L’Avenir d’Arcachon de janvier 1926

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LA VIE ARCACHONNAISE,

IL Y A PRESQUE CENT ANS VUE PAR

« L’AVENIR D’ARCACHON » DE JANVIER 1926 (*)


* ET TOUJOURS ET ENCORE LE PORT …*


* « Tout est prêt pour affirmer que 1926 verra la construction d’un port à Arcachon. Mais les crassats sur lesquels il faudra le bâtir sont occupés par les ostréiculteurs. Il ne faut pas leur parler de progrès. Déjà, les voisins des paluds de Lamothe, décimés par la malaria, ne voulaient pas laisser passer le chemin de fer pour ne pas déranger les canards sauvages.

Quant aux armateurs qui refusent ce projet, ils ne tiennent pas à des droits d’accostage. Alors ? À quand un port ? »

En attendant la suite, nous avons appris l’arrivée prochaine dans notre port du chalutier Jules-Pierre qui fera partie de la nouvelle Firme G. Verdet qui arme déjà les chalutiers Fougère et Ville d’Arcachon. Ils sont exploités par la Société Nouvelle des Pêcheries à Vapeur qui arme les chalutiers du type « Les Roches ». (Cliquer sur les documents pour les agrandir).

Ce n’est que mercredi matin que les chalutiers immobilisés dans le Bassin depuis plus de quinze jours ont enfin pu prendre la mer. Le manque de poisson pendant les fêtes de Noël et de Nouvel An a causé jusqu’à 300 000 francs de perte dans chacune de nos pêcheries. Les ostréiculteurs ont aussi beaucoup souffert des méfaits de la tempête.

Les morutiers de la Pêcherie Nouvelle sont arrivés ces jours-ci de Terre-Neuve, avec une abondante provision de morues. Le capitaine d’un de ces bateaux, Paul Michelet, a reçu pour sa part plus de cent mille francs.

Les Pêcheries Cameleyre Frères vont recevoir un nouveau chalutier, « Le Brave ». Un de leurs bateaux vient de rentrer avec 25 tonnes de poissons.


* NOËL *


+ Les messes de minuit ont eu cette année un éclat particulier. À St-Ferdinand, on se serait cru dans une église bretonne tant il y avait de jolies coiffes et de jolis costumes comme on n’en voit que les jours de pardon à Ste-Anne d’Auray.

+ À St-Elme, la suave mélodie des chants sous la direction du maître Martz avait attiré la foule des parents et d’amis.

+ À Moulleau, le vicomte René Vignal, accompagné par le violoncelliste Crisafulli, a chanté le doux mystère de l’Enfant-Dieu.

+ À Notre-Dame, jamais on ne vit cérémonie plus grandiose et musique plus divine, nous transportant à la Madeleine ou à St-Eustache à Paris. Les communions furent très nombreuses.

+ Le soir, les réveillons dans les restaurants furent gais et succulents. À peine quelques bagarres dans la rue entre des ivrognes.

+ Un arbre de Noël garni de beaux jouets a été organisé par le Dr Bourdier au profit des bambins de l’école maternelle Jeanne-d’Arc. Cette fête traditionnelle a obtenu un succès complet auprès des 80 petits.

+ La fête de l’arbre de Noël de la pouponnière aura lieu le 3 janvier. Les mères et les enfants qui ont assisté régulièrement aux consultations des nourrissons recevront une prime en argent et un paquet renfermant lainages et jouets. On distribuera des oranges.


* DES AFFAIRES DE RUES *


+ « Pourquoi le vrai fondateur de notre ville, l’abbé Mouls, n’a-t-il pas encore sa rue ? Quelques-uns disent : « Ce fut un mauvais prêtre ». Mais la raison est-elle suffisante pour faire oublier son œuvre de fondateur de notre ville pour laquelle Napoléon III le décora de la Légion d’Honneur ? Il y aurait moyen de tout concilier : que sa rue s’appelle simplement rue Mouls.

Pourtant, en ce moment, on baptise et on rebaptise nos rues, ce qui occasionne bien d’erreurs. Le cours Sainte-Anne va disparaître et il sera englobé dans le cours Lamarque. La rue Alexandrine devient rue Aimé-Bourdier. La rue Latérale, rue Georges-Méran. L’avenue Méran devient avenue Peyneau.

Albert Chiché proteste : « On ne comprend pas la singulière idée de transporter Méran de l’avenue qu’il occupait dans l’aristocratique quartier du boulevard de l’Océan à la rue latérale, malpropre, située derrière la gare. Le maire à qui nous devons l’adduction des eaux du lac de Cazeaux ne méritait pas qu’on le déménageât pour donner sa place à un monsieur que peu de personnes connaissent ».

