Visite de l’Aiguillon-Saint-Ferdinand-Ports

Imprimer cet article Imprimer cet article

Sur un plan ancien (vers 1930)

Environ 2 km. Aucune difficulté. Départ de l’église Saint-Ferdinand.

Le berceau d’Arcachon

Le Moueng

Les Pirelons

Église Saint-Ferdinand

École maternelle Victor-Duruy

Boulevard de la Plage

Edmond Dujardin

Rue André-Carmagnat

Villa Isly

Esplanade du Petit Port

Les bateaux traditionnels et patrimoniaux

Villa Les Courlis

Villa Miramar

Villa Tyltil-Mytyl

Le Port

Rue Célérier

Rue du Port

Quai du Capitaine-Allègre

Rue de la Pêcherie

Villa Sirius

Place de l’Aiguillon

Rue Thomas-Lussan

Boulevard Deganne

École Saint-Elme

Villa Les Dubrocs

Avenue de Mendivil

Villa Mirasol

Le berceau d’Arcachon
C’est en ce lieu-dit ‘Le Moueng’ que les premiers habitants du futur Arcachon vont s’établir dès le début du XIXe siècle avec dans l’ordre : cabanes de pêcheurs, abris de villégiature pour quelques notables bordelais, hôtels et établissement de bains de mer, villas de charme, maisons ouvrières, église Saint-Ferdinand, pêcheries industrielles, conserveries, chantiers navals, commerce, écoles, industries diverses, sociétés sportives, services publics, villas et résidences balnéaires, port de pêche, port de plaisance et même restaurant étoilé.
Les générations de ‘Pirelons’, habitants de ce quartier, ont su s’adapter à de multiples mutations de leur environnement. Et ce n’est pas fini !
Nous évoquerons le quartier ancien ainsi que le patrimoine désormais disparu, nous chercherons les vestiges d’avant la création d’Arcachon et nous marcherons à la découverte du patrimoine et de l’histoire riche et mouvementée de cet endroit méconnu et attachant.

Nous remercions Marie-Christine Rouxel et Michel Boyé pour les textes que nous leur avons empruntés pour animer cette visite

Le Moueng

Toponyme de la Petite Montagne d’Arcachon, désignant d’abord un lieu-dit [la “ région ” comprise entre la pointe de l’Aiguillon et Eyrac], puis une parcelle forestière. Cette parcelle appartenait à la famille testerine des Taffard de la Ruade ; les enfants de l’ultime héritière Marie-Clarisse Taffard de la Ruade et de son époux Jean Dumora la cédèrent au négociant bordelais Pierre Célerier en décembre 1846.

Moueng (en gascon mougn) désigne quelqu’un de camard ou d’obtus : c’était le surnom de Jean Taffard enterré dans l’église de La Teste le 7 mai 1682 et de Vincent Cravey marié le 7 janvier 1665 avec Jeanne Dumetge.

Berceau de l’urbanisation arcachonnaise. Quartier résidentiel devenu quartier industriel et ouvrier et redevenant quartier résidentiel.

Les Pirelons

Le grondin perlon, Chelidonichthys lucerna aussi appelé trigle hirondelle et galline ou gallinette dans le Sud de la France est une espèce de poissons téléostéens de la famille des Triglidae. Comme d’autres espèces, il est appelé “grondin” en raison des bruits ventraux qu’il produit, et qui ressemblent à des grondements.

L’habitant du Moueng qui se sait grondeur s’est baptisé ainsi.

L’église Saint-Ferdinand

Le 30 décembre 1846, le négociant des Chartrons Pierre Célerier aîné (Limoges, 8 septembre 1799 – Bordeaux, 8 janvier 1878) acquit dans la Petite Montagne d’Arcachon, de Jérôme et Thérèse Dumora, la pièce de pins du Moueng. Devenu ainsi un important propriétaire arcachonnais, Célerier fit, le 15 octobre 1854, donation de 18 ares au lieu-dit Moldune,  à la fabrique de l’église d’Arcachon pour construire une chapelle de secours dans le quartier des pêcheurs, tout en offrant la somme de 12000 F

Les travaux débutèrent en janvier 1855. Le 15 juillet, la chapelle fut bénie par le chanoine Fonteneau sous le vocable de Saint-Ferdinand, saint patron de S.E. le cardinal Donnet et le 12 août, l’archevêque de Bordeaux en personne vint bénir la cloche qui portait l’inscription : Heri nox, hodie aurora, cras lux.

Le 12 février 1870, un décret impérial érigea la chapelle Saint-Ferdinand en succursale.

Dès 1877, l’église était jugée trop exiguë. Meurtrie par le cyclone du 14 juillet 1897 qui abattit sa flèche, elle fut détruite en 1898 pour être remplacée par l’église actuelle, de style roman, construite par les frères Plantey sur les plans de l’architecte Hosteins ; celle-ci fut consacrée le 1er juillet 1900 mais n’avait pas de clocher.

Arrivé à Arcachon, la veille de Noël 1897, le curé Victor Diaz de Mendivil sut patiemment rassembler les fonds nécessaires et y gagna son surnom de « mendie en ville ».

Le clocher, surmonté par la statue du Sacré-Cœur due à Edmond Chrétien, ne fut béni que le 12 juin 1927 au terme de prouesses techniques ; après la réalisation du campanile et du socle de la statue par deux compagnons charpentiers du Devoir de liberté et un artisan de La Teste-de-Buch, il fallut en effet monter le moule du Sacré-Cœur par morceaux sur son support en février 1927, pour y couler ensuite le ciment. La statue pèse 800 kg, elle est haute de 4 m.

Le Sacré-Cœur est une dévotion au Cœur de Jésus-Christ, en tant que symbole de l’amour divin par lequel le fils de Dieu a pris la nature humaine et a donné sa vie pour les hommes. Solennité étendue à toute l’Église catholique romaine par le pape Pie IX en 1856.

Le « premier chant des (4) cloches », baptisées le 18 septembre 1927, eut lieu de 6 octobre.

Entre-temps, la nef et le chœur avaient été décorées en 1921 par le peintre bordelais Jean-Baptiste Vettiner (1871- 1935), avant que Gaston Parison (Paris, 28 octobre 1889 – ?, 1959) ne vînt réaliser la belle fresque du porche d’entrée – le baptême du Christ au Moueng !

