Hôtel Baleste

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En face de l’entrée du stade Jean de Grailly, s’élève une maison dont l’architecture est d’une belle ordonnance. C’est un des derniers immeubles anciens qui subsistent à La Teste et il est à souhaiter qu’il ne subisse pas le sort de plus en plus fréquent des vieilles demeures qui s’effacent devant les cages à poules modernes.

Les Testerins se souviennent certainement du hangar qui a brûlé dans les années 1970, et certains, plus âgés, d’un curé qui en est, dans les années vingt, le propriétaire. Mais plus personne, semble-t-il, ne se rappelle qu’au XIXe siècle, cette maison portait le nom d’ « immeuble Portier ».

Robert Aufan a entrepris d’en retracer l’histoire à l’initiative de Denis Blanchard Dignac.

Situé 10 rue Jean-de-Grailly, l’Hôtel Baleste, du XVIIe, aussi appelé « Maison Poulain », il n’est pas possible de se prononcer exactement sur l’origine de cette propriété car ni le testament[1] de Jean de Caupos en date du 2 juin 1676, ni la prise de possession[2], le 22 novembre 1698, par les sieurs Jean, François et Gérard de Caupos des biens de leur mère Isabeau de Baleste-Martinon, veuve de Jean de Caupos n’évoquent cet immeuble. Quant au testament d’Isabeau[3], il n’est pas, lui non plus, déposé.

Madame Poulain (qui est Greffier du tribunal d’instance d’Arcachon) dit se souvenir que son mari avance la date de 1666, après avoir fait des recherches à Bordeaux, comme étant celle de la construction.

Portes ouvertes en 2006

Ce pourrait être alors Pierre Baleste ca1601-ca1686, époux de Marie de Taffard  qui l’aurait bâtie, sans doute au centre d’un domaine agricole. Dévolu à leur fille Isabeau mariée le 19 mai 1664, à Lacanau, avec Jean de Caupos ca1610-1676,  vicomte de Biscarrosse (1663-1676), baron de Lacanau (1659-1676), Secrétaire du roi Louis XIV à Bordeaux ; mariage dont est issu Gérard de Caupos 1676-1721, baron d’Andernos  marié le 30 mai 1700 à La Teste-de-Buch, avec Marie de Baleste 1684-1749, Dame d’Andernos (1681).

D’autres optent directement pour Jean de Caupos, le père de Gérard.

Mais quel que soit le promoteur, le problème de la date de construction de la maison actuelle n’est pas résolu pour autant ; nous en reparlerons…

L’hôtel Baleste appartient au début du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXsiècle à des gens de mer testerins, la famille Portier, qui entreprennent les aménagements et restaurations du bâtiment.

Nous ne savons pas en quoi consiste exactement l’achat ni d’ailleurs sa date fait par Guiraud Portier ca1647-1717 dit Lalune, marinier[4] ; la consultation des actes notariés[5] de la période 1670-1712, si elle permet de retrouver les notaires qui s’occupent des transactions tant de Gérard de Caupos que des Portier, à savoir Arnaud puis Jean Desgons, ne permet pas de retrouver les actes car ils n’ont pas été déposés aux archives… De même, la consultation des livres de contrôle des actes de notaires[6] entre le 1er mai 1697 et le 22 décembre 1715 n’éclairent pas plus notre lanterne !

Guiraud, le 15 mars 1670 à La Teste-de-Buch, épouse Jeanne Hauquet, fille de résinier ; de son union naissent 10 enfants dont 3 garçons : Gérald ou Guiraud dit « Mirau » né le 1er décembre 1671, Jean dit « Padeu », peut-être né le 4 janvier 1680, et Pierre, né le 14 février 1690.

Au moment du mariage de Jean en 1712, les biens consistent en[7] :

– une maison située quartier de ping à La Teste dans laquelle Guiraud Portier faisait sa résidence qui était estimée à 423 livres 8 sols.

– 116 « filets de tach (l’estran) pour la pesche des canards » avec les perches et cordes, estimés 80 livres.

