Le Maremne est une vicomté sous l’Ancien Régime. On y trouve Capbreton, Angresse, Saint-Vincent-de-Tyrosse, Bénesse-Maremne, Labenne, Saint-Jean-de-Marsacq, Saint-Geours-de-Maremne, Saubrigues, Orx, Tosse, Josse, Pey.
La baronnie de Capbreton et Labenne se distinguent du Maremne notamment par les règles d’héritage (égalité stricte comme en Marensin) alors que le Maremne est de droit pyrénéen (aînesse absolue sans distinction de sexe).
L’Adour a son embouchure principale à Capbreton au Bouret. Ce port appelé « Boucau de Diou », l’embouchure de Dieu, est considéré comme le havre par excellence. En effet les navigateurs se savent protégés par la fosse du Gouf, servant de refuge à leurs bateaux pendant les tempêtes. C’est un port important, qu’on appelle la « ville aux cent capitaines ». De nombreux historiens affirment que les navires de nos marins hardis et aventureux partaient déjà vers les « Terres-Neuves d’Amérique », cent ans avant Christophe Colomb.
En 1167 Pétrico d’Arnauld (Dompnier de Sauviac) est cité dans les chroniques d’Acqs (p.171) comme officiant à la chapelle de Capbreton « dédiée à St Jean Baptiste et à Ste Madeleine ». Cette chapelle fut par la suite cédée à l’Ordre de Malte (les Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem) après 1312, date de la dévolution des biens du Temple. Certains auteurs, comme Jean de la Varende dans son livre « Les gentilshommes » affirment que nos Templiers auraient eu connaissance des “Terres Neuves” bien avant leur découverte officielle.
À Capbreton, les « Jacquets » affluent par voie d’eau sur l’Adour. Ils sont rejoints par les marcheurs qui empruntent « lou Camin Roumiou » (la voie romaine), le bourdon à la main et la besace à la ceinture. À Capbreton, c’est “l’hospital” des chevaliers de Saint Jean situé à côté du port, assorti d’une chapelle érigée entre 1511 et 1539, visible sur la carte de Cassini. Cette chapelle tombe plus tard en désuétude et l’historien Bartro signale qu’il en reste en 1829 quelques décombres près de la mer. Le souvenir de cette chapelle est actuellement conservé par une croix dite des Templiers. Dans la rue principale, au centre du bourg, se trouvait une Commanderie dont un bâtiment cité intact par Bartro en 1842 perdure jusqu’en 1920, année de sa démolition. C’est au XIIe siècle que l’on situe la première mention de l’Hôpital des Templiers et de la chapelle, au Bouret, dont les vestiges étaient encore visibles, dit-on, aux alentours de 1840. La mémoire locale a conservé le nom de “Templiers” à une portion de cette rue. Selon la tradition orale, des souterrains relient cette commanderie à la chapelle du port du Bouret. Robert Charroux, écrivain et président du Club des Chercheurs des Trésors, dans son ” Inventaire de deux cent cinquante plus grands trésors identifiés en France” mentionne le trésor de la commanderie des Templiers de Capbreton ; des radiesthésistes s’évertuent à détecter ce trésor. En vain ! Capbreton a conservé quelques traces historiques de son glorieux passé historiques : trois maisons à encorbellement et colombages, le clocher et la porte ogivale de l’église Saint-Nicolas. À l’intérieur de cette église, deux crucifix de bois qui datent de l’époque de la chapelle templière, ainsi qu’une superbe Piéta du XVe siècle. Nous devons déplorer la perte d’une statue de cette même époque, en bois polychromé, représentant St Nicolas, patron de la paroisse, volée en plein jour dans l’église, le 1er juin 1999. Une des plus anciennes cloches des Landes sonne encore pour les pèlerins ; elle est nichée dans le clocheton extérieur de l’église et a été classée monument historique le 5 juin 2002, grâce à M. Vincent Matéos, spécialiste de l’art campanaire dans les Landes qui l’a reconnue et en a déchiffré l’inscription votive. Vouée à Ste Madeleine, cette cloche date de 1483 et confirme la tradition orale : elle vient de la chapelle du Bouret. “L’an MCCCCLXXXIII santa Magdalena ora pro nobis.”(sic).
Anne-Marie Bellenguez
Si Labenne figure bien sur l’un des trajets qui mène à Saint-Jacques-de-Compostelle, on imagine mal les pèlerins faire étape dans la commune de Labenne.