Entrons dans l’église. Un porche avec des chapitaux non achevés, puis un narthex.

Narthex à gauche : fresque de Gaston Parison (1889-1959) Baptême du Christ au Moueng, 1950. Tout le monde pensait que saint jean-Baptiste avait baptisé le Christ dans le Jourdain…

Sépulture du père Colombet curé de la paroisse de 1942 à 1970.

Narthex à droite : Annonciation avec anges aux visages très purs. Signée “Dronnet-Laborderie”. 25 mars : fête patronale d’Arcachon.

Nef de 60 m de long et 20 m de large. Transept de 30 m.

À remarquer les clefs de voutes dédiées dans un ordre de préséance, aux entrepreneurs (Plantey), à l’architecte (Hostens), au curé (de Mendivil), au maire (Lamarque de Plaisance), à l’archevêque (Lecot), au pape (Léon XIII), etc. Au-dessus du narthex, l’évêque d’Agen ayant consacré l’église.

L’orientation nord-sud est inhabituelle. Les églises ont généralement le choeur vers l’Orient (avec les lieux saints). Chapiteaux tous différents. Face à l’entrée, un baptistère à deux cuves qui sert de bénitier.

Décoration interne : Jean-Baptiste Vettiner (1871-1935), nef et chœur, autour de 1924. Galerie de 80 personnages bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Technique de la fresque : dont la réalisation s’opère sur un enduit appelé intonaco, avant qu’il ne soit sec. Le terme vient de l’italien « a fresco » qui signifie « dans le frais ». Le fait de peindre sur un enduit qui n’a pas encore séché permet aux pigments de pénétrer dans la masse, et donc aux couleurs de durer plus longtemps qu’une simple peinture en surface sur un substrat. Son exécution nécessite une grande habileté, et se fait très rapidement, entre la pose de l’enduit et son séchage complet.

Entamer le tour de l’intérieur de l’église par la gauche.

Chapelle des défunts : morts 1914-1918, péris en mer, sépulture du curé de Mendivil.

Blason d’Arcachon : Le 12 août 1855; la cloche était bénie par le cardinal Donnet. On y lisait une inscription d’espérance biblique : Heri nox, hodie aurora, cras lux (hier la nuit, aujourd’hui l’aurore, demain la lumière). Nommé maire d’Arcachon Alphonse Lamarque de plaisance s’en inspira pour rédiger en 1859 la devise de la nouvelle commune : Heri solitudo, hodie vicus, cras civitas (hier solitude, aujourd’hui bourg, demain cité)

Sainte Rita, invoquée pour les causes désespérées.

Saint Antoine de Padoue (bure franciscaine, l’Enfant Jésus, une mule, un livre, des poissons, un cœur enflammé, un lys) que l’on invoque quand on a perdu quelque chose.

Chapelle saint Joseph. Icône du XIIIe siècle, Reproduction du Christ Pantocrator (tout puissant, maître du Monde)

Ancienne chaire avec bible ouverte.

Triple vitrail consacré à saint Joseph.

Statue de Saint-Ferdinand (1198-1252), roi de Castille et de Lèon. Il lutta contre les Arabes pour reconquérir de sud de l’Espagne (Reconquista). Il conquit Séville et en devint un de ses saints patrons. Mais l’église avait été placée sous ce vocable à cause du cardinal Ferdinand Donnet, un des premiers à construire à Arcachon une maison de religieuses (aujourd’hui institution Saint-Joseph).  Archevêque de Bordeaux pendant 46 ans (1836-1882).

Baptistère ancien, en forme de coquille.

Stalles en bois, copie en bois, grandeur exacte de Notre-Dame d’Arcachon, découverte par Thomas Illyricus en 1519. Original à la Chapelle des marins.

Grand autel ancien, 12 apôtres en bronze, avec, au bas de l’autel le Christ entouré des quatre évangélistes. Vitraux de l’ascension du Christ.

Jeanne d’Arc à gauche et archange Michel à droite.

En se retournant on voit l’orgue ancien, inutilisable.

Orgue de l’église Saint-Ferdinand d’Arcachon 

Cet instrument a été construit en 1872 par le facteur bordelais réputé Wenner pour l’église primitive, beaucoup plus petite que l’église actuelle où il a été transféré en 1900 ; sa puissance étant devenue insuffisante, il a subi des modifications en 1966 par la Organeria Española, puis en 1972 par le facteur Chevrier de Lesparre, sans toutefois parvenir à lui donner une puissance suffisante.

Placé en tribune au-dessus de l’entrée principale, cet orgue comporte 12 jeux : 6 au premier clavier, 5 au deuxième, 1 jeu + 2 emprunts au pédalier. Un rapport complet avait été fourni en 1996 à la municipalité de l’époque (propriétaire), préconisant soit une reconstruction complète, soit le remplacement par un orgue neuf. Aucune suite ne fut donnée et, en 2000, des fuites d’eau à la toiture entraînèrent des dégâts mettant hors service la moitié des jeux de l’orgue ; peu de temps après, un court-circuit dans le moteur de la soufflerie acheva de rendre l’orgue inutilisable, la mécanique étant par ailleurs très fatiguée. Il fut alors décidé d’utiliser le montant de l’assurance « Dégâts des eaux » à l’achat d’un instrument électronique américain Allen, de 2 claviers et pédaliers, qui fut inauguré le 2 février 2003. L’ancien orgue est toujours en place et aucune décision n’a été prise à son sujet.

Au-:dessus de l’orgue, vitrail de sainte Cécile, patronne des musiciens.

Pilier droit : Christ crucifié, œuvre hollandaise.

Si la sacristie est ouverte :

  • tableau Saint Nicolas calmant la tempête offert par Napoléon III lors de sa visite à Arcachon du 10 octobre 1859.
  • Bronze italien du XVIIe, représentant la sainte Trinité.

Chapelle à droite, petit autel en marbre rose dédié à Saint-Vincent-de-Paul, soignant un enfant abandonné.

Chapelle Notre-Dame de Lourdes (ruban bleu à la taille, roses jaunes à ses chaussures, chapelet). À l’époque des apparitions de Lourdes (11 février au 16 juillet 1858) le curé local Dominique Peyramale racontait tous les événements à son frère Alexandre Peyramale, receveur des Domaines à la Teste-de-Buch. Vitrail triple de l’Assomption de la Vierge, fêtée le 15 août à Arcachon.

