À près d’un myriamètre de Moustey, en revenant sur la route actuelle, la chapelle ogivale de Liposthey, annexe de Pissos, est fondée sur des substructions romanes d’une église plus spacieuse ; un hôpital, vite disparu, aurait existé…
À 11 km de Lyposthey, Labouheyre (La Boulière, La Bouhère) autrefois connue sous le nom d’Herbefaverie ou l’Herbe Fanée, avait remparts et portes : à l’origine, un petit château y fut établi, entre celui de Belin et celui de Laharie, sur le grand chemin de Bordeaux à Dax, un des principaux chemins vers Compostelle qui suivait le tracé de l’ancienne voie antique Ab Asturica Burdigalam (de Bordeaux à Astorga en Espagne) ; le lieu n’est cependant pas cité comme étape par l’Itinéraire d’Antonin au IIIe siècle.; l’évêché d’Acqs y fut transféré en 900.
Ce n’est qu’en 1220 qu’il en est, pour la première fois, fait mention dans un document écrit. Il y est désigné Herbefauere comme castrum : « Rex custodi de Herbefauere, salutem. Sciatis quod commisimus dilecto et fideli nostro [omitted] totam terrain nostram Pictavie et Wasconie, cum omnibus pertinenciis suis que ad nos pertinent, custodiendam quanidiu nobis placuerit. Et ideo vobis mandamus quod castrum nostrum de Herbefaure cum pertinenciis suis, quod est in custodia vestra, eidem Philippo liberetis et eidem Philippo, tanquam senescallo nostro, sitis in omnibus que ad nos pertinent intendentes et respondentes. Vosque rogamus quatinus in fide que nobis tenemini eidem Philippo consilium et auxilium quod poteritis, ad honorem nostrum et conservationem et defensionem terre nostre, faciatis. Ita quod ad grates vobis inde teneamur et fidem vestram rnagis habeamus commendatam. Teste ut supra… » Le terme Herbefaureest repris dans un acte de 1221 « Et ideo vobis mandamus quod castrum nostrum de Herbefaure cum pertinenciis suis quod est in custodia vestra … »
(Patent Rolls of the reign of Henri III 1216-1225 p 251 et 276 (4 nov 1222),
Un couvent hospitalier des Carmes, dont une partie existe encore, y est fondé pour les pélerins de Saint-Jacques. L’église est dédiée à Saint-Jacques et son portail est orné de coquilles. Félix Arnaudin évoque également une fontaine en pierre, disparue, dédiée à Saint Jacques, à quelques pas d’un pont dit Pont-du Roi.
Les Rôles Gascons de 1254 (n° 3202) évoquent le « castrum de Erba Faveria », ou, en 1304, (n° 4645) la garnison de « Herbe Faverie ». De même, un acte de 1373 (Archives historiques de la Gironde T XII p 339) cite le « capitaneo castri Herbe Ffaverie, super garnisturam et tuicionem dicti castri ». On retrouve toujours, soit les habitants, soit la baillie, soit le prévôt d’Herba Faveria ou Herbe Faverie dans les Rôles de 1305 (n° 4931, 4906, 4947, 4959 et 4995). Le château est attesté tout au long du Moyen Âge. Puis une petite agglomération naît au pied de la motte féodale, avec ses coutumes et libertés accordées dès 1241 par le roi duc anglais. Ainsi, en 1289 (n° 4475) il est fait mention du « castro nostro » et de la « clausure vero castri de Herba Favera » évoquant une enceinte …vraisemblablement en bois, mais aussi (n°1087 et 1423) de la « villarum seu locorum nostrorum Herbe Faverie » et des « hominum nostrorum habitatorum » de la « villa ». Ce qui laisse penser à un bourg clos. Un acte de 1304 (n° 4632) évoque la « claudendum villam nostrum de Herba Faveria ». Ces recueils d’actes relatifs à l’administration des rois d’Angleterre en Guyenne durant le XIIIe siècle mentionnent le lieu à diverses reprises, mais sous de multiples variantes. On peut ainsi y lire Herbam faveriam, Herba faveria, Herba feverea, Herba faveira, Herba favera, herba fabaria … (Cf. Rôles gascons – édition Charles Bemont – Impr Nat – 1885-1962 Tome 1 à 4 et Suppl. T 1)
Parfois le lieu est simplement nommé Faba (n° 2219)
Au XIIIe siècle, la Chanson de geste de Gui de Bourgogne accompagnant Charlemagne vers sa conquête de l’Espagne y fait référence ainsi sur le chemin entre Bordeaux et Dax ; le vers 306 ou 366 :
« De ci que à Bordele panserent de l’errer ;
Là trespassent Gironde à barges et à nez ;
Par le milieu des landes se sont acheminé,
Et costoient Belin, une povre freté.