– un équipage de pêche : une grande traine (filet de pêche) de coste (50), une traine de couréon (50) (Moureau dit courren = courant), une traine (60), une petite garolle (petite senne) et quelques pièces de cordage, paniers et matrameaux (11) (filet à larges mailles, appelé aussi “folles”, pour prendre les «martrames», anges de mer, sorte de grandes raies. À noter que le notaire emploie aussi bien du gascon que du français), ainsi que des bateaux : « La Fille de Pallu » (175), 3 pinasses (90) avec une drague (2), sorte de râteau que l’on déplace sur le fond pour récupérer les huîtres.

À cela s’ajoutent « 2 chevaux (120), du foin et du froment (20), des meubles (123), de la vaisselle, du linge et un lopin de terre de 65 règes au Bau » (le quartier du Bau ou Baou (déformation de béou, le bœuf) se trouve près de l’actuel échangeur du Braouet).

Au décès de Guiraud, en février 1717, il ne reste plus que deux garçons, Gérald et Jean ; le partage se fait avec leur mère.

Jeanne Hauquet laissera à ses deux fils, par un acte du 16 février 1718, sa part du matériel de pêche « car elle se dit trop vieille » ; le pré du Bau lui est racheté par Jean le 4 septembre 1718.

Mais il y a aussi des dettes et c’est grâce à cela que notre enquête peut aboutir : Guiraud devait « 300 livres pour le reste du prix de ladite maison qu’il a acquise de Noble Gérard de Caupos[8], baron d’Andernos ». Jean s’engage à les payer et récupère ainsi la maison qu’il habite, semble-t-il avec sa mère, et le 3 mai 1725, suite au décès de Jeanne Hauquet, il en devient seul héritier[9].

L’immeuble que nous voyons aujourd’hui, possédé par la famille Portier et ses alliés de la fin du XVIIe siècle à l’année 1833, est-il le même que celui qui fut acheté à Caupos ? Comme sa façade est, d’après Denis Blanchard-Dignac, typique du début du XVIIIe siècle, on peut  penser qu’elle fut construite par un Portier mais lequel : Guiraud ou Jean ?

Un argument plaide en faveur du second, c’est le texte de l’acte du 10 août 1717 : il y est dit qu’avant de partager les biens de feu Guiraud Portier entre sa veuve et ses deux enfants, il convient d’estimer ces biens à la date du mariage de Jean, soit en 1712 : en effet, Jean se trouve être favorisé par rapport aux autres enfants.

La maison qui est évaluée, au jour du mariage, à 432 livres 38 sols, l’est, au jour du partage soit 5 ans plus tard, à 491 livres « à cause des augmentations faites pendant la société du dit Jean Portier », (« société » désignant la communauté matrimoniale entre Jean et son épouse) soit une augmentation de « 58 livres 12 sols ». Des travaux d’amélioration ont donc eu lieu entre 1712 et 1717 et ils sont probablement réalisés par Jean Portier ; il est donc possible que ce soit la façade : mais la somme est-elle suffisante pour faire une telle façade ? En 1709, un compagnon serrurier bordelais[10] reçoit 5 livres par mois ; de tels travaux correspondraient donc à plus d’un an de salaire. C’est à première vue plausible même si nous manquons de documents pour le confirmer.

Les Portier sont, on l’a vu, des « gens de mer » ; avec un héritage estimé à 1339 livres ils peuvent être considérés comme aisés sans être encore admis dans le « beau » monde des notables. L’achat de cette maison et les modifications apportées semblent donc témoigner d’une volonté d’être reconnus et de gravir un échelon vers la bourgeoisie locale. Cette ambition légitime nous permet aujourd’hui d’admirer une des plus anciennes et des plus belles maisons testerines dotée d’une façade d’une grande pureté.

En 1771, la maison appartient à Léonard Portier, d’où son nom attribué à l’immeuble tout au long du XIXe siècle. Pourtant dans le testament de Jean Portier, son père, époux depuis le 12 avril 1712 de Marie Baleste, il n’en est pas question. En effet, ce texte[11] du 14 mai 1729, concerne uniquement les filles mineures, Marie née en 1721, et Catherine, née en 1724, qui reçoivent chacune 300 livres, un coffre et du linge et sont mises sous la tutelle de leur mère, mais les garçons Nicolas et Léonard ne sont pas mentionnés ; le couple avait eu deux autres filles toutes deux prénommées Marie, en 1714 et 1719, mais elles sont décédées.

