Camicas, le 27septembre 2020

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Endroit magique, et pourtant si proche d’Arcachon! Anciennement « Centre Radio-maritime », c’est un espace de promenade authentique, boisé, préservé, où vous pourrez croiser quelques cavaliers venant de l’Étrier d’Arcachon tout proche. À la saison des champignons, les randonneurs-chercheurs connaissent bien ce coin calme et propice à la cueillette. La dune fut semée en 1812 ; on attribue le nom de Camicas à la dune qui porte l’antenne-relais ; c’est une grave erreur, cette dune s’appelle en fait la dune de Lagrua. Camicas est le nom d’un certain Vital Camicas, perruquier, né à Saint-Mons, dans le Gers, qui épouse Marie Anne Dubosq en l’année 1801 (le 18 ventôse an 9). En 1811, on le retrouve garde des semis au Moulleau, auteur des plantations du bois du Roi de Rome, puis en 1823, son fils Pierre est recommandé, lui aussi, comme garde des semis.

On a tous vu cette immense antenne en arrivant sur Arcachon, mais peu de gens viennent découvrir de lieu insolite : c’est un espace naturel et un poumon vert entre l’urbanisation d’Arcachon et de La Teste-de-Buch.

Remarque : nous avons parcouru à l’inverse du sens indiqué.

Malgré la proximité de la voie directe, le cheminement sur le site en fait une promenade très agréable. Si la forêt de pins maritimes y occupe une place prépondérante, elle côtoie des boisements mixtes (résineux et feuillus) et des chênaies pures (chêne pédonculé, chêne vert, chêne liège). La présence d’arbres morts plaît à de nombreux insectes et constitue un excellent garde-manger pour les oiseaux, dont les chants rythment le parcours.

Sur le parking, en attente des retardataires, nous évoquons ce lieu assez fréquenté par les gays qui n’aurait d’équivalent qu’à la plage de la Lagune. 

Le « Centre Radio-maritime », que les autotochnes désignaient tkd, n’existe plus. 

C’est maintenant un petit bourg habité auquel on accède librement…


Ce hameau bâti sur une dune de 46 mètres, avec ses maisons basques,

était le site de l’ancienne radio maritime « Arcachon Radio », avec l’indicatif d’appel FFC. La station remonte au début des années après-guerre (la Seconde) et fonctionnait à l’origine dans la gamme de fréquences LF-MF ; il a peut-être eu sa propre capacité de générateur d’électricité. En 1985, la station maritime de Brest / Le-Conquet a repris l’exploitation nocturne de FFC par télécommande, et toutes les opérations en 1993. Aujourd’hui, le site dispose d’une tour de téléphonie cellulaire de 88 m (290 pieds) de haut, avec les antennes de plusieurs stations de radio FM à la place du radar Bernhard BE-7.

La zone du Bassin d’Arcachon était occupée par la 159 e division d’infanterie de la Wehrmacht.

La Kriegsmarine avait un Hafen überwachungs stelle (HÜST ; Bureau de Surveillance portuaire) à Arcachon. Sur le côté sud de la ville (dans la zone des dunes d’Eden à l’extérieur de Pyla-sur-Mer), il exploitait également une Kriegsmarine Flak-Schule (École antiaérienne de la Kriegsmarine, filiale de celle de Dax) pour la formation avec des projecteurs FLAK, les radars et les systèmes de localisation sonore (FLAK Horchgeräte). Ils avaient un radar d’alerte rapide FuMG80 « Freya » et deux radars de tir (de contrôle de tir) : un énorme FuMG 65 « Würzburg Riese » et un petit FuMG 39T « Würzburg » (réf. 245A-245D). À l’ouest d’Arcachon, près de la plage de l’Horizon (Bélisaire) sur la langue du Cap Ferret, un autre Würzburg et deux radars Freya. Ce qui correspond à un site radar standard de niveau 3 Luftwaffe / Luftnachrichten (« Funkmeßstellung 3. Ordnung », réf. 210AD).

