Petite causerie vespérale de septembre sans queue (d’aronde) ni tête.
On s’en souvient, Gilbert Bécaud le chantait : « …En été, mon pays à moi, en été, c’est n’importe quoi : les caravanes, le camping-gaz au grand soleil, la grande foire aux illusions, les slips trop courts, les shorts trop longs, les Hollandaises et leurs melons… de Cavaillon.
C’est en septembre, quand l’été remet ses souliers et que la plage est comme un ventre que personne n’a touché, c’est en septembre… que mon pays peut respirer ! »
C’en est fini du slip trop court, du short trop long et des « melons » des hollandaises. Nous sommes enfin parvenu en ce mois béni qui voit l’estivant se faire bouter hors de notre territoire par son ennemie jurée : la rentrée. On n’en voit plus en pays de Buch qu’une sous-espèce, le retraité, dont certains spécimens ont d’ailleurs renoncé à la migration. Il en est un autre qui se prépare à faire sa rentrée (en Afrique), c’est l’oiseau que l’on nommait autrefois aronde et que l’on désigne aujourd’hui sous le nom d’hirondelle*
L’hirondelle se prépare donc à quitter nos cieux. On peut déplorer que l’espèce parte si tôt en raison de son rôle prépondérant d’anti-moustique (tout de même 300 avalés quotidiennement). Cependant son départ permettra à mon bateau d’être un peu moins sale, car ses populations audengeoises n’aiment rien que de tenir conciliabule, juchées sur les filières de mon voiliers, avec leurs collègues du bateau d’à côté. De tout le ponton, et depuis des années, ce sont les deux seuls navires qu’elles fréquentent. Ne me dites pas que ces bestioles ne sont pas particulièrement cruelles.
Dans mon Entre-deux-Mers, pays des viticulteurs empoisonneurs, cela fait longtemps que je n’ai pas vu une hirondelle. De plus, Le couple qui nicha sous l’auvent de mon garage pendant quelques saisons ne donne plus de nouvelles depuis près de vingt ans. Pas un coup de téléphone, pas une carte postale, rien, nada, que dalle, peau d’zob. Et pourtant, j’avais l’impression qu’on avait noué une vraie relation.
On voit par là qu’on se trompe souvent sur les sentiments animant les hirondelles. Des sales bêtes finalement.
(*) Malgré l’abandon de l’appellation aronde depuis le Moyen Âge, on persiste à réaliser des assemblages de charpente ou de mécanique en « queue d’aronde » (en forme de V s’opposant à l’arrachement sous l’effet de la traction) et ce fut ce symbole que choisit la marque automobile SIMCA, d’une part pour créer le modèle se dénommant ainsi, mais aussi pour être le logo de la « Société Industrielle de Mécanique et Carrosserie Automobile » dès 1938 et jusqu’à 1970 — afin de symboliser la vitesse, la légèreté mais surtout l’appétit d’oiseau des productions de la marque.
L’’aronde est célèbre pour sa queue, tandis que les seules partie de l’anatomie de l’hirondelle essentiellement connues sont ses testicules : ainsi, elles sont si minuscules qu’une personne ayant peu dormi montrera des yeux en « couilles d’hirondelle ». C’est du moins ce qu’on dit.
Chanson de Gilbert Bécaud en suivant ce lien :