Chronique n° 015 – Aquitains d’abord !

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Les plus savants de nos savants ont longtemps soutenu  mordicus, pour la plupart, que les ancêtres des Arcachonnais  appartenaient à un  peuple celtique qui a donné son nom à la Bohème actuelle : les Boïens. Erreur, monumentale erreur qu’a corrigée François Thierry dans un intéressant ouvrage paru en 2002, dans les intéressantes publications de la Société historique et archéologique locale. François Thierry a découvert, dans les très rares sources écrites existantes, que, vers l’an cinquante, Pline l’Ancien, établissant scrupuleusement la liste des ethnies habitant notre pays, parle des Boïates. Des Boïates. Et pas des Boïens. Nuance importante car il faut se demander si  ces Boïates font partie du peuple celte. Or, Jules César a combattu et vaincu des Boïens, les fixant, dit-il, dans la région de Sancerre. Loin d’ici… Il se les rappelle bien puisqu’il en parle à sept reprises dans ses « Commentaires sur la guerre des Gaules ». On se souvient toujours, et surtout César qui n’aimait pas du tout qu’on lui résistât, on se souvient des gens qui vous ont donné du fil à retordre. César cite sept fois les Boïens. Il semble ignorer  les Boïates.

Pline l’Ancien, lui aussi, connaissait les Boïens et il ne parle pas du tout d’eux comme s’étant installés chez nous. Strabon, un géographe grec qui a vu la naissance du premier siècle et qui a étudié de près les Boïens d’Italie, Strabon écrit que « la seule population gauloise, installée en Aquitaine, se trouvait, écoutez cela, se trouvait au nord de la Garonne ». Point de Celtes, donc, au sud de la Garonne, mais bel et bien des Aquitains, ainsi nommé par Strabon. Et Strabon d’ajouter, en fin observateur, comme le sont les géographes depuis qu’il en existe : « ces Aquitains forment un peuple à part, en raison de leur langue particulière, proche d’un idiome du nord de l’Espagne et de leur  constitution physique qui les fait plutôt ressembler aux Ibères ».

Au quatrième siècle, un autre historien, Amien Marcellin, flatte notre vanité d’Aquitain en écrivant : « Chez les Aquitains, on ne pourra voir ni homme ni femme, si pauvres soient-ils, couverts de haillons malpropres comme ailleurs ». Il est vrai que, depuis le septième siècle avant JC, époque à laquelle ils sont arrivés ici, ils disposent de quelques bonnes ressources dont le commerce du sel. Ainsi, les Aquitains sont différents des Gaulois et, d’ailleurs, ils le resteront, les divers régimes politiques qui se succéderont jusqu’à nos jours s’en sont tous aperçus, un jour où l’autre.

C’est dit, les Aquitains ne sont pas plus Celtes que Gaulois. La preuve, on n’a retrouvé en tout et pour tout dans notre secteur, que deux misérables pièces de monnaie celtes et aucune trace d’atelier où elles auraient pu être fondues. De plus, aucune sépulture, aucun armement celtique n’ont été découverts. Nos ancêtres arcachonnais étaient donc des Aquitains de pure souche. On a quelques raisons de se réjouir de cette originalité  même si elle a fait des Girondins rebelles à tout pouvoir central, des martyrs de la régionalisation ! Mais que vont-ils devenir, ces Aquitains, à l’heure où l’envahisseur romain  manifeste ses velléités de profiter des douceurs et des richesses du pays des eaux ? Même si l’on connaît le fort sens de l’accueil manifesté par le Sud-Ouest et fort utile en matière d’industrie touristique,  c’est une autre question et une autre  histoire.

À suivre …

Jean Dubroca

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Aimé

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