Caractéristiques du patrimoine sallois, Minoy et Poivre sur le ruisseau de Minoy, l’Esclaure, Neuf, des Gardères, Debat et Dubern (on peut y acheter la farine mais son pont d’accès n’a pas résisté aux intempéries du 11 mai 2020) sur le ruisseau de Lassieu (ou des Esclaures, ou Dubern), du Prébot, des Vaches, Mouchon et Martinet sur le ruisseau du Tronc (ou du Pébrot ou du Martinet), sont autant de toponymes attachés à l’histoire des moulins de Salles : onze ou plus (la Mole), difficile de les dénombrer car datant d’époques différentes et ont été, aux siècles passés, attachés aux différents quartiers, lieux de rencontre et d’échange.
Le promeneur, remontant les ruisseaux affluent de l’Eyre, en retrouvera les traces.
Moulin de Debat
À la fin de l’Ancien Régime, le moulin de Debat est tenu pour les « deux tierces dans la moitié » par deux marchands, les frères Villetorte, pour la moitié par Pierre Flazera, procureur postulant, et pour un sixième par Pierre Nouaux, meunier.
[« Salles à la fin de l’Ancien Régime », Gérard Aubin, extrait de « La Grande Lande : géographie historique », actes du colloque tenu au Teich au Centre permanent d’initiation à l’environnement, 19-20 octobre 1985, Jean-Bernard Marquette, 1995]
Moulin de Martinet
Le moulin de Martinet, appartenait aux chevaliers de Malte et a été acquis en 1928 par Monsieur Louis Courbin. Appartenant aujourd’hui à Mesdames Dupart et Noailles. L’exploitation de celui-ci s’arrêta en 1964. Avant 1928 ce site était un rendez-vous de chasse pour les notaires et avocats de Bordeaux (colombiers de bordeaux), à cette époque un régisseur vivait dans ce futur moulin avec son épouse.
Affleurement d’argile au Martinet.
Moulin de Mouchon
En 1764, les sieurs Baillon et Castaing, propriétaires (eux ou leurs épouses) d’un moulin dit le Mouchon, situé dans la commune de Salles, sur le ruisseau du même nom, acquièrent à titre de fief, du seigneur du lieu, « toutes les eaux composant le ruisseau appelé le Mouchon, vers le milieu duquel est le moulin de ce nom, sans toutefois rien innover aux droits dudit moulin, desquelles eaux seulement ledit seigneur s’est démis, dévêtu et dessaisi en faveur desdits Baillon et Castaing, les en a vêtus et saisis féodalement, à la condition qu’eux ni leurs successeurs à l’avenir, ou plus que ledit seigneur ou ceux qui pourraient avoir droit, ne pourront bâtir, construire ni édifier aucun moulin sur l’étendue du ruisseau, sous telle peine que de droit. » Cette concession est confirmée dans toute son étendue par le seigneur de Salles, en 1786.
Dans la décennie 1840, le sieur Pierre Dupuch (représenté maintenant par le sieur de Puységur) ayant élevé une usine sur le ruisseau, en aval du moulin le Mouchon, les dames Jautard et Debourg, propriétaires actuels de ce moulin, l’ont assigné pour voir dire qu’elles seules sont propriétaires et doivent seules conserver le libre usage des eaux du Mouchon ; en conséquence, voir faire inhibition et défense d’obstruer en aucune façon ledit ruisseau et d’en détourner le cours ; voir ordonner la destruction de tous ouvrages qui pourraient avoir été établis pour y apporter obstacle, etc. Le 10 août 1847, le jugement du tribunal de Bordeaux déclare cette demande mal fondée.
Le moulin, ou les ruines qui en restent, sont bien là mais bien cachées dans la broussaille derrière un panneau “propriété privée” qui dissuade d’aller au-delà. Ces ruines sont sur un bief un peu éloigné de la rivière comme c’est toujours le cas.
Moulin de Dubern
À 2 km environ de Salles en direction de Mios se trouve le lieu-dit Larrieu, la D 3 franchit le ruisseau de Dubern puis la première route à gauche conduit au Moulin de Dubern comme le panneau l’indique. “La route serpente dans la forêt et débouche sur le moulin. Il n’y a ni roue ni aile. Juste de grands bâtiments posés sur la rivière, à côté de l’étang. Si si, c’est un moulin. Mieux, c’est même l’un des derniers moulins familiaux encore en (forte et saine) activité.” Ici affleurent les Sables fauves, sables littoraux à continentaux du Serravallien (-12 Ma env.), formations sablo-graveleuses de l’aquifère du Mio-Plio-Quaternaire. L’affleurement se situe derrière les bâtiments : au Miocène moyen (Langhien, et surtout Serravallien), la formation des Sables fauves a recouvert une vaste étendue, depuis le Gers et la Chalosse jusqu’au nord du bassin d’Arcachon.
