Recto d’une enveloppe postale andernosienne presque centenaire :
Huîtrières modernes ; modernité ancienne versus modernité moderne ; couteau inoxydable national et opiniâtreté des métallurgistes de la perfide Albion ; triomphe de la coutellerie nationale et ostréicole ; suspense insoutenable.
Huîtrières modernes ; modernité ancienne versus modernité moderne ; couteau inoxydable national et opiniâtreté des métallurgistes de la perfide Albion ; triomphe de la coutellerie nationale et ostréicole ; suspense insoutenable.
Huîtrières, voilà un terme qui n’est plus vraiment à la mode pour désigner les exploitations ostréicoles. Même le modernisme de celles d’Andernos, pourtant vantée sur le recto de cette enveloppe imprimée dans les années 30, n’a pas suffi à faire perdurer après-guerre cette belle appellation.
Le caractère moderne de ces huîtrières, outre la collecte du naissain sur tuiles chaulées, était dû à une ostréiculture faisant appel au concours des ambulances, cages de bois fermées par un treillage métallique destinées à faire grandir les huîtres de moins de dix-huit mois, et à l’élevage en claires, ces dernières étant constituées de « vastes carrés de sable encadrés d’un petit talus de terre glaise dans lequel un système d’écluse maintient toujours environ 30 cm d’eau » (François Coppée, « Le Critique en vacances, Lettres de voyage à M. Eugène Guyon, Directeur de La Patrie », 1886).
On le suppose, le modernisme ostréicole du XIXe siècle avait toujours cours dans les années 30 et procédait d’une science (et d’un travail) dont se passent les ostréiculteurs d’aujourd’hui, tout comme d’ailleurs la qualité des huîtres produites.
On le suppose, le modernisme ostréicole du XIXe siècle avait toujours cours dans les années 30 et procédait d’une science (et d’un travail) dont se passent les ostréiculteurs d’aujourd’hui, tout comme d’ailleurs la qualité des huîtres produites.
Que dire du couteau à huître « L’ostréiculteur », ustensile tout aussi inoxydable qu’il est nouveau et dûment déposé ? Que la chose atteste indubitablement et pareillement de la modernité andernosienne.
Les jeunes générations, seraient-elles même HTBoïates, se doutent elles que l’acier inoxydable n’est utilisé pour les objets courants que de manière relativement récente ?
Comme pour bien des inventions, c’est un Français, le polytechnicien Pierre Berthier, qui est à l’origine de la découverte des propriétés des aciers résistants à base de chrome et ceci dès le XVIIIe siècle — il imagina même leur application en coutellerie. Comme souvent dans notre pays, cette découverte-là n’en fit pas remuer l’une sans toucher l’autre aux industriels et il faudra attendre 1913 pour que l’Anglais Harry Brearley, cherchant à améliorer les canons d’armes à feu — le militaire a souvent été source de progrès —, développe un acier baptisé « rustless » (sans rouille) puis « stainless » (inoxydable). Les Français, en l’occurrence les usines savoyardes de la « Société d’électrochimie, d’électrométallurgie et des aciéries électriques d’Ugine », reprirent la main en 1925 en mettant au point une méthode permettant d’obtenir un acier inoxydable à la fois pur, fiable et bon marché.
On s’aperçoit conséquemment qu’une dizaine d’année seulement après que la production nationale en permissent la fabrication, le nouveau couteau à huîtres « L’ostréiculteur » possédait déjà une lame inoxydable.
Les jeunes générations, seraient-elles même HTBoïates, se doutent elles que l’acier inoxydable n’est utilisé pour les objets courants que de manière relativement récente ?
Comme pour bien des inventions, c’est un Français, le polytechnicien Pierre Berthier, qui est à l’origine de la découverte des propriétés des aciers résistants à base de chrome et ceci dès le XVIIIe siècle — il imagina même leur application en coutellerie. Comme souvent dans notre pays, cette découverte-là n’en fit pas remuer l’une sans toucher l’autre aux industriels et il faudra attendre 1913 pour que l’Anglais Harry Brearley, cherchant à améliorer les canons d’armes à feu — le militaire a souvent été source de progrès —, développe un acier baptisé « rustless » (sans rouille) puis « stainless » (inoxydable). Les Français, en l’occurrence les usines savoyardes de la « Société d’électrochimie, d’électrométallurgie et des aciéries électriques d’Ugine », reprirent la main en 1925 en mettant au point une méthode permettant d’obtenir un acier inoxydable à la fois pur, fiable et bon marché.
