1738 carte des Postes, Jaillot – Teste de Buch

À partir de 1708, et jusqu’en 1859, est officiellement publié chaque année un guide intitulé « Livre de Poste, ou État général des postes du Royaume de France ». Suivi de la carte géométrique des routes desservies en poste, avec désignation des relais et des distances, il donne la liste de tous les relais situés sur les routes équipées en postes. Le privilège de la première impression, établi pour vingt ans, et daté du 29 juillet 1708, est accordé au Sieur Hubert Jaillot, le premier des géographes et cartographes de ce nom, qui, en association avec deux des fils du célèbre Nicolas Sanson (Adrien et Guillaume), publie vers la fin du XVIIe siècle les grands atlas dont l’historique n’est plus à faire. Le « Livre de Poste » est un précieux indicateur qui permet au voyageur de préparer son itinéraire et surtout de calculer lui-même le prix à payer aux maîtres de poste. Grâce à des privilèges successifs, les Jaillot se succèdent pour la publication de ce petit guide de poche, jusqu’au moment (1779) où le droit de publication passe à l’administration des postes, les bénéfices de la vente étant affectés au pensionnement des postillons âgés, infirmes, ou en incapacités à la suite d’accidents.
Il faut attendre 1716, avec la création du corps des Ponts et Chaussées, pour que le réseau routier français fasse l’admiration de toute l’Europe, par sa longueur comme par sa qualité. Si les routes pavées sont nombreuses au départ de Paris, elles sont plus rares en province. Là, les routes sont pour la plupart empierrées ou simplement faites de cailloutis ; elles résistent mal au poids des lourds charrois et aux intempéries. Sur ces routes, la circulation est intense. Les voyageurs se déplacent en chaises de poste — qui emmènent au galop une ou deux personnes —, en coches, en carrosses, en charrettes ou en diligences, apparues dans les années 1690. Les voituriers effectuent les transports de marchandises lourdes, sous un régime exceptionnel de liberté. Quant aux dépêches postales, elles sont placées et enfermées soit dans une sacoche de cuir soit, le plus souvent, dans un ou plusieurs coffres appelés malles (dont les Anglais ont fait le mot mail ; aujourd’hui est utilisé pour nos échanges). Celles-ci, selon leur volume ou leur poids, sont transportées à dos de cheval ou à bord d’un véhicule à deux roues appelé brouette.
Les malles-poste, ces diligences transportant à la fois des voyageurs et les malles de la Poste, n’entrent en service en France que sous la Révolution, en 1793. Il revient à la Ferme des Postes de décider la substitution de la voiture au cavalier. Chaque relais, signalé par une enseigne, est tenu par un maître de poste. On y pénètre le plus souvent par un porche ouvrant sur une vaste cour, autour de laquelle sont disposés des bâtiments suffisamment vastes pour abriter la maison du maître, des écuries et une auberge où les voyageurs peuvent trouver le couvert et le gîte. Les maîtres de poste avaient en effet été autorisés, par lettres patentes du 18 janvier 1506, à louer des chevaux aux voyageurs désireux de « courir la poste », c’est-à-dire de se déplacer au galop de relais en relais. En moyenne, l’écurie abritait une quinzaine de chevaux, robustes et de petite taille. Lorsque les relais sont situés à l’extérieur des villes, en pleine campagne ou à l’entrée de gros bourgs, les maîtres de poste sont également exploitants agricoles. La trilogie poste-ferme-auberge est de règle pour des raisons de complémentarité : les chevaux fournissent le fumier pour engraisser les terres qui produisent le fourrage pour nourrir les bêtes : la permaculture avant l’heure ! Un mémoire de 1714 explicite très clairement l’équation économique des relais de poste : « Pour faire un bon maître de poste il faut être entendu dans l’achat des fourrages et des chevaux, avoir une ferme pour faire labourer ses chevaux fatigués et même, dans la plupart des villes, il faut qu’ils soient maîtres d’hôtellerie. Lorsque toutes ces causes ne concourent pas ensemble, ils ne peuvent pas subsister. »
Une piraterie littéraire au XVIIIe siècle : les contrefaçons de la Liste générale des postes de France des Jaillot (1708-1779) : communication présentée au congrès des sociétés savantes tenu à Marseille en avril 1922 par Sir Herbert George Fordham (1854-1929).
 