D’une puissance moyenne de 25 m, elle correspond aux termes inférieurs de la première séquence continentale de comblement final du bassin. Les Sables fauves n’affleurent largement que dans les piémonts du sud du bassin et dans les vallées jusqu’au sud des Landes (régions de Lembeye, Nogaro, Mont-de-Marsan). Quelques témoins septentrionaux affleurent dans la vallée de l’Eyre (secteur de Salles) et près de Saint-Symphorien, jusqu’au sud de Bazas. Dans l’ensemble, l’eau circule mal dans cette formation, compte tenu de la granulométrie plutôt fine, sauf dans les niveaux graveleux de fond de chenaux. Le talus derrière les bâtiments expose sur quelques mètres ces Sables fauves, constitués de sables roux, très fins et argileux, que l’on observe sous le Sable des Landes, lui-même ferruginisé. Un niveau de grès ferrugineux comportant de rares bivalves, et affecté de stratifications obliques, marque une petite régression dans leur sommet. Des interstratifications de sables argileux verts, plus ou moins glauconieux, peuvent s’observer dans la plupart des affleurements le long des ruisseaux de la Surgenne et de Dubern. De manière générale, ces sables sont assez bien classés, ferruginisés, généralement roux à orangés, moyens à fins, assez argileux et très micacés. Des stratifications obliques, attestant de transport dans les chenaux, sont soulignées par de petits lits de graviers.
Malgré son aspect moderne, c’est un moulin familial, un des derniers encore en activité. « Nous sommes à Salles, au moulin dont les traces remontent à Louis XIV, du temps où le meunier était dans un village non pas un personnage important mais essentiel ». Ancien moulin à eau transformé en minoterie en 1930, rééquipée en 1989, la 5ème génération d’une famille de meuniers est à la tête de ce connu, sinon célèbre à Salles, « moulin de Dubern » comme on dit encore là-bas.
Il appartient à Jean-Yves Dufaure et c’est sa fille, Isabelle, qui le gère aujourd’hui. Son arrière-arrière-grand-père l’a acheté en 1904. Mais ce n’était là encore que sa prime jeunesse car plusieurs documents prouvent qu’il existait, dès le XVème siècle et sur le même site qu’aujourd’hui, au bord de la petite rivière Dubern : d’où son nom. Le plan du site montre bien son emplacement : le cours du ruisseau, l’étang servant de retenue d’eau, et le canal l’amenant pour qu’elle tombe sur les « rouets » reliés à des meules. Un système dont l’origine se perd dans la nuit des temps et qui fait, du meunier comme du forgeron, des personnages essentiels pour la vie du village. Et ce maître du pain devient quasiment un notable lorsque son moulin échappe au contrôle du seigneur du lieu, avec la Révolution. Ce qui peut expliquer pourquoi c’est au XVIIIe siècle que le moulin de Dubern est reconstruit. Au XIXe siècle, on le retrouve, toujours solide, toujours tournant, sous le nom de « Moulin de Menespher ». Ses nouveaux propriétaires, des membres de la famille Lussau-Dufaure, l’équipent de trois paires de meules et ces meuniers continuent de ne pas dormir ! Car depuis plus de cent ans, l’institution s’inscrit vaillamment dans le patrimoine du Pays de Buch, aujourd’hui véritable témoin anachronique d’une époque révolue mais d’un patrimoine industriel à conserver. M. Dufaure explique l’étonnante solidité de l’aventure. « Cette survie ne dépend pas d’une logique économique. C’est la foi en notre métier qui fait que notre moulin existe encore ». Il est vrai qu’il s’agit du pain, un aliment symbolique dans beaucoup de religions et qui ne doit pas être maltraité. La foi, donc. Mais qui oblige, dit-il encore « à beaucoup de travail et de sérieux qui nous ont permis de maintenir le cap ». Évidemment, le moulin ancestral est devenu minoterie, des moteurs ont remplacé l’eau bien paisible du Dubern. Avec un appareil à cylindre, « double, SVP ! » et deux bluteries installés en 1930, des modifications en 1949, un moulin pneumatique en 1960, le passage du blé de broyeurs en claqueurs et en convertisseurs pour finir dans une récente ligne d’ensachage, le moulin est aujourd’hui entièrement mécanisé. Le pittoresque y perd mais la rentabilité y gagne. Il le faut bien pour assurer sept salaires et produire deux tonnes de farine de haute qualité par heure pour les pains de seigle, de blé et de pâtes à pizza. Ces produits sont vendus essentiellement en Gironde, sur un de ces circuits courts fort recherchés aujourd’hui, pour cent cinquante boulangers. « Une clientèle fidèle », se réjouit M. Dufaure qui insiste sur les bonnes relations qu’entretient son moulin avec elle. « Et nous sommes capables de les dépanner n’importe quand et à meilleur prix », ajoute-t-il, fièrement. Voilà une souplesse industrielle loin de la rigidité des trois grosses firmes qui produisent 70% du marché des farines en France et qui contrôlent même des chaînes de boulangeries. Si bien que le « Moulin de Dubern » constitue plus qu’une usine : c’est un jalon essentiel dans la longue lutte des gens d’ici pour maintenir la solidité d’un patrimoine ancestral. Les temps ont bien changé et nous voilà aujourd’hui plongés au cœur d’une sorte d’anachronisme. Un par un, les moulins ont presque tous fermé en un siècle. « L’industrialisation a tout bouffé », soupire Jean-Yves Dufaure. Sauf « son » moulin qui emploie encore huit personnes pour fournir une vingtaine de farines différentes à une bonne centaine de clients situés dans un rayon de 150 kilomètres autour de Salles.
