L’itinéraire d’Antonin – fin du IIIe ou début IVe siècle

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Le nom d’Antonin que porte l’Itinéraire n’a aucun rapport avec l’empereur Antonin le Pieux ; si ce nom désigne un empereur, il se peut que ce soit Caracalla Antonin 188-217, sous le règne duquel on aurait commencé cette compilation. Intitulé par les plus anciens manuscrits : Dimensio universi orbis a Julio Caesare et Marco Antonio consulibus facta, il s’agit d’une sorte de livret de poste divisé en deux parties, dont la première, la plus considérable, porte le titre d’Itinerarium provinciarum, tandis que la seconde est un Itinerarium maritimum. Ces deux sections énumèrent les routes militaires et maritimes de l’empire romain vers la fin du IIIe ou au début du IVe siècle. 

L’itinéraire d’Antonin (Itinerarium Antonini Augusti) est un itineraria adnotata, c’est-à-dire un itinéraire annoté. Ce texte se présente comme un vaste répertoire comprenant la liste des routes de l’empire, avec le nom des stations routières et l’indication des distances de l’une à l’autre. Les distances constituent l’un des éléments les plus intéressant de cette oeuvre dans la mesure où elles nous permettent de localiser avec précision les stations mentionnées. L’unité de mesure employée, annotée m.p., est le mille (milita passum) qui équivaut à 1000 (doubles) pas romains, soit 1480 mètres. Ce texte antique nous est connu par pas moins de vingt manuscrits datés du VIIe au XVe siècle.

N.B. L’ensemble des fiches relatives à l’itinéraire d’Antonin a été réalisé à partir des énormes ouvrages de synthèse publiés en 1845 par le marquis A.-J.-F. Fortia d’Urban et en 1848 par M-E. Pinder & G. Parthey (aujourd’hui libres de droits). L’ensemble des identifications proposées par ces deux ouvrages a été réévalué, modernisé et profondément corrigé.

http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/itineraire-d-antonin-6218.htm

Parmi les manuscrits de l’Itinéraire d’Antonin, un des plus célèbres est celui de la bibliothèque de l’Escurial

Le site gallo-romain de Biganos, au lieu-dit Lamothe, revêt un grand intérêt par sa situation topographique et géographique, en fond d’estuaire, mais également, historique, comme possible Boii ou Boios de l’itinéraire d’Antonin, voie terrestre reliant Burdigala (Bordeaux) à Losa sur le lac de Sanguinet ouvrant alors sur l’océan (Séguy et al., 1991 ; Bouchette, 1995 ; Bouchette et al., 2002).

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1030814/f160.item.r=dax

Les positions sont sous-tendues en définitive par les références aux distances inscrites dans l’Itinéraire d’Antonin, soit dix-neuf ou trente-neuf milles, suivant les éditions, entre Dax et Carasa.

À la ligne de partage mouvante des milles romains, gaulois et aquitains, s’ajoute une autre pierre d’achoppement constituée par la variabilité des chiffres, et le seul fait de parler de variations ou de variantes implique déjà une interprétation des chiffres, et oriente soit vers des variations de copistes, soit vers des variantes d’itinéraires. Pline dit que les romains avaient l’habitude d’adopter des pas plus ou moins grands non seulement selon les provinces, mais aussi selon les routes : “Alibi mutato provinciarium modo, alibi itinerum modo auctis aut diminutis passibus”. Les romains ont été des précurseurs en véhiculant à travers leurs conquêtes l’art de la correction des chiffres : Romains à Rome, Gaulois en Gaule, ils sont Aquitains en Aquitaine. Il est vraisemblable que délaissant le mille romain de 1,481 m ou 1,490, le mille gaulois de 2,222 m, ils aient chiffré les distances dans notre province en mille aquitain de 2,963 mètres. Mgr. Lasserre, un des auteurs qui ont le mieux étudié cette question de distances entre les relais de poste, les stations ou les villes dans sa monographie sur “Notre Dame de Muret et les chemins de St-Jacques en Gascogne”, invoque le texte de Pline pour expliquer le changement d’unité de mesure survenu, d’après lui, à l’intérieur de la province d’Aquitaine, en fonction de l’ancienneté plus ou moins grande de ses routes. Le premier réseau, écrit-il, d’origine aquitaine, mais refait et entretenu par les Romains, fut l’objet du mesurage entrepris à l’instigation de Jules César pour tous les chemins de l’Empire. Dans ce mesurage, les usages locaux furent respectés sur ces vieux chemins d’Aquitaine, dont faisaient partie :

1) La route qui partant d’Espagne, entrait en Aquitaine à Summus Pireneus, par Imus Pireneus et Carasa, atteignait Dax, et suivait le littoral vers La Teste et Bordeaux.

2) La route de Dax à Toulouse, qui continuait à travers la Narbonnaise et reliait les Pyrénées aux Alpes.

Le mille aquitain leur fut appliqué.

Le second réseau comprenait les voies nouvelles créées par ordre de l’Empereur Auguste, et destinées à couper toutes les Gaules par quatre grandes voies partant de Lugdunum (Lyon). Parmi ces voies nouvelles, sont rangées :

1) La route de Bordeaux à Agen, Auch et Luc-Arman.

2) La route directe de Bordeaux à Dax par Salomacum (Belin ou Salles) et Coequosa (Laharie).

3) La route de Beneharnum (Lescar et pour Mgr. Lasserre, Muret) à Saragosse, par Iluro (Oloron) et Summus Pireneus (le Somport, deuxième Summus Pireneus).

Le mille gaulois leur fut appliqué en Gaule Aquitaine comme en Gaule Celtique. “Donc sur les chemins de l’ancienne Aquitaine, deux sortes de mille servaient à mesurer les distances : le mille aquitain de 2,963 mètres, pour les anciennes voies, le mille gaulois pour les nouvelles”.

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Raphaël

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