La royan d’Arcachon

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    La royan était considérée comme la reine des sardines du royaume. Autrefois on pêchait devant la petite ville de Royan, à l’embouchure de la Gironde, les meilleures sardines connues : allez savoir pourquoi, on les appelle des royans. Elles étaient fort petites.

Il y a cinquante ou soixante ans que cette espèce est perdue, et l’on ne pêche plus de sardines devant Royan ; mais on pêche, sur la grande côte de la mer de Gascogne, une très grosse espèce de sardine, qui est aussi fort bonne, et se vend très cher. Le Bordelais veut qu’elle s’appelle aussi royan, pour éterniser un nom qui lui rappelle les plus douces jouissances.

Promenade de Bagnères-de-Luchon à Paris par la partie occidentale de la chaîne des Pyrénées, la Gascogne, le Languedoc, la Guienne, la Saintonge, le Poitou, la Bretagne et la Normandie – Comte Pierre Louis Rigaud Vaudreuil – Paris – 1821

On trouve bien du camembert fabriqué en Italie, mais les vraies royans sont de Royan, comme les marennes de Marennes. C’est pareil au même, sauf que ce sont des sardines et pas des huîtres ! En emboitant le pas, les grosses sardines pêchées à Arcachon prirent le nom de « royan d’Arcachon ». Ainsi, les gares ont leur odeur : Cahors sent les truffes et Nancy, le houblon, Toulouse, la violette et Bordeaux-Saint-Jean ne sent pas le vin mais la « Royan d’Arcachon. »

Une marque de conserve, aussi bretonne que réputée, s’est emparée du patronyme il n’y a pas si longtemps pour commercialiser des sardines – excellentes d’ailleurs – et cela en toute légalité puisque le nom n’est pas protégé. Les clupéidophiles (autrement dit les collectionneurs de boîtes de sardines) s’en régalent forcément.

La vérité nous oblige à préciser que la mythologie locale, alimentée par la modestie légendaire des Charentais de la mer, n’a jamais fait de la royan un animal prompt à boucher le port de Royan.

Relaté par le journal La Charente du 16 avril 1933 : Heureux coups de filet de la flottille sardinière d’Arcachon. Favorisée par une période de beau temps exceptionnelle, la flottille sardinière d’Arcachon, depuis longtemps au repos, a poussé dans le golfe de Gascogne ses premières incursions printanières. Ces tentatives s’avèrent fructueuses et de bon augure pour la campagne actuelle. Elles ont permis aux pêcheurs d’Arcachon et de Gujan-Mestras de ramener une grande quantité de belles sardines. Cette sardine a été mise sur le marché au cours de 100 â 120 francs le mille, ce qui a permis de vendre le fameux « royan » d’Arcachon dans les rues de Bordeaux au prix de 0 fr. 10 pièce.

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Raphaël

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