oui ! Pasque placé, à part la caisse d’épargne, on se fait partout emmouscailler pour nos sous !

MB : Et encore, la caisse d’épargne, ça fait même deuil ce que tu leur donnes ! Allez ! Arrêtons de bavasser que je vous raconte. Alors, à l’autre feignas derrière sa croisée, je lui donne mes euros. Et je fais comme tout le monde –y’avait un monde ! – je vais voir trisser les quibes et après je reviens à la cahute où le sentiquous il donnait des sous. Je lui donne mon papier et voilà, d’ion que je tique quand il me rembarre pasque j’ai rien gagné ! Alors, je prends la quinte pasque gagnant c’est gagnant. Alors, je lui dis de tout : que c’est un galistrou, un cacali et tout et tout et à travers la croisée je te lui envoie un taquet maous sur la tronche de blanquignous, tellement qu’il s’esparre jusqu’au fond de sa cabane.  

ML : Eh bé ! quel fagnas !

MB : Surtout qu’en plus que voilà deux gonzes tout dringués en noir qui m’attrapent par le bras et le troufignon.  

ML : Le troufignon ! Mais c’est de vrais ragassous !

MB : Pardine ! De vrais galistrous ! Mais pour me rendre, je te leur ai fichu des castagnes sur le dos avec mon parapluie, vous savez, celui qui a un gros manche, pour aller au ruby avec. Et voilà que mon fils, le madure, celui du ruby justement, quand il voit ça, il prend le bouilli et il te leur file d’abord deux torgnoles à ces deux madures et après une rouste qui leur laisse les miches dans les rosiers. Et pis, vous pensez bien si on s’est esbigné à toute bringue.  

ML : Ma pôvre ! Hé bé : vous deviez être escagassée !

MB : Mais ça, c’est rien. Après, j’ai payé un tour de poney au drôle et pour pas qu’il aye la pétoche, j’ai loué un poney pour moi aussi. Son patron m’avait bien dit : « Il est pas tignous mais il est un peu branque ». Hé bé, ça pour être branque, il était branque ! M’aginez qu’à peine que je suis montée dessus, le petit gaï il s’est mis à bomber et je te saute la talanquère et je te trisse sur le pré de course et je te passe sur les brandes et moi tarabustée, cramponnée à ses deux obarasses et de suite après devant-derrière gointée à sa queue et je te saute les petits esteys et moi sous le poney toute trempe.

ML : Hé bé, brancaille ! Qu’est-ce que vous avez fait ?

MB : Ma pôvre : j’ai fait gagnant. Alors les gonzes dans la tribune ils criaient : « Bravo ! Vive la championne ». » D’autres s’acoursaient et se tustaient à coups de jumelles. Et quelqu’un plus hurlait « Voleuse ! En prison la mounaque ». Et comme à ce moment-là tout un car de CRS est arrivé, alors là, je suis vue aller à coquille au fort du Hâ pour le restant des jours, à me manger que des quignons. Et je me pensais que mon poney, il allait finir en farci à lasagnes ! Mais quand le chef CRS il a vu que mon drôle, celui du rubi, le tignous, il tarabustait pas rien qu’un peu le patron du poney en lui ragassant les trous de nez tellement que l’autre, il cagnoulait et mon fils qui le maoutait et qu’il allait l’escagasser pour en faire des gratons et après une crépinette avec les retaillons, pasqu’il m’avait loué un bestiasse castamée de la tête, le chef qui veut pas le chercher il a dit : « Ça va pour cette fois ».

ML : Et ça c’est fini comme ça ?

MB : Mais non, pensez donc ! Après, voilà un gonze bien dringué qui arrive et me dit : « Vous voulez pas être jockey ? ». Jockey, moi ? Mais vous croyez pas que je vais manger de la biscotte, des joutes et de la doucette tous les jours pour pas grossir ! Et pis, vous me voyez avec une pichebiste sur le dos avec plein de peintures et de dessins dessus qu’on dirait que je vais à la gaypréde  

ML : Encore heureux que vous lui avez dit non, pasqu’autrement, pour finir la course, c’est encore vous que vous auriez porté le cheval sur votre arête !  

Jean DUBROCA

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Aimé

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