Chronique n° 062 – Les rues à la rescousse

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Qui est le père de la cité arcachonnaise ? Certes, la tombe de Lamarque de Plaisance indique « Vir probus, pater civitatis« . Cependant, Deganne a marqué d’une empreinte physique très forte la ville nouvelle. « L’Étranger de distinction », dont nous avons parlé, a dressé son panégyrique dans une brochure parue en 1883 chez Delmas, à Bordeaux. Après y avoir rappelé la part active prise par Deganne dans le chantier du chemin de fer vers Arcachon, son admirateur détaille dans le chapitre II, « Les voies publiques créées par M. Deganne ou à l’ouverture desquelles il a contribué ». Certes, il s’agit pour le châtelain d’Arcachon, de mettre en valeur les terrains qu’il vend, mais il n’en reste pas moins que le bilan est important et que souci esthétique est bien là.

Et notre auteur anonyme de rappeler « que c’est M. Deganne qui, à ses frais, a ouvert, nivelé, empierré, garni de bordures de trottoirs en granit et même, sur certains points, pourvu de réverbères et de la canalisation de l’eau et du gaz, le boulevard Deganne, l’avenue Nelly-Deganne, la vaste place circulaire que traversent ces deux magnifiques voies ». C’est la place du monument aux morts, bientôt ornée, à l’époque, d’un vaste bassin circulaire et dénommée place Deganne. Ces travaux de voirie, Deganne les étend au cours Sainte-Anne, à partir de l’avenue Euphrosine. Il s’agit des actuels cours Lamarque-de-Plaisance, suivi par le cours Héricart-de-Thury et de l’avenue Gambetta, dans sa partie horizontale. Il met aussi en viabilité l’avenue Lamartine et celle du Château, actuelle avenue du Général-de-Gaulle, qui, entre parenthèses, fut aussi celle du Maréchal-Pétain, en des temps sombres. On compte aussi, dans les travaux que finance Deganne, quatre cents mètres sur le cours Desbiey, deux cents mètres sur la rue du Vingt-Juin, plus la place Tartas -actuelle place Roosevelt- plus cent soixante-dix mètres dans l’actuelle rue Molière.

À l’est, on met aussi au bilan de Deganne les huit cent quarante mètres de l’avenue Alexandrine, l’actuelle rue des Mérics. Alexandrine, c’est le prénom de l’épouse du neveu de Deganne, son héritier, Fernand de Maupasant. Ajoutons à son palmarès, six autres rues dans ce même quartier de l’Aiguillon et encore cinq voies de plus, à l’ouest. Ainsi, le biographe de Deganne arrive au total impressionnant de onze kilomètres de voies diverses représentant une superficie de 180 000 mètres-carrés. Ce qui équivaut, au prix moyen du terrain à l’époque et avec les frais annexes, la jolie somme d’un million cinq cent trois mille francs, donnés pour l’ouverture, l’élargissement ou le redressement de voies publiques d’Arcachon. Quant à l’aspect esthétique de ces voies, il faut bien admettre qu’il relève, pour beaucoup d’entre elles, d’un plan urbain équilibré, élégant et même majestueux, dans l’esprit haussmannien et qui a le gros avantage … de valoriser les terrains que vend Deganne. Mais son action de bâtisseur ne s’arrête pas là. C’est une autre histoire.

À suivre…

Jean Dubroca

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