L’Avenir d’Arcachon de février 1926

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ARCACHON ET ARCACHONNAIS EN 1926

VUS PAR « L’AVENIR D’ARCACHON »

DU MOIS DE FÉVRIER (*)


* ALBERT CHICHÉ DANS SES ŒUVRES *


+ Albert Chiché part en visite (Extraits) :

« Mme Georges Louis, veuve de l’ancien ambassadeur de France en Russie, venue chez nous pour deux mois, est à la recherche d’un chalet. ‘’Il n’en manque pas, me dit-elle, mais il est difficile de trouver des domestiques. Je ne puis obtenir une bonne, même en offrant deux cents francs par mois’’.  

Villa « Marguerite » de nos jours

Après avoir traversé la place des Palmiers où les étrangers se rassemblent très nombreux pour s’y chauffer aux rayons d’un soleil brillant, Mme Georges Louis le conduit en visite chez M. Li-Li, ministre de la Chine à Lisbonne. « Il se plaint du manque de chauffage central sans sa villa Mustapha ainsi que de la difficulté de trouver des domestiques. Puis il nous demande d’aller examiner la villa Marguerite (Photo) qu’on se proposait de lui louer. (…) Nous entrons dans un salon puis dans deux salles à manger de style sévère ; au-dessus, plusieurs chambres très claires. Magnifique jardin mais peu de soleil. Voilà une résidence plus agréable en été que l’hiver ».

+ Albert Chiché et le vote des femmes. (Extraits) :

– Le cardinal de Bordeaux a fait lire en chaire une lettre où il demandait à ce que l’on préparât les femmes à voter. Le rédacteur en chef s’en indigne et écrit au prélat :

« Vous appuyez cette idée subversive du droit de vote des femmes. Vous les faites enrégimenter sous la sainte bannière du curé de la paroisse chargé de les endoctriner et de leur imposer le bon candidat, celui que vous aurez choisi. (…) Votre initiative est dangereuse car les dévotes préfèreront obéir à leur curé plutôt qu’à leur mari. Dangereuse car la religion aurait intérêt à se tenir en dehors et au-dessus des joutes électorales. Dangereuse car l’augmentation du nombre des électeurs augmenterait le nombre des députés et les féminines seraient plus bavardes que les masculins. Le Créateur, en la faisant différente de l’homme, lui a donné des devoirs différents qui ne sont ps moins essentiels. À chacun sa tâche…. ».

+ Albert Chiché fait un coup de théâtre. (Extraits) :

– Il visite le Théâtre des Artistes qui vient d’ouvrir. Il le trouve boulevard Deganne.

« On entre dans un terrain vague parsemé d’ordures et de mares d’eau noirâtres. On voit bientôt des huttes de bohémiens ornées d’images suspendues à des cordes et à droite une petite scène devant trois rangées de bancs en bois. Au-dessus de la barrière d’entrée un écriteau « Villa des Artistes », clouée sur un poteau, une carte de visite. Nous rencontrons une jeune femme brune à laquelle nous demandons la prochaine date de la représentation de « Napoléon »

– Des représentations, il n’y en aura plus. Pour la première, nous avions fait cent francs de recette. Mais une averse a tout arrêté. Le lendemain, personne n’est venu.

Elle ajouta :

– Comment me trouvai-je dans ce lieu sordide moi qui avais emporté de brillants succès à l’Alhambra de Bordeaux ? M. Brice-Caussé m’a séduite en me proposant mille francs par mois, nourrie et logée. Il ne m’a payé que le premier mois et me congédia brusquement. Je le fis approcher par le juge de paix lui demandant 2500 francs. Il fut condamné à me verser cette somme mais depuis, il a disparu. (…) Je suis tombée dans un guet-apens et je me retrouve dans cette misérable cahute. »


 * AU CONSEIL MUNICIPAL *


+ Il a fallu majorer nombre de comptes en raison du cercle infernal d’augmentations.  

Le Conseil a refusé la subvention de 10000 francs aux PTT relativement aux frais des facteurs auxiliaires durant la saison.  

Queyreau a été nommé inspecteur des plantations municipales.

Sur proposition de Maurice Martin, le boulevard des Abatilles portera le nom de boulevard de la Côte d’Argent.  

Fargeaudoux fait observer que le gaz se vend à Paris 60 centimes le mètre cube alors qu’il se vend ici de 76 à 82 centimes. Une commission sera chargée de tirer cette affaire au clair.