Né en 1745, Pierre Portié est le fils de Léonard Portier  (12 février 1713-21 août 1791), maître de pariage[12], et de Marie Dignac Mendètes.

Le 26 janvier 1771, Pierre Portié (selon les actes et les registres d’état civil, le nom est orthographié Portié ou Portier) y épouse Marie Daysson (Daisson ou Daysson). L’acte est passé chez Me Eymericq (AD Gironde 3E 22651). La dot de Marie Daysson s’élève à 1 000 livres, plus des effets mobiliers divers évalués à 150 livres.

Le 21 août 1791, Léonard reconnaît avoir reçu en plusieurs fois de sa belle-mère, Marie Lalanne, la somme de 20 000 francs destinée à sa bru, Marie Daisson et déclare qu’il l’hypothèque sur ses biens[13].

Le 7 mars 1792, Pierre Portier refuse la succession[14] de son père disparu[15] le 21 août 179l, puis il l’accepte, le 2 juillet, sous bénéfice d’inventaire, pour sa fille unique[16] et mineure Marie Portier. Celle-ci épouse, le 27 août 1795 (10 Fructidor An 3), Bernard Démons originaire de La Brède. Sa dot est constituée par un bien venant de sa mère, situé à Mestras et estimé alors à 4 000 francs.

Le 10 février 1797, Marie Dignac Mendètes, la veuve de Léonard, Pierre Portier, son fils né en 1750 et Marie Daysson sa belle-fille, reconnaissent devoir à Démons la somme de 9 600 francs.

Le 27 janvier 1798, Marie Dignac Mendètes dédommage Bernard Démons. Le 5 janvier 1801, un acte précise que Démons n’a reçu que 3 000 francs, « plus le logement et la nourriture dans la maison Portié » – il est donc hébergé et nourri par sa belle-famille – et qu’on ne lui doit plus que 6 000 francs, payables au décès du survivant du couple Pierre Portier/Marie Daisson. Quant à la créance de 20 000 francs, due à Marie Daisson, elle est réduite par son mari à 8 000 francs, à cause de la dépréciation des assignats.

Jusqu’à la mort de Marie, les instances judiciaires vont se succéder, ses avocats concluant que Pierre Portier, son mari, a frauduleusement essayé de la dépouiller de ses biens au profit de Bernard Démons. Cette affaire très compliquée émaillée de pouvoirs en blanc, de vente à des prête-noms… se trouve détaillée dans une consultation en 1821.

Beaucoup de ventes judiciaires ponctuent l’histoire de cette maison.

Pierre Portier meurt le 1er mars 1821, Marie le 24 mai 1822 ; celle-ci, par testament, fait de Pierre Cravey son héritier, sous bénéfice d’inventaire. Le lien entre Marie et Pierre Cravey est le suivant : le frère de Léonard Portier, Nicolas, a épousé, le 27 janvier 1761, en secondes noces, Marie Lalanne et c’est une de leurs trois filles, car ils n’eurent point de garçons, Catherine Portier qui est l’épouse de Pierre Cravey. Les deux autres filles Marie et Marie Anne ont épousé respectivement Pierre et Gérard Desgons ; Marie a eu deux enfants, Catherine Eléonore et Jean Ostinde, Marie Anne une seule fille Marie Palmyre qui épouse Joseph Dejean, lieutenant des douanes, et en eut un fils, François Oscar Dejean.

Par son testament mystique du 31 octobre 1821, Marie Daisson veuve Portier fait donc de Pierre Cravey et de Catherine Portier, son épouse, ses héritiers universels, chacun pour la moitié.

Catherine Portier dispose de sa part en faveur de ses deux sœurs, les épouses Desgons et, le 16 mai 1825, Marie Anne dispose de ses biens en faveur de sa fille Marie Palmyre Desgons.