Au centre de l’autel, médaillon sculpté en marbre blanc représentant une barque secourue par Marie.

À gauche, statue de Sainte Anne du XIVe siècle, avec Marie et Jésus couronnés. Volée puis retouvée.

À droite une Piéta en pierre polychrome du XVe siècle.

Ex-voto nombreux. Voir celui de La Baleine – 1908. Sans nouvelle du chalutier échoué au Cap Juby (escale tenue par Saint-Exupéry à partir de 1927). Une vingtaine d’hommes prisonniers par les Maures. Libérés par un croiseur cuirassé. Un ex-voto sur le même sujet est visible à l’église Saint-Maurice de Gujan-Mestras.

Statue du Sacré-Cœur.

Vitrail à sainte Monique, mère de saint Augustin.

Chapelle du fond autrefois dédiée à Saint-Antoine de Padoue (sa vie sur deux vitraux)

Statue de sainte Thérèse de l’enfant Jésus (ou de Lisieux) une des patronnes de la France (avec Marie et Jeanne d’Arc)

Petit musée. Détail du 1er Grand prix de Rome : Jésus dépouillé de ses vêtements par Claude Bouscau, sculpteur arcachonnais. Original à l’École des Beaux-Arts de Paris.

Maurice Baillet (1923-1998) fut nommé vicaire de la paroisse Saint-Ferdinand à Arcachon en 1948.Il est connu pour avoir travaillé efficacement sur la traduction des fameux “Manuscrits de la Mer Morte”.

Sortir de l’église et prendre l’avenue de la République (ancienne rue Saint-Ferdinand) appelée ainsi depuis 1958.

École maternelle Victor-Duruy

(du nom d’un ancien ministre de l’Instruction publique sous le Second Empire). Construite en 1907, démolie en 1848 puis reconstruite en 1949.

Décorée par les Enfants à la pèlerine de Claude Bouscau (1909-1985). Cette céramique représente les deux enfants aînés ddu sculpteur.

Nombreuses œuvres visibles à Arcachon dont le Monument des Péris en Mer que l’on apercevra tout à l’heure

Si on fait le détour : Crêche “Les Petits Pirelons“. Le pirelon (perlon) est une espèce de rouget. C’est ainsi que s’auto-nomment les habitants du quartier. Le rouget grogne quand on le sort de l’eau (autre nom : grondin. Autrefois, quartier ouvrier de marins, pêcheurs, ostréiculteurs…

Boulevard de la Plage

Cette voie ne longe pas la plage !

Décision du conseil municipal du 6 juillet 1858, pour désigner la rue principale d’Arcachon, jusqu’alors mentionnée sous différentes appellations : chaussée d’Eyrac, route royale, et qualifiée par la suite Départementale 4, Chemin de Grande Communication.

Cette voie longe les plages d’Eyrac (amputée par le petit port de plaisance) et d’Arcachon. Cette artère, de part et d’autre de laquelle Arcachon est né, est jalonnée de villas qui s’inscrivent dans le patrimoine historique de la ville.

Edmond Dujardin

Ex-établissements Tessier, angle rue de la Glacière : autrefois ancienne glacière. Plus récemment atelier de Edmond Dujardin : De son vrai prénom Arthur, Monsieur Dujardin, était d’origine lilloise, né vers 1905. Sourd de naissance, il avait appris à parler grâce à une méthode initiée à la fin du 18e siècle par Jacob Rodrigues Pereire, grand-père d’Emile et Isaac Pereire, qui ont lancé Arcachon.

Il y était imprimeur. Souffrant d’asthme, aux alentours de l’année 1947, il vient en séjour à Arcachon, où il décide de vivre, 63 boulevard de la Plage. Dans ses bagages, il emporte son premier jeu, qu’il vient d’inventer : l’Autoroute, qui sera primé au Concours Lépine en 1949. C’était cinq ans avant l’invention du 1000 bornes. Edmond Dujardin meurt en plein succès de son entreprise, en 24 octobre 1964. Il est inhumé au cimetière d’Arcachon.

Son épouse et ses enfants poursuivent l’activité qui s’installe dans la zone industrielle de La Teste en 1972.

Après la mort de Madame Dujardin, un des fils reprend, mais dépose le bilan au début des années 1980. La Société est alors rachetée par Regain Galore en 1981.

Le 1000 bornes reste à ce jour le jeu le plus vendu de la Société Dujardin : 200 000 exemplaires par an toutes éditions confondues.

Autres jeux du même créateur : Stock-Cars, Carrefours, La Grande Pagaille, Théâtre, des pièces passionnantes, Reportages, Mister Magie, L‘Autostop (1951), Auteuil (1963),

Rue André-Carmagnat

La laisser  sur la gauche

Artisan monteur de chauffage central installé rue de la Glacière, né le 10 juillet 1909 à Arcachon, André Carmagnat fut dénoncé à l’occupant, avec son épouse, par quatre de ses concitoyens au prétexte d’avoir tenu des propos anti-allemands ; arrêté le 30 novembre 1942, transféré au Fort du Hâ le 1er décembre, il fut déporté le 17 avril 1943 en Allemagne à Sthum et Struthof d’où il ne revint pas (jugement déclaratif de sa disparition en date du 7 juillet 1947). André Carmagnat faisait partie du Groupe de résistance du Bassin d’Arcachon (ex Armée Secrète).

Villa Isly, 56 boulevard de la Plage

C’est certainement la plus vieille villa de la ville.

“Le 27 juillet 1844, le négociant testerin Jean-Baptiste Dejean acquiert de Jean Pontac une vaste parcelle sur la bordure sud du chemin (bientôt chaussée d’Eyrac) qui, à cet endroit-là, longe le bassin d’Arcachon. Dans les mois qui suivent (1845 ? 1846 ?, en tout état de cause avant 1849), il y fait édifier, deux villas : Isly et, à l’arrière, Isly-Dune.

