1801 – routes de postes par Langon, d’après Séguin+ (et 1806) – Bassin d’Arcachon

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Tour de passe-passe, ou où est passée la RN 10

Peu à peu, les voyageurs marquent leur préférence pour la route des Petites Landes qui, depuis Bordeaux, suit le cours de la Garonne jusqu’à Langon puis oblique plein sud vers Roquefort – notre autoroute de Gascogne A 65 Langon-Pau – avant de revenir vers l’ouest par Mont-de-Marsan puis Dax pour rejoindre Bayonne. Bien que faisant un large détour, il s’avère que les voitures circulent plus facilement. Déjà les cortèges royaux vers l’Espagne (Catherine de Médicis, Charles IX, Henri IV, François 1er, Louis XIV …), puis la route des messageries royales, passent par cette voie. En 1787, un service des messageries part de Bayonne tous les samedis pour Bordeaux, soit un carrosse à quatre places et plusieurs fourgons, qui effectuent le trajet en quatre jours. Un autre assure le trajet inverse. L’isolement, le sable et l’état de la route de la Grande Lande lui firent préférer l’itinéraire des Petites Landes que la poste aux chevaux lui choisit dès 1799 (1er vendémiaire An VIII). En 1803, la malle-poste fait le trajet trois fois par semaine dans les deux sens. Plus longue, et tout aussi sauvage dans les Landes, elle a l’avantage de traverser des localités plus importantes, et offre surtout la faculté d’aller par eau de Bordeaux à Langon, puis de Dax ou Saubusse à Bayonne. Un voyageur de cette époque signale : « On voit partout des amas de pierres disposés pour former une chaussée sur toute la ligne de Bordeaux à Bayonne ; il y en a même quelques parties déjà faites ; le reste est tracé, mais il faut au moins un an ou deux, avec de grands efforts d’hommes et d’argent, pour achever. Ce sera, au reste, un des plus beaux et des plus respectables monuments de la grandeur impériale que cette nouvelle route (lettre du comte P. L. Roederer – 19 avril 1809). Elle est classée Route Impériale de première classe numéro 11 en 1811, et on y dépense une dizaine de millions de francs pour l’empierrer du Poteau à Mont-de- Marsan… La nouvelle importance de Mont-de-Marsan devenu chef-lieu du département détermine le gouvernement à enlever les relais de poste de la route des Grandes Landes et les reporter sur celle des Petites Landes où ils n’existaient pas. Là, le pays offre en outre plus de facilités d’organisation d’une surveillance active pour assurer une libre et plus sûre circulation. Les maîtres de poste y obtiennent leur transfert (de Mons vers Saint-Geours, de Liposthey vers Roquefort, de Labouheyre vers Mont-de-Marsan, de Belloc vers Campagne (Cf Revue d’histoire de Bayonne, du pays basque et du bas Adour n° 146 -1990).
On atteint Tartas, l’ancien chef-lieu des Tarusates, qui est une jolie ville sur la Midouze. C’était au moyen-âge une des quatre sénéchaussées du duché d’Albret. Les trois autres étaient Nérac, Castel-Moron et Castel-Jaloux. En passant, j’ai salué à gauche de la route un pan encore debout de la vénérable muraille qui résista, en 1440, au redoutable captal de Buch et donna à Charles VII le temps d’arriver. Les gens de Tartas font des auberges et des guinguettes avec ce mur qui leur a fait une patrie. (En_voyage, Alpes_et_Pyrénées, Victor Hugo, 1843)
« Comment a-t-on pu se décider sans retour à tout enlever au pays qui avait le plus grand besoin de secours pour tout donner au pays que favorisait et la nature des lieux et la circonscription départementale ? Comment cette injustice, car il faut l’appeler ainsi, qui date d’une époque de troubles et de révolution, qui a été consacrée par un gouvernement militaire, a-t-elle reçu l’approbation d’un gouvernement paternel et réparateur » (Les Landes en 1826, par Jean-Baptiste Billaudel, ingénieur des ponts et chaussées). À la Restauration, Louis XVIII rebaptise les routes impériales en routes royales et la route impériale n°11 (Bordeaux – Langon – Mont-de-Marsan – Bayonne – Irun) devient la route royale n°10 en 1824. Dégradée par défaut d’entretien, on procède à son pavement entre 1833 et 1845. La chaussée est alors formée de trois voies : celle du milieu, pavée en grès, est réservée aux lourds charrois et aux diligences, et les bas-côtés utilisés par les voitures particulières moins rapides conservent l’ancien empierrement renforcé par de la pierre liée par du macadam.
Quitte à nous répéter, la route des Grandes Landes devenue route royale puis impériale n° 132, eut finalement sa revanche sur celle des Petites Landes et ce n’est qu’après les violents et meurtriers incendies de 1949 que la liaison directe Bordeaux-Bayonne, jusqu’alors route nationale 132, est reclassée en route nationale n°10 (aujourd’hui L’autoroute A63 Bordeaux-Bayonne ouverte en 2013). On permute donc les numéros de ces deux voies : RN 132 de Langon à Tartas – RN 124 de Tartas à Saint-Geours-de-Maremne. En 1972, le tracé de Langon à Mont-de-Marsan est déclassé en RD 932, puis reclassé en RN 524 (2004) tandis que le tronçon de Mont-de-Marsan à Tartas devient RN 124.
Les commentaires en italique sont ceux de M. Vaysse de Villiers, inspecteur des postes, en 1823
 

1801 – routes de postes par Langon, d’après Séguin+

 

1806 – Carte géométrique des Routes de Postes

La carte de Seguin est reprise en 1806 par Pachoux :
 
 

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