Lugos – Vieux-Lugo

 

 

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La commune a su préserver son patrimoine avec l’église romane du Vieux Lugo datant du XIe siècle, l’église du bourg du XIXe siècle et son lavoir, ainsi que les vestiges des forges du Bran : une forêt galerie de feuillus borde l’Eyre ainsi que l’étang du Bran et celui maintenant asséché du Martinet. La forêt de pins recouvre une grande partie du territoire. Ses ressources les plus importantes proviennent prioritairement de la sylviculture, mais également de la culture du maïs, de quelques cultures maraîchères, de l’apiculture ainsi que de l’exploitation du pétrole dont les premiers forages datent du milieu des années soixante.

« Vieux-Lugo », site de l’ancienne implantation du village, est éloigné d’environ 5 km à l’est de la commune. Les Recogniciones feodorum (reconnaissances de fiefs) de l’Aquitaine médiévale évoquent des possessions des Albret en ce lieu, en 1274, alors nommé Lugor, que Bénédicte et Jean-Jacques Fénié proposent de rattacher à l’étymon Lur agor, passé à Lurgor, puis Lugor ; ici les termes aquitaniques Lur (terre) et Agor (sec) auraient fait référence aux terroirs hors d’eau parmi les zones marécageuses bordant l’Eyre. L’emplacement où s’élève l’ancienne église, sur un promontoire sableux qui domine une boucle de la rivière et le ruisseau de Lugo (ou ruisseau du Moulin de Lugos), concorde effectivement avec cette proposition. L’orthographe actuelle, avec un « s » final s’est fixée au cours du XIXe siècle, par attraction avec d’autres noms en -os voisins (Biganos, Caudos, Mios…).

Au Moyen Âge, la paroisse de Lugo – tout comme celles de Belin et de Mons – est située dans une enclave du diocèse de Bazas au sein du diocèse de Dax. Les Albret y possédent des droits sur plusieurs terres, dont la basse justice sur cette paroisse. Cette enclave bazadaise s’est maintenue jusqu’à la suppression[1] du diocèse de Bazas en 1802.

Au Moyen Âge, Notre-Dame de Lugo (aujourd’hui dédiée au culte de Saint Michel) dépend du prieuré hospitalier de Saint-Pierre-de-Mons : situé à environ 4 km au sud de la commune actuelle de Belin-Béliet, ce dernier est fondé à l’époque romane et joue un rôle important sur l’un des chemins conduisant vers Saint-Jacques-de-Compostelle. La paroisse de Lugo est établie sur l’axe d’une voie secondaire reliant les prieurés de Belin et Mons et plus largement sur l’axe reliant Bordeaux et le l’Espagne via le Pays basque, autrement dit à proximité des voies de circulation, empruntées notamment par les pèlerins. Au vu de cette position, l’économie et la vie de Lugo doivent, pour une part, être liées à cette circulation, aux services et aux bénéfices qu’elle induisait.

Au moins pour la période qui débute avec l’édification de l’église du Vieux-Lugo, c’est-à-dire vers la fin du XIIe siècle ou le début du siècle suivant, les quartiers d’habitation de sa paroisse ne sont pas situés à proximité immédiate de l’église mais probablement sur le chemin qui relie aujourd’hui Vieux-Lugo à Lugos, à proximité des ruines du moulin. Les vestiges mis au jour lors de labours effectués vers 2000 vont dans le sens de cette proposition ; les monnaies découvertes, datent en effet pour beaucoup du début du XVIIe siècle, leur nombre s’amenuisant pour la seconde moitié de ce siècle et pour le suivant. Ces découvertes peuvent conduire à penser que le dépeuplement de ce lieu s’amorce au XVIIe siècle et se poursuit tout au long du siècle suivant. Les familles, environ cent-cinquante personnes si l’on en juge par la taille et la capacité d’accueil de l’église, se déplacent probablement au sein des communes alentours pour une part et un nouveau regroupement d’habitations s’implante au lieu-dit Séouze au cours de cette période pour former l’actuel Lugos. En 1789, le recensement fait apparaître encore trois foyers (environ quinze à vingt personnes) à Lugo ; ils n’apparaissent plus dans le plan cadastral de 1841. Un tel déplacement de bourg n’est pas un cas isolé dans la région ; sur la Leyre, plusieurs autres cas sont ainsi connus : Saugnac-et-Muret, Richet, Mano, Callen, Lanton, Mons… Les raisons d’un tel mouvement sont certainement multiples et, concernant Lugo, on avance des causes liées à l’insalubrité et à la recherche de terrains secs. Ancienne baronnie annexée au XVIIe siècle au comté de Belhade, l’ancien village est abandonné en 1849 pour des raisons de transformation de la voirie et transféré sur le site actuel ; la modification du réseau routier a un rôle majeur ici, depuis la mise en place progressive, à partir du XVIe siècle, des routes royales, celle reliant Bordeaux et Bayonne passant par Belin.