Deci que à la Faue ne se sont aresté ;
Li enfant la trespassent, s’ont le chemin trové.
Iluec virent le bois que Karles fist planter.
Jusc’à Ais en Gascogne ne se sont aresté »
On trouve aussi dans le roman de « Jehan de Paris » daté de la fin du XVe siècle la relation du chemin pris par un roi de France et un roi d’Angleterre de Bordeaux à Bayonne pour se rendre en Espagne : « Ung jour comme ilz chevauchoient entre Eibe Faviere et Bayonne, il se mit tres fort a plouvoir… (1)» L’histoire romanesque de Jean de Paris, roi de France « lequel fict de grandes prouesses » n’était rien autre chose qu’une allusion enjouée, piquante et assez fière, aux luttes incessantes que le vainqueur de Marignan, le vaincu de Pavie, avait eu à soutenir contre les divers princes de l’Europe et particulièrement contre le roi d’Angleterre Henri VIII et contre Charles Quint, empereur d’Allemagne et roi d’Espagne, comte de Flandre, duc de Milan, souverain de Naples et des Indes.
Cela se perpétue jusqu’au dernier quart du XVIe siècle avec de nouvelles variantes comme Erbafabeire ou Erbefaveyre. Herbe pourrait faire référence à ce que pouvait être cet endroit humide et fertile en herbe au milieu de la vaste lande déserte qui l’entourait à l’époque. Mais pourquoi y a-t-on ajouté Faverie ? Mystère et boule de gomme ! Certains interprètent herbe faverie comme herbe fauve, ou herbe fanée (Chanson des pèlerins) … et même herbe à miel (du latin favus, rayon de miel), tant il est vrai que la lande a longtemps fourni du miel. Selon le médiéviste Antoine Thomas, le latin herba faveria en latin aurait donné herbe favière en français et herbe faveyre en gascon, qui serait alors un lieu planté de fèves, dérivé du latin faba et gascon haba (fève). Mais, en cherchant bien on peut aussi trouver que faverie peut signifier forge à partir du latin faber, ou que faveria fait allusion à une arme blanche de jet du genre de l’épieu de guerre. Cette même racine latine faveria sert également de base à toutes sortes d’insectes lépidoptères qui ferait de l’herbe faveria une herbe à insectes rappelant les observations des pèlerins du Moyen âge (bien que les lépidoptères soient chenilles ou papillons)
La paroisse porte encore ce nom en 1523. Brusquement, à partir de 1571 le seul nom utilisé avec quelques variantes est Laboheire (Supplique à la reine jeanne d’Albret du 12 octobre 1571) repris par Henri III de Navarre dans ses lettres de confirmation de 1583. À ce sujet, l’opiniâtre Félix Arnaudin a relevé qu’en 1254 le château était possession d’un certain Willelmus de Boere (Rôles Gascons n°3012) ou de La Boere (Rôles gascons n° 4096) ou encore de Laboheria (Rôles Gascons n° 4295), pour le compte du roi d’Angleterre Henri III. Reste à savoir si celui-ci aurait pu donner son nom au lieu, ou qu’au contraire il prit le nom du lieu. Le fait est que la dénomination de Laboheire et ses variantes n’apparaissent sur les documents écrits qu’au XVIesiècle. Les privilèges de la baronnie obtenus en 1608 y qualifient le roi Henri de Navarre, duc d’Albret, de baron de « Laboheire ». En 1711 et 1747, le duc de Bouillon, duc d’Albret, est qualifié de baron de « Laboheyre » (d’ailleurs, le château et la motte du dit lieu y sont encore mentionnés). L’ancienne appellation subsiste cependant dans L’Acta Sanctorum, vie des saints publiée en 1668, évoquant le passage de Saint Léon dans les landes sur le chemin de Bayonne dont il devint le premier évêque – et roi… de Bayonne – au IXesiècle. Le récit mentionne : « Quo in itinere, cum ad locum qui Fauerio dicitur » puis, plus loin, la « villam quae vocatur Herba-felbaria » (Acta Sanctorum – Martii- tome 1 -p 93-94)
On a dit que ce toponyme de Labouheyre et ses diverses variantes pourrait provenir d’un mot gascon issu d’une forme vulgaire dérivée du latin bovis (bœuf) avec un suffixe aria (étable ou endroit où on élève des bœufs) comme bovaria, bouer, bouere, bouviere, ou borie, boyre, boyrie, bouer, bouere, bouvière, boueyre. Boueyre serait alors un nom de lieu-dit désignant un endroit où on élevait des bœufs ; à l’origine, ce nom désigne également l’habitant de cet endroit. Plus généralement ce terme semble avoir eu au cours du moyen âge le sens de ferme isolée ou métairie (boaria). D’ailleurs, Félix Arnaudin indique un quartier de La Boyre semblant justifier l’existence ici d’un important élevage de bovins. Pour d’autres, le nom de la commune provient des foires qui s’y déroulent. Ainsi, « la bonne foire » se disait « le boune heuyre » en patois gascon (Elysée Reclus-Dr Sorbets). Il est vrai que les foires annuelles de Labouheyre (Trinité et saint Mathieu) sont célèbres, mais rien ne prouve leur ancienneté que certains font remonter à l’époque gallo-romain ; cette célébrité daterait-elle alors seulement du XVIe siècle pour en faire désigner le lieu ?
