« Sur tous les espaces battus des vents, d’autres [moulins] s’érigèrent au long du temps. Une carte fin du XVIIIe siècle, du temps de Louis XVI, montre au sud à hauteur du Caplande, de part et d’autre du carrefour à l’ouest le moulin de Chassin, à l’est le moulin de Broc.
Vers le S.-E., au lieu-dit Sécary, c’est le moulin de Fleury. Il y eut même, sur le cours de Craste douce, un moulin à eau, celui de la Mole (Braouet) dont je me souviens avoir vu les ruines. »
Françoise Cottin
Autrefois, dans le pays de Buch, existe au moins un moulin à vent par paroisse (sans compter les moulins à eau). La plupart cessent de tourner à la fin du XIXe siècle : l’administration exige la preuve de l’arrêt définitif de l’exploitation, pour renoncer à l’encaissement de ses droits. Le moulin est alors privé de sa machinerie et de ses ailes, et c’est pourquoi ceux qui sont encore debout autour du Bassin, se présentent aujourd’hui comme de simples tours cylindriques. C’est le cas pour les six qui nous restent : « le moulin de Bordes » à la limite des prés salés de La Teste, à Mestras, au port de Larros, dans les marais de Cantaranne près du Teich, sur la plage d’Arès, et au Porge.
Celui du Teich est relativement bien conservé puisqu’on y voit encore l’arbre qui entrainait les pales. Appartenait-il au chateau de Ruat ? La personne à qui il appartient (rencontrée par hasard lors d’une promenade) le pense et croit savoir qu’il a servi de tour de guet. Pour quoi ? Pour qui ?
Rien qu’à La Teste, il y a eu 8 moulins à vent, plus 1 à Cazaux ; on peut les retrouver dans le livre « La Teste de Buch racontée par ses rues et lieux-dits » écrit par Robert Aufan.
Symbole d’un passé révolu, les vieux moulins (à vent ou à eau) ont disparu de notre horizon, poussés hors du circuit productif par leur manque de rendement. Les grands moulins à vapeur puis ceux fonctionnant à l’électricité (produite par des éoliennes !) ont sonné le glas de ces témoins séculaires.
Moulin des Places
En entrant dans le village de La Teste par le sud, on découvre un moulin à vent avec ailes dessinées, mais il est précisé en ruines dans les minutes et c’est le seul ainsi indiqué.
En 1848, il appartient à Pierre Fleury dit Jeanriot, à Saubonna. Le parc attenant est au même propriétaire et sur ce terrain il existe une construction à cheval sur un ruisseau qui traverse la propriété, mais d’après le texte ce n’est pas un moulin à eau.
D’après la carte de 1965-1966, le quartier dit des Places est situé au N.-E. du Caplande, ceinturé par la rue du Président Carnot et la rue Jean de Grailly ; une autre carte le situe entre la rue Édouard Lalanne et la rue Desbiey.
Selon l’abbé Petit, « c’est sur la place publique ci-devant nommée Les Places que furent apportés tous les titres féodaux de la contrée et, en présence du maire, fut allumé le feu qui dévora tous ces vieux parchemins du Captalat ».
Les cartes de Masse, Clavaux, Belleyme et Cassini indiquent à cet emplacement deux moulins à vent. Nous ne trouvons qu’un exemplaire sur le cadastre de 1848.
Moulin Binard
Sur la carte de Cassini, dans le quartier des Pigues, apparaît un m(oul)in de Binard, situé à mi-distance sur une ligne allant du moulin du Pujeau aux moulins des Places.
Moulin du Pré
Sur le cadastre, nous observons une craste passant à quelques mètres du moulin dont M. Ragot nous précise « qu’elle longe le côté est de la rue du Port, va se jeter dans un estey appelé de Lavie, parce que son eau à marée haute remontait jusqu’à la place du même nom ».
En 1848, le moulin du Pré semble appartenir en indivision selon les modalités suivantes : à la Dame Veuve Taffard pour moitié, à Martin Dayan fils pour un quart et à Mme veuve Dayan, née Tambourin pour le dernier quart.