L’utilisation de l’église de Lugo et de son cimetière s’est maintenue ; on apprend par les registres paroissiaux que les inhumations ont été pratiquées dans le cimetière situé autour de l’église et dans l’église elle-même, au moins jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Seules les habitations ont été transférées, avant que, finalement, une partie du cimetière le soit également, à côté de l’église nouvellement construite dans le nouveau bourg de Lugos, en 1848-1849. Bâtie d’après un plan dressé en 1842, la nouvelle église est consacrée par l’archevêque de Bordeaux le 2 avril 1850.

En 1852, l’essor de Lugos conduit l’ingénieur Simon aîné à envisager de faire de la commune, baptisée pour l’occasion Lugoville, le chef-lieu d’un nouveau département. Si cet ambitieux projet ne fut jamais concrétisé, la mise en valeur des landes par l’ensemencement en pins, dans la seconde moitié du XIXe siècle accentue la transformation du paysage landais et la commune tire profit de la vente des landes communales pour financer le développement du nouveau bourg.

[« Recueil d’actes relatifs à l’administration des rois d’Angleterre en Guyenne au XIIIe siècle : Recogniciones feodorum in Aquitania », C. Bémont (dir.), Collection de documents inédits sur l’histoire de France, 1914.]

[« Toponymie gasconne », Boyrie-Fénié B. et J.-J. Fénié, coll. Sud-Ouest Université, n˚ 2, 1992.]

[« A propos d’une enclave du diocèse de Bazas : limites anciennes et vieux chemins dans la Moyenne Leyre », R. Bruzat, Bulletin de la Société de Borda, 1982, p. 301‑379.]

[« La Grande Lande aux XIIIe et XIVe siècles », J.-P. Casse, F. H. S. O., 1996.]

[Église Saint-Michel du Vieux-Lugo, Marinelle]

http://www.marinellebaladesphotos.fr/eglise-saint-michel-du-vieux-lugo-lugos-pays-de-val-de-leyre-33/

[« Les Albret. IV, Terres et hommes d’Albret (1240-1360) », J.-B. Marquette, coll. Les Cahiers du Bazadais, n˚ 45‑46, 1979.]

[« L’église de Vieux Lugo, Commune de Lugos (Gironde), n° site 33 2 05 260 004 AH : Document final de synthèse de sondages archéologiques », J.-L. Piat, Hadès, 1999.

[« Le projet d’un département Girondin-Landais avec Lugos comme chef-lieu, au XIXe siècle » J. Ragot, F. H. S. O., 1989.]

[« Peintures murales des églises de la Grande-Lande », J.-P. Suau et M. Gaborit, Confluences, 1998.

[« De Lugo à Lugos », Pascal Ricarrère-Caussade]

https://vieux-lugo.com/leglise/son-histoire/

[1] – Le 20 novembre 1937, le diocèse de Bazas est rétabli symboliquement au profit de l’archevêque de Bordeaux qui depuis porte en plus le titre d’évêque de Bazas.

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Raphaël

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