Voie du littoral – au sud du Bassin d’Arcachon, entrée en Pays de Born

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Sanguinet
Du XIe au XVe siècle, même s’il existe des itinéraires connus ou recommandés, aucun d’entre eux n’est imposé, dans un pays de landes et de marécages, où il est difficile de retrouver des chemins au tracé incertain, recouverts de sable ou d’eau selon la saison… Certains pèlerins rejoignent l’étang de Cazaux en passant par La Teste, d’autres préfèrent une voie plus directe, et suivent l’ancienne levade romaine à partir de Lamothe (l’ancienne Boii ou Boïos) jusqu’à Sanguinet (Losa), 1ère étape landaise du chemin de Saint-Jacques qui traverse le Pays de Born, la région du Marensin et du Seignanx jusqu’à l’entrée de Bayonne pour desservir les voies du Baztan, de Bayona ou la voie de la côte, et le camino del Norte.
La Voie du littoral suit la levée romaine Bordeaux-Sanguinet en traversant la coulée verte de Cantaranne sur la commune du Teich.
Pour ceux qui passent par Cazaux, dans le quartier de l’église actuelle, en 1786, l’abbé Baurein nomme « l’hostellerie », où il y a 5 maisons, le botaniste Saint-Amans compte aussi « cinq maisons au quartier de l’Estollerie, sept autres dispersées, et quelques cabanes, suffisent au nombre de ses habitans, qui ne sauroit augmenter sans le secours de l’agriculture. Ces pauvres gens n’ont pas même la propriété indivise de la forêt dite de la Montagne, qui touche à leur domicile, et dont la commune de la Teste jouit exclusivement (1). » La voie jacquaire emprunte l’actuelle rue Jean Lavigne pour rejoindre ensuite le chemin de Sanguinet.
DeTechoueyres, point de départ landais de la voie du littoral en direction de Parentis, ce chemin suit la voie romaine de l’itinéraire d’Antonin qui permet de relier les stations maritimes du Golfe de Gascogne, mais également de surveiller la côte, d’alimenter et protéger les flottes, cette voie est restée depuis des siècles dans la mémoire des habitants qui vivent dans ces contrées alors réputées désertiques et hostiles. Attestée initialement, avant d’être submergé par les eaux, on atteint Losa ou Louse, reconstruit, un peu plus au sud, sous un nouveau nom, Sanguineto en 1296 puis en occitan Sanguinède en 1305, malgré une mention fantaisiste Senct-Guinet en 1478 ; ce nom vient du gascon sanguin signifiant « cornouiller », suffixé en -et(a) pour indiquer un collectif végétal. Depuis le XIe siècle, Sanguinet est une étape pour les pèlerins.
 
