Dès la fondation du califat de Bagdad (milieu du IIe siècle / VIIIe ap. J.-C.) et surtout à partir du IVe siècle / Xe siècle ap. J.-C., les géographes se concentrent sur le monde musulman, la mamlakat al-Islâm. Naît ce qu’on pourra appeler la géographie des fonctionnaires qui s’intéresse plus particulièrement à l’impôt, aux frontières, au réseau des routes avec leurs distances et leurs relais. Le commentaire n’est plus seulement l’accompagnement de la carte, mais devient un texte véritable. Il est question de représenter moins la réalité cartographique des divers pays d’Islam que l’image géométrique de leur figuration, réduite à quelques formes simples : rectangle, cercle, triangle, volute et croissant.
http://www.sciencesarabexpo.org/catalogue/pagesfr/observer/terre/monde_m_a1.html
http://expositions.bnf.fr/ciel/grand/t1-21.htm
https://www.1001inventions.com/maps
La carte du monde illustrée ci-dessus est manuscrite avec des inscriptions en arabe montrant une carte du monde centrée sur la Jezirah et est basée sur la carte du monde d’al-lstakhri (977/1570 après JC). Orienté avec le sud en haut, tout comme dans les cartes T-0 de l’Europe latine contemporaine, mais au lieu du paradis terrestre, les savants arabes en savaient assez pour placer dans le plus lointain est la Chine et le Tibet. La carte montre l’Égypte et le Nil à droite et plus loin le « Pays des Noirs ». Notez comment la pointe de l’Afrique pointe vers l’est, une erreur que les géographes chinois ont été les premiers à corriger.
La carte a été retournée, avec le nord en haut
Dans le coin inférieur droit, l’Europe, c’est-à-dire « Pays des Romains et des Francs ». La carte montre l’Indus en bas à gauche, avec la péninsule indienne, le Tibet et l’Empire chinois et la mer Rouge colorés en rouge. Les cercles extérieurs représentent les mers. Le manuscrit est une cosmologie, non censée être précise géographiquement, mais uniquement pour présenter au lecteur un aperçu systématique des connaissances existantes sur le monde à l’époque.
Muḥammad al-Iṣṭakhrī
On sait peu de choses sur la vie d’Abū Isḥāq Ibrāhīm b. Muḥammad al-Iṣṭakhrī, géographe médiéval persan, auteur de Kitāb al-Masālik wa l-mamālik, qui a été écrit vers la fin de la première moitié du Xe siècle. L’œuvre s’est appuyée sur le concept antérieur d‘«atlas de l’islam», qu’elle a développé davantage. On compte aussi, au nombre de ses ouvrages, son Al-Aqalim. On lui doit la première description des moulins à vent.
Les climats (iqlīm) qu’il décrit ne sont plus ceux de la géographie ptoléméenne, mais, reflétant la tradition iranienne, se réfèrent à des entités géographiques ou « pays ». Reflétant également les antécédents de l’auteur – dont la nisba la plus courante est al-Fārisī – l’Iran occupe une position privilégiée sur ce travail.
https://www.amazon.in/Kitab-al-Masalik-l-mamalik-Ishaq-al-istakhri/dp/900425868X
Voir http://www.myoldmaps.com/early-medieval-monographs/211-al-istakhris-world-map/211-istakhri.pdf
Kitab al-Masalik wa-al-Mamalik d’al-Istakhri [Livre des routes et des royaumes], est une traduction persane anonyme de l’ouvrage d’al-Istakhrî (Xe siècle) datant de 1474 et réalisé à Constantinople ottomane après la conquête.
Copié en Inde à la fin du XVe siècle. Bibliothèque nationale de France, Manuscrits orientaux, suppl. persan 1614, f. 86 v°-87.
https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/03085694.2011.568703?queryID=%24%7BresultBean.queryID%7D