Mérites maternels de l’huître indigène du Bassin d’Arcachon.

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Petite causerie vespérale destinée à faire connaitre les mérites maternels de l’huître indigène du Bassin d’Arcachon.
 
Souvent on parle des huîtres de manière générique, en ignorant toute la diversité de ce coquillage. Pourtant, il y a une différence notable entre une huitre plate et une huître creuse… presque la même qu’entre une vache marine et une tortue cistude.
Rappelons tout d’abord à qui, ou à quoi, nous avons affaire. Au commencement n’était présente en nos eaux bassineyres, et ceci depuis des temps immémoriaux, que la plate nommée localement « gravette », scientifiquement appelée Ostrea edulis ; vinrent ensuite, apportées par les hommes pour les besoins de l’ostréiculture, les creuses : tout d’abord la portugaise (Crassostrea angulata), puis la japonaise (Crassostrea gigas). Il s’agit là des huîtres naturelles, mais il ne faut pas omettre de mentionner la triploïde (sur deux huîtres achetées, une est triploïde) qui est généralement une japonaise « manipulée » (pour le dire vite) afin d’être stérile.
Différence essentielle entre huîtres plates et creuses : leur mode de reproduction ou, pour le dire autrement leur sexualité. Oh, il ne faut vous attendre à découvrir des détails émoustillants sur les pratiques sexuelles de ces bivalves, il ne sera pas question de brouette japonaise, pas plus de toupie tonkinoise, ni même de balançoire bulgare. Mais rentrons plutôt dans le vif du sujet.
Pour ce qui concerne les mâles, la pratique est commune aux deux types d’huîtres (et aux éjaculateurs précoces) : ils se contentent de balancer la purée — pardon la laitance, c’est-à-dire les spermatozoïdes — dans l’environnement, quand ils sentent le moment venu (en fonction de la salinité et de la température de l’eau) et bien entendu sans demander l’avis de madame. Pour les punir de cette goujaterie, mère Nature leur réserve un traitement inattendu : ils changeront de sexe après cette éjaculation — de cette manière ils se rendront compte de ce qu’est la notion de consentement ; en vérité la punition est totalement inutile puisque mère Nature a omis de les équiper d’un cerveau, pas même d’une tête.
En revanche les huîtres femelles creuses ne se comportent absolument pas de la même manière que les plates .
La creuse femelle est aussi inconséquente que le male et jettent ses ovocytes au petit bonheur la chance. A eux de se débrouiller pour trouver des spermatozoïdes disponibles et performants dans le milieu aquatique, afin de se faire féconder pour devenir de minuscules larves. On voit par là que l’huître creuse est bien insouciante et ne souhaite pas être chargée de famille.
Il en est tout autrement de Madame l’huître plate. En dépit de l’indélicatesse de l’espèce mâle, elle va récupérer les spermatozoïdes des messieurs… en les avalant (c’est le moment le plus grivois de la causerie). Ses ovocytes seront fécondés à l’intérieur de ses coquilles et deviendront des larves qu’elle gardera ainsi une dizaine de jours avant de les expulser. C’est à cet instant que le lecteur aussi numérique qu’HTBoïate réalise tout ébaubi la nature vivipare de l’huitre plate, comme les mammifères, comme nous (enfin pas moi personnellement), comme la vache marine et pas la tortue cistude qui est ovipare.
En comparaison de l’huître creuse, se conduisant comme la plus frivole des « cagoles », on pourrait même dire que c’est une bonne mère. De plus sa chair est délicieuse.
P.S. L’huître plate se développe de préférence sur des fonds sableux ou graveleux. Ce serait la raison pour laquelle celles du Bassin d’Arcachon auraient été appelées « gravettes ».
Thierry PERREAUD

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