Eyre – Bassin versant

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Les « Cartes mis au net des cy devant fiefs du seigneur de Lesparre » montrent les salines du port Leyron à la partie centrale de la pointe de Grave, à moitié trajet de Soulac-les-Bains au Verdon, à vol d’oiseau, sur le chenal de Soulac, dit aujourd’hui du Conseiller. Un bail du 26 décembre 1584 est relatif à un marais salant confrontant d’un côté à saline et à pâturage appartenant à l’abbaye de Sainte-Croix, « d’autre costé à la saline du même affiuat nommé à port Leyron », ce lieu qui constitue une preuve nominale remontant à 1195 et qui confirme la teneur de la charte de 1021-1027.

C’est indubitablement dans les mêmes lagunes de Soulac, dans ces eaux douces stagnantes des Méduliens, qu’étaient élevées les huîtres « que le flot de la mer montante vient engraisser » et qu’Ausone recevait « magnifique présent » de son ami Théon, de Domnoton, lieu situé, d’après le poète latin du IVe siècle, aux confins de la terre, sur la rive des Méduliens et à une marée de Pauillac. Ce lieu ne pouvait être que le Verdon autrement dit le port de station ou d’attente de Soulac ou de Sainte-Marie-de-Soulac, ainsi nommé sur les portulans du Moyen-Age. Au XIVe siècle on se livrait encore à la culture des huîtres dans ces eaux douces, principalement an profit des religieux de Soulac.

Verdon a dit être synonyme de rivière, et le peuple a pu se transmettre ce nom, à l’embouchure du fleuve girondin, à travers les conquêtes et les invasions, comme il s’est transmis le mot dune, non adopté par les latins. J’ai entendu traiter le nom Verdon de préhistorique, de préceltique. Les cours d’eau sont encore des verdons dans une partie des Alpes.

Leyre, quoique paraissant moins antique, avait la même signification, tout comme jalle, gave, etc. Quatre fois la Loire est nommée Leyre en vieux gascon au Livre des Coutumes de Bordeaux. La langue d’oïl en a fait Loire et Loiret, pendant que notre langue d’oc a conservé Leyre et son diminutif Leyron qui vient d’être nommé.

À noter que dans les mêmes Coutumes de Bordeaux, au sujet des marchandises portées à Bordeaux, on trouve à la page 628 une Leyre qui ne peut guère, vu le titre du texte que désigner la Garonne, d’ailleurs dénommée Gironde dans les écrits gascons de l’époque.

