La villa « La Pagode » est construite par Monsieur Lamarque, administrateur des Douanes en Indochine, pays auquel elle doit peut-être son nom effectivement peu local.
À la mort de son mari, décédé à Haiphong, Madame Lamarque s’installe définitivement à Arcachon ; elle s’associe alors avec deux de ses tantes qui ont fondé une maison de couture de bonne renommée
« Husson sœurs » boulevard de la Plage, dont par la suite elle assura seule la direction. Pour l’anecdote, le vendredi 10 août 1934 L’Avenir d’Arcachon publie, sur sa « Une », un article signé par Albert Chiché intitulé Le « Grand Artiste » entièrement consacré au peintre russe Georges Anatoliévitch de Pogédaïeff 1897-1971 qui expose dans le salon de la maison « Husson sœurs » ;
les portraits du couple Frondaie, réalisés par Pogédaïeff sont exposés et la feuille de chou locale s’enthousiasme pour celui de
Jeanne, « la perle de la collection ».
Madame Lamarque habite allée des Tilleuls avec sa fille Paquita dans une maison appelée « Ongi-Emen ». Fille unique, Paquita est jeune (20 ans), ravissante, riche et fiancée à un jeune officier charmant, Raoul Dupuy (dit Loulou) ;
après son mariage, elle doit s’installer dans une maison voisine, située également allée des Tilleuls, au n° 9, baptisée « Paquita ». Sa mort subite, à la suite d’une méningite foudroyante, suscite une très grande émotion dans Arcachon… Madame Lamarque, écrasée par la douleur, tente d’entrer en contact avec l’au-delà, pour y retrouver sa fille. La chambre de la jeune fille est transformée en mausolée, où la malheureuse mère et Loulou Dupuy pratiquent des séances de spiritisme. Ils pensent avoir reçu des messages de Paquita par la voie de l’écriture automatique. Ces messages, pieusement réunis par Madame Lamarque, sont édités dans un petit livre devenu par la suite un classique de la littérature spirite.
Raoul Dupuy, le malheureux fiancé, s’occupe de son ex-future belle-mère, jusqu’à sa mort, avec une grande sollicitude. Il ne s’est jamais marié et Madame Lamarque le considère comme son fils, et elle en fait son légataire universel. Il hérite des deux maisons de l’allée des Tilleuls, et d’une villa construite dans les 44 hectares au Cap Ferret, appelée « La Pagode », en souvenir des années passées en Indochine. À la fin de sa vie, Loulou Dupuy séjourne très souvent à « La Pagode ». À cette époque, la villa est située à l’intérieur de la Lugue (nom gascon de conche, plage de sable fin au fond d’une baie ; d’autres disent que c’est issu de l’ancien gascon lugue, féminin de luc bois, clairière).
Le banc de sable du Mimbeau a depuis beaucoup reculé, et « La Pagode » se trouve maintenant au bord de la plage du Bassin.
Sources : Françoise et François Cottin
https://www.thyssens.com/03notices-bio/loviton_j.php
Le 18 août 2020, je reçois un mail de la famille Kressmann, en particulier de Joël qui habite 11 allée des Tilleuls et qui dit en substance ceci : j’avais entendu que c’était les sœurs Husson qui avaient fait construire Paquita et Conchita, en même temps, par le même architecte à la fin des années 20. Je ne serai pas étonné qu’Ongi-Emen soit aussi du même architecte ? Ongi-Emen est la villa de Madame Autin*. Je crois que c’est l’acheteur Monsieur Reignoux en 1960 qui changera le nom de Conchita en Castelroux. Monsieur Reignoux transmet en 88 à sa fille qui nous la vend en 1990.
*Je trouve une « Madeleine Autin » au 5 avenue des Tilleuls.
Cher Monsieur, je partage votre ironie à propos du portrait de Jeanne Loviton réalisé par André Paz,en 1930. Je ne le considère pas non plus comme une perle rare mais en proposant ce portrait pour illustrer votre post, vous commettez une erreur: Georges de Pogédaïeff a effectivement réalisé un superbe portrait de la femme de Pierre Frondaie pendant son séjour à Arcachon, en hiver 1933-1934, lorsque Frondaie, divorcé de Jeanne Loviton, était à son troisième mariage et sa nouvelle et adorable épouse s’appelait Maria Favella. Son portrait est vraiment une perle. Cordialement, Alexandre Avelitchev, Université de Mons, Belgique