Les aérodromes de la Luftwaffe les plus proches sont Bordeaux-Mérignac  et Cazaux. Ce dernier a été construit en 1914 comme terrain d’entraînement pour l’armée de l’air française, et utilisé par la Luftwaffe de mai 1940 à juin 1944. Il a été utilisé par plusieurs escadrons d’entraînement, de chasse et de chasse de nuit. La base d’U-boot la plus proche est située à quelques kilomètres au nord-est du centre de Bordeaux, le long de la Garonne. De l’automne 1940 au début de 1943, c’était la base BETASOM de la Royal Navy italienne (Beta = « B » pour Bordeaux, SOM pour « sommergibili » = sous-marins). C’était dans la zone d’occupation allemande, et les sous-marins BETASOM opéraient sous commandement allemand. La construction des enclos de sous-marins allemands à Bordeaux fut achevée au début de 1943. Après la capitulation italienne en septembre 1943, BETASOM est utilisé par les Allemands.

La station « Bernhard » de Camicas est construite en 1942/43. Le rapport mentionne que les photos de juin et décembre 1942 ne montrent aucun signe de nouvelle construction en cours de préparation. Les bâtiments et les quartiers opérationnels se composent de « deux grandes huttes presque carrées et une longue hutte étroite, toutes situées plus ou moins symétriquement au sud du réseau ». L’analyse des photos aériennes prises par le 192e Escadron de la RAF en février 1943 montre que la plaque tournante est construite et la superstructure érigée. Le 192e Escadron effectue également deux vols de reconnaissance à la mi-novembre 1943, à la recherche de signaux de balayage [= faisceau tournant] : aucun signal « Bernhard » n’est détecté près d’Arcachon  pendant ces vols.

L’installation est démantelée (déraillée) par les Allemands en retraite après l’invasion alliée de la France.

Le site relaie les stations suivantes :

92,0   Fun   1kW   33m    -13dB 170°/250°

94,1  Europe 2  1kW  88m    -7dB  230°/310°

96,5  FIP Bordeaux

100,4  Sud Radio   1kW   31m   -10dB 150°/230°

101,0   Wit FM    1kW   31m    -10dB 150°/230°

101,8  France Bleu Gironde

103,1  RTL   1kW   88m    -7dB 230°/310°

104,0  RMC   1kW    31m    -10dB 150°/230°

104,8  Europe 1   1kW    88m    -7dB 230°/310°

105,5  France Info   31m

107,1  R. Classique  1kW   73m    100W sur 160°/280°

Au bout de la petite route goudronnée se dresse un portail cadenassé où un écriteau indique : « Propriété privée, défense d’entrer ». Nous poussons le portail…

Tout de suite sur notre gauche, nous pouvons admirer un splendide chêne-liège.

Puis, nous découvrons l’ancien centre de télétransmission France Télécom, devenue ensuite Orange dont dépend le Centre Radio-maritime, établissement secondaire de l’entreprise ; son activité s’exerçait dans le domaine des télécommunications filaires. Il ne fonctionne plus depuis longtemps ; les ronces ont repris leurs droits. On y voit un vieux camion, une vieille caravane fardée de mousses qui pourrit gentiment, plusieurs bâtiments qui se demandent pourquoi ils sont encore debout, de la mauvaise herbe ; un site abandonné, quoi ! C’est un terrain privé d’un hectare avec des bâtiments délabrés. Le nouveau propriétaire du terrain, un promoteur, veut d’abord en faire un complexe touristique de cabanes dans les arbres mais Philippe Barre, fondateur de Darwin, le convainc de lui louer le terrain pour y bâtir « Banzaï Darwin », un projet alternatif conçu comme un refuge forestier avec des ruches, des chevaux, une ferme maritime, un lieu de vie mais aussi un incubateur d’entreprises, en quelque sorte un laboratoire écologique qui permettra de « faire se rencontrer des gens qui ne se rencontrent pas, pour générer plus de résilience littorale sur le territoire du Bassin d’Arcachon ». Un projet essentiel pour ce natif de Bordeaux qui a grandi à Arcachon ; Philippe Barre, signe un bail de location avec le nouveau propriétaire. L’écosystème alternatif bordelais annonce en mai 2019 l’ouverture de sa nouvelle antenne – une de plus, me direz-vous, mais celle-là reste au ras des pâquerettes – sur ce site, mais c’est sans compter la présence d’une poignée de squatteurs (ils sont cinq, comme dans une poignée de 5 doigts…). Le patron de Darwin pense pouvoir cohabiter avec ces jeunes, installés là… avec leurs chiens. Mais au moment où il leur demande de quitter une partie des bâtiments, les choses se gâtent. Les squatteurs estiment avoir passé un accord avec le propriétaire et font valoir que pour le moment il n’y a pas de procédure d’expulsion. Sébastien, l’un d’eux dit : Il nous avait expliqué qu’on faisait partie du projet. Il nous a menti. Des déménageurs sont venus en défonçant le portail et ils nous ont parqués derrière un grillage. Darwin ne souhaite pas aller à l’affrontement et Philippe Barre préfère jeter l’éponge ; il décide de rebrousser chemin.