D’après les travaux de Robert Aufan, « le moulin du Pré [ou des Prés salés] proviendrait des biens des Verthamon (en fait ceux des Caupos) et aurait été adjugé le 11 frimaire an VIII par moitié à Taffard, l’autre moitié revenant à Nicolas Taffard dont la veuve Marie Marguerite de Baleste Tahard la revendit à Jean Baleste-Dubrocq. »
Ce moulin apparaît sur de nombreuses cartes : Masse (sans nom), Belleyme et Cassini (Pré et du Pré).
Il est cité dans quelques textes, notamment un manuscrit de Clément Sémiac : « Au début du 19e siècle, de la place de Lavie au moulin du Pré dont les ailes tournaient là où il y a une petite place de platanes à l’est de l’hôtel ostréicole… ».
Moulin Pujeau
Construit en 1713, le Moulin du Pujeau est sans doute celui dont la désignation a la plus varié : Peyjau (carte Sicre de Saint-Mars), Pujo (carte de Charlevoix de Villers), Pujot (carte de Cassini), Pujoii (carte du Conseil général de la Gironde de 1875), Pujoou (textes de MM. Sore et Ragot).
La carte de Masse indique sur un emplacement pouvant être attribué à ce site un « M(oul)in de Puybayx » : est-ce la première désignation de Pujeau ?
Orthographié « du Pujeau » ou « du Pujean » (cette dernière graphie faisant penser à une erreur du cartographe ou du typographe), il apparaît schématisé sur le cadastre de 1848. Tout autour une structure fait ressembler le site à une motte avec ses fossés circulaires qui sous le n° 15 sont appelés « prés salés viviers ».
Selon le dictionnaire de Moureau, en patois de La Teste, pujou signifie élévation de terrain, petit monticule.
En 1848, le moulin est en indivision entre 4 copropriétaires : Arnaud Taffard (8), Baleste-Marichon (4), Lalesque fils aîné (1) et Jean-Baptiste Dejean (1), alors que les prés salés et viviers qui entourent le moulin ne sont en indivision à parts égales (2,15) qu’entre Baleste Marichon, Lalesque fils aîné et Jean-Baptiste Dejean.
La présence d’un Baleste dans le groupe des co-propriétaires nous oriente vers un texte de Gustave Labat qui signale » un vieux moulin, situé entre la voie de chemin de fer et les importants réservoirs à poissons de la compagnie des pêcheries de l’Océan dirigées par l’honorable M. Harry Johnston, complètement démantelé, appelé à disparaître bientôt dont la porte est surmontée de l’êcusson que voici « .
Une gravure d’un auteur inconnu, publiée par M. Ragot représente probablement « le moulin du Pujoou ayant laissé la place au lotissement dit de Triscos… ».
Moulin Dutruch
En 1848, son propriétaire n’est autre que Louis Dutruch qui habite Palus, d’où le patronyme lié au moulin.
Moulin des Bordes
Autrefois, le long des prés salés, il y a une ligne de plusieurs moulins à vent qui servent d’amers, pour les bateaux qui désirent se rendre dans les petits ports du fond du Bassin. Le moulin de Bordes en est le seul survivant.
Ce moulin à vent de La Teste se trouve à l’extrémité de la rue du Moulin de Bordes.
Moulin de Bordes, ce moulin est connu sous le vocable d’Argilas (figure ainsi nommé dans certains actes, ou sur une carte de 1859) : en 1848, le propriétaire est le nommé Antonin Argilas, charpentier à Pey de Cuits et le moulin semble avoir appartenu à sa famille au moins jusqu’en 1907.
Le Docteur Christian Rocher en a été propriétaire ; réparé plus récemment par Michel Doussy,
Il est construit avec des pierres de lest, comme la digue du port du Caillou, et la plupart des maisons anciennes de La Teste. Pendant des siècles, les bateaux de La Teste transportent de la résine et du goudron en Bretagne, spécialement à la Roche Bernard et à Redon, sur la Vilaine, et rapportent du blé et de la pierre à bâtir comme lest.
