Sur la villa Brémontier

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Notre camarade E. W. a attiré mon attention sur cette photo de la Ville d’Hiver qu’elle ne parvenait pas à localiser.
J’ai reconnu tout de suite, sur la gauche, la villa Soleil Levant, autrefois Hermosa et aujourd’hui en cours de rénovation.
Sur la droite, en haut de la dune, cela ne pouvait être que la villa Brémontier, que je n’ai pas reconnue pour ne l’avoir jamais vue sous cet angle.
Nous devons le plus ancien cliché de cette villa au photographe Alphonse Terpereau.
Depuis lors aucun ouvrage sur la Ville d’Hiver, et Dieu sait s’il en existe, ne montre ou ne parle d’une villa Brémontier munie de deux tours carrées en pierre de taille.
L’ouvrage de référence de l’Institut Français d’Architecture paru en 1983 propose un dessin de la façade Sud de la villa qui ne ressemble en rien à ce que l’on peut voir sur la photo ci-dessus.
Par contre, cette façade rappelle tout à fait celle de la villa voisine Faust construite à la même époque et elle aussi par la Compagnie des Chemins de fer du Midi des frères Pereire.
Le somptueux livre de Michel Boyé et de Marie-Christine Rouxel, Villas d’Arcachon, un siècle d’histoires, édité par Geste éditions en 2015, précise : « En 1898, l’architecte Gustave Alaux équipe le chalet d’une salle de bains et de 6 cabinets de toilette, d’une salle de billard, d’une salle de repassage ainsi que d’un water-closet à chaque étage ; chaque pièce comporte désormais une cheminée. »
C’est sans doute à l’occasion de ces modifications que serait apparue cette nouvelle aile en pierre de taille, peut-être dessinée par Gustave Alaux. Alors que la maison l’avait été, à l’origine, par Paul Régnauld.
Une seule carte postale ancienne, à ma connaissance, laisse plutôt deviner que voir cette curieuse façade additionnelle. C’est un cliché de Victor Faure, photographe de la rue du Casino, qui doit dater de 1903.
Villas d’Arcachon, un siècle d’histoires, nous dit encore : « En, 1904, le chalet Brémontier devient la propriété du négociant bordelais Herman Cruse (1850-1925). Celui-ci le vend en mai 1917 au capitaine Edmond Frédéric Cournet. »
L’affaire paraît un peu plus compliquée que cela.
A l’origine, la maison était au centre d’un parc de 8 000 mètres carrés qui comprenait la dune dite du Mont des Rossignols. La villa Hermosa avait ensuite été construite dans ce parc, à l’écart, et faisait alors partie de la même propriété.
En 1873, l’ensemble était vendu à l’avocat Augustin Volcy de Mignot. Dans les années qui suivaient, François Alexandre de Monchy se portait acquéreur de la villa Hermosa et du petit jardin qui l’entourait. En 1880, celui-ci la revendait à Laird Mac-Gregor, celui-là même qui allait faire construire la villa toute proche, Craicgrostan, avant d’acheter la villa voisine, Eugénie, qu’il allait renommer Glenstrae.
Après l’avocat de Mignot, au moins deux autres propriétaires se succéderont, un Monsieur Lozes et une dame Fock. A l’été 1904, la villa Brémontier et son parc amputé de la villa Hermosa, sont alors, en effet, vendus au négociant bordelais Herman Cruse. L’ensemble est racheté, à l’été 1913, par la société parisienne en nom collectif Bernheim Frères et Fils, spécialisée dans l’immobilier, qui pour lotir l’essentiel du parc va se lancer dans une grosse opération de terrassement.
Elle va en effet faire creuser une énorme tranchée dans le flanc sud du mont des Rossignols pour permettre la création de l’allée du Mont des Rossignols. Le sable ainsi dégagé sera utilisé à combler en partie le trou voisin dit de Peymaou.
C’est cette allée du Mont des Rossignols que l’on voit, toute neuve, sur notre première photo.
La société Bernheim semble s’être appuyée sur l’architecte Jean Arnaudin pour commercialiser son lotissement qui, si l’on en croit la presse locale, se serait assez mal vendu. La veille de la première guerre mondiale ne devait pas être particulièrement propice aux affaires. Les maisons qui ont toutefois été construites sur les parcelles ainsi libérées ne participent guère aujourd’hui au caractère architectural particulier de la Ville d’ Hiver.
Au printemps 1917, la société Bernheim parvenait à revendre la villa Brémontier, avec ce qui lui restait de parc, à Edmond Frédéric Cournet, transaction qui faisait dire au journaliste de l’Avenir d’Arcachon que cette villa était « bâtie sur le Mont des Rossignols que la société Bernheim a fait fendre en deux par une route, ce qui constitue l’une des plus grandes bêtises commises à Arcachon. » Sans donner plus de justification à son point de vue.
Jean-Pierre Ardoin Saint-Amand

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Aimé

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