Croquis du Bassin – À la recherche de Claude Bouscau

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Aujourd’hui, ce croquis porte sur des pierres… Quand on marche nez au vent dans Arcachon, on tombe, forcément, sur une statue créée par Claude Bouscau. Claude Bouscau, un Arcachonnais dont le talent fut découvert au hasard d’un concours de château de sable. Un peu comme s’il avait pris ses racines dans le sol changeant du Bassin. Mais c’est dans la rude pierre qu’il tailla ce bas-relief “Jésus dépouillé de ses vêtements” qui lui valut, en 1935, le premier Grand prix de Rome de sculpture. Dès lors, d’Italie en Grèce, il rapporte les silhouettes désormais vivantes pour l’éternité de “Femmes revenant du puits” ou “Portant des fagots”. Il devient alors un de ceux qui connaît le secret pour transformer la roche inerte en êtres mouvants. Comme les alchimistes transformaient le plomb en or… D’ailleurs, Claude Bouscau grava souvent des médailles précieuses pour la Monnaie de Paris.

Et puis, le temps passant, le mouvement coule vers l’épure, la forme s’épanouit vers l’essentiel de l’élan vital mais garde toujours cette rigueur classique qui l’équilibre, qui transcrit la vérité des êtres, souvent avec sensualité.

Il faut donc partir à travers Arcachon, à la recherche de Claude Bouscau. Au parc Mauresque, impossible de ne pas admirer Héraclès, – trois mètres de haut- terrassant ce lion qui ravageait une vallée paisible et devenu un monument symbole de la Résistance arcachonnaise. Une image aussi de la force que Bouscau savait insuffler dans ses œuvres. Mais, par contraste, tout à côté, dans un bassin où elle charme même les poissons rouges, se dévoile la douce et naïve impudeur de “Maria la Baigneuse”.

Et si l’on a pris l’ascenseur, on aura vu la danse insouciante d’une sirène jouant avec un dauphin dans les eaux d’une fontaine bleue. Cela, loin du regard fauve d’un truculent faune en céramique, haut perché, fort occupé à poursuivre des nymphes accortes.

Au carré militaire du cimetière d’Arcachon, un haut relief intitulé “Le héros mourant plantant son épée en terre”, montre de rudes lignes rectilignes bien équilibrées par la circonférence d’un bouclier. Au retour, si les portes sont ouvertes, on peut se glisser dans la cour du lycée Grand-Air où l’on verra de fins bas-reliefs dont les lignes joyeuses dansent comme des rubans un jour de fête scolaire …

Après quoi, on peut gagner le port de plaisance. L’imposant monument aux Péris en mer, affronte les vents d’ouest et, malgré ses grandes dimensions, il se révèle particulièrement subtil car son personnage central change de forme au pas du visiteur. Le mouvement dans le mouvement, en quelque sorte. Au retour, sur le fronton arrondi de l’école maternelle Victor-Duruy, on se régale d’un délicieux médaillon. Des silhouettes encapuchonnées s’en vont joyeuses sur le chemin de l’école, malgré la pluie. C’est “Le bon, le moyen ou le passable” dont parle Maurice Fombeure et qui marchent avec confiance vers leur destin.

Il faut finir la promenade par la place qui, en centre-ville, porte le nom de Claude Bouscau. Là, pas loin de l’endroit où il naquit, on méditera sur l’une de ses œuvres posthumes “La Perle de la Côte d’argent”. Bien sûr, que cette perle, c’est Arcachon que Bouscau quitta pour toujours le 5 avril 1985 …

Jean Dubroca

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