Voie du littoral – en Pays de Born de Gastes à Pontenx-les-Forges

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Situé sur le chemin de Compostelle, Gastes possède la petite église Sainte-Quitterie d’époque médiévale qui se compose d’un porche sans clocher et d’une nef. À côté de l’autel, deux statues en bois du XVIIe siècle, l’une représente Sainte Quitterie et l’autre la Vierge.
À la Fontaine Sainte Quitterie, construite en ciment et surmontée d’une croix, à 200 m de la mairie, 567 avenue du Lanot, on y invoque la sainte pour ses effets bénéfiques contre les maladies mentales, la folie et la rage (on représente souvent notre héroïne avec un ou deux chiens à ses pieds).
Fêtée le 22 mai, Sainte Quitterie est une sainte gasconne et patronne de la Gascogne ; elle demeure inséparable du monde landais.
Les cartes anciennes de Cassini et de Belleyme positionnent l’ancien bourg de Sainte-Eulalie-en-Born plus à l’ouest au lieu-dit Le Pourjean (ou Le Pourjeau) qui aurait été déplacé à cause de l’avancée des sables dunaires. Une commanderie de Malte était située sur le territoire de la paroisse de Sainte-Eulalie et, au-delà, sur le territoire de Gastes où elle possédait plusieurs tenanciers. Elle se trouvait au quartier de Gessis (ou Jessis) et possédait une chapelle qui fut ensevelie vers le début du XVIIIe siècle. Comme celle de Parentis, elle dépendait de la Commanderie de Bordeaux. Un mémoire adressé, en 1731 par Jean Dupuy, curé de Sainte-Eulalie, à l’archevêque de Bordeaux et au bureau diocésain, dit que le prieur de Mimizan est gros décimateur de sa paroisse avec M. le Commandeur du Temple… et que la chapelle de Malte a été ensevelie sous les sables. Nous savons qu’elle avait Sainte Madeleine pour patronne et l’on sait que cette sainte est patronne secondaire de la paroisse de Gastes.
Du nom d’une sainte espagnole, Eulalie (Oladie), qui fut martyre en 304, l’église de Sainte-Eulalie se situe sur le chemin de St-Jacques. Pendant la guerre, elle a été endommagée, reconstruite en 1957, elle a conservé sa nef, son transept et une abside. L’église daterait du XIIIe siècle, époque marquée par la présence des chevaliers de Malte. De l’église primitive, il ne subsiste que le chœur. L’édifice est restauré une première fois entre 1875 et 1878, avec l’exhaussement des murs de la nef, la démolition et la reconstruction de l’abside et des voûtes, la construction des chapelles formant transept. Des réparations sont entreprises en 1928. Effondrée pendant la deuxième guerre mondiale puis abandonnée, elle est reconstruite en 1957 à l’initiative du curé Pierre Ducourneau, puis inaugurée et consacrée le 28 septembre 1958 par monseigneur Mathieu. La chapelle de la Vierge, à droite de la nef, contient une fresque représentant une Pietà réalisée en 1976 par le peintre français Archiguille, qui la restaure en 2006. La statue en bois, datant du XIVe siècle, inscrite au registre du patrimoine au titre des objets protégés, étant jugée trop fragile pour être remise à sa place originelle à la Fontaine, est exposée dans la nef de l’église. Le cimetière qui entourait l’église est déplacé en 1864. Son portail date de 1867.
Saint Eutrope, premier évêque de Saintes, est le patron de la source qui guérit les maladies des jambes et les estropiés. Située à 100 mètre de l‘église en direction de la route du CEL, près d’une grande maison bourgeoise, elle se repère facilement au milieu des roseaux. Certains Jacquets s’arrêtent à la fontaine, espérant soulager les douleurs de leur longue marche. En 1992, la fontaine Saint-Eutrope sert encore de médications à une « recommandeuse », vivant sur la commune : elle traite le zona, l’eczéma et l’érysipèle avec un succès lui valant une large réputation. Une mosaïque à l’effigie du saint patron est au fond de la niche de la fontaine. Les artistes mosaïstes Nadine et Bernard Coyola, créateurs de cette œuvre, sont originaires de Mimizan et Lesperon. Àleur actif, la grande mosaïque du chemin de Compostelle face à l’église de Lesperon.
