Maison « Salles de Hys »

Imprimer cet article Imprimer cet article


Place Gambetta, nous pouvons voir la maison Salles de Hys reconstituée.

Sur le mur, à droite du premier étage, un panonceau fait l’éloge des employés municipaux, sans plus !

Pour amener de l’eau à notre moulin, dirigeons nous vers la Fontaine Saint Jean située, au sud-ouest du bourg de La Teste, en contrebas de la dune de Branquecouraou. La fontaine, tarie, surplombe un terrain bourbeux qui s’avère être la source de la craste Douce formant plus loin le ruisseau de Braouet qui se jette dans les prés salés ouest au niveau de l’ancien abattoir ; en se dirigeant vers l’aval, nous trouvons le site du moulin à eau de Braouet ainsi que le bief du moulin.

À l’intérieur de la parcelle se trouve encore le vestige d’un four à pain, correspondant au schéma inscrit dans le cadastre de 1848. Actuellement, ce bâtiment est complètement écroulé.

La désignation du moulin connut de multiples variantes. Sur la carte de Cassini il est qualifié de “moulinot”, Clavaux l’orthographie “Braouette” et Belleyme – vraisemblable suite à une erreur typographique – écrit “Brauvet” ; quant à Gilbert Sore, il le qualifie de moulin de la Mole, presque un pléonasme tant le terme de mole (mouly, mouli) désigne un moulin à eau en gascon (ou en Béarn). La carte du Conseil Général de la Gironde, de 1875, fait mention des ruines du M[oul]in Braouet avec la roue d’entraînement schématisée sur le ruisseau du même nom.

Le site du moulin est toujours présent dans la cartographie de La Teste, ce quartier excentré à l’ouest du bourg est situé au-delà de la voie directe. Avant l’ouverture de cette dernière, un chemin conduisait directement à ce site ; il reste une rue tronquée qui porte ce toponyme.

Dans un procès-verbal de visite du 7 mai 1808, l’ingénieur en chef Didiet et Guyet de Laprade disent que la grande dune qui domine le bourg de La Teste recouvre depuis quelques années des prés, moulins, habitations, jardins et vignes, dont plusieurs appartenaient à feu Peyjehan, inspecteur des travaux ; en 1815, les héritiers de ce dernier réclament des travaux sur des sables ayant envahi leurs terres, à Braouet et à la Montagnette, et finalement … abandonnent ces sables à l’État. Le 11 décembre 1835, un jugement du tribunal de Bordeaux rend à la famille Peyjehan, à La Teste, une partie de la dune de la Montagnette, qui avait couvert une pignada lui appartenant.

D’après M. Edgar Courtes, ce moulin a toujours été connu par les vieux Testerins sous le vocable “d’Eures de la Mole” et appartient à Mme de Salles de Hys durant une partie du XXe siècle ; en 1848, le moulin est la propriété de François Honoré Peyjehan, habitant à Labie.

Jean-Jacques Hémardinquer, dans Affaires et politique sous la monarchie censitaire : un libéral : F.-B. Boyer-Fonfrède (1767-1845) paru en 1961, nous indique qu’à La Teste, Mlle de Salles de Hys est héritière Peyichan…

Nous n’en savons pas plus, mais suffisamment pour comprendre la suite de notre récit concernant la maison de la place Gambetta dont l’histoire n’est pas commune.

Jean Dubroca nous apprend, ce qu’il tient de Jacques Ragot, que la maison Salles de Hys a été construite à l’emplacement d’une ancienne demeure, appartenant à un certain Peyjehan de Francon dit « Peyiechan-le-Corsaire », qui, comme nous l’avons dit plus haut, habitait place Laby, actuelle place Jean-Hameau. Comme beaucoup de maisons de notables testerins, celle du corsaire possède un linteau sur lequel est gravée une devise en latin, généralement empruntée aux psaumes. On lit sur le linteau :

« Domine, ante te omne desi

Derium meum psalm 37

Faict l’an 1611 Peyiehan

Santa Maria ora pro nobis ».

Ce qui, outre la date de construction, signifie : « Seigneur tout mon désir est devant toi. Sainte Marie priez pour nous ».

Lorsque la maison Peyjehan est démolie, le linteau est récupéré par l’aubergiste Baquey qui habite juste à côté. Il se sert de la pierre gravée comme marche pour faciliter l’entrée dans son estaminet ! Sa veuve, sans doute plus éclairée que son défunt époux, fait don de la pierre au docteur Hameau, président de la Société scientifique d’Arcachon depuis 1864. Un si beau cadeau, puisque l’objet est le plus ancien des linteaux testerins, que le docteur Hameau l’installe bien en vue au musée aquarium d’Arcachon.