Du moulin de 1904, peu de choses ont été conservées. Les cylindres ont pris la place des meules. Les moteurs ont remplacé l’eau du Dubern. Tout est une question d’énergie. On pourrait résumer l’histoire des hommes ainsi : une quête de toujours plus d’énergie. Jean-Yves se rappelle qu’après guerre, lui avait l’eau courante et même l’électricité, ce qui n’était pas si courant, tout ça grâce au moulin, à eau. « Il a fallu se moderniser pour produire plus et à moindre coût. C’est le même spectacle qu’ailleurs, n’est-ce pas ? » Oui, ainsi va la vie des entreprises… Certes, mais pas tout à fait quand même : « Notre survie ne relève pas d’une logique économique, avoue Jean-Yves Dufaure. C’est la foi ! Voilà pourquoi ce moulin existe encore. » Lui a cru et croit donc encore à son moulin aujourd’hui repris par sa fille Isabelle. Les Dufaure se battent donc pour survivre parmi les « gros » : « Nous avons réussi par le travail et le sérieux à maintenir le cap d’une entreprise et ne pas se faire laminer par la concurrence. » Ici comme ailleurs, la marche du monde n’ouvre pas vraiment ses bras aux moulins tels que celui de la famille Dufaure, ou sinon pour le serrer jusqu’à l’étrangler. La foi du meunier desserre donc l’étau et permet de respirer. C’est dans le pain, en effet, que l’on trouve l’un des derniers bastions résistant à la marchandisation du monde et aux franchises généralisées. « Les bouchers ont désormais du mal. Oui, il ne reste presque plus que nous. Et encore… » Pour les farines, trois firmes se partagent 70 % du marché. Les « petits » comme le moulin de Dubern ramassent les petites miettes.
Sans l’eau de la rivière, le moulin produit donc aujourd’hui 2 tonnes de farine par heure, pour les pains (seigle, blé, etc.) mais aussi pour les pâtes à pizza ! La clientèle du moulin est plutôt fidèle. « Nous sommes souvent moins chers que les gros, assure Jean-Yves. Et il y a entre nous et nos clients un climat commercial où il reste encore un peu de nous-mêmes. » Il n’y a ici rien de folklorique. Le pain n’est pas un aliment comme les autres. Le meunier ne travaille pas que du grain, mais aussi du symbole, qu’il soit religieux ou politique. Pas étonnant alors qu’il soit souvent question de foi. « Tout se rejoint », sourit Jean-Yves ! En effet…
https://books.google.fr/books?id=AA_Eum2HrXoC&pg=PA37&lpg=PA37&dq=%22moulin+de+d%C3%A9bat%22+salles&source=bl&ots=Ec-qoNyfI6&sig=ACfU3U0mS3F0P0JsIp1wrphkiYF3EN_ANw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjLs62f_IXqAhVwBGMBHXReAZE4HhDoATAEegQIChAB#v=onepage&q=debat&f=false
[Recueil général des lois et des arrêts, Volume 28, Sirey, 1849]
http://sigesaqi.brgm.fr/IMG/pdf/balade_hydrogeologique_secteur_de_salles_-_moulindubern.pdf
[Ya qu’la foi qui sauve…un beau moulin à Salles !, Jean Dubroca]
https://bassin-paradis-academie.com/2017/06/12/ya-qula-foi-qui-sauve-un-beau-moulin-a-salles/
[« Un moulin familial », David Patsouris, Sud Ouest du 14 mai 2010]
Muni d’un anti-moustique, d’un kit de survie et les boissons…
[Randonnée des moulins]
http://aquilugos.canalblog.com/archives/2013/07/30/27747796.html