Une autre hypothèse indique que Labouheyre et ses formes anciennes Laboherie ou La Boere, viendraient du gascon Haboera signifiant … on y revient !
Une bouhère désigne aussi le tertre d’une taupinière. Avec un peu d’imagination on peut alors penser à l’impression que pouvait donner la vue de la motte du petit château dans le paysage de la lande rase. Félix Arnaudin a parlé du Labouheyre ancien, comme un lieu de quelque importance, défendu par une double enceinte de murs et de fossés. Il en voyait la trace au nord-est du bourg dans « quelques tronçons d’une rue dallée, à laquelle la forme concave de son lit semblerait assigner une origine antérieure », et non loin de cette rue « qui sortait vers l’est par une porte à pont-levis, dont le cintre subsistait il y a trente ans à peine », dans les « restes d’un mamelon artificiel, dont la destination est débattue (un tumulus peut-être, lequel dès lors serait au moins contemporain de la voie romaine) ». Ce tumulus et cette rue dallée seraient ainsi « avec les traces de la voie romaine que l’on croit reconnaître sur le territoire du village et auxquelles la tradition donne toujours le nom de Camin roumiou », les seuls vestiges de cet obscur passé. « Située sur la route qui, dès le moyen âge, suivait la direction et quelquefois le tracé de la voie romaine, cette localité dut probablement posséder l’un de ces nombreux hospices que saint Louis fit échelonner sur le chemin des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Une fontaine en pierre, qu’on voyait autrefois dans le village à quelques pas d’un pont qui porte le nom de Pont-du-Roi et dédiée à saint Jacques comme l’est encore l’église, datait peut-être de cette lointaine époque ».
Selon Bénédicte Boyrie-Fenié, spécialiste de la toponymie de la Grande Lande, Laboheire pourait finalement n’être qu’une altération populaire progressive depuis les variantes d’Herba Faveria vers Herba faveyre puis Herbe fabeyre, Fabeyre, Habeyre, Habouet, Heyre, Boheyre, Bouheyre … C’était déjà l’opinion d’Antoine Thomas pour qui c’était bien une évolution linguistique et non une substitution arbitraire d’un nom a un autre qui aurait donné naissance à la forme actuelle de Labouheyre. (Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 70ᵉ année, N. 1, 1926.)
Pour Albert Dauzat, s’intéressant à Labouheyre, l’étymologie bovaria, qui a été alléguée, ne résiste pas à l’examen : la région ne s’est jamais prêtée à l’élevage des boeufs ; ensuite l’h est attesté, dès les plus anciens textes (on sait que l’h gascon postule f gallo-romain.) Laboheria, forme latinisée de 1254, représente donc le même type que les Boufière-Bufière (avec f ou ff) répandus sur notre territoire : La Bouffière (Tarn-et-Garonne), Buffière (Aveyron 2, Isère 2, Loiret, Nièvre, Saône-et-Loire 2), Pierre-Buffière (Haute-Vienne) et sans doute Bruffière (Vendée). Il s’agit de dérivés du verbe bofar-bufar (fr. boufer-bufer), « souffler », cad. « endroit où souffle le vent. » Hypothèse confirmée par les Buffevent (Drôme, Puy-de-Dôme), Buffeben (Lot-et-Garonne). Nom qui convient à merveille à Labouheyre, dans une lande qui, avant la plantation des pins, était exposée à tous les vents.
Notice sur la Bouheyre, par Saintourens. — Lettre de M. Blazon, curé de la Bouheyre.
