Le Mimbeau délimite la petite baie de la Lugue (ou Lucque) qui débouche, devant le phare du Ferret, à hauteur de l’escourre de la Douane. La flèche du Mimbeau s’est formée vers 1880, alimentée par un phénomène de dérive littorale : les houles océanes diffractent à l’entrée du bassin d’Arcachon, et les sables transportés par les eaux à marée montante se déposent sur la côte interne de la presqu’île. En un point où cette côte originelle obliquait vers l’ouest, la flèche a prolongé de façon continue la plage de sable qui s’étire depuis la pointe du Cap Ferret.
Les noms de lieux et sites girondins recèlent bien des mystères. En 2004 et 2005, « Sud Ouest » avait mené l’enquête : une longue langue de sable blanc à l’aplomb du phare du Cap-ferret et formant avec la côte intérieure de la pointe une lagune bordée de villas de rêve… C’est le Mimbeau, effectivement bien beau. On y rôtit sans se poser de questions. Il y aurait pourtant de quoi. Le profitable « Dictionnaire du bassin d’Arcachon » (Éditions « Sud Ouest ») nous apprend que la plage tient son nom d’un marin testerin péri en mer en janvier 1831. L’homme avait installé là une cabane ostréicole pour raccourcir le trajet jusqu’à la pleine mer. Certes, certes. Cette origine si précisément datée ne nous dit pourtant pas pourquoi « Mimbeau » se dit et s’écrit parfois « Mimbo », en une graphie qui ne doit rien à l’approximation flemmarde des SMS. Il est vrai que « Mimbo » sonne comme une fête ou une danse quand « Mimbeau » a l’air plus laborieux. Surtout si l’on prononce « mimbo » en faisant sonner le second « m » et en arrondissant bien le « o » final. Essayez : deux temps, une syncope, un air canaille et déhanché, mais oui c’est une samba brésilienne. Sauf que, renseignements pris, le terme « mimbo » désigne une ethnie du Cameroun et, dans leur langue, le vin de palme ou le fait de boire. Du Cameroun au Brésil, on voit bien par où sont passés les grands vents de l’Histoire. Il serait cependant étonnant qu’ils aient soufflé tout net de Yaoundé au Ferret et du Ferret à Rio. On ne voit pas non plus pourquoi le dénommé Mimbeau aurait dansé la samba sur la plage à une époque où le bord de mer n’était fréquenté que par les travailleurs. Ni comment il aurait trouvé du vin de palme dans les bancs d’huîtres. Oui, je sais, rien qu’à imaginer, c’est vertigineux. Bon, allez, tout le monde à l’eau, on est au Mimbeau.
Que sauriez-vous me dire de « Maine-Beau », propriété de M. Auschitzky puis parc à huître de M. Grenier (Avenir d’Arcachon 9-7-1893 & 30-8-1908) ; Gabory, dans son Guide d’Arcachon, 1896 cite : Non loin du restaurant Lavergne se trouve une vaste lagune transformée en partie en exploitation ostréicole dont le siège se nomme Maine-Beau, et appartient à M. Grenier.
L’évolution morpho-bathymétrique des passes du bassin d’Arcachon de 2000 à 2010. Conséquences et enjeux, Bruno Manciet, 2010.
Le Bassin d’Arcachon, Jacques Viguier, 200.
« Mimbeau, un air de samba camerounaise », Catherine Daday, Sud Ouest du 25 juillet 2020.