Varech, mot d’ailleurs, chose d’ici et d’autrefois

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Mot d’ailleurs, chose d’ici et d’autrefois : le varech ; on prendra garde que la chose ne soit pas une baleine.

Sur la belle carte postale Gaby empruntée à Françoise et partagée dans le cadre de la semaine thématique qu’HTBA consacre à Lanton, on note la présence considérable de varech sur la plage de Taussat dans les années 60. Alors que ce dernier se fait rare sur le sable du Pays de Buch, montrant assez la dégradation du milieu marin arcachonnais, il parait urgent d’expliciter ce qu’est le varech tant qu’on en voit encore un peu.

Tout d’abord disons tout net que le mot n’est pas d’ici, qu’il est d’origine scandinave et répandu sur toute la côte atlantique française, probablement à cause des visites répétées qu’y firent les farouches Vikings. Il vient du mot « vágrek » signifiant épave.
A l’origine le varech désigne toutes les choses rejetées par la mer, incluant notamment donc les épaves mais aussi, par exemple, les baleines. On retrouve le terme dans les « Rôles d’Oléron réglementant le droit de Varech » que fait établir Aliénor d’Aquitaine en 1160.
Sous l’Ancien Régime ce droit de varech, droit de bris, ou encore d’épave, permettait aux captaux de Buch de revendiquer la propriété des navires naufragés, et de leurs cargaisons, échoués sur le littoral de la Petite Mer ainsi que sur les plages océanes au sud des passes, les barons de lège jouissant du même privilège au nord. Si le varech, l’épave, était une baleine, le seigneur possédant la côte avait droit à un tiers de l’animal — les baleiniers basques pratiquaient leur chasse le long de notre littoral et on estime que sur trois baleines harponnées deux parvenaient à s’échapper avant de succomber à leurs blessures, leurs cadavres étant alors ramenés à la côte. L’échouement de ces cétacés représentait une véritable aubaine pour les populations locales.

Ceux qui enfants ont joué avec le varech sur les plages du Bassin d’Arcachon, s’en servant de projectile lors de fougueux combats nautiques, l’utilisant pour construire des ouvrages d’art renforcés de sable, en confectionnant des matelas sous leur serviette ou improvisant avec des compléments capillaires de toute beauté, savent bien que celui-ci ne comporte ni navire naufragé, ni baleine, mais qu’il est surtout composé des fins rubans formant les feuilles des petites zostères. Il faut rappeler qu’autrefois, les crassats du fond du Bassin n’étaient qu’immenses prairies de zostères fixant les vases, garantissant la limpidité de l’eau et offrant gite et couvert à de multiples espèces aujourd’hui pratiquement disparues telles que crevettes, bigorneaux et anguilles. Outre ces zostères formant principalement le varech, s’y mêle d’autres plantes marines comme le fucus ou goémon noir, la fameuse « algue qui pète ».

Résumons-nous, le varech du Bassin d’Arcachon est constitué de diverses plantes marines qui ne sont cependant pas appelées varech avant que de s’échouer sur les plages. Quoique celles qui s’accrochent à nos lignes de traine soient également appelées ainsi. On voit par là que la définition de la chose reste incertaine.

Thierry PERREAUD

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