Un pavillon à la poupe d’une pinasse arcachonnaise

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Petite causerie vespérale à vertu nationalement symbolique et relative à un pavillon quelquefois hissé sur un mâtereau fixé à la poupe d’une pinasse arcachonnaise
 
L’actualité nous fournit sans cesse des sujets de profonde réflexion, mais elle est si riche que nous passons quelquefois à côté de l’essentiel.
Ainsi, en retard d’un an et demi, je m’aperçois avec autant de plaisir que de stupéfaction que le drapeau national a retrouvé ses couleurs d’origine sur décision du président de la République — Alain Souchon l’avait chanté, non sans prémonition, au siècle dernier : « Passez notre amour à la machine, faites le bouillir pour voir si les couleurs d’origine peuvent revenir. Est-ce qu’on peut ravoir à l’eau de Javel des sentiments, la blancheur qu’on croyait éternelle, avant ? » Comme pour donner raison aux partisans du « c’était mieux avant », le bleu cobalt que Valéry Giscard d’Estaing avait imposé en 1976, afin que la couleur soit plus proche de celle du drapeau européen, a cédé la place au bleu marine du drapeau français de 1793, que seule la Marine nationale n’avait point abandonné pour ses pavillons — le pavillon ne doit pas être confondu avec le drapeau terrien ; ce dernier est cloué sur sa hampe alors qu’une ralingue passant dans la gaine du pavillon permet d’assurer celui-ci, dans sa partie haute par une drisse et à l’opposé par un hale-bas.
Cette épisode chromatique participe probablement d’un subtil scénario de communication (et possiblement de haute politique), mais peu me chaut puisqu’il nous permet de retrouver notre bleu marine, dont j’ignorais pourtant la perte — une chose qui m’aurait indigné si j’en avais eu connaissance… comme quoi, on ne perd rien à suivre de près l’actualité, fut-elle âgée de 45 ans.
Beaucoup plus intéressant est ce qui concerne les proportions des couleurs bleu, blanc et rouge de notre pavillon national tel qu’on doit l’arborer sur un « digon (un joli mâtereau de bois verni), à la corne de la voile aurique la plus à l’arrière ou au 2/3 de la ralingue de chute d’une voile bermudienne — évidemment entre 8 heures du matin et du soir. Le lecteur aussi numérique qu’HTBoïate croirait-il que les bandes bleu, blanc et rouge sont de proportions identiques ? Il n’en est rien ! Si le pavillon mesure un mètre de large, la bande bleue aura une largeur de 30 cm, la blanche 33 et la rouge 37.
Ne cherche pas, ami HTBoïate, une quelconque symbolique dans ces mensurations. La raison est de nature purement pratique et visuelle. Le pavillon battant sous l’effet du vent sur son mat, le bleu, fermement arrimé à celui-ci, faseye moins que le blanc qui est pourtant encore moins affecté par le faséiement que le rouge ; aussi pour que la bande rouge paraisse aussi large que la bande bleue, il faut que sa surface soit 23% plus importante — ce n’est pas rien et pourtant presque personne ne s’en aperçoit.
Thierry PERREAUD

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Aimé

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