Nous ressortons de l’enclos et prenons sur notre droite une sente qui serpente dans la forêt, à flanc de dune et qui nous mène tout droit au spot n° 4 du Golf d’Arcachon.

Les baies de viorne tin au reflets d’un bleu métallique brillent au soleil ! Convoitées par les oiseaux, attention, elles sont fortement purgatives…

Tout droit, pas exactement, car chemin faisant, nous avons perdu un de nos compagnons et rebroussons chemin à sa recherche.

Le Golf est magnifique en cette journée d’automne ensoleillée ; nous le contournons par l’est.

Michel se prend une châtaigne, et tombe de cul !

de nombreux golfeurs cavalent après leur balle de 45,93 g ;

certains s’adonnent à la pêche à la ligne lorsque celle-là est tombée dans l’étang.

À la sortie du Golf, un brasero se consume à proximité d’un squat, la cuisse de chevreuil en attente d’une bonne braise.

Des cris et des sons de trompes se font de plus en plus proches ;

des chiens tout excités aboient à qui mieux mieux. Il nous est demandé de nous confiner car une battue au sanglier est proche de son hallali. En effet, nous voyons un sanglier, poursuivi par des chiens,

traverser le chemin que nous nous apprêtions à emprunter ; un coup de feu cingle dans l’azur : la bête s’affale…

L’interdiction levée, nous terminons gaiement notre randonnée.

Sauté de sanglier au vin rouge

Ingrédients / pour 4 personnes

1 kilo de sauté de sanglier en morceaux

1 bouteille de vin rouge (75 cl)

1 verre de vinaigre balsamique

Bouquet garni

1 cuillère à café de cacao amer

1 cuillère à soupe de miel

Huile

Préparation

  • Faire rissoler les morceaux de sanglier dans une cocotte en fonte avec un peu d’huile. Lorsque les morceaux ont commencé à dorer un peu, ajouter le vin rouge, le vinaigre, et le bouquet garni et laisser mijoter trois quart d’heure sur feu doux.

2 – À la fin de la cuisson, quelques minutes avant de servir, ajouter le cacao et le miel pour compenser l’acidité du vinaigre. Rectifier l’assaisonnement en sel et poivre et servir dans la cocotte.

Sources :

 « Arcachon : Darwin contraint d’abandonner son projet de laboratoire écologique sur l’ancien site Camicas », Stéphane Hiscock, France Bleu Gironde, 20 juin 2019.

https://www.francebleu.fr/infos/societe/arcachon-darwin-contraint-d-abandonner-son-projet-de-laboratoire-ecologique-sur-l-ancien-site-1561040310

http://fmlist.free.fr/fm33p-camicas.html

Station radio de Camicas       voir :         https://www.google.fr/#psj=1&q=bernhard+arcachon-cross-section+nonstopsystems

https://www.leradioscope.fr/images/megahertz/1988/MHZ059_01-1988.pdf

https://www.nonstopsystems.com/radio/hellschreiber-bernhard-Be7.htm#top-of-page

https://www.battlefieldsww2.com/systeme-de-transmission-radio-bernard.html

https://cuisine.journaldesfemmes.fr/recette/355103-saute-de-sanglier-au-vin-rouge

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Raphaël

2 commentaires

  1. Bravo Raphael
    comme d’habitude un article précis et documenté, teinté ici de reportage de chasse. Le style reste enjoué voire littéraire, ce qui facilite la lecture.

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