Fondateur des sites de l’étang de Langouarde et de Lentrade, c’est avec une grande émotion que les habitants du Porge et les élus se sont rendus le 28 septembre 2019 à la cabane de Lentrade : ce site est maintenant nommé Jésus-Veiga…
Adjoint de 1989 à 2001, Jésus Veiga, né le 27 décembre 1956, est élu maire du Porge en 2008 puis réélu en 2014, œuvrant activement pour l’environnement. Ainsi, dès 1995, un vaste projet de remise en eau de l’étang de Langouarde a permis de conserver cette zone Natura 2000 et d’y voir prospérer la faune et la flore inféodées à ces zones humides ; un Plan de gestion réalisé en 2014 permet de mettre en place une gestion écopastorale du site en partenariat avec le Conservatoire des Races d’Aquitaine.
Dans son village, Jésus Veiga est un bâtisseur. Durant ses deux mandats, l’élu réalise l’aménagement du bourg, lance les travaux pour la création d’une nouvelle école, rénove le stade municipal, etc.
En 2017, dans le cadre du PLU et des Opérations d’Aménagement et de Programmation, avec son équipe municipale, il souhaite limiter l’artificialisation des sols, favoriser la biodiversité et renforcer les trames vertes et bleues. Ainsi, le réseau hydrographique, géré en partenariat avec le SIAEBVELG (Syndicat Intercommunal d’Aménagement des Eaux du Bassin Versant et Etangs du Littoral Girondin.), bénéficie de mesures de protection dans ce document d’urbanisme. Un plan de Gestion Différenciée des Espaces Verts est également mis en place.
La zone littorale, soumise à une forte pression touristique, est en cours de restructuration dans le cadre du Plan Plage avec des objectifs de préservation de l’environnement et de maintien de la biodiversité. La partie forestière de la commune n’est pas oubliée, avec un renforcement de pratiques de gestion durable de la forêt depuis 2008.
Ces actions aux conséquences bien perceptibles au niveau communal font également l’objet d’importants efforts pour les valoriser à une plus large échelle, comme depuis 2015 l’organisation d’un forum annuel de la biodiversité rassemblant tous les partenaires et acteurs de l’environnement du territoire et de nombreux visiteurs. Jésus Veiga préferre préserver et valoriser plutôt que sanctuariser et il déclare à ce propos « D’une manière générale on ne protège bien que ce que l’on apprécie ou ce que l’on aime. En matière de biodiversité il en est de même. » Cet objectif de valorisation se traduit par la publication du livre vert du Porge, recueil de bonnes pratiques en faveur du Développement Durable, en 2010, puis en 2015 de l’ABC du Porge, récompensé par le trophée des Agenda 21 du Département de la Gironde en 2016. La commune du Porge est également finaliste du concours « Capitale Française de la Biodiversité » en 2016 et 2017. Toujours en 2017, la collectivité obtient le label européen « Territoire de Faune Sauvage ». Enfin, l’Agenda 21 est reconnu par le Ministère en 2011 et le deuxième plan d’actions est approuvé en fin d’année 2017.