Mouline de Caplande / Moulins de Sécary
Que représente ce terme ? S’agit-il d’un moulin à eau ou à vent ? D’après Jean Cubelier de Beynac qui s’est spécialisé dans l’étude des moulins de Lot-et-Garonne, une mouline correspondrait à un moulin à eau qui jouxterait une forge dite à la catalane. Si cette définition s’adapte à notre cas, nous serions en présence d’un moulin à eau, sous toutes réserves, d’autant plus que le terme de mouline est aussi employé dans la région de Pau pour désigner un moulin.
En 1848, les copropriétaires – qui à une unité près sont les mêmes que ceux du moulin de Pujeau – ont pour noms : Taffard, Bleynié, Marsillon Lalesque, Lalesque aîné et Jean-Baptiste Dejean.
S’agit-il du moulin de Chassin ou de Broc de la carte de Charlevoix de Villers au Caplande ?
En 1848, à Sécary[1], le cadastre ne mentionne pas les moulins de Chassin et de Broc mais, un moulin à vent représenté par une tour ronde, à côté du moulin à eau[2] créé par Jean Fleury en 1771.
Le moulin à eau, est schématisé au moins trois fois suivant les feuilles du cadastre avec des repères différents.
Ces deux moulins de Sécary ne sont pas contemporains.
Actuellement, on peut situer leurs positions géographiques dans un triangle qui est limité par l’avenue Frédéric de Candale, l’avenue de Bisserié et la voie directe.
Le moulin à eau de Sécary était-il alimenté par une craste ou un ruisseau ? Un document précise que le moulin à eau est édifié sur un lieu appelé « les deux Douesses, en prenant les eaux du Grand Fossé ou craste faite par la Compagnie des défrichements du Captalat, ainsi que celles de l’ancienne craste commune ».
En 1848, le propriétaire du moulin à vent est Michel Bisserié, gendre de Jean Fleury. D’après M. Ragot, » Bisserié tenait de sa femme née Fleury, une pièce de terre de 12 journaux que M. de Ruât avait concédée à Jean Fleury dit Sécary, marchand à La Teste, le 19 mars 1767, moyennant une rente annuelle de 6 livres. À cette pièce de terre était contigu un terrain dont J. Fleury avait obtenu la concession le 24 juin 1771 pour y construire un moulin à eau ». Ce moulin prendra plus tard le nom de Bisserié.
Le cadastre ne nous a pas livré le nom du propriétaire du moulin à eau, sans doute fait-il partie de la succession de Jean Fleury, ce qui est à confirmer ultérieurement. Les cartes de Belleyme et de Cassini signalent « le moulin de Céquary« , celle du Conseil général de 1875 ne mentionne plus qu’un « ancien m(oul)in de Sécary ».
Sur des documents de la famille Dousse, provenant d’actes de ventes ou de partages, le moulin à eau est qualifié de Mole de Sécary, ce qui semble bien naturel.
Moulin à eau de Villemarie
L’origine du nom écrit « Ville Marie » en 1849 est inconnue. Certainement au début un hommage rendu à une dame.
La seule trace de l’existence d’un moulin dans cette zone se trouve dans le folio de matrice cadastrale 137, section E où nous le trouvons imposé en 1859. Le premier témoignage relatif au fonctionnement du moulin de Villemarie, nous le devons à M. Tachoires, qui se souvient y avoir porté des grains à moudre avant la guerre de 14-18, ce qui ferait de ce moulin le dernier en activité.
Le grand étang de Cazau (ou de Sanguinet), dont la majeure partie appartient au département des Landes, se déverse dans le Bassin d’Arcachon ; la communication s’effectue par un canal de navigation de 14 kilomètres, avec écluses, creusé en 1836 par le duc de Blacas ; depuis l’établissement du chemin de fer, le canal est fermé à 9 kilomètres de l’étang de Cazau par un barrage en maçonnerie et en terre ; en amont du barrage on a établi, sur la rive droite, une dérivation, appelée Canal des Usines, qui communique avec le petit étang de Villemarie, et rejoint le Bassin d’Arcachon à la Hume.