Exception faite du père et du fils Dejean, la chronique locale n’a guère retenu les noms des propriétaires successifs d’Isly.  En mai 1893, Alfred Dejean décède ; lui survivent sa veuve  – Marguerite Laluque – et leurs deux filles – Charlotte et Marguerite. Le partage des biens entre les deux héritières a lieu par tirage au sort le 5 juillet 1896 : « la propriété dite d’Isly » est ainsi attribuée à Charlotte Marguerite Rose, épouse du négociant Jean dit Albert Thoumazeau. La presse arcachonnaise permet toutefois de découvrir qu’à cette époque Isly, en front de mer, est devenue une villa de location, accueillant tour à tour des rentières de Toulouse, un propriétaire de Nérac, etc., tandis qu’Isly-Dune (propriété de Marguerite, épouse Dejames ?) héberge des familles modestes du quartier – elle est le théâtre d’un drame le 7 janvier 1934 puisque toute une famille – les parents et deux enfants y sont découverts morts au petit matin.

Ne subsiste aujourd’hui, réhabilitée en 2009 par les soins de l’architecte Philippe Cordier, que la villa Isly, entrée dans le patrimoine de sa famille le 11 juillet 1910, lorsque Charlotte Thoumazeau vend « la maison appelée Isly » et ses dépendances (cuisines, chambre de domestique, chais, écurie et remise) à Jacques Amédée Vignau, représentant de commerce bordelais.

Inspirée du style colonial caractéristique des Antilles ou de la Louisiane, la villa comporte une partie centrale, doublée en façade par une galerie entièrement ouverte. Le corps médian est flanqué de deux pavillons de forme octogonale, aux larges baies vitrées donnant sur le jardin et, par delà le boulevard, sur la petite rade d’Eyrac.

À l’origine, Isly n’était composée que d’un rez-de-chaussée. Lors de la réhabilitation, la partie centrale a fait l’objet d’une surélévation du toit.”

(M. Boyé et M.C. Rouxel : Villas d’Arcachon Un siècle d’histoire, Geste-Editions, 2014).

La bataille d’Isly se déroula le 14 août 1844 à la frontière algéro-marocaine. Elle vit la victoire du Maréchal Bugeaud sur Moulay Abd al-Rahman, sultan du Maroc, qui soutenait Abd El-Kader.

Chez-Michel, magasin d’articles de pêche.

Propose des turlutes, leurres pour pêcher la seiche. Provoque l’hilarité depuis des années

Esplanade du Petit Port

Le projet d’un “Pôle océanographie aquitain” (POA) qui devait être construit à cet emplacement, est abandonné depuis le 18 octobre 2019

Emplacement du premier casino d’Arcachon (Gaillard).

Le Monument des Péris en Mer

(aperçu a l’extrémité du quai de Goslar de l’autre côté du Port)

Tout ne fut pas simple. Il fallut constituer un Comité pour l’érection de ce  Mémorial et plus d’une décennie pour que le rêve se concrétisât, encore qu’il fut détourné de son objectif initial pour des raisons hautement politiques !

Avec son incorrigible humour, le curé de Saint-Ferdinand dut attendre juillet 1967 pour annoncer à ses ouailles “ la grande nouvelle ” : “ En fait d’impromptu, nous en avons eu un fameux avec l’arrivée surprise du  Monument des Péris en Mer. On souriait quand on nous annonçait qu’il serait là avant la fin de la saison… Mais comme on n’a pu retarder son arrivée, son inauguration est renvoyée aux calendes arcachonnaises. Au fait, cela nous importe peu : nous tenons notre Monument et ses quarante tonnes de granit ne risquent pas de s’envoler. Déjà Port de Pêche et Port de Plaisance attirent à notre quartier un nombreux public. Combien de promeneurs sont encore venus pour admirer cette ancre robuste et pourtant mystique à sa façon. La “ pleureuse ” n’est pas si facile à comprendre, mais l’ensemble est parfait… ”.

“ Arrivé ” le 24 juillet 1967, sur le terre-plein terminal du môle portuaire (quai de Goslar), le Monument des Péris en Mer fut “ monté ” sous la direction de son auteur, le sculpteur Claude Bouscau, et achevé au tout début du mois d’août.

Son inauguration, repoussée au 28 juillet 1968, fut, pour le curé de Saint-Ferdinand, une consécration : “ Depuis quinze ans, notre quartier a travaillé à cette réalisation. Il faut dire que nous pensions alors aux marins qui eurent le mérite, entre 1940 et 1945, d’aller, au risque de leur vie, pêcher le poisson qui nous a permis de manger à notre faim – et dont soixante-dix d’entre eux ont péri, pour cela, du fait de la guerre.

“ Notre projet s’est beaucoup élargi ensuite, jusqu’à devenir le Mémorial de tous les Péris en Mer. .. ”.

Les bateaux traditionnels et patrimoniaux

  • Pinasse à voile (ou pinassotte)
  • Pinasse
  • Bac à voile
  • Monotype
  • Pacific
  • Loup

Villa Les Courlis, 71(33) boulevard de la Plage

Figurait sur le plan Ducos-Sabardan (vers 1925).

Villa Miramar, 69 boulevard de la Plage

“Construite le long du front de mer, elle figure sur le catalogue de location de l’Economic-Agence daté de 1927-1928. Elle a été édifiée ou remaniée à cette époque. Elle est en rez-de-chaussée, le plan est en U. L’ensemble est couronné par une balustrade. L’élévation du côté nord, vers la mer, comprend un avant-corps circulaire percé de trois baies cintrées séparées par des colonnes engagées.

Deux statues représentant l’allégorie d’une source et le David de Michel-Ange, qui ne correspondent pas aux œuvres d’origine, ornent aujourd’hui les angles de la balustrade de toit. Le parti pris néo-classique de l’ensemble est assez rare à Arcachon pour des programmes modestes de ce type” (Bertrand Charneau : Visages du patrimoine en Aquitaine Arcachon Gironde, 2016)

Villa Tyltil-Mytyl, 23 boulevard de la Plage

Autrefois visible seulement de la mer, la pièce de Maurice Maeterlinck et ses deux personnages Tyltil et Mytil ont inspiré les propriétaires de la villa bleue. La villa fait partie de l’alignement des “chalets Célérier”.

Figurait sur le plan Ducos-Sabardan (vers 1925).

Le Port

Deuxième port de pêche français avant la Grande Guerre. Actuellement : vers la quinzième place.