Le Seignanx
Le Seignanx est une ancienne baronnie du sud-ouest de la France. Cette appellation désigne aujourd’hui un des pays de l’Adour landais, couvrant le territoire des communes de Tarnos, Ondres, Saint-Martin-de-Seignanx, Saint-André-de-Seignanx, Saint-Laurent-de-Gosse, Saint-Barthélemy, Biaudos et Biarrotte. La voie du Littoral, est la seule à passer dans le Seignanx. Elle est le prolongement naturel de la Voie du Mont-Saint-Michel et de la Voie de Soulac, dite Voie des Anglais. Elle longe la côte depuis Sanguinet jusqu’à Tarnos et son chapelet de lacs.
Ondres (Hondres) est mentionnée comme étape sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, entre Saint-Vincent-de-Tyrosse et Bayonne, mais cette étape est sur la voie principale (document “Le chemin de monsieur sainct Iaques en Galice, dict Compstel, & combien il y a de lieuës de ville en ville, à partir de la ville de Paris”, daté de 1621). Ondres est également située sur la voie secondaire qui mène à Tarnos.
La date de construction de l’église Saint-Vincent de Tarnos reste très approximative, située au XIIe siècle par les historiens et les architectes des monuments nationaux, peut-être même du XIe siècle. La première vocation de ce lieu, au-delà de l’édifice de culte, est une commanderie hôpital des chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. À l’origine, c’est une paroisse rurale à l’habitat dispersé sur plusieurs hameaux implantés dans des clairières : hameau de l’église (future commune de Tarnos), hameau d’Ordozon, de Garros, d’Ahitce et de Romatet. La situation n’évolua pas jusqu’à l’industrialisation du XIXe siècle L’église sert ainsi au XIIIe siècle à accueillir les pèlerins.
L’église Vincent est marquée par l’art roman : ses murs sont épais et dégagent une certaine austérité ; le chevet à l’est du bâtiment est lui aussi significatif de l’empreinte de ce style architectural. L’église a un plan allongé. L’entrée se fait au Nord par un porche moderne. Une tour-clocher fortifiée, qui n’est pas sans rappeler celle d’un donjon, marque l’entrée d’origine de l’édifice, à l’ouest. Une tour circulaire est accolée au sud du clocher. L’église se caractérise également par son côté fortifié (XIIIe siècle). Sur la voûte du chœur de l’église, des fresques datant du XVe siècle ont été découvertes en 1970 et inscrites à l’inventaire des Monuments Historiques en 1971.
L’église Saint-Vincent-Diacre de Tarnos
Avant Bayonne, se présente un double choix : soit on rejoint ainsi le fameux Camino francés par la Voie du Baztan jusqu’à Pampelune ; soit on continue sur la Voie du Littoral jusqu’à Irun pour prendre le Camino del Norte.
ÀBayonne, on rejoint la voie principale. La cathédrale Notre-Dame qui, dès le IIIe siècle, sert de repère aux pèlerins, (les deux hautes flèches actuelles ne datent que du XIXe). Le sanctuaire est construit sur les ruines d’une église romane et sa beauté contribue à l’expansion de l’art religieux sur la route d’Espagne. Les trois nefs, augmentées de sept chapelles rayonnantes, sont caractéristiques des grandes églises de pèlerinage. On peut lire sur les clés de voûtes, l’histoire médiévale et anglaise de la cité. Les vitraux datent du XVIe siècle : la teinte superbe de leurs bleus profonds est remarquable. Dans la chapelle Saint-Jérôme, saint Jacques et son bourdon sur une étonnante clé pendant de la voûte. Accolé à la cathédrale, le cloître de style gothique rayonnant est un des plus grands de France. Le bourg Saint-Esprit, quartier de Bayonne, porte des traces de son passé et notamment l’implantation d’une synagogue, témoin insolite d’une communauté juive installée ici depuis trois siècles. Les juifs venus du Portugal sont à l’origine du fameux chocolat que l’on déguste toujours.
L’église Saint-Esprit, ancien prieuré roman devenu collégiale par Louis XI en 1464. Fortement remaniée, elle abrite dans le chœur des voûtes de style gothique flamboyant et sur le bas-côté gauche une sculpture en bois polychrome du XVe siècle qui représente la fuite en Égypte.
Enfin l’église Saint-André garde un beau vitrail de Saint Jacques et cache dans son clocher un bourdon tout neuf datant de 2003 et baptisé du nom de l’apôtre en l’honneur du chemin ; elle est la première au monde à être ornée d’un décor polychrome. Elle sonne le “la” de la deuxième octave.
La Voie des Anglais et les chemins de Saint Jacques en Nouvelle Aquitaine
Carte des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en Nouvelle-Aquitaine et des sites inscrits à l’UNESCO. © ACIR, 2016.