Le mardi 10 avril 1917, vers 11 heures, le maître marin Jean-Baptiste Lafiliére, propriétaire de bateaux automobiles, beau-frère de M Gardas et cousin de M. Lasmaries, attache son embarcation au débarcadère du Piquey, puis il monte sur le ponton. Par suite d’un faux pas, il tombe sur son embarcation et se blesse grièvement.
Dans sa chute Jean-Baptiste Lafiliére se heurte violemment le côté gauche ; un épanchement sanguin dans la région du cœur en est la conséquence immédiate.
Après l’avoir couché dans son bateau, ses amis le ramènent à Arcachon où on le hisse avec les plus grandes précautions sur la place Thiers.
Les soins d’un médecin sont de la plus grande urgence ; or, justement, le docteur Bourdier, médecin de la famille, se trouve au café Repetto où il joue aux cartes avec messieurs. On court auprès de lui pour le prier de venir de suite secourir ce blessé qui est là, à deux pas, entre la vie et la mort. M. le docteur Bourdier, alléguant que c’est son jour de repos, refuse de se déranger malgré les plus instantes supplications.
Alors on place le blessé sur une civière pour le transporter à l’hospice Saint-Dominique d’où l’on téléphone au docteur Lalesque.
Celui-ci, abandonnant en toute hâte les clients qui remplissent son antichambre, s’empresse d’arriver ; il fait poser des sangsues ; mais il est trop tard. L’infortuné Lafilière rend son dernier soupir une heure après.
Tout commentaire affaiblirait ce simple récit ; disons seulement, pour conclure, que, dans cette circonstance, M. le docteur Bourdier parait avoir gravement manqué à son devoir professionnel.
Si M. le docteur Bourdier croit devoir user de son droit de réponse, nos colonnes lui sont ouvertes.
Albert Chiché, Ancien député de Bordeaux
L’Avenir d’Arcachon du 15 avril 1917
L’Avenir d’Arcachon du 6 mai 1917
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6147897s/f1.item.r=piquey.zoom