Après la mort de Catherine, le partage des biens[17] a lieu le 29 avril 1826 ; le 24 juin 1831 les héritiers, Pierre Cravey, Marie Portier épouse Desgons, Marie Palmyre Desgons épouse Dejean, héritière de Marie Anne, se réunissent : les sœurs Portier, épouses des Desgons, cèdent à Pierre Cravey tous leurs droits contre la somme de 400 francs et la couverture de toutes les dettes.

Pierre Cravey hérite donc de tous les biens de sa femme Catherine Portier. L’élément étonnant – pour ne pas dire détonant ! – dans cette histoire alambiquée c’est que Robert Aufan a obtenu l’autorisation d’ouvrir, le 4 décembre 1998, deux testaments scellés[18], datant des 26 janvier et 2 août 1809, par lesquels les époux Cravey se lèguent mutuellement les acquêts de la communauté, à savoir la maison de Morlanne, la vigne au couchant et les pins de l’Aiguillon[19].

Marie, quant à elle, lègue en plus à son mari, tous ses droits sur une seconde maison à Morlanne, louée à son beau-frère, et donne à ses sœurs une vigne au Petit Bordes et une maison près de l’église qui lui vient de ses parents.

Comme on le voit il n’est point question dans toutes ces transactions de l’immeuble Portier occupé par Desmons. Il faut donc le récupérer ! C’est fait le 16 juillet 1831 : Desmons abandonne alors à Pierre Cravey « les immeubles dépendant de la succession de Léonard Portier, qui sont dans le plus mauvais état », à savoir outre trois pièces de terre, « une maison élevée d’un étage avec tous ses appartements et dépendances, un grand jardin, ensemble deux autres petites maisons près de la précédente, une prairie et une terre labourable au quartier de Pin » ; le tout estimé 7 000 francs. Il lui remet en outre 5 dossiers de jugements concernant les 6 556 francs qu’il a payés aux créanciers de Léonard Portier. Quant à Pierre Cravey il déclare « ne vouloir conserver les biens provenant de l’héritage Portier que pour pouvoir payer les créanciers de celui-ci ».

Il est donc probable qu’il veut vendre la maison mais sa mort, l’année suivante, l’en empêche et ce sont ses héritiers qui s’en chargeront.

Pierre Cravey[20] né le 5 janvier 1759, dit « marchand », négociant, ancien maire de La Teste (1790-1792), a épousé, le 27 juillet 1784, Catherine Portier mais n’a pas d’enfants.

Décédé le 8 janvier 1832, après différents legs aux membres de sa famille, sœur et nièces, Pierre Cravey a désigné les enfants Bourdain comme héritiers généraux et universels, l’exécuteur testamentaire étant Léonard de Lauzac de Savignac, héritier de l’ancien Captal de Buch.

L’inventaire des biens[21], réalisé les 17 et 18 janvier 1832, ne concerne pourtant pas l’immeuble Portier mais nous apprend que Pierre est aussi propriétaire de la maison « Mourlanne », c’est-à-dire de l’ancienne gendarmerie, située rue Maréchal Foch où il résidait ; cette maison lui venait par héritage de Marie Daisson veuve Portier.

Cette vente est demandée par Jean Bourdain, veuf de Jeanne Mélanie Moyzès, nièce de Pierre Cravey dont une sœur, Catherine, a épousé Jean Moyzès le 16 septembre 1788. Jean Bourdain représente ses enfants, Catherine Irma, Marie Anatilde et Jean, héritiers de Pierre Cravey par son testament[22] du 4 juillet 1829.

Une vente judiciaire[23] permet aux Bettus d’obtenir cet immeuble. Elle a lieu le 28 mai 1833 pour régler la succession de Pierre Cravey.

La description de cette maison située « quartier du Ping »[24] apporte quelques précisions complémentaires sur l’agencement intérieur d’une maison bourgeoise du milieu du XIXe siècle : « Au RDC, 3 chambres à coucher plâtrées et carrelées avec cheminées et croisées, 1 salon plâtré et carrelé avec placards en forme d’armoires, 1 cuisine et un petit caveau. À l’étage, un corridor ou vestibule terminé par un cabinet de toilettes prenant jour par une croisée, 6 chambres avec ou sans cheminées et galetas[25] au dessus. Dans le jardin, clos en planches, un fournil, une écurie, un chai à vin, une volière à 9 compartiments et le puits. Au levant une prairie de 48 ares ou un journal et demi, mesure locale[26] ».