Au sud de Labouheyre et aux environs de Belloc une chaussée porte le nom de Camin Roumiou selon Tartiere et Vielle. L’hôpital de Saint-Antoine-de-las-Traverses aux environs de Belloc (commune d’Escource (2)) est le siège d’une commanderie et un relais pour les pélerins de Saint-Jacques. Après de dures étapes à travers les landes désertes, c’est un refuge fraternel dans lequel ils sont reçus par les chevaliers chargés de les protéger (probablement des templiers). À l’époque, Saint Antoine de las Traverses se compose d’une chapelle dans laquelle il y a 3 autels et à coté un petit logement en bon état. L’hôpital et sa chapelle sont incendiés deux fois, en 1569 puis en 1700. L’hôpital est encore mentionné en1718, mais il est de plus en plus abandonné et dans un état de délabrement avancé. En 1762 les chanoines inféodent le lieu à une rente de 625 livres. C’est ainsi que la commanderie échut en 1767 à Jean-Marc Darricau, maître de poste à Belloc, père d’Augustin le futur général d’empire, mort à Wagram. Peu à peu la chapelle est démolie. Dans les années 1800 les ruines de Saint Antoine sont un point de ralliement pour les bergers et leurs compagnes qui y organisaient des bals improvisés où les chants sont accompagnés du claquement des sabots sur les dalles de terre cuite et du tintement de la clochette ; cette clochette est la seule relique qui subsiste de la chapelle et se trouve actuellement placée au-dessus de la sacristie de l’église Saint-Martin. On raconte qu’après la retraite d’Espagne, face à la menace de l’armée anglaise, les troupes de Napoléon conduites par le général y ont campé et démoli l’église pour utiliser les matériaux à la construction de fours pour cuire le pain des soldats ; d’autres s’en serviront pour la construction de leur propre maison. Il n’en reste aujourd’hui qu’une allée de chênes sur le site qui a pris le nom de lieudit La Brulée, et la source et fontaine Saint Antoine à 1km au sud ; au Moyen-âge, plusieurs sources sont fréquentées par les pèlerins ; trois sources sont regroupées sur le site de Cap-de-Pin : la source Saint-Antoine de la Traverse a la réputation de soigner les maladies de peau, notamment le zona et les ulcères variqueux ; la source Sainte-Luce guérit les maladies des yeux ; la source Saint-Cô (signifie cœur en Gascon) guérit, ou du moins soulage, les maladies du cœur. Escource possède deux autres sources guérisseuses : Saint-Martin, près du ruisseau de Capcos, dans une propriété privée ; Saint-Roch, réputée pour guérir les plaies variqueuses et les entorses. Il faut passer devant une « recommandaïre », MmeLaveriotte, qui recommande l’une des fontaines selon la maladie à traiter, sans quoi les Saints restent inopérants ! La façon d’opérer consiste à imprégner un linge de l’eau de la source désirée et de le passer sur la partie du corps à soigner, puis de l’accrocher aux arbustes près de la source comme un ex-voto. Il est fort déconseillé aux autres personnes de toucher ces linges, car elles risquent d’attraper les infections que les malades sont venus soigner. Félix Arnaudin raconte que les gens se rendaient par coutume l’après-midi du Samedi Saint ; les dernières fêtes religieuses autour de ces sources ont pris fin en 1969. Un grand orme légendaire a également disparu au XIXe siècle.
Pour la petite histoire, le 9 mars 1857, la commune d’Escource cède 100 hectares au profit du domaine impérial de Napoléon III à Solférino.
Puis viennent les étapes :
Jeanquillet près d’Escource et de Bouheben
La Harie – Il ne reste rien du château de Farina et de l’hôpital disparu.
Lesperon – L’Esperon – anciennement Arrast – La voie passait plutôt à l’est du bourg au lieudit Souquet. Une chapelle des pèlerins existait sur le bord de la route, en face du château Dubedout, où se trouvait l’ancienne poste, et Cassini y figure la « chapelle ruinée » sur sa carte ; l’hôpital de Kiyo s’y trouvait.
En 1177 Richard Cœur de Lion met fin aux péages extorqués là aux pelerins ; en 1326, Édouard II y évoque un château qu’Amamieu d’Albret a fait construire et qui constitue un repaire pour détrousser les voyageurs : pour témoins, les lieux-dits Tireveste et Tire-culotte.
