L’eau, on ne comprend pas toujours ce que c’est

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L’eau, on ne comprend pas toujours ce que c’est

Cela semble évident, mais quelquefois on ne comprend pas de quoi il s’agit. C’est tout à la fois très clair et tout à fait mystérieux. Qu’est-ce que l’eau et surtout qu’est-ce que ça veut dire ?

Le lecteur aussi HTBoïate que numérique sait évidemment bien des choses sur l’eau — ne serait-ce que par atavisme puisque nous venons de cet élément-là, que celui-ci soit le liquide amniotique du ventre de notre maman ou, bien plus anciennement, le considérable bouillon de culture de l’océan primaire d’il y a 3,5 milliards d’années d’où sortirent nos modestes ancêtres, les bactéries. Nous sommes tous filles et fils du poisson.

Je dis tout net que je n’évoquerai dans cette causerie ni l’eau du ciel (en l’occurrence nous n’en manquons pas ici cette année), ni celle du robinet ou en bouteille, pas plus celle qu’il faudrait mettre dans son vin et à peine celle de la mer. En revanche je développerai les termes maritimes qui sont attachés à celle-ci.

Il est nécessaire de rappeler la richesse de l’eau de mer qui, outre son atome d’oxygène et ses deux d’hydrogène, possède en moyenne et dans l’océan 2,74 % de sel (NaCl) ; la chose est bien pratique pour faire la cuisine et, autrefois, pour conserver les aliments. Les saulniers audengeois du XVIIIème siècle n’ignoraient pas cette propriété qui permet par évaporation d’obtenir près de trente grammes de sel par litre d’eau de mer entrée dans le marais salant. A cela nous ajouterons quelques pincées d’autres sels minéraux tels que le magnésium, le potassium, les bromures et les iodures, le tout à hauteur de 0,7 %. Et aussi quelques cochonneries, les unes provenant de l’agriculture « moderne » apportées par la Leyre et les autres des conséquences de l’urbanisme.

Venons-en au sens de quelques expressions maritimes. Il faut en préambule parler de la différence entre les eaux bleues du large et les eaux côtières, les eaux blanches, dont les qualités sont « gâtées » par la proximité du littoral, termes exprimant aussi la profondeur navigable où il s’agit d’avoir de l’eau, sous-entendu sous la quille. Après la profondeur vient la notion de surface, lorsque l’eau est plate comme un miroir ou lorsque l’on parle de la ligne d’eau qui ceinture la coque d’un bateau à hauteur de la ligne de flottaison ; puis le concept d’espace, quand on a de l’eau à courir, c’est-à-dire un espace libre devant l’étrave ou sous son vent (« De l’eau, de l’eau ! » criera-t-on ainsi au bateau qui nous serre de trop près), ou lorsqu’on se trouve à proximité d’une terre (par exemple les eaux de Terre-Neuve que connurent certains chalutiers arcachonnais d’antan). Faut-il encore parler des eaux territoriales alors que des navires d’autres Etats de l’U.E. pratiquent à grande échelle une pêche industrielle destructrice le long de nos côtes ? Passons. Evoquons plutôt les marées de vives eaux, les grandes marées, ces hautes eaux, autrement dit les syzygies, et leur contraire les mortes-eaux où il ne se passe presque rien. Finissons par le plus terrible, la voie d’eau, celle qui fait que le bateau fait de l’eau.

Bref, « Que d’eau, que d’eau ! », comme le maréchal de Mac Mahon le fit opportunément remarquer en 1873 lors des grandes crues de la Garonne. Cette eau fragile, martyrisée et polluée par bien des choses, il faut tenter de la protéger tout en évitant la ruine de ceux qui vivent des activités y étant liées. Songeons-y en particulier lorsque nous pouvons peser sur le destin de notre barque commune qui semble faire eau de toute part.

Le Corsaire de la carte postale illustrant cette publication a assurément de l’eau à courir devant lui.

Thierry PERREAUD

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