Estimée 6 500 francs, elle fait l’objet d’une première vente le 23 avril 1833, mais ne trouve pas preneur ; remise aux enchères, les offres émanent de Jean Baleste, instituteur (5 000 francs) ; de Jean, Pierre et Louis Bettus, négociants (5 500) et de Pierre Baleste-Baillon capitaine au cabotage qui surenchérit à 5 800. Finalement les Bettus l’obtiennent pour 6 000 francs.

Ces Bettus sont les enfants de Pierre Bettus et de Catherine Mouliets, mariés le 18 février 1808 ; Louis est négociant, Pierre est forgeron. Une de leurs sœurs, Marie, a épousé en 1812, Joseph Daisson, boulanger. De cette union nait le 31 avril 1817, Marie, future épouse Lestout.

La maison passe ensuite entre les mains de Marie Daisson lorsqu’elle hérite de ses oncles et tante maternels, Louis, Pierre, Jean et Mme Bettus.

  1. Bussy[27], l’achète le 26 mai 1904 lors d’une vente par adjudication organisée par le tribunal de Bordeaux pour résoudre la succession de Mme Marie Daisson, veuve Lestout[28]. Ulysse Lestout, décédé le 27 janvier 1882, et Marie Daisson, disparue le 21 janvier 1901, s’étaient mariés en 1843[29].

Distillateur de résine, Ulysse Lestout laisse des biens dont la valeur de mise à prix approche 100 000 francs[30]. Outre une maison à Bordeaux, à l’angle de la place d’Aquitaine et de la route de Bayonne[31], il en possède trois à La Teste : notre immeuble ainsi que le « local Lestout », rue des Landes et Gaston de Foix, et celui surnommé « la Caserne » 1 rue du Port[32]. À cela s’ajoute l’usine, située « Enclos du capitaine », des terres à la Teste et Gujan, des vignes, des parcelles en forêt usagère et les réservoirs « Verdalle » à La Hume. Un autre immeuble appartenait aux Lestout, mais il a été vendu en 1878 : il se trouvait à Arcachon, à l’angle des rues François de Sourdis et Legallais.

En tout, 13 lots à partager entre les héritiers : Martin dit Édouard Lestout, négociant à Bordeaux, 31 rue Bertrand de Goth ; Marie Ulyssia, épouse de Nicolas Dubernet, entrepreneur en bâtiment ; et Jean-Baptiste Marie Aristée Lalesque, mari de Nelly Marie Ludoxie dite Augusta, décédée, représentant ses deux enfants Antoine et Marie Augusta[33]. C’est Jean-Baptiste Lalesque qui demande la fin de l’indivision[34] et provoque donc le partage judiciaire. Il y a 41 créanciers !

Le lot N° 13 est ainsi décrit : « Immeuble dit local Portier, maison construite en pierre, couverte de tuiles creuses comprenant un rez-de-chaussée avec 6 pièces, un corridor est-ouest et un escalier, un étage avec 6 pièces et un grenier. La façade au levant a 1 porte et 4 fenêtres au RDC, 5 à l’étage avec contrevents en bois et vitres. Celle au couchant 2 portes et 3 fenêtres au RDC. La clôture sur rue est constituée d’une banquette en maçonnerie. Un jardin potager avec arbres fruitiers de 33 ares, des lieux d’aisance en maçonnerie au fond du jardin, un puits avec pompe en fer et diverses constructions en briques et tuiles : débarras, écuries. Au sud, sur la rue Jean de Grailly, un bâtiment en pierres et moellons, couvert de tuiles creuses, avec un RDC ouvrant par une porte à deux battants et une fenêtre pour le fourrage, avec un étage à deux fenêtres. »

En 1822, la municipalité achète un immeuble appelé « maison Turgan » pour y loger les prêtres, ce bail toujours renouvelé est interrompu en 1909 par le maire Pierre Dignac ; le curé de La Teste, Jean Lucien Delmas doit se loger par ses propres moyens[35] et achète la maison Baleste, le 7 novembre 1910, à Jean-Baptiste Bussy, ingénieur électricien demeurant à Bordeaux.