 * LA CÔTE D’ARGENT ‘’EN‘’ VÉLO *


+ Les impressions de voyage d’Albert de Ricaudy (Extraits) :

Le lac de Mimizan

« D’Arcachon à Capbreton, tout était admirable. Quelles forêts, quelles plages, quels lacs ! Tout cela au milieu d’une interminable sylve pas monotone du tout car le chêne-liège abondant lui donne un nouveau caractère. Entre Cazaux et Mimizan, c’est la région quasi désertique des Grands lacs. Les rives en sont d’une solitude, d’une sauvagerie intense. (…) L’isolement rend toujours égoïste. Dans ces régions, l’hospitalité n’est pas de règle. Il m’a fallu recourir à la gendarmerie pour trouver un gîte. (…) Entre Mimizan et Capbreton, c’est une région de petits lacs ; les villages sont très rapprochés. C’est là qu’il faut venir pour recevoir une hospitalité écossaise et manger de cette bonne cuisine landaise. Dans cette saison, du moins, on voyage relativement bon marché. Nul n’écorche le voyageur. »


 * LES BAINS PUBLICS *


+ Nous possédons un unique établissement de bains qui va disparaître si nous n’y prenons garde. Car il adviendra qu’Arcachon, Ville de Santé, n’aura pas une baignoire à offrir aux Arcachonnais ou à ses hôtes de passage. Ce serait tellement honteux que l’on doit tout faire pour conserver l’établissement du boulevard de la Plage. M. Sarrat qui le dirige et qui a fait toutes sortes de sacrifices pour le maintenir se trouve menacé d’expulsion par son propriétaire. Si le jugement d’expulsion était prononcé, M. Sarrat serait ruiné. La Ville doit absolument intervenir pour que ces bains ne cessent point d’exister en agissant sur le propriétaire pour le ramener à de meilleurs sentiments, au besoin par la voie de l’expropriation.


 * RUGBY *


 

+ Dimanche, le S.A. arcachonnais recevra à Matéo-Petit le Stade St-Gaudinois pour le dernier tour des poules de trois du championnat de France de promotion. St-Gaudens a été formé à l’école de l’international Cassayet, capitaine de l’équipe de France. La partie s’annonce donc comme l’une des plus palpitantes de celles jouées à Arcachon.

 

 

 


 * INFORMATIONS *


+ Peut-on réclamer un droit pour le simple élagage des arbres d’une propriété privée comme si on avait abattu un pin ? Un propriétaire de la ville d’hiver veut résister aux prestations exagérées de l’octroi qui veut s’octroyer ce droit. Pourquoi n’exigerait-on pas demain une taxe pour la taille des rosiers ou des mimosas ?

+ Les Parisiens et les Anglais qui hivernent chez nous sont dans l’enthousiasme en contemplant cette splendeur : les mimosas. Le tram – quand il marche- les bateaux de promenade, retour de la villa algérienne, sont remplis d’une foule joyeuse les bras chargés de mimosas. Jamais le ‘’Courrier du Cap’’ ne transporta autant de monde à la villa Algérienne pour la cueillette des mimosas. Pourquoi le Syndicat d’Initiative ne créerait-il pas une fête et une reine des mimosas ?

+ C’est le 20 février que les travaux pour la construction du clocher de Saint-Ferdinand vont être mis en adjudication à la mairie.

+ La société immobilière d’Hossegor va diriger une exploitation semblable au Cap Ferret. On parle de prolonger la route de Claouey à la pointe du Cap.

+ La musique municipale est en immense progrès sous la direction du maître Guérin, ancien chef de la musique militaire du 144e de ligne.

+ La troupe officielle du Théâtre de la Porte-Saint-Martin donnera « L’Aiglon » sur la scène de notre Théâtre municipal, le mardi 16 février.

+ Dimanche 14 aura lieu au Casino, à l’entracte du cinéma, l’élection, par acclamation du public, de la Reine des Poilus, au cours d’une soirée au profit des œuvres des anciens combattants d’Arcachon. Prudent de louer.

+ À quoi sert le tir aux pigeons, rigoureusement interdit au public ? La ville, propriétaire de ce site, le plus beau du parc des Abatilles, doit mettre les organisateurs en demeure de donner des réunions ou de résilier leur bail.