L’allée de l’Abbé-Mouls de nos jours

Et Albert de Ricaudy aussi : « Aurons-nous une rue Mouls ? Lamarque de Plaisance, notre premier maire, a son cours. Émile Pereire, le grand capitaliste qui fut l’un de nos bienfaiteurs a sa rue mais il trouva dans la spéculation un dédommagement à ses bienfaits. Deganne a son boulevard, lui qui fit aussi beaucoup pour notre station mais qu’elle enrichit. Et celui, qui, resté pauvre, conçut le projet de transformer la solitude de la petite forêt d’Arcachon en une station balnéaire moderne, qui par son intelligence, par son activité, par son ascendant, par son entregent, réussit à en faire mieux encore : une commune autonome, celui-là ressentirait l’affront d’un incompréhensible ostracisme ! »

(NDLR : Il faudra attendre 1956 pour que l’abbé obtienne sa rue.)


* UN ÉTRANGER MÉCONTENT *


+ Il a écrit ce qui suit au journal : « La vidange se fait le jour et cela pue. Dans aucune autre ville on ne voit opérer les vidangeurs avec un tel sans-gêne. À toute heure du jour, leurs sales voitures stationnent dans les voies les plus fréquentées, leurs chevaux piaffent, leurs pompe fonctionnent à grand bruit ; l’air est empestée à une lieue à la ronde.

Votre station est dépourvue d’établissements de bains confortables.

Votre tramway marche indignement. Il se traîne péniblement et va de panne en panne si bien qu’avec les caisses en sapin de M. Ortal (le gérant NDLR).

Enfin, l’eau de la ville est exécrable car elle parcourt vingt kilomètres de tuyaux. Il faut absolument la faire bouillir avant de la consommer ».

Transmis à la municipalité pour qu’elle prenne en compte ces critiques fort justes mais qui n’entament en rien le charme de notre ville.


* INFORMATIONS *


+ Dans « Le Matin » du 23, sous le titre « Ville mendiante » on peut lire : « À Arcachon, on vous réclame une taxe de 0 fr. 20 pour remplir votre réservoir de voiture. Voilà une ville à éviter ».

+ Les pannes d’électricité sont trop fréquentes. Le jour de Noël, les spectateurs du Casino ont protesté car on dut souvent interrompre la projection du film.

+ La Teste va avoir pour la Mi-Carême sa reine de la Forêt usagère, avec un cortège historique rappelant les chevaliers du Captalat de Buch. Espérons qu’Arcachon recevra sa visite.

+ Le Théâtre des Artistes va être inauguré le 1er janvier, bd Deganne prolongé Au programme « Napoléon » avec Colette Régis, Albert Brice-Caussé, Léonce Corne et Faustine Villiers. Prix des places de 4 fr à 2 fr.

+ L’Harmonie d’Arcachon donnera un concert le 3 janvier à 14 h.30, place des Palmiers. Au programme : Boieldieu, Eilenberg, Grieg, Massenet.

+ Nous demandons à la commission d’hygiène de bien vouloir visiter la dune Pontac qui est devenue un véritable foyer d’infection. Dans un bas-fond entouré de belles villas on jette les ordures des tombereaux de la ville. Les trottoirs de ce quartier sont défoncés.

+ Devant le Grand-Hôtel du Moulleau qui renferme en ce moment l’élite de la colonie étrangère, les égouts continuent de couler sur le sable de la plage, au milieu d’une nuée de méduses pourries. Il est question d’y organiser des régates de bateaux d’enfants. Quand au débarcadère, il présente toujours l’aspect de la désolation et de la ruine. Faudra-t-il le vendre à la ferraille ?

+ Les prix appliqués à partir du 1er janvier 1925 pour la fourniture du gaz et de l’électricité seront les suivants. Gaz : 0,83 le m3 ; Electricité : éclairage, 1,39 le KWh ; force motrice sans horaire : 075 le KWh ; hors pointe : 0,60 le KW ; avec compteur à double tarif : 0,65 le KWh.

+ Les mimosas commencent à fleurir, surtout chez l’horticulteur Capdepuy. Il en expédie dans toute la France.

+ Une équipe d’ouvriers étrangers, Espagnols, Italiens, Polonais, va arriver ces jours-ci à Moulleau. Ils viennent construire sept villas confortables dans le terrain que M. Veyrier-Montagnères a vendu à une société de Grenoble.

+ Nous demandions ces jours-ci à un entrepreneur pourquoi on avait arrêté les travaux de la jetée d’Eyrac, il répondit : « Et pardine, c’est parce qu’il n’y a plus un centime dans la caisse de l’État pour payer les ouvriers ! »

+ L’émission de 2400 actions nouvelles de la Société Thermale des Abatilles est un grand succès. Nous faisons savoir que l’eau peut être livrée à domicile par bonbonnes de dix litres au prix de 16 fr. 50, y compris le prix de 12 francs de consigne.