1738 carte des Postes, Jaillot – Teste de Buch

Nouvelle carte des Postes de France par Ordre et dédiée à Son Altesse Serenissime Monseigneur le Duc / par… Bernard-Jean-Hyacinthe Jaillot (1673-1739). Cartographe… Corrigée et augmentée le 1er janvier 1738 ; Louis-Henri de Bourbon, (1692-1740). Commanditaire du contenu. Dédicataire. Comporte les Armoiries de Louis-Henri de Bourbon
Par rapport à la liste de référence, nous notons les étapes Gradignan (Petit Bordeaux), Lestaule (nouveau), Puts de la Gubatte (Le Puy de Langubat), Bare (Le Barp), L’Hospitalet (nouveau), Belain (Belin), Muret (Le Muret), Lhispotey (Lipostey), La Bouhaire (La Bouhere), Janquillet (Languillet), La Harie (Laharrye), L’Esperon (Lesperon), Castet (Castelz), Magesse (Mayesc), Mons (Les Mons), St Vincent, La Cabane (Les Vagues), Ondres, Bayonne, Bidars (Bidar), St Jean de Luz, Orogne (nouveau).
La famille Jaillot, issue du Jura dont :
Pierre Simon Jaillot (1631-1681)1, sculpteur sur ivoire, frère ainé du suivant ;
Alexis Hubert Jaillot (1632-1712), marié en 1664 à Paris avec Jeanne Berey, la fille du sieur Nicolas 1er Berey, graveur & enlumineur du roi pour les cartes. Alexis Hubert Jaillot s’applique d’abord à la sculpture, comme son frère Simon, qui s’est distingué par plusieurs ouvrages en ce genre. Il se donne tout entier à la géographie, & publie en 1668 & 1669 les quatre parties du monde d’après Blaeu & Cellarius, le siège de Candie, &c. En 1670 & 1671 MM. Sanson lui ayant cédé un très grand nombre de leurs dessins de cartes, il les fait graver avec beaucoup de soin & de netteté. Eu 1675 il est fait géographe ordinaire du roi, & il ne cesse point d’augmenter son recueil de cartes jusqu’à sa mort.
Son fils, Bernard-Jean-Hyacinthe Jaillot dit Bernard Jaillot (1673-1739), marié avec Marie Marguerite de La Salle, marche sur ses traces, ainsi que Bernard-Antoine ( ?-1749), son petit-fils, l’un & l’autre géographes ordinaires du roi. Leur beau fonds de géographie, dont le recueil est connu sous le nom d’Atlas François, & dont on peut voir la liste dans le premier volume de la géographie de l’abbé Lenglet, édition de 1742, passe entre les mains de Jean-Baptiste-Michel Renou de Chauvigné dit Jaillot, (vers 1710-1780), géographe du Roi, cartographe et historien, petit-fils d’Alexis-Hubert, qui a épousé en 1755 sa cousine germaine Françoise-Catherine Jaillot, sœur de Bernard-Antoine.
 

1738 Carte des Postes, Homann copie presque conforme de Jaillot – La Teste

Gallia Postarum geographice designata in qua Cursus Postarum Secundum Statum Anni tirée de l’original Jaillot/1738, mise à jour en 1745 par les héritiers Homann. Publiée à Nuremberg. Comprend un cartouche élaboré avec armoiries.
Par rapport à la carte précédente, le tracé de la côte n’est pas le même et Orogne est retranscrit Orogue.
Homann Heirs est une maison d’édition qui occupe une place importante sur le marché européen des cartes tout au long du XVIIIesiècle. Fondée en 1702 par Johann Baptist Homann, l’entreprise est passée à son fils, Christoph, à la mort de Johann en 1724. Christoph décède en 1730, âgé de 27 ans, et la société passe aux héritiers Homann, connue alors sous le nom de Homann Erben, ou héritiers Homann. L’entreprise poursuit ses activités jusqu’en 1848.

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