« Le prieuré du Barp » dit l’abbé Gaillard, « eut à ses début une très réelle importance ; on lui avait entre autres privilèges, conféré le droit d’asile » ; il ajoute d’ailleurs qu’au commencement du XVIIe siècle, les possessions du prieuré sont limitées « par quatre croix éloignées d’une lieue les unes des autres, appelées les quatre franquesses[1] de l’hospital du Barp[2] »
Où étaient ces croix ? L’une peut-être sur le chemin menant à La Teste, à Tastous ou à La Canau Sèque, possessions du prieuré. Une autre peut-être vers Poulanges, toujours sur le chemin de La Teste à Barsac, qui relie la côte océane à la vallée de la Garonne. Les deux autres sont, à n’en pas douter, sur cette antique voie romaine Bordeaux-Dax, ou à proximité. Au nord, peut-être au Barbareau ; au sud, très certainement au Crouts qui, sur la carte de Belleyme du XVIIIè siècle, est appelé la Croux (du latin Crux : la croix). Ainsi, les voyageurs de ces temps, pèlerins et autres, trouvaient sur leurs chemins des refuges dans les zones inhospitalières et peu sûres comme sur la route du littoral de Saint Jacques.
Il faut toutefois préciser que les personnes qui se réfugiaient ne pouvaient bénéficier d’une quelconque protection si elles étaient prises en flagrant délit de crime. De plus, les lois de » franchises » étaient instaurées dans un esprit de protection certes, mais surtout dans l’intention de favoriser le peuplement par un apport extérieur.
Souvenons-nous que, pas loin de chez nous, en pays de Born(es), la sauveté de Mimizan était délimitée par des pyramides formant un polygone irrégulier, placées autour de l’ancien bourg ; ces hautes bornes étaient surmontées de croix afin qu’elles parussent de loin au milieu de la plaine découverte. À la fin du XIXe siècle, il n’en reste que sept, mais pas bien longtemps avant, on en comptait encore neuf.
Actuellement, seules 4 bornes sont encore visibles. Bâtis sur des monticules, ces édifices sont carrés et s’élèvent à une hauteur de 4,10 m à 4,50 m. Sur leur base, qui peut avoir 2 m de côté, s’élève une série de quatre dés, diminuant chacun de grosseur et formant quatre étages. Ces pyramides sont construites en blocs de minerai de fer (garluche), d’un grain très riche.
Au centre de cet espace se trouve l’église de l’ancien prieuré bénédictin Sainte Marie. Autour de cette maison de religieux vinrent se grouper les maisons d’un bon nombre d’habitants du pays. Cet endroit obtint ainsi des privilèges considérables qui favorisèrent l’accroissement de la ville naissante.
Sources : Jean-Jacques Cluzeau
http://www.ville-le-barp.fr/contenu-des-pages/7.html
http://musee.mimizan.com/informations/imprimer/texte_sauvete.htm
[1] – franquece = franchise, immunité. Affranchissement.
[2] – Mémoire concernant les possessions du prieuré en 1618.