Après une thèse universitaire sur les copépodes (petits crustacés vivant en eau marine ou en eau douce, souvent très abondants dans le plancton) de l’estuaire de la Gironde, Jésus Veiga rejoint la Fédération des Chasseurs de Gironde, la plus importante de l’hexagone, en 1985. Il y débute en tant que technicien responsable du service technique puis rapidement devient directeur de cette structure. Il met ses connaissances scientifiques au service du monde de la chasse. Il sait que c’est le seul moyen pour que les chasseurs soient entendus et reconnus. Il en est fier ! Pendant longtemps, il œuvre pour la défense d’une chasse raisonnée, en adéquation avec sa vision de la nature, qui s’attache avant tout à la défense des habitats et des espèces : il a une approche de l’environnement qui ne laisse personne indifférent. Jésus Veiga est conseiller scientifique pour « Oiseaux migrateurs du Paléartique Occidental[1] », il est incollable sur le nom des espèces ! Il aime transmettre son savoir, son amour pour la Nature et sa passion pour la chasse. Certains de ses stagiaires travaillent maintenant dans l’environnement (Fédération de chasse, centre ornithologique…) et poursuivent son travail, tout en respectant sa philosophie. Il a, pendant quelques années, donné des cours d’écologie en licence de géographie à Bordeaux. Grâce à cela, un nouveau partenariat naît entre géographes et chasseurs. En découlent deux publications, « l’Atlas de la biodiversité des forêts d’exception du bassin d’Arcachon » (https://www.bassin-arcachon.com/wp-content/uploads/2018/06/Atlas-Biodiversite.pdf),
et « L’Atlas de la biodiversité du Porge » qui répertorie 492 espèces végétales et animales, et 27 habitats de la commune. Ce projet, qui s’inscrit dans le cadre du premier Agenda 21 de la commune, a été élaboré en partenariat avec la Ligue de la Protection des Oiseaux, le C.P.I.E. Médoc (Centre Permanent d’Initiative pour l’Environnement), l’Office national des forêts, Cistude nature, les Fédérations départementales de pêche et de chasse et le Fonds de Dotation pour la Biodiversité.
Le Porge, finaliste 2016 et 2017 au Concours « Capitale française de la Biodiversité », décroche trois libellules (sur une échelle de 1 à 5) symbolisant son niveau d’engagement en tant que « ville-nature ». Trois actions exemplaires ont été présentées :
– prise en compte de la biodiversité et des continuités écologiques dans le PLU,
– extension du groupe scolaire inscrite dans une démarche globale de développement durable (matériaux et produits de construction respectueux de la santé et de l’environnement),
– restructuration du site du Gressier (plage accueil nature).
À l’image des jardins ouvriers du XIXe siècle, la municipalité crée en 2016 des jardins partagés pour permettre aux habitants de se retrouver, jardiner ensemble, échanger leurs méthodes. Même si le caractère rural du Porge laisse penser que chacun peut facilement disposer ou accéder à un jardin, la municipalité tient à mettre à disposition des habitants une parcelle communale pour favoriser le lien social et intergénérationnel. Ouvert à la population et aux écoles, il accueille des animations régulières et, depuis mai 2017, deux ruches pédagogiques. L’arrivée des insectes pollinisateurs et la présence de deux jachères (l’une fleurie, l’autre sauvage), vont dans le sens de l’action générale de la commune en faveur de la biodiversité et de la préservation des milieux.
En 2014, la Ville du Porge fait le pari de supprimer les poubelles de ses plages : une première en France ! La décision part d’une idée simple : plus on installe de poubelles, plus elles débordent. En les sortant de ses plages, Le Porge entend enclencher une dynamique vertueuse et inciter les visiteurs à changer de comportement pour repartir avec leurs déchets. Jamais une telle opération n’a été menée sur une plage et un parking de la taille de ceux du Porge : 26 tonnes de déchets non triés étaient générées chaque été, rien que sur la plage. Résultat dès la première année : 60% de déchets en moins, sans reports sur les abords. L’initiative fait des émules et reprise en 2017 pour la première fois dans les Landes, par la commune de Vieux-Boucau. Le Porge s’engage dans le programme local de prévention des déchets élaboré pour 4 ans (2016-2020) à l’échelle des 10 communes du territoire.
La municipalité s’engage en 2016 dans une action de lutte contre le gaspillage alimentaire. Elle lance une demande de labellisation « Mon Restau Responsable », démarche qui garantit une restauration scolaire de qualité et respectueuse de l’environnement. Le C.P.I.E. Médoc accompagne l’équipe du restaurant scolaire pour lutter contre le gaspillage alimentaire et promouvoir une alimentation saine et durable.
Face à la maladie, Jésus Veiga combat dans le silence. Jusqu’au bout, il est attentif à la vie des ses administrés dans un village où il a toujours vécu. Il décède le 26 juin 2018. Ses obsèques réunissent de très nombreuses personnes venues lui rendre un dernier hommage.