L’Eyre (y compris la Grande Leyre) est longue de 115,9 km. Son bassin correspond pour l’essentiel aux limites du parc naturel régional des Landes de Gascogne (départements des Landes et de la Gironde) ; il traverse la Grande Lande et le Pays de Buch.
La Grande Leyre (60 km) et la Petite Leyre (50 km) prennent leur source dans la Haute Lande. Les sources qui alimentent ces deux cours d’eau ne sont plus identifiables aujourd’hui du fait des nombreux travaux de drainages agricoles qui se sont opérés dans cette partie du territoire. Les deux Leyre se rejoignent à Moustey pour former l’Eyre. Après la confluence, l’Eyre entre dans le département de la Gironde pour déboucher en delta dans le bassin d’Arcachon.
L’ensemble forme un cours d’eau côtier, qui s’écoule du sud-est vers le nord-ouest et dont le bassin versant s’étend sur environ 215 000 ha.
Le débit du fleuve est très irrégulier, car dans cette région les étés sont chauds et orageux, les fortes chaleurs très courantes (37 degrés fréquents) faisant diminuer le débit. Les hivers sont doux et humides avec des épisodes pluvieux parfois intenses et venteux occasionnant une montée soudaine de l’Eyre. Tout de même, les débordements sont très rares car l’eau est vite absorbée par le sable
Le bassin de l’Eyre reste un milieu privilégié : son lit creusé dans le sable est parcouru par des eaux transparentes et fauves. À son embouchure, l’Eyre mélange ses eaux douces aux eaux salées du bassin d’Arcachon. Elle se transforme alors en un dédale de chenaux, de bras et de ruisseaux qui forment un delta de 3 000 ha, majoritairement recouvert de champs de roseaux. Plus en aval, en avançant dans le bassin, les joncs et les salicornes forment des prés salés où des milliers d’oiseaux trouvent refuge et nourriture. C’est pour assurer leur protection que le parc ornithologique du Teich a été aménagé sur 120 hectares.
Jusque dans les années 1960, l’Eyre est largement bordée de prairies. Délaissées pour une agriculture plus moderne, celles-ci ont évolué en une forêt de feuillus, dite forêt galerie (ou même « petite Amazone »). Ce tunnel végétal forme une forêt de transition entre la rivière d’un côté et la forêt cultivée de pins maritimes ou les zones agricoles de l’autre. Étroite en amont du fait de l’encaissement de la rivière, elle s’élargit jusqu’à un kilomètre dans la partie moyenne de la vallée. Cette forêt est constituée principalement de chênes, aulnes, saules, etc., parties prenantes de la vie de la rivière, qui participent au maintien des berges grâce à leur système racinaire ; cette végétation amortit les crues et limite le transport des matières en suspension. Le microclimat frais et la luminosité douce favorisent l’apparition d’une flore riche et souvent originale composée de nénuphars, de renoncules aquatiques, ou d’espèces plus rares comme l’osmonde royale ou le drosera à feuilles rondes ; cette forêt de feuillus est également un habitat pour de nombreuses espèces, dont certaines sont en voie de disparition, comme la loutre et le vison d’Europe, la cistude, la genette ou les chauves-souris. Au milieu de la rivière, l’eau est claire et peu profonde et le sable prédomine. C’est ici que séjourne le flet, discret par son mimétisme, et que naissent les larves de lamproies. Sur les bords, là où les eaux sont plus vaseuses, s’implantent des herbiers aquatiques et s’entrelacent des branches d’arbres, caches idéales pour de nombreuses espèces de poissons, telles que les brochets, goujons, vandoises, vairons, anguilles, etc.
Le parc naturel régional des Landes de Gascogne, créé par arrêté du 16 octobre 1970, accompagne les vallées de la Grande Leyre et de la Petite Leyre (son nom d’origine est d’ailleurs « parc régional des vallées de la Leyre et du val de l’Eyre »).
Le val de l’Eyre est site inscrit par arrêté du 22 juin 1973 pour une superficie de 27 665,7 hectares ; 12 588 ha de la zone inondable de la basse vallée de l’Eyre font l’objet d’un inventaire ZNIEFF de type 1 en 1983. 23 600 ha des vallées de la Grande et de la Petite Leyre font l’objet d’un inventaire ZNIEFF de type 2 en 1984. Les vallées de la grande et de la petite Leyre sont un site classé Natura 2000 (proposition SIC en mars 1999).
Le site inscrit qui devait préserver les paysages de la vallée n’a pu résister sur ses franges ou au niveau des bourgs, au développement de l’urbanisation et du tourisme.
Le nord, sous influence directe de l’agglomération bordelaise et du Bassin d’Arcachon, connaît aujourd’hui une forte pression urbaine.
Les bourgs situés au bord de l’Eyre, Mios, Salles, Belin-Beliet, connaissent une forte extension de leur superficie et exploitent les berges de l’Eyre pour y déployer des activités touristiques (camping, kayak, plages, buvettes…). Certains équipements touristiques conçus pour la découverte de ce territoire ne s’intègrent pas aux paysages.
Toutefois, le cœur du site, la rivière et sa forêt-galerie, a été préservé et ce, sûrement grâce à sa configuration : rivière étroite et encaissée, épais rideau de feuillus qui la borde…
 

Revue philomathique de Bordeaux et du Sud-Ouest, 1905

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k340921/f395.item.r=caplanne%20salles%20leyre#

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Raphaël

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