Croquis du Bassin – Un gibier surprenant

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La chasse sur le Bassin, véritable phénomène viscéral chez beaucoup de ses indigènes, regorge, on le sait, de récits étonnants, admirables, incroyables ou énormes. Quant aux chasseurs, n’en parlons pas : ils ont fait d’Hubert leur saint patron car son histoire est encore plus merveilleuse que tout ce qu’ils peuvent raconter. Ce petit neveu du bon roi Dagobert fut touché par la grâce lorsqu’il vit briller une croix de feu entre les cornes du cerf qu’il pourchassait. Il ne lui en fallut pas plus pour qu’il devînt évêque … Pourtant, l’histoire que je m’en vais vous dire reste aussi des plus mirifiques.

Un beau matin de 1991, un éminent chasseur testerin, Pierre Mouchague, après quarante-cinq ans de pratique en tous terrains, fut quand même stupéfait, ébahi et même éberlué, devant ce qu’il découvrit ! Il avait abattu, en plein vol, une huître qui dévorait un canard. Mais oui, une grosse huître dévorait le palmipède ! Elle pendait à l’une de ses pattes, bien accrochée et goulue. Un phénomène si stupéfiant qu’il méritait bien cette petite fable.

“Existait ces jours-ci, parmi la gent ailée,

Un audacieux canard arborant un col vert.

Les ailes déployées et à toute volée,

Il fuyait du Grand Nord les rigueurs de l’Hiver.

Harassé, affamé, il court, tout caquetant,

Vers La Teste de Buch, sur les bords du Bassin.

Haussant l’œil et faisant l’important,

Il promène sur l’eau son regard assassin.

Coustuts ainsi que trogues, craignant de gros déboires,

Fuient le bec meurtrier du nouvel arrivant.

Or, à ce moment-là, Dame Huître avait soif.

Ouvrant un large bec,

La voilà buvant sec.

“- Hé, pensa le canard, elle est bonne à manger !

– Mais qu’est-ce donc, s’écria le mollusque tout gros !”

Et, au lieu de bailler après son déjeuner,

D’un coup net sur la patte, il referma ses crocs.

Le canard, affolé, dans les airs l’enleva.

Sous sa tonne, embusqué, le chasseur les guettait

Et, d’un coup de tromblon, tous deux, il les tua.

La Fontaine, pour sûr, en eût tiré leçon :

“ Que l’on baille ou que l’on fuie,

Tout meurt, de même façon”.

Le Nemrod, étonné, écrivit à Bruxelles

Qui critique fort les chasseurs et leurs ruses :

“Celles de la nature, pourtant, sont très cruelles

En matière de pièges, c’est bien elle qui abuse”.

La fable est-elle gaie ou triste ? À méditer jusqu’à demain, où, à la demande générale, nous bavarderons sur les avatars du clocher testerin.

Jean Dubroca

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Aimé

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