L’abbé Delmas, disparaît en ce lieu le 24 mars 1922. Sa sœur, Mme Louise Delmas, célibataire, en hérite et la cède à l’abbé André Joseph Gayon, curé doyen de La Teste, qui y décède le 19 novembre 1922 ; cet ecclésiastique l’a payée 10 000 francs, plus une rente viagère de 1 000 francs par an.

Ainsi de 1910 à 1936, l’immeuble sera occupé par des membres du clergé testerin.

En 1933, M. Pelletier l’achète à Abel Domecq-Cazaux, vicaire général, né à Belin le 22 avril 1865 (pourtant décédé[36] le 4 novembre 1903 à trois heures du matin à Belin !)

  1. Roger, l’acquiert le 24 décembre 1936, à la barre du tribunal d’instance de Bordeaux.

Puis vient la famille Poulain qui, avec une cinquantaine d’années de présence, bat le record de présence durant le XXe siècle.

La demeure est restaurée par le nouveau propriétaire, Denis Blanchard-Dignac, et sa famille : ils ont su mettre en valeur sa belle décoration intérieure formée de boiseries Régence et Louis XVI, d’une chambre XVIe, d’un superbe escalier en pierre du XVIIe siècle et hall Louis XIII désormais inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Cette maison qui abrita, on l’a vu, des familles qui ont marqué le pays, Baleste ou Caupos, Portier, Cravey, Bettus, Lestout, Blanchard-Dignac, aujourd’hui Dervillée… est donc un témoin du passé qui mérite d’autant plus d’attentions et de respect que le patrimoine architectural local n’est pas très riche.

 

« Une vieille maison testerine », Robert Aufan, Bulletin SHA n° 102, 1999

https://shaapb.fr/wp-content/uploads/files/SHAA_102.pdf

https://monumentum.fr/hotel-dit-baleste-maison-portier-pa33000076.html

https://bassin-paradis-academie.com/2017/07/25/la-centrale-quez-aco-des-vieilles-pierres-tout-numerique/

[1] – Archives Dignac : testament du 19 Novembre 1697. Notaire Desgons.

[2] – Archives Dignac : testament du 19 Novembre 1697. Notaire Desgons.

[3] – AD Gironde 2C 2593. Acte enregistré le 28 novembre 1698 par Desgons notaire à La Teste.

[4] – Celui-ci avait 3 frères : Pierre, Jean dit hau, marié en 1687 à Simone Demesplé (ou Demeyle) et un autre Jean, marié en 1691 à Jeanne Demesplé. Jeanne et Simone étaient sœurs. Il est pour le moment impossible de remonter plus haut.

[5] – AD Gironde 3E 22607-22611 (Baleste Arnaud et Guiraud), 22695-22708 (Peyjehan et Baleste).

[6] – AD Gironde 2C 2593 à 2596.

[7] – AD Gironde, 3E 43006 Me Delaville.

[8] – Gérard de Caupos (1671-1721) a épouse en 1700 Marie de Baleste, dame d’Andcrnos (1686-1744). Il est le fils de Jean de Caupos vicomte de Biscarrosse, baron d’Andernos et d’Isabcau de Baleste Martinon de La Teste, mariés en 1664 (généalogie établie par Denis Blanchard Dignac).

[9] – AD Gironde 3E 22616, Me Arnaud Baleste.

[10] – “Vie économique et société au XVIIe siècle “dans “Histoire de Bordeaux”, FHSO

[11] – AD Gironde, 3E 22616 Me Baleste Arnaud.

[12] – Le maître de pariage dirige la pêche d’hiver au péougue (à l’océan).

[13] – Consultation pour la dame Marie Daisson contre le sieur Démons, Bordeaux, 8 Septembre 1821. Document aimablement communiqué par M. Jean Mercié.

[14] – Procès verbal devant Me Brezet, Président du district.

[15] – AD Gironde 3E 22648, Me Eymeric : dans son testament du 7 février 1760, Léonard désigne comme héritier universel, son fils Pierre, “âgé d’environ 9 ans” alors qu’il est né en 1745 et a donc 15 ans ! Le testament n’est enregistré qu’un mois après son décès, le 23 Septembre 1791. Il n’y a pas d’inventaire joint.

