13 mai 2020 – Pour l’Eyre, ce fut la crue du siècle. Voire plus ! Le niveau de l’Eyre a tant monté qu’il a dépassé la crue centennale. Le niveau de la Leyre n’a jamais été aussi haut. « Cette crue centennale a même été au-delà de ce qu’on imaginait dans les prévisions d’aléas » assure François Deluga, maire socialiste du Teich. En effet, des pluies diluviennes ont balayé le Bassin : presque 150 mm en 36 heures ! C’est l’équivalent de deux mois de précipitations à cette époque de l‘année. Le bassin d’Arcachon et le Val de l’Eyre ont été noyés sous la pluie. Les sols ont été rapidement gorgés d’eau et tout a ruisselé. «Toutes ces eaux se sont engouffrées dans les affluents pour gonfler La Leyre, explique le Parc naturel des Landes de Gascogne. Mardi matin, l’eau passe tout juste sous le pont du Passage à 8 heures et au pont de Mesplet marque la cote 2,36… du jamais vu ! » La Leyre a atteint 3,91 mètres à Pissos hier à 7 h 30.
La Leyre a donc débordé. Dans la nuit de mardi à mercredi, le niveau de la Leyre est encore monté de 15 centimètres. Le débit sous le pont de Salles était hier matin toujours aussi impressionnant mais il s’est ensuite stabilisé Plusieurs routes étaient coupées.
En descendant vers le delta, tous les alentours ont ensuite été envahis. À Biganos, les deux ports ont été sous l’eau. Elle est montée et a atteint des maisons. C’est ainsi que ce mercredi midi, un Boïen a vu sa maison en chantier remplie d’eau. « Mes bottes ont bu » expliquait-il.
Aucune habitation n’a dû être évacuée à Biganos. Au Teich, en revanche, cinq ou six maisons, à Lamothe, ont dû être abandonnées par leurs habitants. Ils ont été relogés dans leur famille. Ici, il y a de l’eau partout, dans la forêt et dans les quelques maisons. Ce mercredi en fin d’après-midi, le niveau de la Leyre redescendait. « Et puis il ne pleut plus » note François Deluga. Oui, on voit même du soleil .. Mais deux villes, Le Teich et Salles ont sollicité l’état de catastrophe naturelle. D. P. & P. G. Sud Ouest du 14 mai 2020
J’avais pour habitude de désigner « Eyre » la portion du fleuve soumise aux marées, c’est-à-dire environ les dix kilomètres de sa partie aval, depuis les environs de Lamothe. Sur les cartes IGN, l’Eyre se limite à la partie girondine du fleuve. D’autres considèrent que l’Eyre remonte jusqu’au confluent de la Grande et Petite Leyre. C’est cette dernière option que j’adopte pour la suite de mes propos.
Le mot « eyre » (eira en gascon) est, dans le principe, un nom commun, qui veut dire eau courante, rivière ; il est devenu plus tard un nom propre. « On conçoit, dit Albert Dauzat, que par suite de changement de langue ou de modification dans le vocabulaire, des appellations de ce genre, du jour où elles ont cessé d’être comprises, se soient cristallisées pour devenir de véritables noms propres » ; sa variante Leyre est due à une agglutination de l’article, phénomène fréquent en hydronymie, au moment de fixer comme nom propre ce qui n’était qu’un nom commun (1). Autre exemple : l’Olt, haute vallée du Lot, de sa source jusqu’en pays d’Olt, devient ensuite la Lot.
Réseau hydrographique au Pliocène
Le Pliocène (5 – 1,8 Ma) est caractérisé par le retrait définitif de la mer et le dépôt de marnes sableuses. C’est une période de « continentalisation » progressive du Bassin aquitain. De grands fleuves se mettent en place et aboutissent à un vaste delta dans les Landes de Gascogne.
Au début du Pliocène (-5 Ma), seuls les Landes et le Médoc forment encore une vaste dépression légèrement subsidente, périodiquement immergée lors de modestes avancées de la mer. Cette dépression est l’ultime réceptacle des sédiments continentaux tertiaires (Dubreuilh et al., 1995). Sur les marges exondées de cette dépression, une végétation arborescente se développe en milieu lacustre. Au centre, un grand fleuve, ancêtre plus méridional de la Garonne, débouche dans la zone toujours subsidente de Parentis. En dépit de cette subsidence et malgré une rapide remontée du niveau de la mer à la fin du Pliocène, la sédimentation continentale grossière maintient le domaine landais à l’abri d’une reconquête marine ; l’ensemble de la cuvette se comble. Cette “avancée du continent” s’effectue par étapes successives, bordée par des marécages à lignites
(1) – Du mot Eyre, radical de nom de rivière, Dr Peyneau, Revue des Études Anciennes, Année 1928 30-2 pp. 115-118 Étymologie contestée…