  • Criée municipale ouverte en 1950.
  • Port de pêche actuel inauguré en 1958.
  • La halle de mareyage date de 1962
  • Port de plaisance inauguré en 1968
  • Monument des Péris en Mer de Claude Bouscau inauguré aussi en 1968.
  • Halle métallique (réparation des filets, fêtes…) date de 2004.

Michel Boyé raconte l’histoire du Port

Le « havre et port d’Arcachon » était depuis le Moyen-Age une étape pour le trafic de cabotage et fut même, pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire, le supplétif du port de Bordeaux victime des blocus anglais. Mais les premiers travaux sérieux visant à disposer d’infrastructures portuaires réellement adaptées aux besoins locaux (pêche, commerce, ostréiculture, tourisme) furent réalisés à La Teste-de-Buch à partir de 1841-1842 ; c’est l’origine du port testerin actuel. Ces travaux, longtemps souhaités, étaient devenus réalisables à moindre coût grâce à l’arrivée du chemin de fer à La Teste en juillet 1841.

Mais le chemin de fer allait avoir d’autres conséquences : il allait faciliter la construction d’une route jusqu’au quartier d’Arcachon, mis à la mode avec les bains de mer ; par voie de conséquence, il allait pousser le négoce bordelais à réclamer et obtenir la jetée d’Eyrac (1845), qui devait devenir pour quelques mois l’escale intermédiaire entre Bordeaux et la péninsule ibérique.

L’échec de cette ligne commerciale fut largement compensé par les ambitions des frères Pereire sur le quartier, puis sur la commune d’Arcachon ;  le prolongement de la voie ferrée jusqu’aux propriétés Deganne donna, une fois de plus, des idées à des investisseurs bordelais, notamment celle de relancer la pêche « industrielle » abandonnée depuis un quart de siècle !  Ces nouveaux armateurs allaient-ils devoir ou pouvoir partager la jetée d’Eyrac avec les négociants qui avaient obtenu l’ouverture d’Arcachon au cabotage (1) et avec les touristes en quête des sensations fortes que procure la pêche au large ?

Arcachon, port virtuel

Si l’armateur Coycaut l’accepta, Harry Scott Johnston refusa cette éventualité. Il sollicita donc et obtint en 1865, on l’a vu, l’autorisation d’occuper le domaine public maritime pour les installations de ses Pêcheries de l’Océan. Cette solution allait convenir parfaitement aux futures sociétés concurrentes et aux municipalités arcachonnaises qui se succédèrent jusqu’en 1944. Elle chagrinait cependant quelques esprits.

Le 3 juin 1869, le lieutenant de vaisseau Guérard, historien de la Marine et conseiller municipal, faisait adopter un vœu « pour que le port d’Arcachon soit classé au point de vue maritime » dans le double objectif d’en voir les limites précisées et d’obtenir des aides de l’Etat pour qu’il ne fût plus réduit à vénérable jetée d’Eyrac (2). Il fallut cependant patienter jusqu’au 7 août 1887 pour qu’un emploi de maître de port fût créé à Arcachon ! Avec cette décision ministérielle, qui ne comportait aucun engagements sur d’éventuelles infrastructures, Arcachon était implicitement reconnu comme « port de mer ». Mais ses limites – visant essentiellement à répartir les plages entre pêcheurs et touristes dont la cohabitation posait de plus en plus de problèmes – ne furent fixées par arrêté préfectoral que le 24 février 1894.

Toute idée de port de commerce ayant été définitivement enterrée en 1901, ce fut la pêche et, subsidiairement, la plaisance qui relancèrent à plusieurs reprises le dossier de la construction d’un véritable port, auquel s’opposèrent les grandes sociétés de pêche et, à deux reprises, les pêcheurs artisanaux eux-mêmes, notamment les sardiniers !

Les ports siamois : pêche et plaisance

Il fallut attendre la Libération, notamment le conseil municipal du 29 novembre 1944, pour que le dossier fût enfin réellement traité, étape par étape.

L’adoption du projet de criée municipale lors de la séance du 8 mars 1946 entraîna tout d’abord la construction d’un appontement (toujours existant) et la transformation de l’ancienne criée syndicale située à l’est de l’actuelle rue des Marins. Quatre années furent nécessaires pour que la criée municipale, enfin opérationnelle, fût ouverte le 11 avril 1950. Mais qu’en était-il réellement du port de pêche, dont beaucoup rêvaient ? La pose de sa première pierre par Auguste Pinton, sous-secrétaire d’Etat aux Travaux publics, n’intervint que le 5 juillet 1956… dans un climat délétère.  

La belle unanimité, affichée par les professionnels à l’automne 1944, s’était lézardée dès que les menaces de représailles (post-Libération) s’étaient éloignées des têtes de certains ! Manœuvres, tractations, alliances occultes pour la défense d’intérêts particuliers occupèrent quelques notabilités et préoccupèrent les services municipaux. A son ouverture, la criée municipale fut quasi boycottée par les patrons de pêche. En juillet 1954, le Comité local des Pêches, habilement circonvenu, se déclara contre le futur port de pêche ; à l’automne, les dirigeants des grands armements déclarèrent ne pas être concernés par le projet de la municipalité. La détermination de Lucien de Gracia ne fléchissant pas, la contestation prit  enfin pour argument le coût financier des opérations. En vain.

Le 15 août 1958, le port de pêche fut enfin inauguré, encore qu’il fût loin d’être achevé ! Pire. La fermeture des Pêcheries de l’Océan plongea dans le dénuement quelque 50 familles de marins-pêcheurs à l’Aiguillon-Saint-Ferdinand ; le conseil municipal se saisit de cette situation dramatique avec le secret espoir que les nouvelles infrastructures, bientôt mises en service, permettraient d’apporter un dénouement favorable à cette nouvelle crise. Il fallut patienter quelques semaines, jusqu’au 2 mars 1959 pour assister à la première vente sous une halle provisoire et jusqu’au 19 mars 1962, pour qu’ait lieu le premier encan sous la halle définitive !

Quelque trois-quarts de siècle après avoir été administrativement érigé en « port de mer », Arcachon pouvait enfin se targuer d’être doté d’un véritable port de pêche, en attendant son (grand) port de plaisance alors en gestation !

