Je dois avertir le lecteur numérique, dont l’œil friserait déjà à la pensée de se repaitre d’une lecture égrillarde, que ma petite causerie vespérale n’est pas relative à une pratique proche de la brouette javanaise, de la toupie tonkinoise ou encore de la torpille japonaise. Certes je ne critiquerai pas les membres de notre groupe qui s’adonneraient à ces exercices, aussi exotiques que réclamant des capacités de gymnaste — quoique souvent chenus, nos membres sont généralement restés très verts —, ni ne les encouragerai d’ailleurs. Point de jugement de valeur, ce n’est nippon ni mauvais. Mais ne comptez pas sur moi pour me vautrer avec complaisance dans la gaudriole ; nous sommes un groupe sérieux, tout de même !
Le billard japonais est un jeu se pratiquant au moyen d’une sorte de grande table de bois, inclinée, encadrée de rebord et dont la partie supérieure comporte dix trous. Le joueur dispose de dix boules, de bois également, qu’il doit lancer de telle sorte qu’elles se logent dans lesdits trous auxquels correspond un nombre de points différent pour chacun d’entre eux. Le joueur a droit à deux essais pour chacune de ses dix boules et le vainqueur est évidemment celui qui obtient le meilleur score.
Ce jeu, très populaire au début du siècle dernier, était proposé à l’occasion des nombreuses foires qui se tenaient autrefois dans nos villes et villages, mais aussi dans les casinos que les stations thermales et balnéaires s’enorgueillissaient de posséder depuis que la loi de 1906 en limitait l’installation à ces dernières. Ainsi le Casino de la Plage arcachonnais du quartier d’Eyrac, réservait-il une salle entière aux billards japonais.
À Andernos-les-Bains, l’établissement de la famille Descot — dénommé fort justement « Le billard japonais » puisqu’il était dédié à ce type de jeux de boules —, pris tout d’abord ces quartiers au 123-125 du boulevard de la République avant que de déménager tout à côté du Casino Miami. De manière amusante, lorsque j’étais enfant et alors que la « roulette à nougats » avait remplacé les billards japonais depuis déjà quelques années, le nom perdurait encore… et ceci jusqu’à la fermeture et la démolition de cette vieille bâtisse de bois au mitan des années 70.
Thierry PERREAUD