Croquis du Bassin – Au Lapin Blanc

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Hé, adieu ! Passager de la machine à promenades à propulsion vocale, rappelle-toi que  l’engin de Radio Côte d’Argent navigue aussi bien dans le temps que dans l’espace géographique. Ce qui fait que te voilà embarqué pour voyager dans la commune libre du Lapin-Blanc, officiellement fondée le samedi 27 septembre 1997, sur le coup de 17 h. 30. Le Lapin-Blanc… Cet original  quartier se glisse entre la pointe de l’Aiguillon au nord-est et les prés salés testerins, à l’ouest. Un curieux nom, Lapin-Blanc. D’après Jacques Ragot, il viendrait des essais de plantation d’espèces de bouleaux réalisés en ces lieux en 1804, de véritables sapins blancs. De sapin blanc en lapin blanc, il n’y a que l’espace d’une seule lettre qui, d’un nom banal, a produit une espace insolite. D’autant plus insolite que le Lapin-Blanc se trouve partagé en deux parties, l’une sur La Teste, l’autre sur Arcachon. Si bien que, dans certains appartements de la résidence Arcachon-Marines, l’on cuisine à La Teste et l’on déjeune à Arcachon … De quoi développer chez les résidents le goût des voyages lointains.

Monde étrange aussi que ce Lapin-Blanc où une frange de cabanes ostréicoles précède un monde de petites maisons basses, pourchassées par des hauts immeubles autant cossus qu’incongrus dans ce monde tranquille où les hérons pataugent, où les treilles fleurissent sur les cabanes et où des carcasses de bateaux agonisent au bord d’étroits esteys verts et bleus.

C’est donc juste en bordure de ce monde d’autrefois que la commune libre du Lapin-Blanc a vu le jour, exactement dans l’axe de la rue Jean-Michelet, le nôtre de Michelet, celui qui a trouvé le moyen génial de récupérer le naissain d’huîtres sur les tuiles ostréicoles. Il était donc normal que l’histoire du Bassin proliférât en un tel lieu.

Dès les premiers instants de vie de la commune libre du Lapin-Blanc, Gérard Marty, le président de l’association qui la porte sur de laïques fonts baptismaux, précise les conditions de sa naissance, face à des esprits chagrins qui auraient pu croire, dans la bagarre économico-politique qui se livrait alors autour de cette zone convoitée, qu’ils s’agissait d’une scission, d’une volonté pernicieuse d’autonomie, voire d’une rébellion, prémices d’une révolution. Pas du tout ! Pas du tout, répète le président Marty : “Cette cérémonie folklorique vise à manifester notre attachement au travail ancestral des hommes qui ont façonné le Bassin”. Et comme la démocratie et la parité des sexes règnent en ces lieux, il est même décidé, par acclamations fortes et unanimes, que le siège de maire de la commune libre du Lapin-Blanc sera, chaque année, occupé alternativement par un homme puis par une femme. La tradition s’est maintenue jusqu’à nos jours.

Et les acclamations reprennent de plus belle lorsqu’il s’agit d’élire Nadine Dalbos à ce siège si important. Elle appartient à l’une des plus anciennes familles du quartier. D’ailleurs, lorsqu’elle reçoit l’écharpe blanche brodée main, insigne de sa fonction, Nadine Dalbos, fleurie comme une jeune mariée,  prononce cette historique parole à graver dans les planches de toutes ces cabanes centenaires : “Si ma mère me voyait !”. Puis elle procède à son premier acte très officiel : l’inauguration de la stèle du Lapin-Blanc, cachée sous une draperie accrochée à une paroi de cabane. Nadine Dalbos tire le cordon et l’assistance, médusée, voit surgir un lapin en plâtre, dévorant une carotte plus grosse que lui.

Afin d’éviter que l’on voie là une allégorie politique, Gérard Marty précise alors : “Cette œuvre rare était l’exemplaire unique d’une décoration qui dormait au fond d’un tiroir de Bricomarché, depuis son ouverture”. Mme le maire souligne à son tour que la stèle est tout à fait à la mesure des moyens de la commune libre du Lapin-Blanc mais qu’elle signifie bien l’attachement de ses concitoyens à cet espace.   Après quoi l’assistance, ravie et enthousiaste, entonne “La Chanson du Bassin”, dans un chœur dont l’approximation musicale est éclipsée  par la bonne volonté de chacun et par la sincérité de l’interprétation. “Est-il des coins plus enchanteurs sur la Terre ?” demande l’impérissable  chanson écrite par Pierre Denjean. Passager  de notre machine à promenades, tu sais bien que non. Il n’en existe pas. Ou alors, il faut beaucoup chercher …  Allez, à demain … 

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Aimé

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