REVUE DE PRESSE LITTÉRAIRE N°3
AUTOMNE 2023
LIVRES ET AUTEURS DU BASSIN
Les livres du Bassin
* Académicien à l’œuvre : Charles Daney : « L’huître et l’ostréiculture en France ».
+ TVBA a rendu compte du dernier ouvrage paru de Charles Daney où il dit tout ce qu’il faut savoir sur cette activité qui continue d’être l’image du Bassin d’Arcachon. Il évoque son évolution qui n’est pas celle d’un estey tranquille tant elle fut marquée par des crises, certaines si graves qu’elle la mit en péril.
Au commencement était l’huître plate. Elle poussait dans des huîtrières naturelles et il suffisait de se baisser pour la pêcher. Il n’en reste pas moins que la tâche était rude. Elle l’est restée au cours des siècles, ce que montre l’ouvrage de Charles Daney.
Tout comme il montre bien les problèmes que l’huître a posés non seulement dans dans le Bassin mais aussi à tous ceux qui la cultivent au long des côtes de Normandie et de Bretagne, à ses « paysans » soumis aux lois inexorables de la nature. Disparition quasi complète de l’huître plate dans le Bassin, mortalité et surexploitation ont conduit au développement de l’ostréiculture, encouragée ici par Napoléon III, assurée par diverses techniques mises au point localement et que l’auteur décrit. Premier sauvetage par l’huître portugaise venue de l’estuaire du Tage ; deuxième sauvetage dans les années 1960 grâce à l’huître japonaise, plus robuste, importée massivement. Puis Charles Daney explique comment à partir de moment-là il a fallu aux ostréiculteurs s’habituer avec de nouvelles techniques de culture et de commercialisation de ce qu’il appelle « un caillou vivant ».
La Dépêche du Bassin précise que Charles Daney se livre à une description du matériel de cette filière, de la pinasse au parc, en passant par les collecteurs et la cabane. Autant d’occasions de décrire tout le folklore qui entoure l’histoire de la profession.
C’est donc une série de drames et d’aventures amis aussi de belles réussites humaines que ce livre permet de mieux connaître. Le tout assaisonné de cet humour qui est, avec leur rigueur spécialiste, la marque de cet écrivain bien de chez nous.
– Éditeur Métiva. 9,90 €.
* « Bassin d’Arcachon, l’éternel », par Dominique Dayau. Photos de Guy Pracos.
+ « Un monologue intérieur dans le pas de ses aïeux » : tel est le titre du bien bel l’article que, dans Sud Ouest, Florence Moreau consacre à ce superbe album. Et la journaliste de préciser : « C’est la rêverie nostalgique d’un promeneur solitaire ». Elle y voit un songe interprété hors des sentiers battus et à l’écart des flots de touristes. Un voyage aussi qui a le goût et l’odeur de l’enfance, celle qui a pris racine dans cette terre sablonneuse qui a vu germer tant de caractères et dont il sort avec une certitude : il appartient à ces lieux comme Jules Vallès l’écrivait : « Mon pays, je sais bien que je suis un morceau de toi ». Puis la journaliste commente ainsi les photos de Guy Pracos : « des paysages qui sont le reflet des humeurs changeantes de l’auteur, dans des lieux du Bassin qui résistent au temps qui passe ». Bassin de traditions et de travail des ancêtres auquel les deux auteurs rendent hommage jusqu’à travers leur langue gasconne.
– Editions Cairn
* « Le Commando André Dignac », par Roderic Martin
+ André Dignac, c’est un simple nom sur une stèle érigée près du collège Henri-Dheurle à La Teste-de-Buch. Voilà, cependant, un Testerin bien trop oublié dans sa commune natale. Le livre que Roderic Martin vient de publier pour rappeler son souvenir est donc le bienvenu, ainsi que le rappelle Guillaume Prêtet dans « Sud Ouest ». André Dignac rejoint les forces navales françaises libres en août 1940, à l’heure où la grande majorité des Français appuie le régime liberticide de Pétain. Il a 20 ans. En 1943, il fait partie des quelques premiers membres du célèbre commando Kieffer. Douze d’entre eux se trouvent engagés en 1943 dans l’assaut sur l’île anglo-normande de Sark conduite le SOE (Spécial Opération Executive) britannique pour une recherche d’informations et de libérations de prisonniers. Roderic Martin rappelle qu’André Dignac sautera sur une mine, avec son compagnon Robert Bellamy. L’auteur a obtenu, écrit le journaliste, de nombreuses informations durant une enquête de six mois menée jusqu’en Angleterre auprès des descendants des membres du commando Kieffer. Et il a pu consulter le carnet de marche d’André Dignac ce qui donne à ce récit historique une véracité indéniable. Depuis 1949, André Dignac est inhumé au cimetière de sa ville. Chaque 11 novembre, les enfants des écoles déposent un petit drapeau tricolore sur sa tombe…
– Édité par la SHAA. 68 p. 8 €. En vente au siège de la Société et dans certaines librairies.
* « L’île aux oiseaux, poésie du Bassin d’Arcachon », par Gaëlle et Philippe Ricaud.
+ « Un livre dans l’intimité de l’île aux oiseaux », c’est le titre de l’article de Guillaume Prêtet qui en rend compte dans Sud Ouest. Le journaliste parle « d’un beau livre (…) où l’on ressent tout l’attachement qu’ils portent à ce lieu ». Philippe est peintre et, commente Guillaume Prêtet, « il en rend toute l’atmosphère grâce à sa maîtrise très juste de la lumière et des couleurs ». Quant à Gaëlle, elle déclare : « dans ses textes poétiques elle souhaite pouvoir dire ce qu’en tant qu’homme on peut vivre avec la nature ».
