Arcachon – 8 décembre 1939 – Villa La Sympathie
Avenue de Mentque, en haut de la dune de la Ville d’Hiver d’Arcachon, la villa Bellevue surplombe la cité balnéaire. Elle appartient en 1927 à Louise de Heredia, l’une des trois filles du poète José-Maria de Heredia. Celle-ci est divorcée de l’écrivain Pierre Louÿs et maintenant épouse d’Auguste Gilbert de Voisins. Le couple l’avait louée l’année précédente.
Il s’agit déjà d’un très bel immeuble quand le couple entreprend de la restaurer. Il s’ensuit une véritable reconstruction. Cette grande bâtisse devient une très belle villa, avec un toit à deux pentes inégales, peinte en rose, ce qui est à l’époque une innovation. De même, à l’intérieur, l’ameublement est résolument orienté vers le mobilier Art Déco puisque certaines pièces seront signées de Follot, de Ruhlmann, avec, au salon, l’inévitable laque de Dunand. La dominante générale est le rose. Le couple la rebaptise La Sympathie en souvenir d’une caféière de la famille Despaigne, la mère de Louise, détruite à Cuba lors de la révolution de 1868.
À la mort de Louise en décembre 1930, selon son vœu la villa est transmise en 1932 à sa sœur Marie, qui avait épousé l’académicien Henri de Régnier et qui écrit sous le pseudonyme de Gérard d’Houville, Elle y habite au moment de la déclaration de guerre et en devient entièrement propriétaire le 8 décembre 1939. Elle y reste durant l’hiver glacial de 1940 et l’avance allemande, mais l’entretien de la maison est bien lourd pour elle financièrement. Famille et amis viennent se réfugier dans sa villa où vont s’installer tant bien que mal une vingtaine de personnes. À ce moment-là s’entassent plusieurs milliers de réfugiés à Arcachon, venant de la Belgique, du nord et de l’est de la France.
Petit à petit tout le monde regagne ses foyers. Pour éviter que sa villa soit réquisitionnée par les Allemands, Marie de Régnier la loue à un industriel parisien réfugié pour la durée de la guerre à Arcachon mais en août 1942 ce dernier est prié de vider les lieux et les Allemands l’occupent jusqu’au 20 août 1944. Marie de Régnier avait eu un fils, Pierre dit Tigre, avec Pierre Louÿs, son ancien beau-frère. Elle perd ce fils unique en 1943. Elle revient à Arcachon en avril 1945. Mais en partant les Allemands ont mis le feu à la villa qui est restée ouverte à tous les vents et les meubles ont disparu. Elle entreprend d’assurer le clos et le couvert à son locataire mais l’entretien et les impôts sont trop lourds et elle doit vendre la villa le 17 décembre 1949. Marie ne reviendra jamais à Arcachon jusqu’à sa mort en 1963.