Pontenx-les-Forges
Dans les reconnaissances faites en 1733 en faveur de Joseph François de Piolenc par ses tenanciers du Bourgau (Cassini nomme « Quartier du Bourjeau », le bourg actuel de Pontenx) ou quartier du Temple, ceux-ci, outre la dîme, reconnaissent devoir 6 deniers d’exporle à nuance de seigneur ou de tenancier et 7 sols 3 deniers de cens et rente foncière, directe, annuelle et perpétuelle. De nos jours, une métairie de ce quartier (au sud du bourg), appelé de la Chapelle, porte encore le nom du Temple. La Commanderie est signalée en ces termes par le procès-verbal de la visite pastorale de la paroisse de Pontenx, dressé le 21 avril 1731, par Monseigneur de Maniban : nº 64. Il y a une Commanderie de Malte au quartier appelé le Bourgaud. » La chapelle qui se trouvait sur le bord de la route actuelle à moitié chemin de Pontenx à Saint-Paul, en face de la maison Colas, est presque en ruines en 1731, car l’archevêque en parle ainsi dans le même procès-verbal : « Il n’y a point de chapelles succursales ou rurales qu’une vieille chapelle appartenant à MM. de Malte qui tombe en ruines, non lambrissée, sans aucun ornement, située dans un quartier dont ils tirent la dîme ; on y va dire la messe le jour de Sainte Magdelaine en y apportant les ornements de l’église ; le curé nous a représenté n’y vouloir plus aller, les murailles et le toit tombant en ruine, l’autel même n’étant pas dans la décence convenable. » Néanmoins on continua à y dire la messe parfois. Elle dut être l’objet de quelques réparations, car nous voyons qu’elle subsistait encore en mai 1787. L’archiprêtre de Buch et Born la visite en cette même année et dit, en son procès-verbal, qu’on y chante la Sainte Messe le jour de la Madeleine. Elle reçoit parfois des legs pies, comme par exemple celui de Françoise Dartiguelongue, femme de Pierre Galan, de Pontenx, laquelle, par testament du 10 Juillet 1776, lègue à la chapelle Sainte-Magdeleine du quartier de Bourgau la somme de 6 livres. » Cette chapelle a subsisté jusque dans la première partie de ce siècle. En 1779, le Commandeur du Bourgau et des autres Commanderies de la contrée était Messire le Bailly Charles François Antoine Suislain de LaTour Saint Quentin, comte du Saint-Empire, un des seigneurs de la Grand-croix de l’Ordre Saint-Jean de Jérusalem, Capitaine général des Escadres du dit Ordre et Commandeur du Temple de Bordeaux. Il fit cette année, en sa faveur, aux tenanciers de la Commanderie du Temple au Bourgau de Pontenx, la reconnaissance des fiefs qu’ils tenaient de lui. Ces tenanciers, chefs de famille, étaient au nombre de 15, et plusieurs de leurs descendants occupent encore de nos jours les mêmes lieux à titre de propriétaires. On ne sait si Bourgau avait un hôpital.
À4,5 km du bourg de Pontenx-les-Forges sur la route de Labouheyre, bien que n’appartenant pas au Pays de Born, car antérieurement à la formation du département des Landes et au remaniement des communes, la paroisse de Bouricos, rattachée au diocèse de Dax, fait partie de la baronnie de Labouheyre, sénéchaussée de Tartas, tandis que Pontenx, auquel elle sera annexée, appartient au diocèse de Bordeaux. L’historien Élie Menaut voit dans Bouricos un lieu de rencontre pacifique à la limite de deux peuplades antiques (Tarbelles et Boïates), puis ultérieurement du diocèse de Dax et de l’archidiocèse de Bordeaux.
Au Moyen Âge, une basilique de Bordeaux a des droits sur « Boricos » ; c’est à ce titre et sous cette forme que l’on trouve la première trace écrite de la paroisse, en 1077. L’église Saint-Jean-Baptiste est édifiée au XIIe siècle. La « Grande Maison » ou Espitaou (du gascon : hospice, refuge) reçoit les personnes nécessiteuses pour les soigner et les entretenir. Il ne faut cependant pas donner à espitaou le sens moderne d’hôpital.
