Alexis Kruydt, plus connu dans le pays sous le sobriquet du rouget et qui a guéri tant de malades de la région avec ses tisanes et sa bienfaisante pommade, reçoit toujours dans sa petite maison de la Hume. Il va avoir bientôt cent ans. Nous lui avons promis ainsi qu’à sa vieille compagne d’organiser une belle fête pour célébrer son centenaire.
La fête du centenaire du père Alexis, le guérisseur de la Hume, coïncida avec l’inauguration de la nouvelle chapelle de La Hume, desservie par le clergé de Gujan Mestras.
Vendredi [19 novembre 1926], à 15 heures, par une merveilleuse journée d’automne, le cercle ambulant des Abatilles se trouvait réuni sur la place des Palmiers. Il y avait là Guy de Pierrefeux, Pierre Wichegrood, le jeune cinéaste qui veut doter notre ville d’une cité du cinéma, et une spirituelle jeune fille, mademoiselle J. On délibérait sur le point de savoir quel serait le but de la promenade, lorsque notre aimable ami La Courade arriva avec son automobile et offrit de nous conduire où nous voudrions. Je demandai qu’on allât à La Hume voir le centenaire ; depuis longtemps j’en éprouvai le désir.
Ma proposition ayant été acceptée, la voiture qui nous emportait descendit la ville d’hiver, suivit le boulevard Deganne, puis la route de La Teste, traversa cette capitale où Dignac règne à la place des captaux de Buch, et s’arrêta, quelques minutes après, devant une modeste habitation. « C’est là, nous dit un indigène, qu’habite le vieux père Alexis Kruydt qui a dépassé sa centième année depuis quatre mois. Notre localité est fière de le posséder car il est une preuve vivante de la salubrité de cette région. »
Nous entrâmes dans la chambre ouvrant directement sur un petit jardin, chambre rustique mais confortable ; le vieillard était assis au coin du feu ; il avait bonne mine ; sa femme, âgée de 89 ans, mince et alerte, se tenait debout devant lui. Guy de Pierrefeux nous présenta. Le centenaire me tendit la main et me désigna un fauteuil près du sien. Une brève conversation, dont voici le résumé, s’engagea :
— Vous êtes Belge, monsieur, m’a-t-on dit. La Belgique est une noble nation.
— Oui ; je suis né à Mouland (Moelingen en néerlandais, est une section de la commune belge de Fourons située en Région flamande dans la province de Limbourg) au mois de juillet 1826. J’habite ce pays depuis ma jeunesse. J’y exerçais la profession de guérisseur. Je guérissais toutes les maladies, même la syphilis, par les plantes.
— Elles vous ont réussi car vous semblez vous porter à merveille. J’espère que vous vivrez encore longtemps.
— Cela se pourrait ; je n’ai jamais été malade ; je possède un cœur solide et un bon estomac ; mes jambes seulement sont faibles. Je ne bois que de l’eau. Le matin, à six heures, j’avale un grand bol de café au lait. Je me lève à huit heures et je me couche en même temps que les poules.
Ne voulant pas fatiguer ce brave homme, dont les facultés mentales nous parurent d’une parfaite lucidité, nous prîmes congé de lui en promettant de revenir l’année prochaine.
L’Avenir d’Arcachon des 5 octobre 1924, 28 mars 1926, 21 novembre 1926
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5422200t/f2.image.r=Kruydt?rk=42918;4
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5421856z/f2.image.r=mestras?rk=4699594;0
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54220197/f1.image.r=gu%C3%A9risseur?rk=64378;0
Philippe Jacques Alexis Kruydt, né le 16 juillet 1826 à Fouron le Comte (section de la commune belge de Fourons, située en Région flamande dans la province de Limbourg), décédé le 6 décembre 1926 à Gujan-Mestras. Marié le 21 octobre 1876 à Bordeaux avec Victoire Berthe Berland 1847-1929 dont :
- Maurice Kruydt 1869-1926 marié le 17 novembre 1897, Bordeaux, avec Jeanne, Emilie, Louise Vassant 1877-1925 ; postérité
- Alexis Jean Kruydt 1881-1946 marié le 28 novembre 1908, Gujan-Mestras avec Marie Maney 1883-1944; postérité
La Chapelle de La Hume, inaugurée en 1926, est située au carrefour de la Route des Lacs. De taille modeste, elle ne peut recevoir qu’une quarantaine de paroissiens.
Dès 1963, l’abbé Fauvarque puis, par la suite à l’abbé Ducrot, mettent à exécution le projet de construction d’une chapelle plus spacieuse qui ne voit le jour qu’en 1975 sur un terrain acheté deux ans plus tôt par le diocèse ; elle est inaugurée le 7 juillet 1976. La chapelle « Notre-Dame du Bon Accueil », est situé rue de l’Ancien Marché à La Hume.
L’ancienne chapelle est vendue en 1976. De celle-ci a été sauvegardé : le maître-autel en bois sculpté, le panneau central représentant l’Annonciation faite à Marie, la Vierge, un ex-voto, un Christ en bois doré et un petit chemin de croix. À ses lieux et place, seul demeurent un semblant de sa façade en hauteur et la forme de sa toiture puisqu’elle a été transformé en restaurant « La Vache sur le Toit ».