M. de Ricaudy, dans un discours prononcé le 12 juin 1932, rappelle « l’autorisation accordée en 1838 par le gouvernement à la Compagnie Agricole d’Arcachon d’établir une prise d’eau sur le canal pour les besoins de l’industrie et de l’agriculture combinées, ce même gouvernement tolérant l’élargissement du déversoir des étangs de Cazaux et Biscarrosse vers Sainte-Eulalie.
Le niveau des étangs baissa de ce fait et l’eau empruntée par le contre-canal ou canal des usines à celui de Cazaux devient moins abondante ou manque tout à fait. Ainsi la force motrice de 800 CV produite par le saut du moulin fait défaut et les industriels font un procès à leur vendeur « .
Il y avait là un moulin à eau qui aurait fonctionné d’abord pour décortiquer le riz de la Compagnie, puis, après sa faillite, aurait été utilisé pour moudre les grains : moulin à riz auquel on ajoute trois paires de meules pour la mouture du blé : c’est le moulin à eau de Villemarie.
Malheureusement en 1870, premier phénomène de la mondialisation, le riz d’Indochine arrive à La Teste moins cher que le riz récolté à La Teste.
Sur une carte de 1890, il est mentionné alors une féculerie (pour les pommes de terre). C’est là que d’après Gilbert Sore, les boulangers testerins, font, vers 1900, moudre leurs grains.
Un autre témoignage relatif au site de Villemarie : « En 1894, M. Lebert envisage d’utiliser la force hydraulique de la chute de Villemarie qu’il possède pour fournir de l’électricité à La Teste ». S’agit-il de la chute du moulin ou de celles de la forge bien visibles sur le plan cadastral de 1848 ?
Vers 1925, commercialement dénommé « minoterie de la Hume » lors de sa disparition, il appartient à Victor Justel, minotier à Biganos,.
Grâce à l’autorisation de Mme Takvorian, nous accédons à un complément d’information sur la vie de ce moulin. En effet, sa mère, Mme Lehir, s’est livrée à une enquête pour « La Mémoire collective d’Arcachon » et a rencontré à cette occasion une des dernières habitantes du moulin de Villemarie en la personne de Mlle Justel. Cette dernière qui habitait alors à La Hume a évoqué quelques souvenirs sur son enfance à Villemarie et notamment l’incendie auquel elle échappa avec l’aide d’une tante, quelques années avant 1900.
En août 1995, nous faisons fortuitement la connaissance de M. Guy Levet, neveu de Mlle Justel ; pour les vacances, il habite la maison de sa tante décédée. Cette demeure a été construite sur l’emplacement d’un moulin à vapeur appartenant à Victor Justel, qui cesse de fonctionner avant 1925.
Le descendant des propriétaires du moulin de Villemarie nous a fourni deux documents publicitaires provenant de Victor Justel : une enveloppe à l’en-tête du moulin de la Cassadote (Biganos) dont il fut le gérant et une carte de visite relative à la Minoterie de La Hume.
Il nous montre par la même occasion une paire de chenets usinés, d’après lui, sur un tour installé au moulin et une plaque de cheminée en fonte avec les armoiries de la famille Justel qui aurait été fondue à la forge de Villemarie, derniers vestiges sans doute de la production de cet ensemble sidérurgique.
D’après M. Levet, la roue extérieure, qui entraîne les meules du moulin de Villemarie, est en fer et les pales en bois, avec arrivée de l’eau en partie basse.
Il semble qu’en 1848 le moulin de Villemarie n’est pas en activité, aucun des bâtiments constituant l’ensemble de ce site ne correspond à un tel système répertorié dans les minutes du cadastre. Un bâtiment, répertorié n° 218, aurait pu être assimilé ou devenir un moulin ; en 1848, il appartient à « Brothier Léon et Cie » et nous retrouvons dans le folio de la matrice cadastrale 137 cette construction imposée en 1859 appartenant à la « Compagnie Agricole d’Arcachon » ; est-elle devenue le moulin à eau ? Cette compagnie fut dissoute en 1847, une autre prit la suite sous la forme d’une association dénommée « Société ouvrière de colonisation », dont le principal mérite est de cultiver du riz dans la plaine de Cazaux ; les premiers essais ont lieu en 1847, en 1852 la récolte s’élève à 2700 hl. La culture dure environ 7 ans, le beau moulin à riz des Landes qui n’a pas coûté moins de 120 000 F. est utilisé après l’abandon du riz pour la mouture des grains du Pays. En 1900, il est en ruines… alors que d’autres témoignages le font perdurer un certain temps au début du XXe siècle.