Dans la préface de l’ouvrage, le maire de La Teste-de-Buch, Patrick Davet, écrit : « ce qui fait que l’île est si belle, c’est que ce sont ses habitants et ses gardiens qui en prennent soin, jour après jour ». C’est bien ce qu’ont voulu les auteurs « montrer que l’île c’est autre chose que les cabanes tchanquées et les cartes postales ». C’est pourquoi, ajoutent-ils, « ils ont voulu faire partager le ressenti, la vie intime des ses habitants et de ses quartiers ». Et ils les connaissent d’autant mieux qu’ils occupent une cabane familiale depuis plusieurs générations.
– Autoédition. 61 p. 25 €. En vente gaelle.ricaud33@gmail.com
* « Sur le Bassin d’Arcachon », par Paul Kauffmann
+ L’auteur de ce livre l’a publié … en 1901. Mais, grâce à Fred Morisse qui a créé la maison d’édition Le Bas du pavé, on peut de nouveau le retrouver, ainsi que l’annonce Jackie Donzeaud dans Sud Ouest. Kauffmann était un journaliste alsacien mais aussi un dessinateur ce qui rend ses ouvrages particulièrement intéressants car très complets. « Cette réédition ne peut qu’enthousiasmer ses lecteurs car l’auteur a su peindre tout sur les activités des parqueurs de l’époque, ceux des débuts de l’ostréiculture », écrit Jackie Donzeaud. Il a noté que le « reporter » a, non seulement, su décrire et illustrer chaque geste et chaque technique alors utilisés mais qu’il a aussi navigué sur les pinasses et ainsi pu saisir les charmes des pittoresques paysages et des villages rustiques du Bassin. Mais, souligne encore Jackie Donzeaud, « l’auteur s’est intéressé aussi à la pêche pour narrer les nombreux drames dont les marins du Bassin ont été victimes ». On le comprend, c’est là un livre rare et précieux qui jaillit d’un passé qui semble déjà lointain. À signaler que le même éditeur a déjà publié plusieurs ouvrages de Koffmann, particulièrement précieux : « Voyage au Bassin d’Arcachon », « Dans la forêt d’Arcachon », « Tableaux pittoresques des Landes et du Bassin d’Arcachon » et « Brémontier ».
– Editions Le Bas du pavé. 11 €. Toutes librairies.
* « Un soupçon de justice », par Florence Tachoires.
+ C’est une fresque de l’aérium d’Arès, abandonné depuis cinquante ans, qui a inspiré Françoise Tachoires, raconte Jean-Pierre Despeyroux dans Sud Ouest. Elle imagine que ce décor cache un secret. Il date de 1929, l’année où les femmes condamnées à mort étaient systématiquement graciées. Partant de là, elle imagine qu’une jeune journaliste, Jeannette, couvre le procès de la meurtrière d’un magistrat. Un juge veut exiger que cette criminelle soit absolument guillotinée. Jeannette va se battre pour prouver que des faux-semblants ont émaillé le procès et que les circonstances atténuantes du crime n’ont pas été prises en compte. Et le journaliste de souligner : « Les personnages y sont bien étudiés ». C’est le troisième roman de cette écrivaine à laquelle on doit déjà « Les marches du palais » et « Au creux de l’anse ».
– Édition Terre d’Histoires.
* « Les recettes du petit gastronom-huîtres d’Arcachon », par quinze chefs étoilés français
+ Ils s’appellent Thierry Renou, Stéphane Carrade (tous deux du Bassin) Georges Blanc, Jean-André Charial, Christophe Coutenceau, Pierre Gagnaire, Michel Guérard, Christian Le Squer, Pierre Orsi, Anne-Sophie Pic, Gilles Reinhardt, Guy Savoy, Jean Sulpice et Mathieu Vianney. Tous, cités par Fabienne Amozigh-Gay dans La Dépêche du Bassin ont participé à la rédaction de ce recueil savoureux vendu au profit du Lions Club d’Arcachon, en vue d’aider à la construction d’une Maison de l’Autisme auprès de l’hôpital d’Arcachon. « Une action alliant gastronomie et générosité » a dit Yves Foulon, maire d’Arcachon. On apprendra donc dans l’ouvrage comment réaliser des plats méconnus comme préparer les huîtres chaudes sabayon au champagne rosé, les huîtres juste raidies au beurre salé et citron confit, etc. Autant de recettes qui tombent bien au moment des fêtes de fin d’année.
– 5 €. En vente dans toutes les librairies de France.
* « Les Maîtres de la Lande », par Élise Valéro
+ Cette écrivaine, professeur de Lettres classiques vit à Ychoux (Landes). La Dépêche du Bassin écrit qu’elle a été biberonnée à la térébenthine. Ce qui explique pourquoi son premier roman a pour cadre la Haute-Lande. C’est là que revient Elizabeth, inquiète des causes du suicide de son amie Anna. Bien des faits vont la persuader qu’il y a là un mystère, d’autant plus qu’elle avait écrit qu’elle voulait se lancer dans un nouveau départ. Élizabeth va donc se lancer dans une enquête à laquelle s’opposeront les « maîtres de la Lande » qui ont beaucoup à se reprocher. Et La Dépêche du Bassin de conclure : « Un ancrage dans les Landes et un goût pour les belles lettres forment une combinaison parfaite pour écrire cette histoire transpirant le secret de famille ».
– Éditions Terres de l’Ouest. 256 p. 15 €.
Jean Dubroca