C’est à cet endroit que les routes se séparent. L’itinéraire de chansons précise alors :
« Notez qu’à l’Eperon, qui veut tirer à Navarre faut prendre à main gauche et passer la Biscaye ». Le lieu-dit Navarre existe toujours.
Les pèlerins allant vers Roncevaux rejoignent Dax par Taller et Saint-Jean-Pied-de-Port, l’embranchement est plus tard établi par la poste à Castets vers Taller (poste) et Dax. C’est une nouvelle variante du XVIIIe siècle à partir de Lesperon, décrite par l’Itinéraire des Chansons, qui évite le franchissement des Pyrénées. L’église de Taller date du XIIIe siècle, elle fut fortifiée pour défendre la population des envahisseurs, en témoigne son clocher-tour à meurtrières. C’est ici en effet que s’est déroulée la fameuse bataille de Talleyras au cours de laquelle Guillaume Sanche, duc de Gascogne, a tenu en échec les troupes de « pirates » normands installés sur le site de Bayonne. Ils remontaient l’Adour avec leurs vaisseaux et semaient la terreur sur leur passage. La paix revenue, le frère de Guillaume fonda à Taller un hôpital qui accueillait les pèlerins.
Castets – sur la carte de l’État-major, la route de Bordeaux est bordée d’un pointillé et il est mentionné « chemin de bois (3) », mention qui est répétée au sud vers Taller par « chemin à rails de bois sur l’accotement de la route » : ces rails de bois servaient soit au service des forges, soit à l’évacuation du bois ; sur cette carte de l’État-major, y figure aussi plusieurs télégraphes.
Magescq – Matticque est à 5 myriamètres et 2 kilomètres de Labouheyre, par Castets, et à 6 myriamètres et 9 km par Mimizan, Saint-Julien, Saint-Girons et Mollets ; cette dernière voie était la voie romaine dont on découvre encore les traces et qu’on a pu suivre dans le principe, puisqu’on y trouve des hôpitaux pour les pèlerins. Mais étant plus longue, elle dut être abandonnée au XIe ou XIIesiècle pour la seconde. Au lieudit Pas de Caunegre, quartier de Labeyrie, existait l’hôpital pour les pèlerins de Saint-Jacques, détruit ainsi que la chapelle ; sur leurs ruines a été élevée une Croix de l’hôpital.
À 12 km de Magescq, Vieux-Boucau est le port très fréquenté autrefois par les pèlerins qui s’y embarquent pour Compostelle.
Saint-Vincent de Tyrosse hopital. D’origine ibère ou ligure, Tyrosse est, dès avant Jésus-Christ, comme en témoignent les nombreux « tumuli » (mottes funéraires), le lieu d’une importante activité pastorale. Les légions romaines y installent un camp de repos, tandis qu’au Moyen-Age y défilent les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Du fait de sa situation de point de rencontre entre la route des « Grandes Landes » venant de Paris et Bordeaux, et celle de la route des « Petites Landes » venant de Toulouse, Tartas et Dax, elle eut une importance économique suffisamment grande pour que Louis XII y fasse ouvrir les premières postes royales en 1511. Par la suite, les armées royales et impériales qui se portaient au-devant des espagnols purent apprécier sa tradition d’accueil et d’hospitalité.
Le Barat de Labenne : la route était coupée par le Barat (signifie fossé), zone marécageuse à la limite de Labenne et d’Ondres
Ondres (Hondres) est mentionnée en 1621 comme étape sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, entre Saint Vincent et Bayonne (document « Le chemin de monfieur fainct Iaques en Galice, dict Compftel, & combien il y a de lieuës de ville en ville, à partir de la ville de Paris », daté de 1621). La Gallia Christiana mentionne l’hospitali Sancti Jacobi de Tonres (Ondres?) reçu en donation par l’ordre gascon de Saint Jacques de la Foi et de la Paix. Une étape appelée Hongres est également évoquée dans la Grande Chanson des pélerins.
Ondres est une étape de la voie de Bayonne, déviation de la voie de Tours à partir de Lesperon ; Ondres est située également sur une voie secondaire qui, venant Soulac, longe la côte landaise par Mimizan, Moliets, Capbreton et Bayonne.
Bayonne : sa cathédrale Sainte-Marie est d’ailleurs inscrite sur la Liste du patrimoine mondial au titre des « Chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France »
[2] – Escource viendrait du Gascon qui signifie « écoulement d’eau » (crastes) : c’est le village des crastes.
[3] – Voir à ce sujet « Le problème de la circulation dans les Landes de Gascogne », H. Cavaillès, Annales de géographie Année 1933 240 pp. 561-582.