En effet, en février 1962, au moment même où la municipalité procédait à « la réception définitive des bâtiments administratifs et de la halle de mareyage », elle ressortait des tiroirs un projet de port de (grand) plaisance.

Après avoir fait la sourde oreille, une décennie durant, aux propositions du lobby nautique local, Lucien de Gracia avait dû, dès 1958, envisager la mise en place d’infrastructures à destination des « yachtmen » ; ce ne fut pas une mince affaire mais en juillet 1960 un abri de plaisance était ouvert à l’ouest de l’appontement de la criée municipale. Las ! Celui-ci se révéla aussitôt trop petit et, dès mars 1961, les services maritimes furent invités à étudier la réalisation d’un port de plaisance complémentaire ! Au printemps 1962, le projet qui fut retenu  fut celui qui partait du postulat que « pêche et plaisance font bon  ménage » et situait « la création d’un port de plaisance à grande capacité à l’intérieur du port de pêche ».

Il revint à Jacques Chaban-Delmas, alors Président de l’Assemblée Nationale, de l’inaugurer le 11 mai 1968.

Rue Célérier

La laisser sur la droite.

Pierre Célerier aîné, négociant bordelais des Chartrons, né à Limoges le 8 septembre 1799, fut l’un des tout premiers acquéreurs de parcelles dans la Petite Montagne d’Arcachon. Le 30 décembre 1846, Jérôme et Thérèse Dumora*, frère et sœur, lui cédèrent pour la somme de 22 000 F la pièce de pins du Moueng.

Rue du Port

La laisser sur la droite

Cette rue, où se trouvait jusqu’au printemps 1999 le cinéma Le Paris, débouche sur la place Pierre Dignac, et constitue l’une des trois voies permettant l’accès au port d’Arcachon (port de pêche et port de plaisance inaugurés respectivement le 15 août 1958 et le 11 mai 1968).

Quai du Capitaine-Allègre

David-Louis Allègre naquit à Brest le 2 novembre 1786. Ancien enseigne de vaisseau, puis breveté capitaine au long cours en 1818, il fut fait chevalier de l’ordre de Saint-Louis en 1826 pour son action aux Indes. Réinstallé en France, conseiller général de la Gironde, il fit l’acquisition le 7 octobre 1835 du domaine d’Arès. Impressionné par le dramatique naufrage du 28 mars 1836 qui coûta la vie à 78 marins du Bassin d’Arcachon, il lança l’idée du chalutage à vapeur dans son mémoire De la pêche dans le Bassin et sur les côtes d’Arcachon – Moyen de la pratiquer sans danger et avec profit. Passant aux actes, il fit construire le Turbot (1836) et acquit la Sole (1837) mais l’entreprise fit faillite.

Il créa la première scierie mécanique landaise et, avec M. Balguerie, la Compagnie des Landes de Gascogne. On lui doit aussi les plans du canal d’assèchement de Lège au Bassin et le projet d’un port à La Vigne.

Décédé dans son domaine d’Arès en 1846, il laissait un second mémoire, publié par l’Académie de Bordeaux : Mémoire sur la pêche dans le Bassin d’Arcachon et sur la côte extérieure d’Arcachon.

Quai du capitaine Allègre, se trouvent aujourd’hui le grand bâtiment de la Criée Municipale dont la première pierre fut posée le 5 juillet 1956 et qui fut inauguré le 15 août 1958 et deux des services maritimes d’Arcachon :

les Affaires maritimes (depuis octobre 2005) et les Douanes (résidence Les Huniers depuis 1993).

Rue de la Pêcherie

Fait désormais référence à la Criée Municipale ouverte, quai Silhouette, le 19 mars 1962 ; on parle aujourd’hui du “ port de pêche d’Arcachon ”, avec sa halle “ Henri Taffard ” où se déroulent les ventes de poissons, non plus à l’encan, mais avec l’assistance de l’électronique depuis juin 1984, et son bâtiment administratif “ Henry Olivari ”.

L’essor du chalutage à vapeur dès la fin du XIXe siècle hissa Arcachon au rang de deuxième port de pêche de France en 1910. Les pêcheries s’étaient multipliées ; après les Pêcheries de l’Océan (1866), avaient vu le jour : la Société des Pêcheries Françaises (1890), la Société des Pêcheries du Golfe de Gascogne (1900), la Société Nouvelle des Pêcheries à vapeur (1901), la Pêcherie de la Grande Côte, en attendant la Société Cameleyre frères (1921).

Villa Sirius, boulevard Chanzy

La villa Sirius fait partie des villas « légendaires » d’Arcachon, plus particulièrement de l’ancien quartier des pêcheurs, aujourd’hui appelé Saint-Ferdinand-L’Aiguillon. Son histoire, marquée par une personnalité du monde maritime, est en effet pour le moins enjolivée !

Elle est construite, dit-on, en 1903 pour le commandant Jean-Baptiste Pierre Gustave Silhouette, né à Biarritz le 28 juin 1875 ! Mais le dossier de la Légion d’honneur révèle que ce marin est alors loin du bassin d’Arcachon : « Après de brillantes études dans les écoles d’hydrographie et avoir été classé 1er de sa promotion à l’examen de sortie de l’Ecole d’application (Melpomène), il obtient avec le n° 1 le brevet supérieur de capitaine au long cours. Il commande bientôt les meilleures unités des Chargeurs Réunis. » Or, le siège des Chargeurs se trouve au Havre où Gustave Silhouette se marie le 23 septembre 1901 avec Jeanne Eugénie Ricard. « … Pendant la guerre, il conserve son commandement de ‘’l’Amiral Sallandrouze de Lamornais’’ assurant sans interruption transports de vivres et de matériel entre l’Amérique du Sud et la France ».

Gustave Silhouette n’est donc Arcachonnais, car appelé à la direction des Pêcheries de l’Océan, que dans le courant de l’année 1919 ; il est alors domicilié rue Célerier ! C’est Jean-Baptiste Pierre Silhouette, son neveu, étudiant de 22 ans, qui habite boulevard Chanzy ; la  villa dont le propriétaire reste cependant à découvrir. (Rien n’interdit de penser qu’il puisse s’agir de Pierre Silhouette, père de Gustave Silhouette ou de son frère aîné Jean Baptiste Louis,  né à Biarritz en 1869 et « armateur de chalutiers à vapeur » à Biarritz, élu délégué du Comité central des armateurs de France en 1904).

