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de l’Académie du Bassin d’Arcachon « Bassin Paradis », il est
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LA VIE QUOTIDIENNE ARCACHONNAISE, IL Y A PRESQUE CENT ANS
Avec l’hebdomadaire
« L’AVENIR D’ARCACHON» DE JUIN 1925 (*)
* Albert Chiché écrit aux nouveaux édiles. (Extraits)
+ « Notre ville est mal arrosée, mal nettoyée et mal éclairée. Les habitants de nombreuses rues plongées dans une complète obscurité se plaignent à juste titre. Le monument aux Morts lui-même ne bénéficie que de deux misérables becs de gaz juste suffisants pour permettre de constater son état lamentable. Pas de fleurs, pas de gazons, rien que des gravats et six platanes qui cachent la statue et l’écrasent. Remplacez ces arbres par des fusains, lauriers ou mimosas au milieu desquels vous mettrez quatre beaux lampadaires auxquels vous ajouterez une flamme du souvenir. Donnez à la mémoire de ces compagnons d’armes de la lumière et des fleurs. Ne leur devez vous pas cet hommage ? Réparez au plus vite cette coupable négligence ».
* Albert Chiché en expédition
+ Le cinéma Fantasio est mort. Le garage Renault le remplace, ce qui est un nouvel élément de prospérité. (*) Son directeur, M. Gaston Brisson, pilote aviateur, a organisé une excursion à bord du véhicule HP 10 qui a traversé le Sahara l’an dernier. Après la traversée de Pyla-sur-Mer et jusqu’à La Salie, la voiture à six roues s’est engagée dans des sentiers inextricables au grand ébahissement des rares habitants de la région où aucun véhicule n’avait jamais pénétré. La voiture a ensuite grimpé l’énorme masse de sable de la dune du Sabloney jusqu’à son point culminant. Puis, en descendant une pente raide, nous sommes arrivés sur la plage. Là, notre invincible machine s’est enlisée dans les sables mous du rivage. Il a fallu déblayer avec une pelle et pousser de toutes nos forces. Deux kilomètres plus loin, la rétive machine entre dans les flots et refuse d’avancer mais, finalement, après des heures d’effort, la six rues est arrivée au Grand Hôtel du Moulleau où l’on fêta joyeusement cette victoire de Renault.
(*) Situé à l’emplacement de l’actuel magasin Leclerc, le garage restera là durant environ 50 ans.
* Et Albert de Ricaudy s’aventure entre Pyla-sur-Mer et Peyroutas
+ Nous passons à toute vitesse devant les cabanes de Dulet, des Gaillouneys et de Brioule. Là, des résiniers et des résinières ahuris nous voient défiler en nous prédisant que nous n’irons pas loin. Les vaches sauvages apeurées fuient sous les admirables sous-bois de chèvrefeuilles et de fougères. Arrivés à Peyroutas, dans ce nid de verdure qui, de la dune, plonge dans la limpidité du lac de Cazaux. (…) Neveu et moi partons à la recherche de beaux paysages en prendre en photo. Nous n’avons que l’embarras du choix. Là, c’est un groupe de jeunes résinières qui montrent l’opulence de leurs formes dans l’ampleur des pantalons bleus ; plus loin, une vieille bergère, à cheval sur une jument landaise, conduit, pour tout le village de Cazaux, le troupeau de vaches, des taureaux et des veaux roux vers le truc de Maubruc qui s’avance dans l’étang, entre la prairie des nénuphars et des iris jaunes (…) Bientôt, la maison Renault organisera ici des excursions à prix abordables, à travers cette forêt vierge que nous devons aimer et respecter.
* L’AGRANDISSEMENT D’ARCACHON *
+ Le Comité d’expansion de notre ville sur l’Aiguillon a tenu une réunion publique au Skating, présidée par notre maire, M. Bon, M. Pélisson a démontré que la commune de La Teste ne pouvait que gagner à l’accroissement de la prospérité de notre ville par les nombreux profits qu’elle en tire. Il a montré qu’il serait désirable que notre port, prévu dans l’anse de l’Aiguillon, soit précédé par l’agrandissement de notre ville pour faire passer les voies ferrées de raccordement. Il a donc déploré l’exiguïté des limites imposées par La Teste.
