Vous allez dire : « C’est un canard. » Eh bien, non ! — c’est la vérité vraie. — Un témoin oculaire nous l’affirme ; et cette personne, digne de foi, nous a donné les noms de plusieurs spectateurs qui ont vérifié le fait : Le 15 du présent mois [juillet 1872], le jeune Jacques Chanut, demeurant à Arcachon, est parti à la nage, à marée descendante, de Gujan-Mestras à une heure de l’après-midi, suivi d’une pinasse conduite par le marin Lucien Bouscau ; il est arrivé à la pointe du Cap-Ferret à quatre heures du soir, sans avoir cessé un instant de nager depuis Gujan-Mestras jusqu’au Cap-Ferret.
La distance du point de départ au point d’arrêt est de vingt-quatre kilomètres. — Elle a été parcourue en trois heures.
Il n’y a qu’à Arcachon, patrie des habitants de l’eau, qu’un pareil nageur pouvait se trouver.
Le poisson est presque éclipsé ; avec un peu de temps, et le progrès aidant, nous verrons des gens entreprendre des voyages vers les pays lointains, — sans bateau, s’entend !
L’Avenir d’Arcachon 21 juillet 1872
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54216034/f1.image.r=mestras?rk=3261818;4
En 1883, monsieur Chanut fils prévient Messieurs les nageurs d’Arcachon qu’il est prêt à accepter le défi de M. Burgurieux, dit « nul s’y frotte ». Ce défi qui avait été déjà porté par M. Burgurieux ne fut suivi d’aucun effet, par une cause que nous ne connaissons pas,
M. Burgurieux n’ayant pas cru devoir donner le motif de son empêchement.
M. Chanut est tout disposé à reprendre la partie le dimanche 26 août.
La longueur du parcours sera de quarante kilomètres au moins, et la lutte ne cessera que lorsque l’un ou l’autre des concurrents se déclarera vaincu.
M. Chanut défie, du reste, toute autre personne qui voudrait accepter le défi
Arcachon, le 24 août 1883.
Monsieur le Rédacteur,
Je viens vous prier de bien vouloir donner l’hospitalité de ces quelques lignes dans les colonnes de votre estimable journal.
Je trouve dans l’Avenir du 19 de ce mois, un défi porté par M. Chanut, à tous les nageurs sans exception et à moi principalement, en me surnommant le « nul s’y frotte » titre que je maintiens à l’égard du sieur Chanut. Retenu à Bordeaux par un engagement et mes nombreux élèves, je ne peux me rendre à l’invitation faite pour le dimanche 26 août. J’accepte le défi dans toutes ces conditions et suis prêt à couvrir la gageure de la somme de cinq cents francs, qu’offre M. Chanut, en me mettant à sa disposition le 20 septembre courant.
N.-B. — Pour des renseignements plus précis, s’adresser à M. Albert, Baigneur au Grand Bazar de la Plage.
Arcachon, le 4 septembre, 1883.
Monsieur le Rédacteur,
Lecteur assidu, de l’Avenir d’Arcachon, vous voudrez bien permettre de donner l’avis d’un vieux marin et nageur, au sujet des grandes luttes de nage, qui se préparent dans notre bassin.
Je vois un défi, adressé à Monsieur Alphonse Burgurieux (dit Tatouille), professeur de natation, par Monsieur Chanut, cordonnier. J’ai assisté à de grands assauts, et principalement en Amérique, j’ai toujours remarqué que dans n’importe qu’elle manière de course, un but était toujours fixé, et le premier qui atteignait le but désigné était proclamé vainqueur par une Commission compétente, nommée à cet effet.
Monsieur Chanut déclare qu’il luttera à celui qui restera le plus longtemps dans l’eau ; alors il faut discuter sur une question de tempérament et non sur les principes de la natation. Car il faut dire que le sieur Chanut, n’a jamais soutenu d’assaut sérieux, avec des nageurs qui ont montré à maintes épreuves leurs capacités.
Tandis que Monsieur Burgurieux est connu par ses nombreux sauvetages, a montré en mer comme dans la Gironde, qu’il était maître-nageur de haute valeur, et redouté parmi nos meilleurs professeurs de nage.
Donc j’ignore comment les conditions de ce défi seront établies, mais je puis dire que pour Monsieur Chanut ce sera pour lui un véritable honneur de se mesurer avec un pareil jouteur.
Le vingt septembre nous édifiera sur la valeur et le courage de Monsieur Chanut, qui tous les ans à pareille époque, nous présente ses quarante kilomètres (au moins), mais qu’il n’a jamais fait, et qu’il ne fera jamais.
Recevez, Monsieur le Rédacteur, d’avance mes remerciements et les salutations fraternelles d’un vieux marin,
M. Larrey
C’est encore M. Chanut fils qui nous adresse une longue lettre au sujet de son défi de natation. Nous voudrions être agréable à M. Chanut, mais il est assez intelligent pour comprendre que nous ne puissions éterniser une question à laquelle la majorité de nos lecteurs ne s’intéressent que médiocrement.
Qu’il nous suffise donc de donner l’esprit de la lettre de M. Chanut ; une seule phrase en dira autant que le tout ; nous la copions textuellement.
« Si je n’ai jamais soutenu d’assauts sérieux c’est tout simple : je n’ai jamais trouvé de concurrent pour relever mes défis ». La conclusion est bien simple : deux combattants sérieux trouvent toujours le moyen de se rejoindre ; il est facile de trouver un jury compétent ; il est tout aussi facile de trouver 500 francs quand on désire les gagner ou qu’on se résout à les perdre. Les bases étant ainsi posées, le reste doit aller de soi.
Dès que le combat aura lieu, nous nous empresserons d’en publier le résultat ; c’est tout ce que nous pouvons faire.
1894 – Nous avons raconté, il y a quelques années, la traversée du bassin dans toute sa longueur, de Gujan-Mestras aux passes, par M. Chanut, un de nos concitoyens.
L’Avenir d’Arcachon du 19, 26 août & 9, 23 septembre 1883 ; 6 mai 1894
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