La poudrerie de La Croix-d’Hins

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Une poudrerie est créée en 1913. De 1915 à 1917, la Poudrerie et chargement de grenades est la propriété de François Thévenot, associé à un grand chimiste polonais. Elle fournit des grenades au gouvernement italien qui, resté neutre jusqu’alors, rentre en guerre au côté de la Triple-Entente (France, Royaume-Uni, Russie) le 23 mai 1915.

Cette poudrerie emploie 1 200 femmes et 600 hommes, et fabrique jusqu’à 500 000 grenades par semaine[1].

L’explosion du 21 avril 1916 fait 42 victimes françaises[2] et espagnoles, civiles et mobilisées. Les causes restent incertaines : un officier bien renseigné met la cause de cette explosion à la charge du chimiste qui, dans les mélangeurs, devrait employer non des petits blocs de fer doux, mais des blocs de bronze afin d’éviter le risque d’étincelles. Le chimiste n’agirait que par économie[3]. François Thévenot restera très marqué par cet accident.

L’activité est complétée, en 1916, par la création d’un champ de tir, mais l’ensemble ne dure que jusqu’en 1917, l’Italie subvenant alors à ses besoins ; les bâtiments sont démolis et ce qui en reste est vendu à l’usine Blériot de Bègles.

[1]Les cahiers de l’Entre-Deux-Mers, n° 67, Anne-Marie Campos, et L’œuvre de Le Corbusier en Gironde, Bruno Fayolle-Lussac, 2005 : François Thévenot, à la tête de la Société des grandes entreprises méridionales (ex Maison F. Thévenot & fils), réalise d’importants travaux hydro-électriques dans les Pyrénées (dont le petit train du lac d’Artouste). Thévenot possède la villa Saint-Yves, à Arcachon, les près salés ouest de La-Teste, ainsi que plusieurs propriétés dans le fond du Bassin. Il acquiert le domaine Chavat en 1914, à Podensac ; en 1917, pour y construire le château d’eau, il fait appel à un jeune architecte, Charles-Édouard Jeanneret-Gris, par ailleurs ami de la famille, qui vient de créer la Société d’application du béton armé, et qui prendra deux ans plus tard un pseudonyme mondialement connu, même à Lège où il réalisera six logements individuels et un bâtiment collectif. Sous la cuve du château d’eau de Chavat, une gloriette, avec huit portes-fenêtres donnant sur le parc, est accessible par un escalier hélicoïdal. Thévenot, victime du krach boursier de 1929, doit se défaire de nombreuses propriétés. François Thévenot avait épousé, à Bordeaux le 30 septembre 1899, Marie-Adrienne Larousse dont il a une fille, Yvonne, en août 1900. Divorcé, il quitte la région bordelaise et s’installe dans les Hautes-Pyrénées avec sa seconde épouse Marie-Marguerite Coutos (mariage à Paris le 13 décembre 1927). François Thévenot est le grand-père de Michel Boyer, propriétaire du château du Cros (acquis par François Thévenot en 1921), à Loupiac, et de Muguette Boyer, épouse du docteur Bordessoulles, médecin à Pauillac, décédée à St-Laurent-de Médoc le 13 mars 2007, à l’âge de 86 ans.

À Marcheprime, une stèle en l’honneur des victimes de l’explosion de la poudrerie  est inaugurée le 27 avril 2014.

[2] – AD Gironde 10R37, voir aussi 2R71 Champ de tir de Croix-d’Hins.

L’acte n° 2 du 22 avril 1916 concerne le décès de François Bessette ; il a été mobilisé à l’usine de guerre de Croix-d’Hins. Son nom figure sur le monument aux morts de Royère.

[3] – Article de Madeleine Dessales sur la fabrique de Grenade de Croix d’Hins, 2014.

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Raphaël

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