Était-ce primitivement le siège d’une commanderie des chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, avec hôpital et chapelle constituant une halte pour les pèlerins vers Saint-Jacques de Compostelle ? Aucun document n’en atteste. Remarquons que cet hôpital était, comme celui de Saint-Paul, sur le bord de l’ancien chemin royal de Labouheyre à Mimizan, et que cette dernière localité avait aussi le sien, détruit par les bandes huguenotes de Montgomery. Bouricos est cité dans les Recogniciones feodorum in Aquitania (recueil d’actes de l’administration anglaise de la Gascogne), pour son castelnau, mais l’espitaou n’y est pas mentionné. Un acte notarié de 1241 mentionnant Bouricos comme « castrum nostrum de Boricos » nous apprend que le site est devenu un camp fortifié, rattaché à la baronnie de « l’Herbe Faverie », c’est-à-dire Labouheyre. Ce camp est la propriété personnelle d’Henri III, roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine de 1216 à 1272, et bénéficie à ce titre d’un statut particulier. Le souverain fait renforcer les défenses de son camp de Bouricos et en confie le commandement à un de ses seigneurs vassaux, tandis qu’il structure à la même époque la place-forte de Labouheyre et édifie le château de Labrit, dans un contexte de resserrement de son domaine sur le sud-ouest de la France, après la perte du Poitou et de la Saintonge.
Pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, Bouricos se situe sur une voie transversale reliant la voie de Tours (via Turonensis) à la voie de Soulac longeant le littoral aquitain. Les pèlerins descendant par la voie de Tours peuvent bifurquer à Labouheyre vers Lüe, Bouricos, Saint-Paul-en-Born et Mimizan.
L’historien Eugène Dufourcet indique qu’une voie romaine passe par Pontenx et par l’emporium de Bouricos. Les foires antiques appelées « emporium » (comptoir commercial romain en pays étranger) sont presque toujours installées dans des secteurs inhabités, au voisinage d’une source sacrée. Localement, ces foires deviendront des « assemblades » : ce terme local issu du gascon assemblada désigne une foire réunissant jusque dans la première moitié du XXe siècle maquignons, pèlerins, forains, bergers landais et leurs troupeaux sur un lieu de dévotion. La foule se rassemble à Saint-Jean de Sonencs (1), alias Boricos, au solstice d’été dans un mélange de profane et de sacré : la messe est célébrée autour d’une foire commerciale. On y échange non seulement des marchandises, mais aussi des informations, de la main-d’œuvre, des renseignements. On pratique à cette occasion des ablutions dans la fontaine Saint-Jean-Baptiste dans l’espoir de soigner des maladies de peau. Des amusements et un bal animent l’événement. L’airial est alors envahi d’une foule considérable, déversée « à pleines charrettes » ; l’indicateur de la Société des chemins de fer d’intérêt local du département des Landes des années 1910, indique qu’un train s’arrête une fois par an, le 24 juin, à « Trottoir de Bourricos », station de la ligne reliant Labouheyre à Mimizan-les-Bains.
En 1550, Bouricos relève du duché d’Albret, au sein de la baronnie de Labouheyre. Le dernier seigneur connu et propriétaire en 1739 jusqu’à la Révolution française se nomme Forest de Saint Clair. Le domaine fait alors 2000 ha. Un bail de 1740 indique que « des marguilliers de la paroisse Saint-Jean-de-Bouricos y habitant ont baillé à titre de ferme le cabaret de Bouricos pour 5 ans ». Ce document laisse supposer un nombre relativement important d’habitants, justifiant à Bouricos l’appellation de « Petit Bourg ». Entre 1789 et 1790, Bouricos est confisqué, devient bien national, perd son statut de paroisse et intègre la commune de Pontenx. Un certain Antoine Dupouy parvient à en faire racheter une partie à la famille Forest de Saint Clair et conserve le reste du domaine tel que nous le connaissons aujourd’hui : l’église Saint-Jean-Baptiste de Bouricos, et une fontaine de dévotion, elle-aussi vouée à saint Jean-Baptiste, occupent un airial de 3 ha ; quelques bâtiments s’organisent autour du lieu de culte, notamment des maisons landaises et leurs dépendances. Au décès de M. Dupouy, ses héritiers Méaule protègent l’intégrité des lieux et le transmettent à leurs descendants, la famille Coloubie. En 1905, avec la loi de séparation des Églises et de l’État, la chapelle, la fontaine et les chemins d’accès deviennent la propriété de la Commune, qui restaure la chapelle. Dans