Biscarrosse
Sur la carte des « Chemins de saint Jacques de Compostelle en 1648 » dressée dans les années… 1970 par D. Derviaux, et pour laquelle la « voie des anglais » passe par La Teste puis, par Cazaux, rejoint Biscarrosse, où se trouve une maison appelée l’espitau : le parcours traverse donc l’actuel étang de Cazaux avant que la Gourgue ne soit submergée, immersion intervenue avant que n’existe le pèlerinage de Compostelle. Je ne mettrais pas ma main au feu et ne m’engagerais donc pas dans cette voie…
Parentis-en-Born
Au XIIe siècle, les Templiers de Bordeaux créent la Commanderie de Poms, sur la route de Parentis-en-Born (2) à Ychoux pas très loin de la fontaine Saint Barthélemy réputée pour ses pouvoirs de guérison. Ce Domus Hospitalis (latin, maison où l’on reçoit les hôtes) est membre de la commanderie de Bordeaux ; il est situé dans le pays de Born, la plus misérable partie des Landes, tout à fait sur la côte de l’Océan. Il se compose d’un certain nombre de fiefs et des dîmes de quelques pauvres paroisses : ainsi, les Hospitaliers possèdent un autre Domus Hospitalis dans la paroisse de Lit-et-Mixe, la seigneurie de Cunctis, dans celle de Sainte-Eulalie-en-Born, le territoire de Gessis, dans celle de Saint-Paul-en-Born, le domaine de Leys, dans celle de Salle, le fief de Billos ; ils perçoivent les dîmes de Parentis et de Sanguinet, petite localité « dont les terres sont sujettes aux sables de la mer » lisons-nous dans les procès-verbaux de visite ; ils ont enfin la petite chapelle de Burgaud, bâtie au milieu des bois, sur la paroisse de Pontenx-les-Forges. Àce membre sont adjoints pendant un certain temps ceux de Geys et de Bouchet, situés en Bigorre. Par testament du 25 juillet 1262 (ou 16 octobre 1263 selon les sources), Amanieu VI d’Albret (ca1215-1270), fils d’autre Amanieu (1192-/1255) et d’Assalhide de Tartas (1194-/1230), et époux de Mathe (ca 1230-ca1280), fille de Pierre de Bordeaux, – du petit lait pour notre généalogiste en chef – laisse des legs pies à plusieurs hôpitaux placés sur la route de Saint-Jacques ; il laisse, entre autres, cent sols à l’hôpital de Pomps (3) qui est placé dans la paroisse de Parentis-en-Born. L’ordre des Templiers ayant été dissous en 1312, la commanderie devient la propriété des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Cette petite circonscription, fondue dans celle de Bordeaux, en est disjointe au XVe siècle, réunie à celle de Cazalis (4), elle est restituée à son premier état par le Grand-Prieur Pons de Maleville (1485). Vers 1860, les fondations de la chapelle en ruines sont encore visibles : cependant les vieillards ne l’ont jamais vue debout et ils n’en connaissent l’existence que par la tradition (5) ; elle devait être dédiée à Saint Barthélémy, l’un des patrons secondaires de Parentis où se tient tous les ans, le 24 août, une foire importante dite de… Saint-Barthélemy. Une maison s’appelle encore « l’espitaou » (hôpital en gascon).
Parentis se trouve à cette époque sur l’une des nombreuses voies secondaires qui conduisent les pèlerins vers Saint Jacques de Compostelle ; témoin d’une époque révolue, le pont d’ardoise massive, daté du XVIIIe siècle, perdu dans la forêt entre le quartier de Poms et Parentis, sert aux pèlerins.
Souvenons-nous que Poms possédait un arrêt ferroviaire (différent de la halte, elle-même de catégorie inférieure à la gare) sur la ligne Ychoux-Biscarrosse-Plage, et que l’étape Bordeaux-Biarritz du Tour de France est passée à Poms le 8 juillet 1978…
Pour aller à la fontaine Saint-Barthélemy, entre Ychoux et Parentis en Born, prendre la direction du hameau de Poms. Emprunter le chemin forestier qui longe la piste cyclable sur la gauche à la hauteur d’une grande maison : un panneau signale la direction de la source. À un kilomètre et demi de la route, on atteint la fontaine qui est en contrebas. Une croix repeinte récemment surplombe la fontaine d’où s’échappe une résurgence de couleur rouge, preuve que l’eau à une forte teneur en fer, sur le côté de la plaque en marbre ; elle est recommandée pour soigner eczéma, furoncles ou blessures.
Une fontaine Saint-Barthélemy aurait existé près du bourg mais l’agrandissement du dépôt d’une fabrique de charbon de bois (ancienne usine de pierre silico-calcaire ayant appartenu à Daniel Meller) en a fait perdre la trace, seul un calvaire partiellement démoli au ras de la clôture démontre que c’était un lieu de dévotion ; certains penchent pour une fontaine Saint-Pierre (on dit aussi source du Grand Moulin, ou source de la Ceca), du nom de l’église toute proche. Comme la précédente, l’eau y est ferrugineuse. Bourvil nous en rappelle les bienfaits dans son sketch « L’eau ferrugineuse »
 
Variétés Bordelaises, édition de 1876, II, p. 283, III, p, 199.
Sources: Grand-Prieuré de Toulouse, M.A. Du Bourg (1883)
(1) – « Annales des voyages de la géographie de l’histoire » ou, Collection des voyages nouveaux les plus estimés, M. de Saint-Amans, 1812
(2) – Parentis en Born, issu du dérivé latin « Parentinus » apparaît dans l’histoire en 1200. La terminaison Born signifie la limite des terres (qui sont en bordure de l’océan). Le découpage épiscopal du IVe siècle montre que Parentis est rattaché à l’archevêché de Bordeaux.
(3) – Il écrit Pomps mais précise » placé dans la paroisse de Parentis-en-Born » ; ne peut être confondu avec l’hôpital de Pomps (en béarnais Poms ou Poumps) situé dans le département des Pyrénées-Atlantiques.
(4) – Dépendant de la juridiction du château de Cazeneuve (Gironde), Cazalis est situé au nord du département des Landes.
(5) – Le récit de l’abbé A. Départ date de 1894.
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Aimé

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