Ensuite, M. Fargeaudoux a expliqué clairement comment on pourrait amener La Teste à composition et obtenir trois choses pour notre commune : son extension, son port, son assainissement. L’enquête officielle a eu lieu le dimanche 21 juin. Tous les très nombreux avis signés ont été favorables, sauf celui de M. Gardair, directeur de la Pêcherie Nouvelle. Parmi les commentaires, nous avons noté celui de M. Auschitzky (Guy de Pierrefeux) qui a écrit notamment : « La Teste qui n’a pas suivi la progression mondaine de sa voisine a 20323 hectares tandis qu’Arcachon, ville de luxe qui attire les étrangers, n’en a que 1097, ce qui est anormal. »
* UN SCANDALE EN VUE *
+ Notre brave ami Cazeaux, malgré la protection des lois, est sur le point d’être jeté à la rue avec sa femme et ses cinq enfants, hors de son logement situé 56 cours Tartas. Son propriétaire, qui est cependant un notable commerçant de la ville, a donné ordre qu’il soit passé outre aux protestations de son locataire. (14 juin).
La Saison estivale commence et pas le moindre toit à pareille époque pour abriter cette famille si intéressante. Il n’est pas jusqu’à l’espèce de cave où l’on voulait l’obliger à vivre qui n’ait été louée. Pourtant, il a été question de jeter ces malheureux à la rue et de porter leur mobilier dans le garage municipal. Oseront-ils le faire, ceux qui se réclament des sentiments démocratiques du parti populaire au pouvoir (*) ?
(*) Cabinet d’Édouard Herriot (Parti Radical).
* ACCIDENTS *
+ Lundi, vers 1O heures, M. Georges Bienvenu, 22 ans, ouvrier électricien à la Cie du Tram, était monté sur un chariot réparateur à 4,5O m de hauteur. Tout d’un coup, il s’est effondré sur le sol, ne donnant plus signe de vie. Il est probable que le malheureux aura subi un commencement d’électrocution et comme son chariot n’ayant plus de garde-fou depuis longtemps –blâmable incurie – il a été précipité dans le vide. Recueilli chez M. Léon Balet, menuisier, il n’a repris connaissance que vers 15 heures.
+ La mère et le fiancé de la jolie Paquita Lamarque dont tout Arcachon a pleuré la mort roulaient dans une Bugati à une allure folle, près d’Albi. La voiture est tombée dans le fossé. Mme Lamarque et son compagnon de route sont à l’hôpital militaire d’Albi avec plusieurs côtes enfoncées ou une grave blessure au front.
* V.I.P. ET MONDANITÉS *
+ M. Cayrel, député et maire du Bouscat, a loué la villa Trocadéro pour la saison d’été.
+ François Porché et sa femme, l’exquise Simone, de la Comédie française, sont à Arcachon. Son fils, François est un des meilleurs élèves de St-Elme. Ses parents sont venus passer avec lui les congés des grandes fêtes.
+ L’Homme à l’Hispano est le nouveau chef d’œuvre de Pierre Frondaie. On attend son prochain retour à la villa des Sablines.
+ La saison des traitements à la source des Abatilles commencera en janvier.
+ Pyla-sur-Mer donnait, dimanche dernier, l’illusion d’un coin du bois de Boulogne tant une foule de gens élégants sortait d’autos splendides.
* LES SPORTS *
* LE TOUR DU SUD-OUEST À ARCACHON *
+ Cette épreuve cycliste, création de la Petite Gironde, a fait étape à Arcachon. L’arrivée des coureurs a eu lieu samedi 30 mai à 15 heures, boulevard Deganne, devant le collège Saint-Elme où la foule était sur une telle longueur qu’on ne peut l’évaluer. Cette multitude est la preuve qu’Arcachon est un véritable centre sportif. On pensait que l’Albigeois Téqui qui n’avait pas quitté le maillot rouge depuis le départ battrait ses concurrents à l’emballage grâce à ses qualités de vitesse. Une crevaison de son pneumatique vers Sanguinet en a décidé autrement et il n’est arrivé que treizième. C’est le vétéran Cantou qui gagna l’étape Biarritz-Arcachon après avoir couvert une distance de 204 kilomètres à environ 28 kilomètres à l’heure après 7 h.30 de course, malgré l’état déplorable de certaines parties de la route. Les Arcachonnais de l’Union cycliste, Devos, Barbe, Cosse et Govaert participaient à la course.
Le lendemain, devant une foule aussi nombreuse que la veille, face au café Terminus, (*) nos 33 « as » nous quittaient pour leur dernière étape Arcachon-Bordeaux par Marmande, soit 210 kms. L’étape fut emportée par Téqui qui finit premier au classement général. L’Arcachonnais Devos est second.