[16] – Des trois enfants du couple Pierre Portier-Marie Daisson : Pierre, décède au bout de 8 jours, en 1773, Marie (20 juin 1775-27 mai 1797) et Pierre né en 1778, il ne reste que Marie.

[17] – AD Gironde 3E 25154, Me Soulié.

[18] – AD Gironde 3E 25138, Me Baleste Marichon.

[19] – Voir Robert Aufan, “la Naissance d’Arcackon, de la forêt à la ville 1823-1857” SHAA 1994.

[20] – Sur son action, voir Fernand Labatut “La Révolution à La Teste”, SHAA 1988.

[21] – AD Gironde 3E 25156.

[22] – AD Gironde 3E 25156.

[23] – AD Gironde 3E 25183 Me Soulié, Bordeaux.

[24] – Le toponyme “ping” présent sur le cadastre de 1810, transformé en “pin” sur celui de 1849, désigne le quadrilatère situé entre les rues Jean de Grailly, Gaston de Foix, Pierre de Coubertin el Henri Dheurle. Au sud de la rue Gaston de Foix, ancien chemin vicinal N° 8 des Pigues, d’après la carte d’André Rebsomen, s’étendait le quartier des “Pigues”, quadrilatère correspondant aux rues Jean de Grailly, Gaston de Foix, Chemin du Capitaine et chemin du Coutoum à l’ouest de « l’enclos du capitaine ». Étant donné les orthographes différentes Pigues (1746), Pings (1712, 1748, 1787, 1849), Pigues (1748, 1817), il est possible qu’il s’agisse du même toponyme déformation du mot pin (1849) que Moureau écrit en orthographe phonétique gasconne pign.

[25] – Un galetas est un logement situé immédiatement sous les combles. Le terme est-il pris au sens propre ou s’agit-il simplement d’un grenier ?

[26] – Le journal géométrique du bassin ou bordelais compte avant la Révolution 32 lattes 16 et divisé en 32 règes ou 512 carreaux ce qui équivaut à 31,9285 ares. À Gujan et de Lège à Biganos, il en vaut 28,6278, à Salles, 23,3932.

Cette prairie de 4800 m² devait être située à l’emplacement des locaux associatifs actuels, à l’entrée du stade.

 

[27] – M. Bussy est le dernier occupant dont le nom est connu par l’actuel propriétaire (au moment de la rédaction de l’article), les suivants ont donc été trouvés dans les archives.

[28] – AD Gironde Série Q, Adjudications.

[29] – AD Gironde 3E 25166 Me Soulié Bordeaux : contrat de mariage entre Antoine Ulysse Lestout (fils de François Lestout, marchand et de Marie Mesplé) et Marie Daisson (fille de Joseph Daisson, décédé, et de Marie Bettus).

[30] – En 1856, il faisait déjà partie des 30 personnes les plus imposées de la commune de La Teste dont son frère, Martin, est adjoint au Maire. AD Gironde, 1M 318.

[31] – Actuellement Place de la Victoire. Il en possédait une autre, “l’immeuble Belcier” mais elle fut réservée à son fils Martin.

[32] – Elle a abrité des troupes sous la Révolution et l’Empire. Cf. Jacques Ragot, “Histoire de La Teste de la fixation des dunes à nos jours”, Mairie de La Teste, 1987.

[33] – AD Gironde Série Q 16900, N° 35, Table des successions.

[34] – Un premier partage avait eu lieu pour certains lots entre Marie Daisson et ses enfants le 7 Avril 1797.

[35] – Jacques Ragot, “Histoire de l’église Saint Vincent”, Graphica, Arcachon, 1988.

[36] – https://archives.gironde.fr/ark:/25651/vta6bfca9180f4ec9f6/daogrp/0/layout:table/idsearch:RECH_4118328254eb95e1f635f72eb51b0bfb#id:1843620030?gallery=true&brightness=100.00&contrast=100.00&center=2669.547,-1409.852&zoom=8&rotation=0.000

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