S’appelle-t-elle déjà Sirius ? Ou doit-on considérer que c’est tout de même Gustave Silhouette qui la baptise Sirius, lorsqu’il s’y installe à son tour. Le ‘’Sirius’’ n’est-il pas le premier navire à traverser l’Atlantique uniquement à la vapeur en 1838 ? ‘’Sirius’’ n’est-il pas le nom d’un chalutier à vapeur français qui a défrayé la chronique franco-espagnole en 1903 pour sa pêche miraculeuse ?

Située à l’entrée d’Arcachon, dans un espace naguère colonisé par les grandes pêcheries industrielles et donc proche du Bassin, Sirius est reconnaissable par sa couleur ocre naturellement conférée par les murs de briques de Biganos et les toits de tuiles ;

de plus, Sirius est surtout remarquable par son belvédère à colombages qui en fait la villa la plus originale du quartier. Elle comporte enfin sur sa façade sud une galerie avec lambrequin et poteaux de fonte.

La réhabilitation menée en 2003-2004 a permis de constater que le belvédère ne faisait pas partie de la villa d’origine. Francis Hannoyer, dans l’ASSA de décembre 2006 la décrit ainsi : “Reconnaissable par son belvédère à colombages. Plan carré et symétrie de la construction. Murs constitués de deux épaisseurs de brique de Biganos placées parallèlement, solution traditionnelle de la région maintenant abandonnée. Galerie côté sud avec lambrequin et poteaux en fonte provenant sans doute de la Fonderie du Ponant à Biganos. A l’intérieur trois belles cheminées en marbre de différentes origines. Pour supporter le belvédère une ossature métallique dans le plancher du premier étage renforce celle en fer et en bois du belvédère. Deux escaliers permettent d’y accéder, l’un droit pour atteindre une plate-forme située au niveau du grenier, l’autre à quartier tournant relie le grenier au plancher du belvédère. L’isolation  des combles était formée de 27 centimètres de sciure tassée entre les solives”.

On raconte par ailleurs que Gustave Silhouette « utilisait des longues-vues placées dans le belvédère et un code de fanions sur les bateaux pour en connaître la pêche avant leur arrivée au port mais surtout avant tout le monde ; cela lui permettait de la négocier au mieux » ! C’est supposer que le belvédère permettait une vue parfaite au-delà de la jetée d’Eyrac proche de la Pêcherie concurrente – « La Nouvelle » ; c’est oublier aussi que le port actuel n’existe que depuis les années 1950 et que les Pêcheries de l’Océan avaient leur propre débarcadère. Plus vraisemblable paraît être la surveillance exercée à partir de 1927-1928 sur les chalutiers fabriquant au large les farines de poissons ou sur les pêcheurs eux-mêmes par un directeur soucieux d’éviter tout débarquement frauduleux de poisson !

Les héritiers du commandant Silhouette conservent Sirius jusqu’au 25 avril 1969, date à laquelle la villa est cédée à M. et Mme Mouriau. En 2001, M. et Mme Destenave s’en portent acquéreurs et entreprennent sa rénovation.  (Voir Michel Boyé et M.C. Rouxel : Villas d’Arcachon Un siècle d’Histoires, Geste-Editions, 2015). 

L’homme et la mer – Charles Baudelaire

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

Place de l’Aiguillon

Récemment rénovée. La pointe de l’Aiguillon (pointe de terre), toute proche a servi pour délimiter la frontière entre Arcachon et la Teste-de-Buch.

Bar Le Rallye : c’est le point de rendez-vous des marins-pêcheurs sénégalais.

Au 2 boulevard de la Plage

Jeanne, La barbière d’Arcachon

Au 10 boulevard de la Plage

Le Patio, restaurant étoilé de Thierry Renou

Rue Thomas-Lussan

Du nom d’un pâtissier propriétaire, restaurateur conseiller puis adjoint au maire de la première municipalité : Alphonse Lamarque de Plaisance, premier maire. Maisons de pêcheurs, villas anciennes.

On croise la rue des Mérics, un des plus anciens chemins (sablonneux) d’accès à Arcachon, souvent inondée en cas de tempête. Une villa éponyme jumelle de la villa Les Tamaris a été démolie et remplacée par une résidence.

Boulevard Deganne

Adalbert Deganne né à Vertus (51) était l’ingénieur chargé de construire la ligne La Teste-de-Buch – Arcachon mise en service en 1857, année de création d’Arcachon.

Il avait épousé la testerine Nelly Robert et devint ainsi propriétaire de la moitié de la Ville d’Eté.

Construit le château Deganne en 1853, devenu Casino en 1903. Réplique château de Bourseau (51) et le théâtre devenu Olympia.

Maire en 1870-1871 et de 1876 à 1880.

De très belles villas bordent ce boulevard

École Saint-Elme

Architecte : Louis Garros.

En 1871, leur école d’Arcueil détruite, les dominicains laissent le R.P. Baudrand prospecter à Arcachon pour installer son École Centrale Maritime. C’est ainsi qu’en 1876 le Père Baudrand se porta acquéreur de l’ancien Collège Saint-Ferdinand.

L’École Centrale Maritime Commerciale, dont la création à Arcueil remontait à 1869, désormais arcachonnaise, se voulait une école préparatoire à la marine marchande : un navire-école y fut attaché, le troismâts barque Vera-Cruz, béni et rebaptisé Saint-Elme. Ce qui fit que l’établissement prit alors le nom d’École Saint-Elme d’Arcachon

Saint-Elme n’est pas franchement un saint ! Traduction fautive, du nom du dominicain Gonzalez y Telma que les marins ont pris pour saint patron. (feux de Saint-Elme…). Saint Elme était le chapelain de saint Ferdinand (déjà évoqué).

Premier collège arcachonnais (collège Saint-Ferdinand) ouvert par Deganne en 1864. Puis École centrale maritime en 1878, puis collège Saint-Elme en 1880.

Charles Gounod dirige des messes l’orgue de la chapelle. Il y donne un cantique à saint-Dominique de sa composition.

En 1914, il devient hôpital complémentaire.

Actuellement c’est un lycée et collège privé.