Ses actions et ses contributions à la protection de la nature et à l’établissement de meilleures relations entre les humains et leur environnement (et pas seulement à l’échelle communale) continuent à produire leurs effets : à nous de faire en sorte de promouvoir une autre sorte d’hommage à continuer à lui rendre en les poursuivant dans le même sens et avec le même engagement que les siens…
Valentin Désiré, Alain Dutartre, Jean-Francis Séguy.
https://www.biodiversite-nouvelle-aquitaine.fr/in-memoriam-manuel-jesus-veiga/
https://www.mairie-leporge.fr/developpement-durable/les-engagements-municipaux/
https://www.sudouest.fr/2018/06/26/le-porge-33-le-maire-jesus-veiga-est-decede-5180237-2921.php
Cabane de Lentrade
Première étape du sentier d’interprétation, à 1 km après le pont du Canal des Étangs, cette ancienne maison forestière de résinier abrite une exposition permanente (accès libre). La valorisation de ce patrimoine s’inscrit dans le cadre plus large de la réhabilitation des cabanes de résiniers du Porge.
La balade nature découverte du sentier d’interprétation pour découvrir la forêt du Porge: en famille, 1h30 de découverte pour 5 km de sentier ; comptez deux fois plus de temps pour les contemplatifs ! Les chiens sont interdits mais pas les moustiques, même en laisse.
Sur la route de la plage vers Le Porge Océan, à 1 km après le pont du canal des Étangs, tournez à gauche face à la maison forestière de Gleyze-Vieille. Roulez au pas, car la forêt est habitée (d’écureuils parfois intrépides entre-autres), sur la piste forestière, jusqu’au parking de la cabane de L’Entrade. La cabane est la première étape, découvrez à votre rythme les richesses de ce territoire forestier et de marais. Laissez-vous guider par les indications du sentier. De nombreuses surprises vous y attendent, si peu que vous restiez discrets.
L’étang de Langouarde
La commune du Porge est propriétaire de l’étang de Langouarde. Il s’agit d’un étang de taille plus réduite que ses voisins proches mais présentant une grande diversité d’habitats. Asséché suite aux travaux du canal des étangs et à un stade avancé de fermeture du milieu, l’étang de Langouarde avait fait l’objet de travaux de réouverture et de remise en eau dans les années 1990. Un plan de gestion a été réalisé en 2013 dans le cadre d’un projet tutoré par des étudiants en Master 2 d’écologie de l’université de Bordeaux. L’objectif est d’assurer la préservation des qualités écologiques du site et d’organiser l’ouverture au public pour valoriser ce patrimoine naturel et culturel. Ainsi, des zones de bord d’étang (ex : site à Osmonde royale) sont protégés de tout cheminement. Le parcours du sentier d’interprétation en est volontairement éloigné, de même que pour d’autres zones sensibles de l’étang.
La commune du Porge a confié au Conservatoire des Races d’Aquitaine la mise en place d’une gestion par écopastoralisme sur une parcelle de 7 ha de lande humide et sur les berges de l’étang de Langouarde.
L’expérimentation est menée avec une dizaine de moutons landais pour maintenir le milieu ouvert sur cette zone. L’approche est prudente pour appréhender au mieux l’impact réel de la pratique.
Dans le cadre de la convention Mairie/Conservatoire, les personnels de la municipalité participent au suivi du troupeau.
Un sentier d’interprétation de 5 km permet de découvrir la forêt communale et traverse la zone de pastoralisme grâce à des passages aménagés, sécurisé pour les animaux. Cet itinéraire du « Poumon vert » est inscrit au Plan Départemental des Espaces Sites et Itinéraires (PDESI). Multiusages, il est accessible aux piétons, cavaliers et cyclistes, mais est fermé en période de chasse de septembre à mars.
http://www.capitale-biodiversite.fr/sites/default/files/rapports/rapport_visite_2017_le-porge.pdf
[1] – Le Paléarctique est l’une des huit écozones qui divisent la surface de la Terre. Physiquement, c’est la plus vaste, incluant les écorégions de l’Europe, du nord de l’Asie (au nord de l’Himalaya), de l’Afrique du Nord et les parties septentrionales et centrales de la péninsule arabe. À l’ouest de cette immense zone, on trouve le « Paléarctique occidental », à laquelle appartiennent les avifaunes de France, de Belgique et de Suisse.