Et Jacques Ragot d’estimer avec vigueur : « Cette pièce serait bien mieux à sa place, exposée dans le parc de la maison. On l’exposerait sur une petite pyramide construite avec les pierres de Bretagne apportées ici par bateaux et que l’on trouve en quantité dans le mur d’enceinte de la maison Salles de Hys ».

Et M. Ragot de suggérer : « La municipalité testerine pourrait récupérer le linteau en s’entendant avec la Société scientifique, comme cela a été fait pour la statue de Notre-Dame-des-Monts ».

Il n’en fut rien et le plus vieux des linteaux testerins se trouve toujours au musée – en ruine –  d’Arcachon. Dommage ! Par contre, le parc de la maison Salles de Hys, bien que très tronqué, existe bel et bien.

Avant cette opération, Jean Dubroca nous dit avoir rencontré Jacques Ragot dans le parc de la maison Salles de Hys encore debout, à l’occasion de la plantation officielle en ce lieu d’un cèdre du Liban, afin de célébrer l’amitié franco-libanaise. « Il m’a alors parlé d’un autre cèdre testerin et d’un bien curieux linteau ». Voici l’article paru à ce sujet dans Sud Ouest, le 1er décembre 1992 : Lors de la plantation d’un symbolique cèdre du Liban dans le parc de la maison Salles de Hys, Jacques Ragot a évoqué, en aparté, l’histoire d’autres cèdres testerins. Il s’agit de ceux plantés en 1804 par Pierre Déjean, inspecteur des semis dans la commune qui fait alors des essais arboricoles. Près de la pointe de l’Aiguillon, il plante d’autres essences que le pin maritime, afin d’étudier leur adaptation au sol et au climat local. Il s’agit de cèdres, mais aussi de mélèzes et d’épicéas. L’expérience échoue mais laisse un nom dans la toponymie locale. Le site des essais porte aujourd’hui le nom de « Lapin-Blanc » : Jacques Ragot pense qu’il provient de la déformation de « sapin blanc », le mélèze argenté de Pierre Déjean ayant été ainsi désigné par les gens du pays.

La maison  « Salles de Hys » au fond de la place

En 1994, afin d’élargir le rond-point situé au carrefour des rues du Port et du Général-de-Gaulle, la municipalité de l’époque entreprend de déplacer la maison appelée « Salles de Hys », une de ces belles bâtisses du XVIIIe siècle dont on voit encore de beaux exemplaires à La Teste. L’entreprise s’avère délicate car la façade de l’immeuble est particulièrement fragile.

 

Finalement, elle est transportée, à grand peine et en morceaux, puis le puzzle est raccommodé en bordure de la place Gambetta.

Le Lieutenant Colonel Charles Louis de Salles de Hys, né le 11 février 1865 à Betchat (Ariège), décède le 5 juin 1962 à La Teste ; il est admis à Saint-Cyr en 1892, Officier Légion d’Honneur (25 décembre 1916), Chevalier Légion d’Honneur (9 mai 1906), Médaille d’Honneur en argent de 2eme classe (19 janvier 1907), Officier d’Académie (1904). Le Journal des débats politiques et littéraires du 21 mai 1901 annonce le mariage prochain (29 mai) de Charles de Salles de Hys, capitaine-ingénieur des sapeurs-pompiers, fils du feu baron et de la baronne née Victoire Pauline Henriette Gauzence de Lastour, avec Mlle Marie Charlotte Germaine Follardeau, fille de Raymond Follardeau, propriétaire du château de Vaure[1] et maire de Ruch (Gironde), née le 19 juillet 1869 à Ruch, (mariée le 10 juin 1890, avec Pierre Simon Eugène de Fages de Latour, divorcés le 27 juillet 1892) ; leur fils Ingénieur météorologiste, Édouard Raymond de Salles de Hys, naît le 27 juillet 1902 à Arcachon.

On connaît aussi Marie Henriette Lucie Graciane de Salles de Hys, née le 23 juillet 1908 à Paris et décédée le 10 juin 2000 à Arcachon.

 

 https://deces.politologue.com/de-salles-de-hys-marie-henriette-lucie-graciane.uOL0hO70MOv09O90hpvj9pB8AOvYhp70VOLOVGvjrG-

https://bassin-paradis-academie.com/2016/03/11/des-pierres-qui-roulent-4-une-maison-a-change-de-rue/

https://shaapb.fr/media/pdf/bulletin/shaa-108.pdf

https://archive.org/stream/bulletindelasec11gogoog/bulletindelasec11gogoog_djvu.txt

[1] – Suite au Phylloxéra, M. Follardeau fut un des premiers, dans la contrée, à adopter la culture des vignes américaines greffées. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9641717c/f635.item.r=%22de%20Salles%20de%20Hys%22#

Images liées:

Raphaël

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *