Croquis du Bassin – Gros plans sur le ciné de Pépé (2)

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Aujourd’hui, pour le générique de fin, nous retournons au cinéma. La salle de M. Mirrasson père ayant brûlé en 1937, il en fait reconstruire un autre, le Vog, rue Victor-Hugo, dotée de tous les perfectionnements et qui ouvre un peu avant 1939. Mais voilà que, le 1è juin 1940, une note officielle ordonne aux cinémas de fermer à 22 heures 30. L’Occupation allemande arrive. Ce sera pourtant une période faste pour le cinéma français et pour les salles. On s’y rend pour avoir chaud et pour oublier les lourdes difficultés et les angoisses de la vie quotidienne.

Après la Libération, l’euphorie continue. Les trois cinémas testerins affichent souvent complets, malgré les quatre séances du dimanche après-midi. Quant au patronage de l’abbé Sensendreu, il organise des séances très courues à 20 centimes la place. Elles deviendront parfaites lorsque Marie-Thérèse Eyquem, une Testerine, inspectrice de Jeunesse et Sports, offrira un bon appareil de projection. À l’époque, tout le monde courait au cinéma, chacun, d’une semaine à l’autre, retenait son même fauteuil. On projetait “Jour de Fête”, “Le Voleur de bicyclette”, ou “Jeux interdits” ou les œuvres beaucoup plus périssables des studios bordelais d’Émile Couzinet. Fernandel, Bourvil, Michèle Morgan attiraient des foules auxquelles on offrait deux documentaires et des Actualités où le coq piaffant de “Pathé Journal” était loin d’avoir les grâces des danseuses du générique “Fox Movietone actualités”.

Mais petit à petit, le charme s’est estompé. Malgré De Funès et le Cinémascope, le public testerin a émigré vers les cinq écrans d’Arcachon qui offraient des films plus récents. En octobre 1990, le Vog, toujours appartenant à la famille Mirasson, fut démolit, emportant dans ses décombres bien des souvenirs. Mais, curieux retour des choses, huit ans plus tard, en 1998, un complexe privé cinématographique s’installe à La Teste, grâce à la perspicacité de la municipalité de l’époque. À leur tour, les quatre salles arcachonnaises fermeront. Mais comme l’histoire du cinéma est faite de rebondissements, qu’en sera-t-il demain ?

– E bé, dites-donc, demain, nous, on ne sera plus là, Mâme Latestude, c’est plié.

– Et oui, ma pauvre, on sera plus là, à bader les barres de la radio. Enfin on va pas bramer, même si ça nous fait deuil de plus être dans le poste, pasque c’était un peu bien -même que ça faisait du monde jaloux- mais on va renfiler nos charentais qui sont pas des groules, hé, et on a va aller s’encarrasser dans l’Histoire.

– O dites, Mâme Latestude, ce que vous tchatchez bien ! L’Histoire ! E bé, dites donc ! Mais, avant, il faut que je vous lise un mot que le patron il m’a grifougné pour dire que les Croquis du Bassin, ils venaient de testes qu’il avait faits dans sudoueste, vous connaissez, sudoueste. Et que ça venait aussi de gonzes blagasses qu’il connaissait et puis surtout d’historiens d’ici qui sont pas manches.

– E bé ! C’est de connaître, pasque leurs histoires, elles sont pas mascagnées. Le patron, y pourrait les remercier un peu plus pasqu’il a drôlement fourgassé dans leurs livres.

– Mais, laissez-moi finir, au lieu de porter le pet. Vous m’empêchez de lire tout de rang.

– E bé, finissez !

– Quant à l’exhibition de Mmes Boyosse et Latestude …

– Ah ! Ça, c’est nous ! Maginez que le patron, il nous a exhibées !

– Mais taisez-vous donc que j’esplique : notre vocabulaire, Mâme Latestude, il vient du dictionnaire “La gueille-ferraille des mots”, de Max-Henry Gonthié.

– On est dans le dictionnaire ! E Bé, comme y’a du monde là-dedans, on va y être au chaud pour clumer jusqu’à l’année prochaine …. Allez, adichats, Mâme Boyosse …

Jean Dubroca

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Aimé

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