+ M. Marcel de Sara nous prie de faire savoir aux familles que les programmes de la « Gaîté Arcachonnaise » sont d’une correction absolue.

+ La plage de Saint-Ferdinand est dans un état de saleté repoussante. On ne voit que tessons de bouteilles, assiettes brisées, boîtes de conserves et tuiles cassées.

+ Les chenilles processionnaires ont fait leur apparition sur nos routes. Que les enfants ne s’amusent pas à toucher ces bêtes très venimeuses.


 * V.I.P. ET MONDANITÉS *


+ Nous apprenons les fiançailles de M. Guy Waterfeld, l’intrépide rameur qui a parcouru en canoë les étangs landais, d’Arcachon à Mimizan, avec Melle Mottelay, fille du notaire bordelais bien connu.

+ M. le Duc Decazes qui va vivre à Arcachon, fait agrandir la villa qu’il vient d’acheter à M. Mouissé, dans l’endroit le plus exquis de la plage du Moulleau.

+ Mme Martin-Beynat dont la maison d’éducation de l’avenue Gambetta est le rendez-vous de toute la jeunesse aristocratique d’Arcachon et de la colonie étrangère, donnera le 16 février une grande matinée artistique à ses élèves, à leurs parents et amis. On y jouera une comédie de Guy de Pierrefeux : la Petite Résinière. Il y aura également une ronde des fleurs, une pavane avec marquis et marquises et un buffet succulent.

+ Le 16 février, l’Hôtel Bristol-Jampy organise dans ses salons élégamment décorés un bal travesti qui promet d’être plein d’entrain.

+ Le golf est en pleine prospérité. Jamais on ne vit autant de joueurs. Les Anglais, attirés par le charme d’Arcachon et du change, sont nombreux cet hiver. Ils prennent le bon air en faisant des économies. Heureux peuple qui peut jouir en paix des bienfaits de la victoire.

+ Notre équipage de chasse à courre a poursuivi un renard qui a été se réfugier dans la cabane d’un résinier de la montagnette, dont il dévalisait depuis longtemps le poulailler. Ces jours-ci, on va chasser un chevreuil.


 * GRANDE FÊTE ENFANTINE *


+ C’est pour la Mi-Carême qu’aura lieu le grand bal d’enfants, costumé, paré, travesti dans la coquette salle de l’Olympia, spécialement décorée. Au programme : concours de costumes, distribution de friandises, cotillon et rondes sur des airs de nos vieilles chansons françaises. Il y aura aussi un concours de pêche à la ligne et une entrée de clowns. Mamans : travaillez dès maintenant aux costumes de vos enfants.  


ET PENFANT CE TEMPS À LA UNE DU « PARIS-MIDI » (*)


+ Le 1e : Complot contre le Franc. Le faussaire hongrois, prince Windsgraetz a contrefait 30. 000 billets de 1.000 francs.

– Ajournement de la conférence sur le désarmement.

+ Le 2 : Guerre contre les Rifains. M. Steeg inspecte le front marocain.

– Raid aérien Espagne-Argentine : départ demain.

+ Le 3 : La Chambre a abordé l’examen des dispositions de la gauche. Si l’opposition refuse de les voter, qui votera ensuite les impôts de consommation ?

Tombe de Virgile

– Italie : M. Mussolini reconstruit la tombe de Virgile.

+ Le 4 : Sur le font rifain, M. Steeg passe en revue les tribus soumises. Il les assure du pardon miséricordieux de la France.

– Débat financier. Chaque jour de retard dans le vote des projets nous coûte dix millions.

– En question : une femme adultère est-elle coupable ? Dans quels cas le mari outragé est-il excusable du meurtre de l’amant ?

+ Le 5 : Est-ce la paix en Syrie ? « Déposez les armes et nous discuterons » dit notre haut commissaire à Soltan Attrache.

– Notre dette envers les États-Unis : discussions au point mort.

+ Le 6 : Les négociations sur les dettes de la Russie envers la France vont s’engager.

– Le débat financier s’éternise. Le gouvernement attend le moment favorable à la concentration.

+ Le 7 : Tension entre l’Allemagne et l’Italie. La presse allemande proteste contre le discours de M. Mussolini

– Notre Parlement se discrédite.

– Les difficultés à se loger persistent, conséquence de la guerre.

– Les Sociétaires femmes de la Comédie-Française exclues du Comité.

Abd el Krim

+ Le 8 : Guerre au Maroc. Abd el Krim se prépare à attaquer sur le front de Taza.

