Vendanges et vendangeurs

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Causerie vespérale en forme de pas de côté, à la limite du hors sujet

Bien sûr, c’est la semaine de Biscarrosse… mais il y a aussi l’actualité et celle-ci n’attend pas ! En l’occurrence cette actualité-là est indubitablement représentée, comme chaque année, par l’arrivée des “vendangeurs”.
Nous sommes en pleine saison de pêche et de dégustation de ces petits rougets “barbets” au goût délicieux, cousins du rouget classique mais dans une variante un peu plus savoureuse et costaude – certains diront que c’est du brutal… des petites natures.
Vendangeurs, parce qu’évidemment on les pêche dans le bassin, depuis des temps immémoriaux, à l’époque des vendanges qui se déroulent d’ailleurs pas très loin, notamment sur mes terres d’adoption, au nom ô combien maritime, de l’Entre-deux-Mers.
Les vendanges, dans le temps, c’était toute une agitation laborieuse, commerciale et festive que les jeunes générations ne peuvent pas imaginer. C’était également toute une économie aujourd’hui disparue.
Les vignerons – on ne parlait pas encore de viticulteurs – préparaient alors leurs chais afin de recevoir la récolte, mais aussi s’affairaient pour accueillir les vendangeurs… et en l’occurrence pas les poissons. Il fallait s’occuper de leur hébergement mais également de l’avitaillement nécessaire à leur appétit creusé par des journées à manier le sécateur ou à porter la hotte. Ces préparatifs nécessitaient souvent le voyage à Bordeaux, dans les magasins de demi-gros des quartiers des Capucins, Saint-Michel et Saint-Pierre proposant des conserves dans des tailles XXL, des pilchards, des haricots cuisinés et toute une gamme de produits qui n’existent plus dans ces conditionnements réalisés spécifiquement par les conserveurs pour les vendanges, moissons et autres évènements, aussi saisonniers qu’agricole, rassemblant une nombreuse main-d’œuvre. Ces quartiers bordelais, autrefois riches de commerces variés, étaient alors en effervescence.
L’hébergement nécessitait également des “petites mains”, essentiellement féminines, afin de préparer draps et couvertures propres pour les lits parfois installés en dortoir dans des greniers qu’il fallait gringonner du sol au plafond. Les vendangeurs arrivaient alors, italiens, espagnols, parfois des “gitans” et puis des voisins, la famille et cela durait souvent deux semaines avant que de faire la “gerbaude” (terme emprunté aux moissons) qui voyait la maîtresse de maison se surpassait dans l’art culinaire et le vigneron sortir des bouteilles de “derrière les fagots”, fagots qui avaient eux-mêmes permis de cuire quelques belles entrecôtes.
Mais aujourd’hui dans ma campagne, comme à Bordeaux, on ne se rend même pas compte que les vignes sont vendangées, On ne voit personne, mais on entend les machines qui tournent jour et nuit. Un jour il y a des raisins et le lendemain il n’y en plus et c’est tout.
Le progrès fait rage…
Thierry PERREAUD

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Aimé

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