1580 – Atlas de Lyon – Arquenson, Arquenso

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Atlas anonyme de 12 planches : ms. col. sur vélin ; 54,5 x 34,5 cm

Comprend : Hémisphère sud ; Hémisphère nord ; Mer Rouge et golfe Persique ; Madagascar ; Afrique occidentale ; Amérique méridionale ; Atlantique sud ;

Atlantique nord ;

arquenso

Amérique septentrionale ; Amérique centrale ; Méditerranée ;

Nord de l’Europe ; Asie du sud-est

arquenson

Cet Atlas propose la roue du pôle, une rose des vents avec les huit valeurs annotées, qui sert à calculer la latitude, repère essentiel pour les marins qui ont recours à la navigation astronomique.

 

Avant l’apparition du nocturlabe, les marins utilisent un moyen simple :

ils imaginent un homme debout, l’étoile Polaire étant leur nombril (ou leur cœur), huit directions étant données par les parties du corps, la tête, les pieds, les épaules, les bras et les « sous les bras ».

« Avec le besoin de connaître la hauteur du pôle, les techniciens de D. Henri (roi du Portugal) doivent avoir formulé, dès les premiers voyages des découvertes, le premier et bien simple Regimento da estrela do Norte » afin de connaitre les heures de la journée à partir de la position de l’étoile polaire et de ses gardes : la Polaire est au centre de la roue et l’étoile Kochab, garde de la Petite Ourse, tourne autour. Huit valeurs simples à retenir sont données dans les huit directions principales Polaire-Kochab. « Des années plus tard les techniciens de D. João II, parmi lesquels maître José Visinho […] conclurent qu’il fallait ajouter ou soustraire une correction à la hauteur [de la Polaire] pour obtenir la latitude. Ils établirent le fameux Régiment du Nord reproduit par le Manuel de Munich remontant à 1483 ou 1484 ». Bien que le Portugal protège tous ses nouveaux savoirs sur la navigation si remarquable pour l’époque en punissant sévèrement toute fuite, la roue du pôle passe rapidement les frontières ; tout au long du XVIe siècle, la roue du pôle est mise dans les manuels de pilotage et les atlas.

Christophe Colomb atteste qu’il connait l’emploi du « bonhomme » : dans son Journal de bord, il note le dimanche 30 septembre 1492 « les étoiles qu’on nomme gardes, quand la nuit tombe, sont près du bras de la porte du couchant ; et quand le jour se lève, elles sont en ligne sous le bras, en direction nord-est il semble que, de toute la nuit, elles ne se déplacent pas de plus de trois lignes qui font neuf heures, et ainsi chaque nuit. » (La découverte de l’Amérique. Journal de bord et autres récits 1492-1493, Christophe Colomb) ; Christophe Colomb se place face à l’Étoile Polaire c’est-à-dire face au nord, et positionne le centre de son Bonhomme sur la Polaris en mettant bien ses pieds en bas (vers le nord) et sa tête en haut (vers le sud).

D’après le journal de son premier voyage, Kochab,  Garde de la Petite Ourse, est à la tête le 15 avril à minuit ; ce jour-là, quand Christophe Colomb a vu Kochab au niveau de l’épaule de l’est, il est 21 heures, et il sera 6 heures quand Kochab sera au niveau du bras de l’ouest.

La Petite Ourse est une image inversée de la Grand Ourse, mais plus petite. Cette constellation se compose de l’étoile polaire qui est immobile, et de sept autres étoiles qui tournent autour, et qui forment une grossière image de cor de chasse. Les étoiles principales sont : α Polaris ou l’étoile polaire (alfa), aussi Alruccabah, le genou ; β Kochab (bêta) al-Rukba, le genou, mot déformé sous l’influence de l’hébreu kocab  ou de l’arabe kawkab, l’étoile ; γ Pherkad (gamma) al-Farqadan, les deux veaux (à la base les deux veaux sont  Kochab et Pherkad) ; δ Yildun (Delta Ursae Minoris) du turc yıldız, l’étoile (avec 2 «i» sans points qui se prononcent comme un «e» doux).

En Mésopotamie, les Assyriens l’appellent « Stella Maris » (l’étoile de la mer), elle qui est si précieuse pour s’orienter lorsqu’ils naviguent ; pour le navigateur, son intérêt principal est de permettre de trouver le pôle nord céleste. Dans la mythologie grecque, c’est la représentation du demi-dieu Arcas, fils de Zeus et de Callisto. À Babylone on considère que c’est le nombril du monde, un lien entre le ciel et la Terre, conçu comme une colonne céleste, image qui se retrouve curieusement dans la culture polynésienne. Les Scandinaves parlent de l’œil d’Odin. En Sibérie, les Samoyèdes parlent du « clou du ciel » pour nommer la polaire autour de laquelle les autres étoiles semblent tourner, comme accrochées à ce « clou ». Les Koryachi parlent de « l’étoile-clou », tout comme les Lapons ou les Estoniens. Pour les Chinois, le pôle céleste est la résidence des dieux et la Polaire, si proche actuellement, est donc une étoile des plus importantes qui permet, au moyen d’un petit instrument, le Pi[1], de retrouver cette connexion avec le monde divin. Les bergers espagnols appellent Cor de chasse (la bocina), la constellation de la Petite Ourse ; pour connaitre l’heure, les bergers figurent une croix, ou un homme étendu, ayant la tête, les pieds, le bras droit et le bras gauche. Au centre de cette croix est l’étoile polaire, et c’est le passage de l’étoile qui forme l’embouchure du cor de chasse (la boca de la bocina) par ces quatre points principaux, qui détermine les heures de la nuit. En 1605, Miguel de Cervantès évoque la polaire dans « El ingenioso hidalgo don Quixote de la Mancha » : « Et si votre grâce ne veut pas absolument renoncer à courir cette aventure, attendez au moins jusqu’au matin ; car, à ce que m’apprend la science que j’ai apprise quand j’étais berger, il ne doit pas y avoir trois heures d’ici à l’aube du jour : la bouche (la petite Ourse) du cor de chasse est par-dessus la tête de la Croix, tandis que minuit se marque à la ligne du bras gauche  ». Au mois d’août, époque de cette aventure, la ligne de minuit est, en effet, au bras gauche de la croix, de sorte qu’au moment où la boca de la bocina arrive au-dessus de la tête, il n’y a plus que deux à trois heure, jusqu’au jour : le raisonnement de Sancho s’avère à peu près juste.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55007094m/f42.item

https://www.europeana.eu/portal/fr/record/9200517/ark__12148_btv1b55007094m.html

http://assprouen.free.fr/dossiers/volvelles/Coignet/3Cg-64-volv-noct.pdf

http://www.meridienne.org/index.php?page=roue.utilisation

Pour vous instruire, je vous invite à lire « Roue du Pôle et évolution jusqu’à la fin XVIe Rectification de la Polaire dans la recherche de la latitude »

http://assprouen.free.fr/dossiers/instruments/H-roue-du-pole-AvtDv.pdf

Lire

https://www.navigare-necesse-est.ch/files/1578473261-71-l-image-du-ciel-2015-986.pdf

[1] – Voir l’article

http://articles.adsabs.harvard.edu//full/1959C%26T….75..203M/0000206.000.html

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Raphaël

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