+ On a lu dimanche en chaire une lettre du Cardinal Andrieu sur le vote ds femmes et les moyens de leur apprendre à bien voter. Le curé-doyen de N.D. a commenté : « Espérons que lorsque les femmes voteront, la situation s’améliorera, à moins que ça n’aggrave le gâchis actuel. »


 * MONDANITÉS *


+ La grande modiste parisienne Lina Mouton va faire construire un magnifique chalet dans le quartier aristocratique de Pyla-sur-Mer habité par les Rothschild, Blumenthal, de Montbrizon.

+ Le célèbre docteur Cabanés hésite à acheter entre deux villas : « Clair-Logis » ou « Moulin-Rouge », à vendre depuis quelques jours.

+ Les Thés-dancings, le golf, les chasses aux renards, les concerts classiques du Régina sont de plus en plus suivis. Parmi les étrangers qui donnent de l’animation à ces réunions mondaines nous remarquons M. et Mme de la Croix d’Ogimont, prince et princesse de Lucinge, capitaine et Mme Celes, etc., etc. Le Grand Hôtel Victoria rouvrira le 20 janvier. Notre colonie mondaine va retrouver son rendez-vous préféré. Ses fêtes seront le « clou » de la saison d’hiver.

+ Aperçus à la pâtisserie du Moulleau en train de prendre le thé : le duc de Westminster qui se console de son divorce en chassant le sanglier à Mimizan, Soupault, l’as de la jeune littérature, prince et princesse Radziwill, prince et princesse de Fancigny, etc.


* PETITES ANNONCES *


+ L’hôtel-Restaurant Tivoli, 47 avenue Gambetta propose des repas à 8,50 fr, des chambres depuis 8 fr. et une pension complète depuis 20 fr.

+ Articles funéraires, grand choix de plaques de marbre au Goût Français, 226 bd. de la Plage.

+ Très bonne occasion : camionnette torpédo Peugeot, 11 CV. Voir au Bureau du Journal.

 

 

+ La papeterie Gambetta est concessionnaire exclusif des machines Underwood. Elle est aussi spécialiste des Porte-Plume Waterman.

 

 

 

 

+ Le propulseur Lutécia pour embarcation, adopté par le Génie français, les arsenaux maritimes français et étrangers, la Présidence de la République, se pose instantanément sur n’importe quel bateau et le transforme en canot automobile. Prix : 2.415 fr. Groupe amovible pour cycles et triporteurs. Prix : 950 fr. En vente chez R. Perineau, rue Albert-1er.

+ L’Économic-Agence assure un bureau de placement des domestiques. 14, rue du Casino.

+ Henri Agoust, 43 bd. de la Plage, est agent des cycles : Griffon, Labor, Bianchi, Mécano, Lucifer et Royal-Fabric. On y loue des vélos au mois et à la journée. On donne des leçons de bicyclette.

+ L’Optique française, 79, Cours Lamarque propose un bel assortiment de lunettes et pince-nez.


* ET PENDANT CE TEMPS, À DES UNES DU « PETIT PARISIEN » * (*)

« Le plus fort tirage des journaux du monde entier »


 

+ Le 1 – Paris : le gouvernement lance ses projets pour le redressement financier.

– La Seine continue de monter.

– Berlin : Une fille de Nicolas II, rescapée du massacre de sa famille, vivrait à Berlin

+ Le 2 – Washington : Vers une reprise des discussions sur la dette française

– Paris : En rugby, l’Ecosse bat la France par 30 points à 6.

– France : Angoisse dans les Ardennes inondées.

+ Le 3 – Paris : Politique du gouvernement : maintenir l’ordre public et la concorde

– Berlin : La crise économique s’aggrave.

+ Le 5 – Melun : Un curé flagellé par douze illuminés venus de Bordeaux, dirigés par Marie Mesmin.

+ Le 6 – Berlin : fondation de la Deutsch Luft Hansa, future Lufthansa.

– Paris : M. Doumer présente son plan pour restaurer les finances.

+ Le 8 – La Mecque : Les saoudites étendent leur pouvoir sur la péninsule arabique.

– Paris : Des milliers de faux billets de cent francs fabriqués à Budapest.

+ Le 9 – Berlin : La crise politique allemande se poursuit.

+ Le10– Budapest : les milieux d’extrême droite compromis dans l’affaire des faux billets.

+ Le 11 – Paris : La session parlementaire sera très chargée.

Le congrès socialiste devrait s’opposer à la participation au gouvernement. Une lutte sévère s’annonce.