 La discussion financière s’engage dans une phase décisive.

Y a-t-il trop de fonctionnaire en France ou pas assez ?

+ Le 9 : M. Stresemann répond à M. Mussolini. Un différend déplorable à la veille de l’entrée du Reich dans la S.D.N.

+ Le 10 : Après le conflit sur la taxation des valeurs mobilières, la division sur les bénéfices agricoles.

– Sur le ring. Le noble art en déclin.

+ Le 11 : Entrée du Reich à la S.D.N. Bloc latino-slave contre le bloc pro-allemand.  

– Chine. Bolchevistes et soldats chinois attaquent les bâtiments d’une mission américaine.

Raid Espagne-Argentine

+ Le 12 : Le raid aérien Espagne-Argentine est réussi.

 Le ministère des Finances prépare en secret des taxes dont il demandera le vote immédiat.

 – En Europe, 170 000 personnes ont voyagé en avion en 1925.

+ Le 13 : Finances. La Chambre discute des taxes indirectes. Vers le redressement ou vers la crise ?

 – Les négociations Franco-Russes sur la dette piétinent.

+ Le 14 : Le sort du Cabinet Briand est en jeu. M. Doumer aux prises avec la commission des finances.

+ Le 15 : La Chambre soit réaliser avant demain matin l’équilibre budgétaire.

 Le scandale du pain cher a trop duré.

+ Le 16 : Pas de crise ministérielle. Le débat s’est achevé à 6 h.30 au Palais-Bourbon.

 Il manque 2 milliards 400 millions pour équilibrer le budget.

 Ce matin, match de tennis Lenglen-Wills à Cannes.

+ Le 17 : Rome. La Commission des mandats discute le rapport sur notre administration en Syrie.

Suzanne Lenglen

 

– Cannes. Tennis. Victoire de Melle Suzanne Lenglen. Elle fut prudente et habile.

 – Paris. Les surveillants de la Santé contre leur directeur.

 

 

 

Famine en Russie

– Russie. La famine se développe.

+ Le 18 : M. Doumer dépose au Sénat le projet d’équilibre budgétaire.

 L’acupuncture est une méthode médicale chinoise excellente.

+ Le 19 : Le conflit entre la Chambre et le Sénat menace d’aggraver le marasme financier.

 – Le cours du Franc est en baisse à New-York où celui de la Livre monte.

 – Les Racistes hongrois compromis dans la fabrication des faux billets français.

+ Le 20 : Brusque hausse de la livre et du dollar.

– Les États-Unis d’Europe sont-ils possibles ?

+ Le 21 : La campagne du Maroc. Abd el Krim se prépare à reprendre les hostilités. Le maréchal Franchet d ‘Esperey sur le front.

 – Coup de théâtre au Sénat. Il refuserait la taxe sur les factures.

 – Rome. Le docteur Antonio Pais rajeunit merveilleusement avec les rayons X.

+ Le 22 : Le Sénat va-t-il proposer une transaction sur les taxes gouvernementales ?

 – Une affaire de traite des blanches à Boulogne-sur-Mer.

– Italie. Un dirigeable vole vers le pôle.

+ Le 23 : Le Sénat s’apprête à voter les taxes gouvernementales.

+ Le 24 : Grand débat au Sénat. Le cartel des gauches s’oppose au gouvernement.

+ Le 25 : Le projet financier toujours en débat au Sénat.

 – Ce matin, laborieuse séance inaugurale de la Conférence franco-soviétique.

+ Le 26 : Le conflit financier s’arrangerait.

 – Guerre du Rif : toujours une grande activité dans la région de l’Ouerghan.

– Les paysans se plaignent : le lait et le beurre trop peu payés.

+ Le 27 : Le fourgon postal du Paris-Belfort pillé par d’audacieux bandits. Ils avaient allumé des feux rouges sur la voie pour faire stopper le rapide.  

– Les États-Unis et les dettes. Si l’accord italien n’est pas ratifié, la France ne veut pas payer.

 – La taxe sur les factures doit aboutir au Sénat.

+ Le 28 : Troisième manche financière au Sénat. Le gouvernement paraît certain de gagner la belle.

 – Krach bancaire à Anvers. 25 000 épargnants spoliés.

Jean Dubroca

jeandubroca@orange.fr

(*) Sources : BNF/ Gallica.

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