Moulin à vent de Cazaux
En remontant le canal des Landes, le moulin de Cazaux apparaît sur le cadastre dessiné avec ses ailes. Un document, signé Pierre Castéra le 1er mars 1824 à l’attention du Conseil municipal de La Teste auquel il est demandé « l’autorisation de construire un moulin à vent sur l’emplacement d’un ancien moulin disparu à ce jour sur un lieu appelé l’ancien moulin et sur un terrain appartenant à la commune ».
Un résumé des Cahiers de doléances de la région signale que « les paroisses de Cazaux et Biscarosse réclament l’établissement d’un moulin et se plaignent que le plus voisin est à plus de deux lieues de Biscarosse… ». Ceci est troublant car nous sommes à la fin du XVIIIe siècle et il n’est nullement mention de l’existence passée d’un moulin.
La demande de Pierre Castéra trouve un écho favorable auprès des édiles testerins puisqu’ils décident le 9 mars 1824 de lui donner l’autorisation de construire « à ses risques et périls » !
Le moulin est édifié en 1848 ; le propriétaire n’est autre que Joseph Castéra, vraisemblablement le fils de Pierre.
Notons qu’un Pierre Castéra – le demandeur ? – est élu le 1er juin 1784, syndic à l’assemblée capitulaire à l’issue des vêpres avec deux Gujanais et deux Testerins avec pour mission de défendre les intérêts des habitants du Captalat de Buch.
M. Francis Taffard a interrogé des anciens du bourg de Cazaux qui situent ce moulin près de l’actuelle déchetterie. En l’absence de vestiges au-dessus ou dans le sol, il est difficile de confirmer cette supposition. M. Taffard propose 1890 comme date de la démolition de cette structure qui appartenait alors, en indivision, à Joseph et Nelson Castéra.
Sur une carte de l’I.G.N. un quartier de Cazaux et le lotissement « Les platanes de Castéra » rappellent aujourd’hui le nom de Castéra.
Moulin à eau de Braouet
En sortant du bourg, vers l’ouest en aval de la fontaine St Jean, en contrebas de la dune de Branquecouraou, nous trouvons ce moulin à l’ouest du lieu-dit de la Séoube, utilisant le ruisseau de Craste Douce formant plus loin le ruisseau de Braouet, qui se jette dans les prés salés ouest au niveau de l’ancien abattoir.
Il reste encore, en 2022, les derniers vestiges du moulin, la trace d’un four à pain complètement écroulé.
La désignation de ce moulin connait de multiples variantes. Sur la carte de Cassini il est qualifié de « moulinot », Clavaux l’orthographie « Braouette » et Belleyme – vraisemblable erreur typographique – écrit » Brauvet » ; quant à Gilbert Sore, il le qualifie de moulin de la Mole, presque un pléonasme tant le terme de mole (mouly, mouli) désigne un moulin à eau en gascon (ou en Béarn).
Dans un procès-verbal de visite du 7 mai 1808, l’ingénieur en chef Didiet et Guyet de Laprade disent que la grande dune qui domine le bourg de La Teste recouvre depuis quelques années des prés, moulins, habitations, jardins et vignes, dont plusieurs appartenaient à feu Peyjehan, inspecteur des travaux ; en 1815, les héritiers de ce dernier réclament des travaux sur des sables ayant envahi leurs terres, à Braouet et à la Montagnette, et finalement … abandonnent ces sables à l’État. Le 11 décembre 1835, un jugement du tribunal de Bordeaux rend à la famille Peyjehan, à La Teste, une partie de la dune de la Montagnette, qui avait couvert une pignada lui appartenant.