On s’aperçoit conséquemment qu’une dizaine d’année seulement après que la production nationale en permissent la fabrication, le nouveau couteau à huîtres « L’ostréiculteur » possédait déjà une lame inoxydable.
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Verso de la même enveloppe postale presque centenaire :
Pulpeuse parqueuse et huîtres anciennes ; jetée de concours ; souvenir d’une Floride imaginaire et plus belle plage du bassin ; bon vieux temps des colonies insubmersibles ; transports amoureux et en commun ; propagande bienveillante ; attente esquimaude de l’auteur.
Amis aussi numériques qu’HTBoiates, il paraîtrait que vous ayez été sages… Je dévoilerai donc bien volontiers le verso de cette enveloppe glanée il y a quelques années chez le bouquiniste d’Andernos (près du carrefour de Mandrin).
Le dessin est charmant, on y remarque au premier plan une parqueuse, dont la plastique et la tenue démontrent s’il en était besoin que le port de la benaise n’exclut pas le sex-appeal. Elle porte fièrement sur son bras un panier d’huîtres portugaises — les gravettes avaient hélas déjà quasiment disparues — issues des modernes huîtrières dont je vous entretenais hier, tandis que l’arrière-plan décline tous les stéréotypes du pays de Buch : des pins, des fougères, une belle villa sur son rivage, des jeunes gens sortis des tentes de plage jouant sur cette dernière et des voiliers voguant sur les flots.
Nous sommes à Andernos (curieusement l’imprimeur a oublié qu’Andernos devint Andernos-les-Bains en 1897) et les lieux emblématiques de ce gros village boïate sont bien représentés : l’orgueilleuse plus longue jetée du bassin (230 mètres), construite en 1926 ; le casino Miami, magnifique édifice de style art-déco édifié par l’architecte Géo Contant pour le compte de Marcel Baché, inauguré en 1932, dont on aperçoit le sommet d’une des tours mauresques surmonté d’une flamme distinctive ; et en arrière-plan la pointe si romantique des Quinconces coiffée de l’avant-garde des pins de la dense forêt andernosienne d’alors.
Nous sommes à Andernos (curieusement l’imprimeur a oublié qu’Andernos devint Andernos-les-Bains en 1897) et les lieux emblématiques de ce gros village boïate sont bien représentés : l’orgueilleuse plus longue jetée du bassin (230 mètres), construite en 1926 ; le casino Miami, magnifique édifice de style art-déco édifié par l’architecte Géo Contant pour le compte de Marcel Baché, inauguré en 1932, dont on aperçoit le sommet d’une des tours mauresques surmonté d’une flamme distinctive ; et en arrière-plan la pointe si romantique des Quinconces coiffée de l’avant-garde des pins de la dense forêt andernosienne d’alors.
Cette époque-là est celle des années d’avant-guerre qui vit Andernos s’enorgueillir du titre de plage des enfants pour laquelle les nombreuses colonies andernosiennes fournissaient des contingents conséquents — la surveillance de ceux-ci était facilitée par le fait que, comme le disait ma grand-mère, « pour se noyer à Andernos il faut être un bon marcheur. »
Andernos-les-Bains revendique même en ce temps le nom de Bordeaux-Plage. Cette appellation d’origine non contrôlée n’est pas tellement due aux estivants arrivant par les trains de plaisirs du chemin de fer de la CFE, qui obligent à passer par Facture et dont le trajet depuis Bordeaux nécessite deux heures et demi, mais est plutôt le résultat des efforts d’un hardi entrepreneur, Pierre Pons (sic), qui dès 1927 lança des autocars sur la route de Bordeaux à Andernos. Il faut remarquer que mon grand-père, l’épicier René Perreaud, étant le seul dans ces années-là avec Pierre Pons à emprunter régulièrement cette route, contribua tout autant au remblaiement des innombrables nids de poules qui minaient alors cette future quatre-voies.
Andernos, cette plage des enfants, ce Bordeaux-Plage, méritait bien qu’un comité général de propagande vante ses mérites. Cet ancêtre du syndicat d’initiative actuel faisait donc de la propagande, ce qui en cette fin des années 30 n’avait pas la connotation péjorative qu’on lui connait depuis l’après-guerre.
Voilà donc ce que je pouvais dire du verso de cette enveloppe et j’attends vos réactions et compléments d’information, comme d’habitude avec la même impatience que la dame Inuit dont le mari est d’équipe de nuit dans la fabrique d’esquimaux du coin.
Thierry PERREAUD
Sur le dessinateur : Jubien Mika