le milieu des années 1950, le père Hermin, bénédictin belge, recherche d’un endroit tranquille et retiré pour y fonder une communauté. Il prend contact avec monseigneur Mathieu, évêque d’Aire et de Dax, qui a étudié à Louvain. Les deux hommes d’église tombent d’accord sur Bouricos, que le diocèse d’Aire et Dax loue à partir de janvier 1956. Le propriétaire, M. Coloubie, dont une des sœurs est religieuse, accueille très favorablement le projet et les cinq premiers moines, parmi lesquels se trouve Daniel-Ange de Maupeou d’Ableiges, s’installent dans la « Grande Maison » pour établir la Fraternité de la Vierge des Pauvres. Les moines partagent leur temps entre leur vie religieuse à Bouricos et leur emploi dans le civil, loin de l’image des moines cloîtrés observant le vœu de silence ou priant toute la journée. Ils s’ouvrent au contraire sur le monde en occupant des emplois à l’extérieur et en accueillant des visiteurs. Au départ, les moines sont sylviculteurs à la Compagnie des Landes. Puis ils se mettent à chercher du travail ailleurs : l’un devient chauffeur routier (ramassage scolaire, bus Euroline, transport international), l’autre est charpentier au CAT de Moustey, un autre encore distille un hydromel. La journée commence par le récit des matines, se poursuit par le travail de chacun et se termine par le dîner, que les moines partagent avec des invités (routards ou gens effectuant une retraite) et au cours duquel on prie avant de lire les chroniques des croisades. Les habitants de la commune viennent sur les lieux essentiellement pour la messe de Noël ou la kermesse de la Saint-Jean-Baptiste. Au fil des ans, le profil des moines se diversifie avec l’accueil d’un frère ougandais et d’un autre, britannique. L’histoire de ce dernier, nommé Christopher Batley, est singulière : pendant la Seconde Guerre mondiale, il est officier dans la Royal Navy. Torpillé au large de Southampton, cet anglican fiancé fait vœu de conversion au catholicisme et à la vie monacale s’il en réchappe. Après son sauvetage, il tient son engagement et rejoint les rangs de la communauté de Bouricos.
Au départ des derniers moines en décembre 2012, la communauté est dissoute et le site mis en vente par sa propriétaire. La commune de Pontenx-les-Forges, consciente du caractère exceptionnel du lieu d’un point de vue historique et patrimonial, en fait l’acquisition en avril 2013. Une charte est rédigée et votée par le conseil municipal, qui vise à permettre que soit garantis en ce lieu l’ouverture au public, l’accueil de pèlerins, la tenue de l’assemblée villageoise de la saint Jean chaque 24 juin, la conservation de l’environnement naturel (airial, zone humide, etc.) et du patrimoine bâti, la vie spirituelle et culturelle.
La fontaine Saint Jean-Baptiste (source et fontaine prennent dans les Landes un sens proche). Saint-Jean est invoqué pour les maladies de peau ou l’eczéma. Son lien avec le culte de l’eau est un rappel du baptême du Christ qu’il réalisa dans les eaux du Jourdain.
Le four à pain, four traditionnel landais, est allumé à de nombreuses occasions festives et sert notamment à confectionner des « coques », boules de pâte fendues en deux pour y glisser un morceau de jambon. À la cuisson, le gras fond et imprègne la pâte
Le rucher : durant les 56 ans de leur présence sur le site, certains moines de la communauté ont pratiqué l’apiculture. Quinze pollens différents entrent dans la composition des miels, à dominante châtaignier et bruyère.
Àcôté de l’église de Saint-Jean, on voit l’Espitau qui sert d’auberge le jour de la fête. Suivant un acte d’affermé du 13 décembre 1771, où il est appelée l’Hospital, il est adjugé en faveur d’Étienne Pomade, de Parentis, avec la réserve et la faculté accordée à Monsieur le Curé de Bouricos de faire cuire son pain au four de la dite maison, sans que le dit Pomade puisse l’en empêcher sous quelque prétexte que ce soit. Cet acte est passé au nom de Messire Jean Joseph de Forest, seul propriétaire et foncier de la paroisse de Bouricos, y demeurant, et par conséquent marguiller né de la fabrique paroissiale du dit lieu à laquelle cette maison de l’Espitau appartenait (Archives notariales).
Sources: L’Abbé A. Départ, Société de Bordas Dax (Landes) Dix-Neuvième année (1894), premier trimèstre. Dax Imprimerie-Reliure Hazael Labéque, 11 rue des Carmes 1894.
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Aimé

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