Conduit par Robert Duchez, le bataillon des combattants volontaires entre dans Arcachon le 22 août 1945, lors du premier anniversaire de la Libération, par la rue qui deviendra avenue de la Libération ; en 2012, c’est la dernière célébration pour l’Amicale arcachonnaise des combattants volontaires de la colonne Duchez. Toute une page d’histoire de la ville. Soixante-sept ans d’existence pour l’Amicale des combattants volontaires de la colonne Duchez ! Créée le 24 juillet 1945, l’amicale est dissoute le 31 décembre 2011.
André Souleyreau (aujourd’hui décédé) fut son dernier président, après les présidents Couilloux, Minos, Mage, Fur, Huet, les porte-drapeaux Labatut, Ollivier, Rateau, Ruault, Lauga, Jaquerod se succédant de même. Une amicale qui, au cours de ces soixante-sept ans, a voulu perpétuer le souvenir de l’unité créée après la Résistance par Robert Duchez en 1944 : « Nous ne voulions pas que ce souvenir disparaisse sans offrir un hommage à tous ces anciens combattants, explique Bernard Boutaud de la Combe, président du Comité d’entente des anciens combattants, aux côtés de Georges Gaillagot, le maître de cérémonie, et d’Huguette Duchez, fille de Robert Duchez et secrétaire de l’amicale.
Durant toutes ces années, les anciens combattants du bataillon Duchez ont marqué de leurs présences les cérémonies commémoratives de la Libération d’Arcachon, le 22 août. L’occasion pour ceux qui ont combattu pour la liberté de rappeler le rôle important de la colonne Duchez, composée de 300 résistants des Forces française de l’Intérieur (FFI) qui, sous l’autorité du colonel Édouard de Luze, est entrée dans Arcachon un 22 août 1944 pour la libérer.
Huguette Duchez évoque aussi cet autre rendez-vous annuel : « Chaque 1er mai, l’amicale effectuait un pèlerinage et déposait une gerbe sur les stèles des trois Arcachonnais (Léo Neveu, Jean Parès, Jean Fourès), morts pour la France sur le front du Médoc, Hourtin, Vensac et Vendays, en décembre 1944. C’était l’opportunité pour tous ces hommes, souvent entourés de leurs familles de se retrouver, de parler du passé… »
Ainsi que le souligne Bernard Boutaud de La Combe, « évoquer cette amicale, c’est évoquer tout un pan de l’histoire d’Arcachon. Malheureusement, avec les années, les anciens combattants volontaires étaient de moins en moins nombreux. Cette année, seuls André Souleyreau et Gabriel Maubourguet étaient présents… » D’où la dissolution de l’amicale. Ce 22 août dernier, le président Souleyreau a remis au Comité d’entente d’Arcachon le drapeau du bataillon d’Arcachon (baigné dans le Rhin en 1945). Il sera exposé dans la salle des anciens combattants au centre socioculturel. C’est en effet tout une page d’histoire qu’a vécu ce drapeau. Sous le commandement du colonel de Luze, coordinateur de la Résistance arcachonnaise sous l’occupation allemande, et sous la conduite du capitaine Robert Duchez, « père » de la fameuse colonne, un groupe s’empare, le 22 août 1944, d’armes lourdes et chasse les Allemands en déroute. Le bataillon Duchez rejoindra ensuite le 34e régiment d’infanterie des FFI afin de participer aux combats dans le Médoc. La colonne Duchez va, dès le 22 août, avoir pour mission de suivre les Allemands en retraite. Robert Duchez se retrouvera avec sa colonne de 200 hommes environ, sur le front du Médoc, face à de fortes troupes allemandes, solidement retranchées.
Né en 1909 à Arcachon (fils de Georges Duchez, qui devint à la Libération le propriétaire et directeur du « Journal d’Arcachon »), Robert Duchez reste dans l’armée après 1945, retraité avec le grade de lieutenant-colonel en 1963. Directeur du « Journal d’Arcachon », il fut aussi maire adjoint de la ville. C’est d’ailleurs le « Journal d’Arcachon », en date du 30 août 1945, qui fait paraître cette information : « Le commandant de Luze, commandant d’armes de la place d’Arcachon, annonce à la population que la liberté de la presse est rétablie, sous réserve du visa des articles, par le bureau de la place. »
Il faudrait des pages et des pages pour évoquer les événements de tous ces mois ayant suivi la Libération : « Fin 1945, les combats sont finis, relève Huguette Duchez. À Arcachon, les combattants volontaires de la colonne décident de créer une amicale dont les statuts précisent leur volonté de garder l’âme de leur engagement, les liens d’amitié de leur campagne sur le front du Médoc et à venir en aide aux familles de leurs camarades. » C’était il y a soixante-sept ans. Cet engagement, ils l’ont tenu. Mais le prochain 22 août ne verra plus le Parc mauresque accueillir le drapeau de l’amicale…
« L’histoire des volontaires de la Résistance », Chantal Roman, Sud Ouest du 31 août 2012
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