D’après M. Edgar Courtes, ce moulin a toujours été connu par les vieux Testerins sous le vocable « d’Eures de la Mole » et appartient à Mme de Salles de Hys durant une partie du XXe siècle. En 1848, il est la propriété de François Honoré Peyjehan, habitant à Labie. Jean-Jacques Hémardinquer, dans Affaires et politique sous la monarchie censitaire : un libéral : F.-B. Boyer-Fonfrède (1767-1845) paru en 1961, nous indique qu’à La Teste, Mlle de Salles de Hys est héritière Peyichan…
Le site du moulin est toujours présent dans la cartographie de La Teste, ce quartier excentré à l’ouest du bourg est situé au-delà de la voie directe. Avant l’ouverture de cette dernière, un chemin conduisait directement à ce site ; il reste une rue tronquée qui porte ce toponyme.
Signalons enfin que sur la carte du Conseil Général de la Gironde de 1875, il est fait mention des ruines du M(oul)in Braouet avec la roue d’entraînement schématisée sur le ruisseau du même nom.
Autres « usines à eau »
Évoquons les démarches entreprises auprès de la Mairie dès le début du XIXe siècle afin de créer d’autres « usines à eau » : en août 1817, Taffard La Ruade projette la construction d’un moulin à eau, au-dessus du moulin de Braouet sur sa propriété de Monbris (Moun Bris), propriété jouxtant l’ancienne route du Pyla, demande renouvelée par ses héritiers le 20 juin 1831. L’opposition de propriétaires voisins empêche cette édification.
Le 21 septembre 1832, M. Dejean « sollicite l’autorisation d’établir un moulin à eau sur le ruisseau de Menan dans la prairie dite de Saubonna, commune de La Teste » [le ruisseau de Menan rejoint le ruisseau de Rouis dans l’ancienne propriété Brulh (brasserie) pour ne plus former qu’une craste qui passe sous le marché municipal où elle est pontée].
Le 17 février 1857, M. Gabriel Duprat « demande l’autorisation d’établir un moulin à eau sur les prés salés de La Teste à l’issue de la Craste Douce« . Le préfet refuse, vu l’opposition des « propriétaires » des prés salés, notamment M. le comte d’Armaillé.
Le sieur Lacou, le 30 mars 1863, dépose une demande pour édifier une « usine à eau » sur le ruisseau de la Rioue ou Rioü ; le maire et son conseil s’y opposent le 21 avril 1863.
Dans notre Pays de Buch, il existe encore un moulin en activité ; il s’agit de celui du moulin Dubern, à Salles, datant du XVIIIe siècle, enregistré sur le premier cadastre napoléonien, construit en pierres d’alios et sédimentaires provenant des carrières de Salles. En 1987, le vieux moulin arrêtait définitivement ses meules, remplacé par une nouvelle unité construite à côté et plus adaptée aux besoins actuels. La vieille bâtisse fait l’objet d’une attention toute particulière de la part de son propriétaire, M. Lafaure, qui se fait toujours un grand plaisir d’accueillir des visiteurs curieux de ces vestiges.
« Les moulins de la Teste », Michel Jacques, Bulletin n°108 de la Société Historique et Archéologique,
https://shaapb.fr/media/pdf/bulletin/shaa-108.pdf
Bail d’exploitation des moulins de Sécary à La Teste-de-Buch pour la période du 29 septembre 1780 au 29 septembre 1785, dressé en l’étude de maître Pierre Peyjehan, notaire à La Teste. 5 mars 1780
AD Gironde, 3 E 22639
Résultats de l’enquête sur l’état des produits des moulins à grains des cantons de Blaye, Cadillac, Carbon-Blanc, Blanquefort, La Teste, Pessac, et de l’arrondissement de Lesparre
1809 – 10 feuillets de dimensions variables
AD Gironde, SP 687
[1] – Un autre site, en forêt usagère, porte le nom de Sécary, une lette du même nom prenant sa source dans un marécage voisin.
[2] – La voûte maçonnée du moulin à eau de Sécary permettant le passage de l’eau alimentant le rouet a été photographiée en 1986. Du moulin, de mémoire, Mme Boussac née Condou, petite-fille d’un ancien propriétaire, en a fait un tableau.