+ Le 12 – Paris : La France ne doit pas renoncer à sa tâche en Syrie.

+ Le 13 – Paris : M. Herriot réélu président de la Chambre.

 Les radicaux socialistes exigent un équilibre budgétaire et l’assainissement de la dette.

Berlin : Les socialistes ne participeront pas au gouvernement de coalition.

+ Le 14 : – Paris : La commission des finances décide le principe de 500 millions d’économies. Elle va se prononcer sur une taxe de 1,20 % sur les paiements.

– Il fait très froid en France et ce n’est pas fini !…

+ Le 15 : – Paris : Conflit entre le gouvernement et la commission des finances au sujet de la taxe sur les paiements.

– Les négociations franco-allemandes reprennent.

– Il neige à Paris.

+ Le 16 : – Paris : Le conflit financier s’est atténué. La commission des finances accepte

d’établir un projet d’équilibre.

+ Le 17 : – Paris : La commission des finances adopte les vingt premiers articles du

contre-projet du cartel des gauches.

– Budapest : D’importants débats vont s’ouvrir sur les faux billets.

+ Le 18 : – Moscou : Le gouvernement des Soviets s’oriente vers la modération.

– Paris : La commission des finances adopte des articles extraits du projet Doumer et de celui des cartellistes.

 – La police contrecarre la manifestation des fonctionnaires. Deux arrestations.

+ Le 19 : – Paris : La commission des finances a établi l’ensemble du projet.

– Le raid aérien Paris-Téhéran et retour s’achève demain.

Épinal : Un gamin de 15 ans, domestique de ferme, assomme son maître après avoir étranglé la mère de celui-ci.

– Budapest : La bande des faussaires comptait prendre le pouvoir après avoir écoulé le quart des faux billets de cent francs.

+ Le 20 : – Paris : Le conflit subsiste entre la commission des finances et M. Doumer. La Chambre devra trancher.

– Berlin : L’Allemagne veut voir les effectifs militaires français réduits à 15 000 hommes en Rhénanie occupée.

+ Le 21 : -Paris : Grave affaire de trafic d’or.

– Le député communiste Doriot devant la 11e Chambre.

Cannes : Les reines du tennis, miss Helen Willis et Melle Suzanne Lenglen en pleine forme.

– Berlin : Le cabinet Luther est minoritaire. Un compromis s’impose entre nationalistes et socialistes.

+ Le 22 : – Paris : Le raid aérien Paris-Téhéran est de retour.

– Budapest : Rôle mystérieux pour l’archiduc Albert dans l’affaire des faux  billets. Il voudrait régner.

+ Le 23 : – Paris : La conférence du désarmement se prépare.

– Les forts de la deuxième zone seront délassés.

– Les commis de Bourse en grève.

– Berlin : Les droites allemandes opposées à l’entrée du Reich dans la SDN.

– Le Reichstag vote l’abrogation des lois pour la protection de la République. Racistes, nationalistes, populistes et communistes ont voté contre les voix socialistes, démocratiques et catholiques.

– Moscou : L’extension du chemin de fer de l’est Chinois : les soviétiques menacent d’intervenir par les armes contre le Chinois Tchang Tso Lin.

– Le Japon ne resterait pas neutre et soutiendrait Tchang.

+ Le 24 : – Moscou : une note menaçante des Soviets à Pékin.

Jean Painlevé

+ Le 25 : – Paris : Le cinéma au laboratoire. Une initiative e M. Jean Painlevé.

– Vers la réalisation des assurances sociales.

+ Le 26 : – Londres : Première démonstration de télévision par John Logie Bardi.

Budapest : L’affaire des faux billets s’envenime. Le gouvernement menacé par son opposition.

Alain Gerbault

– Paris : 30.000 milles sur les mers. Alain Gerbault aura achevé son tour du monde en septembre 1927.

+ Le 27 : – Paris : Le débat financier a été amorcé.

Madrid : Deux aviateurs espagnols vont relier les Canaries au Cap Vert.

+Le 28 : – Londres : Entretien Briand-Chamberlain. Ils ont discuté des effectifs en Rhénanie et des problèmes de la Société des Nations.

– Paris : Grandioses obsèques du cardinal Mercier, archevêque de Paris.

+ Le 29 : – Paris : M. Doumer demande à la Chambre un effort financier total afin de parer à une nouvelle crise du franc qui serait funeste.

+ Le 31 : – Paris : Pour financer la dette envers les États-Unis, diverses taxes sont envisagées. Celle prévue sur les automobiles est inacceptable.

: – Paris : La Ville impose une taxe sur l’affichage.

Jean Dubroca

jeandubroca@orange.fr

(*) Sources BNF/Gallica.

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Aimé

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