(*) Face à la gare.
* GYMNASTIQUE *
+ Nos brillants gymnastes sont revenus de Strasbourg couverts de lauriers. L’une de nos deux Sociétés –ne disons pas laquelle car nous ne voulons pas participer aux querelles les concernant- a obtenu le second rang du classement général. M. Bon a chaleureusement félicité les gymnastes de « Tout pour la Patrie » et ceux des « Enfants d’Arcachon » et leurs distingués professeurs MM. Dupuy et Majouffre.
* INFORMATIONS *
+ Nos écoles publiques seront cédées pendant les vacances scolaires pour y loger des colonies scolaires de Bordeaux.
+ La commune participera pour 800 000 francs à l’achat du nouvel Hôtel des Postes à condition que les PTT prennent en charge les bureaux de St-Ferdinand, La Chapelle et du Moulleau. Il est aussi demandé que le service téléphonique soit prolongé jusqu’à 1h. du matin.
Général Nollet
+ On parle de plus en plus d’ériger Cazaux en commune distincte de La Teste, surtout depuis la visite du général Nollet (*) qui s’est étonné que cette importante agglomération soit sous le joug testerin.
(*)Ministre de la Guerre en 1924-1925.
+ Beaucoup d’Arcachonnais vont à la foire de Pentecôte à La Teste. On est en train de rajeunir la vieille mairie après avoir blanchi le clocher, dernier témoin de l’occupation anglaise. La municipalité testerine n’aime pas les souvenirs du passé.
+ Aujourd’hui dimanche a lieu à Notre-Dame la procession de la Fête-Dieu. Elle passe par le centre-ville et de magnifiques reposoirs sont installés, en particulier au Grand Hôtel, pour accueillir le St-Sacrement.
+ La fête annuelle du camp d’aviation de Cazaux aura lieu le dimanche 5 juillet. Au programme : évolutions aériennes, fête nautique de jour et de nuit sur le Lac. Feux d’artifice et grand bal public.
+ Dimanche dernier, les fidèles qui venaient assister à la messe de 11 h. à St-Ferdinand devaient passer par la sacristie où le curé, M. l’abbé de Mendivil, inspectait les costumes de ses élégantes paroissiennes. D’un geste impérieux, les yeux mi-clos, l’austère pasteur expulsait celles qui n’étaient pas assez chastement vêtues. Le mari d’une des jeunes femmes rejetées a envoyé une énergique protestation au Cardinal archevêque.
* ET PENDANT CE TEMPS EN JUIN 1925 * (**)
+ 2 juin : l’Aéropostale inaugure la ligne Casablanca-Dakar.
Mussolini supprime la constitution italienne.
Graves troubles en Martinique. Deux conseillers généraux et un gendarme tués.
+ 3 juin : Agitation dans les PTT. Le personnel reçu à la présidence du Conseil.
+ 4 juin : Obsèques de Lucien Guitry.
+ 7 juin : Désarmement allemand : longs débats prévus entre le Reich et les Alliés.
+ 11 juin : M. Painlevé part en avion vers le Maroc en guerre dans le Rif.
+ 12 juin : M. Caillaux tente de retrouver l’équilibre budgétaire. Il réclame rigueur et
discipline.
+ 13 juin : L’Italie sous la terreur fasciste.
Des facteurs parisiens toujours en grève. Ils réclament des renforts.
+ 16 juin : Toute la Chine du sud est en feu suite à une révolte ouvrière.
Les Gauches ont la majorité au Conseil général de la Seine.
+ 19 juin : Les Socialiste menacent l’unité du Cartel des Gauches. Ils s’opposent à la guerre menée au Maroc.
+ 20 juin : Amundsen aurait-il atteint le pôle nord ?
+ 21 juin : Une Lorraine-Dietrich l’emporte au 24 heures du Mans. Une terrible collision
a fait trois morts sur le circuit.
+ 21 juin-19 juillet : Tour de France. L’Italien Bottecchia l’emportera.
+ 25 juin : Négociations officieuse au Maroc avec Abd-el-Krim par l’entremise de
l’Espagne. De violents combats se poursuivent.
+ 27 juin : Les militaires ont pris le pouvoir en Grèce.
+ 28 juin : Le projet de taxation du capital est rejeté par la Chambre. Les Socialistes se
sont abstenus.
Jean Dubroca
jeandubroca@orange.fr
(*) Sources Gallica/BNF
(**) Source : « Paris-Soir »