Un morceau de terrain a été vendu pour construire Plein-Ciel vers 1972 (Lucien De Gracia, maire), immeuble de 16 étages (+ sous-sol et rdc) visible de tout le bassin !

Villa Les Dubrocs, 63 boulevard Deganne

Les 13 et 17 avril 1856, Marie Julie Delphine Dejean – veuve de Pierre Jean Baleste-Marichon, chevalier de l’ordre impérial de la Légion d’honneur et ancien juge de paix, Arnaud Bestaven – ancien maire de La Teste, Jacques Frédéric Bourdaud – agissant pour le compte de son fils, et Joseph Ferdinand Bleynié vendent à la Compagnie des chemins de fer du Midi – représentée par son ingénieur en chef Jules Chauvisé – et à Adalbert Deganne  « deux pièces de pins contigües situées dans la Petite forêt d’Arcachon appelées l’une Subiette, l’autre Les Dubrocs ». Il s’agit alors pour la Compagnie du Midi de préparer la prolongation de la voie ferrée Bordeaux-La Teste jusqu’à Arcachon (le passage à niveau du cours Desbiey est situé sur la pièce Subiette) pour laquelle elle a passé le 26 décembre 1855 un traité avec Deganne ; pour ce dernier, le but second est de relier les propriétés occidentales de son épouse et ses propres acquisitions orientales.

Selon toute vraisemblance, la pièce Les Dubrocs est lotie par l’héritier de Deganne, Fernand de Maupassant à partir de la décennie 1890. Le sous-préfet Ernest Dufay est-il le premier acquéreur ? Le mystère demeure. A-t-il fait construire, face à l’école Saint-Elme, la première villa baptisée Les Dubrocs ? On peut le penser, car c’est une de ses descendantes, soucieuse de perpétuer le souvenir d’une ancienne famille des notables testerins, qui demande en 1938 au conseil municipal d’Arcachon de dénommer le prolongement de la rue des Ecureuils tout proche, rue des Dubrocs.

En effet, depuis plusieurs années, la villa Les Dubrocs ne porte plus son nom initial mais le nom de Saint-Victor. La raison est on ne peut plus simple. La villa a été acquise en [entre octobre 1908 et novembre 1911] par le curé de la paroisse Saint-Ferdinand, Victor de Mendivil (1854-1936) qui non seulement la place sous la sauvegarde de son saint patron mais en fait aussi son presbytère. Cette affectation perdure jusqu’en 1952, date à laquelle le presbytère est transféré à quelques mètres de là, villa Mirasol, par le curé Henri Colombet.

Saint-Victor est ensuite (fin 1953 ?) investi par les services de l’Institut Scientifique et Technique des Pêches Maritimes (ancêtre d’IFREMER créé en 1984)… avant de devenir à la fois habitation et salon de coiffure de 19.. à 2000. Cette année-là, Saint-Victor est acquis par les propriétaires actuels qui s’attachent depuis, par une patiente réhabilitation, à effacer les injures faites par les laboratoires maritimes et à sauvegarder les témoignages marquants du passé.

C’est ainsi que la plaque d’origine Les Dubrocs, surchargée par la mention « presbytère », a été retrouvée enfouie dans le jardin que l’on devine relié naguère à l’école Sainte-Marie (aujourd’hui disparue) et à la salle paroissiale de la rue Aimé-Bourdier où se sont ancrés pendant des décennies les patronages des Petits Gabiers puis des Jeunes de Saint-Ferdinand ; de même, la tourelle orientale, qui permettait au remuant curé d’avoir un œil sur les Dominicains et leurs élèves, a été restaurée. Quant au visiteur observateur, il ne manque pas d’être surpris, dans le couloir d’entrée, de fouler un dallage en tout point conforme à celui de la nef de l’église Saint-Ferdinand consacrée le 1er juillet 1900 !

(Michel Boyé et Marie-Christine Rouxel : Les villas d’Arcachon Geste-Editions 2014).

Avenue de Mendivil

Ancienne avenue du Collège. Il s’agissait pour la ville “ de perpétuer le souvenir – puisqu’en 1954 [devait être] célébré le centenaire de sa naissance – du curé de Saint-Ferdinand (24 décembre 1897 – 13 septembre 1936) Victor Diaz de Mendivil (1854-1936), ordonné prêtre à Bordeaux en 1882.

Villa Mirasol, avenue de Mendivil

Construite en 1900 en même temps que l’église. Elle fit partie des multiples propriétés arcachonnaises de Césaire Anatole Ernest Dufay, sous-préfet de Sarlat (20 novembre 1893), de Dax (juillet 1898-avril 1899), puis de Brive, qui, en avril 1904, mit la villa Mirasol à la disposition du ministre de la Guerre, le général Louis André ; celui-ci, en quête de repos et à la veille de « l’affaire des fiches », y reçut la visite (jusqu’à présent inexpliquée) du président du Conseil en personne – le petit père Combes – et du non moins célèbre colonel Marchand qui songeait alors à démissionner de l’Armée.

En juillet et août 1903, elle est louée par Maurice Guibert, ami de Lautrec (Sylvain Smague : Toulouse-Lautrec en vacances, L’Horizon Chimérique 2014 p. 263).  

C’est l’actuel presbytère de la paroisse Saint-Ferdinand depuis 1952. Elle avait à l’époque un magnifique parc boisé et touffu.

Affaire des fiches : (parfois appeléeaffaire des casseroles “) concerne une opération de fichage politique et religieux dans l’armée française au début du XXe siècle. Elle fut réalisée par des loges maçonniques du Grand Orient de France à l’initiative du Général André, ministre de la Guerre qui n’avait pas été mêlé à l’affaire Dreyfus (1895-1906).

Revenir au début.

Images liées:

Aimé

2 commentaires

  1. Villa St Victor
    Anciennement nommé Les Dubrocs
    63, Bd Deganne
    Ancien presbytère de 1905 à 1953
    L histoire de la maison à été recherché par MR Michel Boyé
    On aimerait en savoir plus et aussi la rappeller dans l histoire des lieux.
    Nous l avons acheté en 2007 et nous l avons entièrement renouvelé en ressortant ses origines (pierres et architectures d origine )
    Merci de vous rapprocher de Michel Boyé
    Bien cordialement Amalia FESTA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *